Le prologue (théâtre)
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Le prologue
Définition, présentation et origine du prologue
C’est la première scène d’une œuvre dramatique, faisant office de préface, d’introduction ou de préambule, et exposant divers points essentiels à connaître pour l’intelligence de la pièce. Tels étaient du moins le sens du mot et le but de la chose, chez les anciens et dans plusieurs littératures modernes, à l’origine du théâtre.
C’était tantôt un des personnages de la pièce qui venait en indiquer d’avance ou même en détailler le sujet, tantôt le poète qui introduisait sur la scène, pour l’instruction du peuple, un Dieu ou un personnage fantastique, dont l’apparition se faisait à l’aide d’une machine. Cette curieuse apparition, qu’Euripide, chez les Grecs, mit un des premiers en usage, s’est renouvelée souvent depuis. Les poètes dramatiques latins, devant un auditoire formé de gens venus de toutes les parties du monde, sentirent encore davantage la nécessité du prologue. Ils le faisaient reciter souvent par un personnage étranger à l’action, qui prenait même le nom de prologue. Lorsque l’acteur-prologue avait apaisé l’assemblée tumultueuse par quelque bonne plaisanterie et obtenu le silence, il débitait son discours d’introduction.
Les prologues de Plaute témoignent, par leur longueur même, de ce qu’il fallait d’insistance pour donner à son public une idée de l’action qui allait s’engager et lui permettre ainsi d’en suivre la marche.
Quand la pièce est un peu embrouillée, dit M. C. Martha, qu’il peut y avoir confusion à cause de certains déguisements, il faut voir comment l’acteur-prologue met en garde contre des erreurs possibles.
Dans la comédie d’Amphitryon, par exemple, où Jupiter emprunta la figure d’Alcmène, où Mercure prend celle de Sosie, jamais les Romains n’auraient pu débrouiller l’intrigue ni reconnaître les personnages à leurs discours, si l’acteur ne leur avait donné une recette facile pour les distinguer : « Pour que vous ne me confondiez pas avec Sosie, dit Mercure, ni Jupiter avec Amphitryon, remarquez bien ceci : je porterai toujours à mon chapeau ce petit plumet, et Jupiter portera sous le sien un cordon d’or ; Amphitryon n’en portera pas ». — Térence donna à ses prologues une tournure apologétique qui les fait ressembler à des parabases de la vieille comédie athénienne. Le prologue qui pouvait mettre directement l’auteur dramatique en rapport avec le public, servait parfois à présenter une réfutation des critiques que la pièce précédente avait provoquées, ou encore sollicitait l’indulgence pour l’œuvre nouvelle.
Le prologue du Moyen Âge jusqu’à nos jours
Au Moyen Âge le prologue prend, dans les mystères, la forme dévote d’une homélie ou d’une prière. Celui d’une moralité jouée dans les premières années du XVIe siècle expose comment l’auteur, ayant été transporté tout à coup aux portes de l’enfer, y a surpris une conversation entre Satan et Lucifer roulant sur les moyens à employer pour la tentation des hommes ; et il annonce que sa pièce n’a d’autre objet que de dévoiler les artifices de Satan.
Un peu plus tard, au théâtre de l’hôtel de Bourgogne, en guise de prologue, on utitisa les talents facétieux et la tournure grotesque de Gros-Guillaume, de Gautier-Garguille, de Bruscambille et de Turlupin, pour mettre les spectateurs de belle humeur. Les Anglais ont eu des prologues qui se jouaient le rideau baissé et offraient l’apologie de l’auteur. Molière, dans son Amphitryon, renouvela le prologue antique. Il en mit un aussi au Malade imaginaire. L’Esther de Racine est précédée d’un prologue, mis dans la bouche d’un personnage allégorique, la Piété, et qui nous montre l’auteur plus attentif à flatter Louis XIV qu’à donner sur sa tragédie des éclaircissements, d’ailleurs superflus. Au même temps, c’est surtout dans les opéras que les prologues sont de mise. Quinault et les autres poètes les font aussi servir à la louange du grand roi.
Au XVIIIe siècle, diverses pièces du répertoire du Théâtre-Italien et des petits théâtres reçurent également des prologues, qui prirent un caractère particulier de vivacité et de comique ; c’était souvent une scène entre un comédien et le poète dramatique, ou entre le directeur, sur le théâtre, et un spectateur dans la salle, etc. Les Allemands citent comme des modèles les prologues de Wallenstein et de Faust.
De nos jours, le prologue se présente surtout comme un moyen de faire connaître dramatiquement, et non par forme de récit, des faits antérieurs au temps où s’accomplira l’action principale de la pièce. Ce prologue, qui constitue comme un acte rétrospectif, offre l’avantage de laisser au drame, dans une certaine mesure, l’unité de temps. On peut citer, parmi de récents prologues, celui de Richard Darlington, intitulé la Maison du Docteur ; celui de la Closerie des Genêts, qui porte aussi un titre : les Courses de la Marche ; celui du Fils naturel, etc. Dans le sens antique, le prologue est une forme naïve de l’exposition, cette partie si difficile de l’art dramatique.
⚠ Remarque ⚠
En dehors du théâtre, on a donné le nom de prologue à des discours préliminaires en vers ou en prose, à des débuts et aux invocations de poèmes, aux fables de La Fontaine servant d’avant-propos à chacun de ses livres, aux chapitres-préfaces des divisions de Gargantua et de Pantagruel de Rabelais…
À lire également : L’épilogue.
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