L’épitaphe
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L’épitaphe
Qu’est-ce que l’épitaphe ?
Issu du grec epitaphios, « sur une tombe », le terme désigne les inscriptions figurant sur les tombes ou sur les pierres tombales, mais également un petit poème célébrant la mémoire d’une personne disparue. Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort et il doit alors y mettre les grâces et les délicatesses du madrigal en prenant, cependant, un ton plus noble et plus élevé, et en résumant d’un trait la vie et le caractère de la personne qui en est l’objet.
L’épitaphe, étant faite pour être lue en passant, doit encore présenter un sens clair, précis et très facile à découvrir.
L’épitaphe à la gloire d’un mort est de toutes les louanges la plus noble et la plus pure, surtout lorsqu’elle n’est que l’expression vraie du caractère et des actions d’un homme de bien. Les vertus privées ont droit à cet hommage, comme les vertus publiques. Et les titres de bon parent, de bon ami, de bon citoyen, méritent bien d’être gravés sur le marbre.
Selon Agnès Verlet, « l’épitaphe donne à voir, sur l’espace de la pierre, l’inscription d’un nom, qui situe le mort dans l’histoire et préserve momentanément sa mémoire en lui accordant un peu de vie posthume. Elle met en espace le lien précaire qui unit la mémoire, le corps, la mort. Elle est mémoire de pierre. » (Agnès Verlet, « Épitaphes vagabondes », 2000)
Dans la Grèce antique, l’épitaphe est un genre littéraire : c’est un éloge funèbre ancien. En littérature française, l’épitaphe est aussi un genre littéraire rimé : c’est surtout ce que l’on aimerait inscrire sur la pierre tombale de quelqu’un que l’on admire, ou, au contraire, que l’on n’apprécie guère. Supposée être inscrite sur le tombeau lui-même, une épitaphe peut débuter par ci-gît ou par la formule plus moderne ici repose ou par leur pluriel ci-gisent et ici reposent.
Clément Marot, Pierre de Ronsard, Jean Antoine de Baïf ont écrit des épitaphes. Satiriques chez Marot, elles ont alors la forme de l’épigramme. Chez les poètes de La Pléiade, leur ton est plus recueilli et plus élégiaque.
⬆ Épitaphe écrite sur le tombeau de Martin Luther King (15 janvier 1929 – 4 avril 1968), d’après un vieux negro spiritual, qu’il a cité à la fin de son discours « I have a dream » : Free at last. Free at last, Thank God Almighty, I’m free at last. (« Enfin libre. Enfin libre, merci Dieu tout-puissant, je suis enfin libre. »
L’épitaphe épigrammatique ou satirique
Parmi les épitaphes épigrammatiques, les unes ne sont que naïves ou plaisantes, les autres sont mordantes et cruelles. Voici un exemple d’une épitaphe amusante :
Ci-gît le vieux corps usé,
Du lieutenant civil rusé.
Lorsque la plaisanterie ne se porte que sur un léger ridicule et que l’objet est indifférent, on la pardonne et on peut en rire. Mais les épitaphes mordantes, insultantes et surtout celles qui sont calomnieuses, sont de tous les genres de satire le plus noir et le plus lâche. Il n’y a que les méchants et les scélérats flétris par l’histoire, dont l’honnête homme puisse se permettre de faire la satire sur leur propre tombeau. On peut citer en ce genre les épitaphes de l’Arétin et de Voltaire. L’épitaphe doit alors avoir toute la finesse et tout le piquant de l’épigramme.
Exemples d’épitaphes
Pluton ! Rabelais reçois,
Afin que toi, qui es le roi
De ceux qui ne rient jamais,
Tu aies un rieur désormais.
● Voltaire
Il combattit les athées et les fanatiques. Il inspira la tolérance, il réclama les droits de l’homme contre la servitude de la féodalité. Poète, historien, philosophe, il agrandit l’esprit humain, et lui apprit à être libre.
Jean s’en alla comme il était venu,
Mangeant son fonds après son revenu,
Croyant le bien chose peu nécessaire.
Quant à son temps bien sut le dispenser,
Deux parts en fit, dont il soulait passer,
L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire.
Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J’aime son feuillage éploré ;
La pâleur m’en est douce et chère
Et son ombre sera légère
À la terre où je dormirai.
Priez le Je ne sais Qui — j’espère Jésus Christ
Sagan Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même.
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