Les acteurs chez les Grecs et les Romains
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Les acteurs chez les Grecs et les Romains
Acteur. Homme qui étudie sans cesse l’art de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien; de paraître différent de ce qu’il est; de se passionner de sang-froid ; de dire autre chose qu’il ne pense aussi naturellement que s’il le pensait réellement, et d’oublier enfin sa propre place, à force de prendre celle d’autrui. − Les grands acteurs portent avec eux leur excuse; ce sont les mauvais qu’il faut mépriser.
(Dictionnaire des gens du monde, 1818)
Présentation
Acteur est le nom général des artistes qui font profession de représenter des œuvres dramatiques. On distingue trois classes d’acteurs ceux qui parlent, ceux qui chantent, ceux qui interprètent la pensée par le geste. Longtemps, les tragédiens et les acteurs comiques ont eu sur les autres acteurs une supériorité qui était alors celle des genres dramatiques. Le drame lyrique, en prenant une importance nouvelle, a donné aux chanteurs un rang très élevé.
Quant aux mimes, ils n’ont jamais obtenu en France la large place qu’ils ont prise, dans d’autres théâtres, dans la Rome impériale, par exemple, et dans l’Italie de la Renaissance.
💡 À savoir…
▪ Acteur, du latin actor « celui qui agit », famille de agere → agir.
▪ Stylistique : Acteur et comédien. Acteur est relatif aux personnages qui agissent dans une pièce, et par suite aux personnes qui les représentent. Comédien est relatif à la profession… Acteur se dit de celui qui a part dans la conduite, dans l’exécution d’une affaire, dans une partie de jeu ou de plaisir ; comédien de celui qui s’est fait un art, et pour ainsi dire, un métier de bien feindre les passions et les sentiments qu’il n’a point. Le premier terme se prend en bonne ou mauvaise part, selon la nature de l’affaire où l’on est acteur ; le second ne se prend jamais qu’en mauvaise part. (Littré)
▪ De nos jours, un acteur ou comédien (au féminin actrice ou comédienne) est un artiste dont la profession est de jouer un rôle à la scène (théâtre) ou à l’écran (film, téléfilm, etc.).
Les acteurs grecs
Chez les Grecs, les femmes ne montaient pas sur la scène. Les rôles féminins pouvaient aisément, du reste, être remplis par des hommes, grâce aux masques scéniques. Comme la profession d’acteur y était considérée, les citoyens les plus honorables ne craignaient pas devenir aider, par leur présence dans les chœurs, à la représentation des pièces. Les poètes étaient les principaux acteurs ou protagonistes dans leurs propres ouvrages, soit tragiques, soit comiques. Il en était de moins ainsi du temps d’Eschyle. Ce principal acteur paraissait en scène, le visage et la tête couverts d’un masque, et faisait son entrée par la plus grande des trois portes du fond. Le deuxième acteur ou deutéragonisteentrait sur la scène par la porte de droite. Son rôle s’est borné d’abord à fournir la réplique au premier acteur. Il a acquis plus d’importance lorsqu’un troisième acteur, le tritagoniste, est introduit dans la tragédie. Le chœur, représentant des vieillards, des femmes, des esclaves, des soldats, des personnages de la Fable, etc., prenait place parfois dès le commencement de la pièce dans l’espace qui lui était réservé au thymélé.
Les acteurs de profession ne perdaient aucun de leurs droits de citoyens, et leurs services étaient utilisés, comme on le voit par l’exemple d’Aristodème, Satyrus et Néoptolème, qui étaient envoyés en ambassade auprès du roi Philippe de Macédoine. Ils avaient une rémunération libérale. Polus qui était, avec Théodore, l’un des plus grands acteurs de la Grèce antique, a reçu, pour deux jours de représentations, un talent (environ 760 euros, de nos jours). Avec le temps, la considération des acteurs a diminué. Atteints aussi par l’appauvrissement de la nation, ils ont dû se former en troupes, qui ont eu leurs statuts et leurs privilèges, et ils se sont mis aux gages des souverains de l’Asie et de l’Afrique. On connaît les noms de quelques-unes de ces associations : les Dionysiaques, la plus répandue de toutes ; les Attalistes, protégés par les Attale, rois de Pergame ; les Basilistes, particulièrement attachés à la cour des rois Lagides d’Égypte ; les Synagonistes, établis à Téos ; les Artistes de Némée, de l’Isthme de Corinthe, etc.
Les acteurs romains
À Rome, la profession d’acteur a été regardée comme servile. Un citoyen qui montait sur un théâtre était noté d’infamie. Un sénateur ne pouvait rendre visite à un acteur, ni un chevalier l’accompagner publiquement. Les artistes les plus distingués, ceux même qui étaient de condition libre, perdaient leurs droits de citoyens. Un maître avide ne les avait fait instruire que par spéculation, comme le montre bien la plaidoirie de Cicéron, qui a pour objet une contestation entre le propriétaire d’un esclave et l’acteur charge de l’instruire. Cette situation avait des conséquences particulières. Parfois les spectateurs, séduits par le talent d’un comédien, demandaient à grands cris son affranchissement ; plus souvent c’était un châtiment qui attendait l’acteur : derrière la scène, le lorarius était là, les verges prêtes ; une faute, un geste déplacé, ce qu’on appelait « un solécisme avec la main », attiraient au misérable histrion une correction rigoureuse. Il y a des exemples fameux de peines infligées à des acteurs : Auguste a été battu de verges sur le théâtre, à trois reprises et à des jours différents ; Stéphanion, pour avoir su trop plaire à une matrone romaine. Dans l’Amphytrion de Plaute, l’acteur qui représente Mercure rappelle aux spectateurs que, tout fils de Jupiter qu’il est, il pourrait bien, en rentrant derrière le théâtre, recevoir les étrivières. Pylade a été exilé pour avoir manqué de respect à un citoyen qui l’avait sifflé. La multitude qui remplissait les théâtres était exigeante et brutale, et les acteurs étaient tenus à la plus grande soumission envers elle et à toutes sortes de ménagements. Cette déférence se montrait particulièrement dans l’attitude et le langage de l’acteur chargé du prologue et qui en portait le nom.
La jeunesse romaine s’était assuré le privilège de jouer les atellanes à l’exclusion des histrions. La tragédie étant peu goûtée à Rome, c’étaient surtout des comédies et des farces que les acteurs représentaient. Une place était réservée aux mimes au commencement et à la fin des pièces et pendant les intermèdes, et la présence des femmes sur la scène ajoutait à la licence du spectacle.
Malgré le mépris dans lequel étaient tenus les acteurs à Rome, quelques acteurs de talent comme Ambivius Turpio, Roscius et Æsopus, parvenaient à amasser des fortunes considérables. Æsopus jouit aussi de l’amitié de Cicéron. Le grand orateur se montrait sans doute reconnaissant de ce que cet acteur, par une adroite et touchante application à son exil d’un passage du Télamon proscrit, avait provoqué son rappel. Sous l’Empire, les pantomimes Pylade et Bathylle ont eu, dans le genre le plus en faveur alors, des succès inouïs.
Les acteurs romains étaient en butte, dès la fin du IIe siècle, aux rigueurs de l’Église naissante. Le concile d’Arles, en l’an 315, a déclaré les comédiens excommuniés. Théodose Ier et Honorius, par leurs édits, ont achevé de ruiner la condition des acteurs en renchérissant sur les sévérités ecclésiastiques.
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