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Présentation

Un ana [ana] est un recueil de pensées détachées, de remarques morales ou critiques, d’anecdotes, de bons mots, attribués à la vie d’un personnage dont le titre rappelle le nom avec la terminaison ana.

Ce genre de recueils a eu beaucoup de succès en France depuis la fin du XVIe siècle, jusqu’au commencement du XIXe siècle, et tient une place assez importante dans l’histoire littéraire.

Le pluriel du substantif ana est anas ou ana.

Scaligerana est le plus ancien des anas.

Publication des anas

Ils ne paraissaient d’ordinaire qu’après la mort des hommes auxquels ils ont rapport, et l’on pensait y trouver bien des particularités dont ceux-ci n’avaient pu se permettre la publication de leur vivant, par des raisons de bienséance, d’intérêt ou de politique. L’air naturel et négligé dont l’auteur les faisait parler gagnait la confiance, et l’on aimait à les y voir, pour ainsi dire, dans leur déshabillé. Alors beaucoup de ces livres fourmillent de fautes, et, pour un petit nombre de bonnes choses, en contiennent une grande quantité de médiocres. Souvent ils présentent des traits satiriques faux et calomnieux ; souvent ils attribuent à celui dont ils portent le nom des discours qu’il n’a jamais tenus.

Des éditeurs s’en sont servis pour satisfaire leurs haines personnelles. Les anas ont donc fini par être décriés. Cependant il ne faut pas en pousser le dédain trop loin, et quelques-uns d’entre eux, consultés avec prudence, sont une source de renseignements utiles et curieux.

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Les anas les plus connus

Le plus ancien ana est le Scaligerana, qui se divise en deux parties : Scaligerana prima, rédigé par Scaliger lui-même ; Se ligerana secunda, composé par Du Moulin. « Le premier, dit d’Artigny, est un vrai trésor ; le second est un enfant de Scaliger […] ». Celui-ci est en effet tiré des conversations de Scaliger dans les soirées où il recevait ses amis. L’un et l’autre sont remplis d’injures contre un grand nombre d’auteurs contemporains.

Les autres anas dignes d’être cités sont :

  • Colomesiana (1668-1675), remarques de Paul Colomiès sur divers sujets d’histoire, de critique et de littérature ;
  • Thuana (1669), recueil très curieux, rédigé par Chr. Dupuy et ses frères, amis intimes du président de Thou ;
  • Sorberiana (1691), contenant des choses curieuses au point de vue littéraire, des choses hardies au point de vue philosophique ;
  • Menagiana (1693-1694), publié d’abord par l’abbé Du Bos, Boivin, l’avocat Pinson et A. Galland, puis réédité avec des corrections et des augmentations par La Monnoye, qui en a fait, un jugement de Voltaire, le meilleur recueil en ce genre ;
  • Anti-Menagiana (1693), ouvrage de Jean Bernier, écrit d’un style pesant et plein d’injures à l’adresse de Ménage et des premiers éditeurs du Menagiana ;
  • Valesiana (1694), recueil assez estimé, contenant les poésies latines ;
  • Fureteriana (1696), recueil où l’on ne trouve presque rien qui soit digne de l’érudition et de l’esprit de Furetière ;
  • Chevrœana (1697), ouvrage rédigé par Urbain Chevreau lui-même, et presque égal au Menagiana de La Monnoye ;
  • Saint-Evremoniana (1701), publié par Cottolendi, qui le présente faussement dans sa préface comme un recueil tiré des conversations de Saint-Évremond ;
  • Parrhasiana (1701), ouvrage de Jean Leclerc, sous le pseudonyme de Parrhasius, contenant de bonnes réflexions sur la poésie, l’éloquence, l’histoire, la morale, etc. ;
  • Casauboniana (1710), rédigé par Wolf, et où presque rien ne répond à l’idée qu’on doit se former d’Isaac Casaubon ;
  • Segraisiana (1722), ouvrage Galland et La Monnoye, rempli d’anecdotes et de traits hardis qui le firent supprimer à Paris dès sa publication ;
  • Santoliana (1723). recueil très amusant sur Santeuil, attribué à La Monnoye ;
  • Carpentariana (1724), contenant, à côté des réflexions morales, beaucoup de traits satiriques contre les femmes, qui ne sont peut-être pas de Charpentier, mais de l’éditeur Boseheron ;
  • Ducatiana (1738), publié par Formey, et présentant un recueil des remarques de Le Duchat sur divers sujets d’histoire et de littérature ;
  • Voltairiana (1748), collection mal digérée, contenant beaucoup d’anecdotes fausses et des pièces sans valeur.

Bien d’autres hommes ont été le sujet d’anas, où l’on peut trouver par hasard quelques particularités curieuses, mais qui sont en général faits sans goût et sans souci de la vérité. Au commencement du XIXe siècle, Cousin d’Avallon en a publié plus de vingt : BonapartianaRousseanaBeaumarchaisianaStaellianaGenlisiana, etc.

Autres genres d’anas

Il y a en outre une série d’anas se rapportant, non à des personnages, mais à des choses, à des lieux et à des événements :

  • Arlequiniana (1694), recueil d’assez mauvaises plaisanteries, fait par Cottolendi ;
  • Anonimiana (1700), mélange de poésie, d’éloquence et d’érudition, contenant quelques pièces curieuses ;
  • Vasconiana (1708), où l’on trouve quelques gasconnades heureuses, mais beaucoup de pensées plates et insipides ;
  • Polissoniana (1722), vrai sottisier, plein de turlupinades et de quolibets ;
  • Pantalo-Phebœana (1728), recueil de traits ingénieux et piquants contre Fontenelle et Lamothe ;
  • Revolutionniana (1802) ;
  • Parisiana (1816), etc.

Enfin, il faut indiquer les anas en dictionnaire, comme les Encyclopediana.

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