Les degrés de signification : le positif, le comparatif et le superlatif
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L’adjectif qualificatif : Les degrés de signification
– le positif, le comparatif et le superlatif –
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Dites-moi sur trois tons : c’est bien, c’est beau, c’est magnifique ; vous aurez là un positif, un comparatif et un superlatif qui sont si grandioses chacun en leur genre, que je rougis de les offrir à votre encensoir.
(Honoré de Balzac, Lettres à l’Étrangère, t.1, 1837)
L’accord de l’adjectif qualificatif
Les adjectifs peuvent qualifier les objets, ou absolument, c’est-à-dire sans aucun rapport à d’autres objets ; ou relativement, c’est-à-dire avec rapport à d’autres objets, ce qui établit différents degrés de qualification, que l’on a réduits à trois à savoir : le positif, le comparatif et le superlatif. Pour exprimer les différents degrés d’une qualité, le français utilise surtout des adverbes de degrés…
Le positif
Le positif est l’adjectif dans sa simple signification ; c’est l’adjectif sans aucun rapport de comparaison. Ce premier degré est appelé positif, parce qu’il exprime la qualité d’une manière positive. En d’autres termes, un adjectif est dit positif quand il n’y a pas d’indication de degré (en plus ou en moins).
Exemple : Un petit enfant sage et laborieux est aimé de tout le monde.
Le comparatif
Le comparatif, ou second degré de qualification, est l’adjectif exprimant une comparaison, en plus ou en moins, entre deux ou plusieurs objets. Alors il y a entre les objets que l’on compare, ou un rapport de supériorité, ou un rapport d’infériorité, ou un rapport d’égalité. De là, on a trois sortes de rapports ou de comparaisons.
Le comparatif de supériorité
Le rapport ou la comparaison de supériorité énonce une qualité à un degré plus élevé dans un objet que dans un autre. Cette comparaison se forme en mettant plus, mieux avant l’adjectif ou le participe et la conjonction que après.
Exemples : Les remèdes sont plus lents que les maux. — Ce sont des enfants mieux élevés.
Le comparatif d’infériorité
Le rapport ou la comparaison d’infériorité énonce une qualité à un degré moins élevé dans un objet que dans un autre. Le comparatif d’infériorité se forme en mettant moins avant l’adjectif et la conjonction que après.
Exemples : Le naufrage et la mort sont moins funestes que les plaisirs qui attaquent la vertu. (Fénélon, Télémaque, Livre I)
Le comparatif d’égalité
Le rapport ou la comparaison d’égalité énonce une qualité à un même degré dans les objets comparés. Ce type de comparaison se forme en mettant aussi avant l’adjectif et l’adverbe, autant avant le substantif et le verbe, et la conjonction que après.
Exemples :
— C’est un homme qui parle aussi bien qu’un avocat.
— Il est peut-être aussi difficile de former un grand roi que de l’être. (Charles Frey De Neuville, Oraison funèbres du Cardinal De Fleury)
— Il ne travaille pas autant que vous.
Cas de meilleur, moindre et pire
● Meilleur est le comparatif de bon.
Exemple : Ceci est bon, mais cela est meilleur.
Ce comparatif est pour plus bon, qui ne se dit pas, si ce n’est dans cette phrase : Il n’est plus bon à rien, qui veut dire, il ne vaut plus rien. Mais alors plus cesse d’être adverbe de comparaison. De même, au lieu de plus bien on dit mieux ; cependant on dit moins bon, aussi bon, moins bien, aussi bien.
● Moindre est le comparatif de petit.
Exemple : Cette colonne est moindre que l’autre. — Son mal n’est pas moindre que le vôtre.
Moindre est aussi le comparatif de bon en ce sens : Ce vin-là est moindre que l’autre.
● Pire est le comparatif de mauvais, méchant, nuisible.
Exemple : Il y a de mauvais exemples qui sont pires que tes crimes. (Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, chapitre VIII)
⚠️ Remarques ⚠️
● Ordinairement parlant, il faut qu’il y ait un certain rapport de construction entre les deux termes de comparaison, et il est nécessaire de suivre, après la conjonction que (qui est le lien de ces deux éléments), le même ordre de phrase qu’on a suivi auparavant.
Exemple : On voit plus de personnes être victimes d’un excès de joie que de tristesse. Il fallait dire que d’un excès de tristesse. En effet la comparaison, dans cet exemple, n’est pas entre la tristesse et la joie, mais elle est entre l’excès de l’une et l’excès de l’autre.
● L’attribution qui fond le caractère (ou l’adjectif) doit se placer après la conjonction que si elle est la plus connue. L’attribution qu’on veut égaler à la première, et qui n’est pas connue ou l’est moins, doit se placer après l’adverbe de comparaison.
Exemple : Socrate était aussi vaillant que sage, plutôt que aussi sage que vaillant. — Turenne était aussi sage que vaillant, plutôt que aussi vaillant que sage. En effet, ce qui frappe le plus, ce qui est le plus connu, dans Socrate, c’est la sagesse ; dans Turenne, c’est la vaillance.
Le superlatif
Le superlatif, ou troisième degré de qualification, est l’adjectif exprimant la qualité portée au suprême degré, soit en plus, soit en moins. En français, on en distingue de deux sortes : le superlatif relatif et le superlatif absolu.
Le superlatif relatif
Le superlatif relatif exprime une qualité à un degré plus élevé ou moins élevé, dans un objet que dans un autre ; mais il exprime cette qualité avec rapport ou comparaison à une autre chose.
Ce superlatif ne doit pas être confondu avec le simple comparatif. En effet, le superlatif relatif exprime une comparaison. Cette comparaison est général alors que le comparatif n’exprime qu’une comparaison particulière.
On forme le superlatif relatif, en plaçant le, la, les, du, de la, des, mon, ton, son, notre, votre, leur, etc. avant les mots plus, pire, meilleur, moindre, mieux, et moins.
Exemples :
— La plus douce consolation de l’homme affligé, c’est la pensée de son innocence. (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermon du jeudi de la Passion)
— La confession est le plus grand frein de la méchanceté humaine. (Voltaire, Siècle de Louis XIV, mort de Madame)
Le superlatif absolu
Le superlatif absolu exprime, de même que le superlatif relatif, une qualité à un degré plus ou moins élevé ; mais il exprime cette qualité d’une manière absolue, sans aucune relation, sans aucune comparaison avec d’autres objets de même espèce (personnes ou choses).
On le forme en plaçant avant l’adjectif un de ces mots fort, très, bien, infiniment, extrêmement, le plus, le moins, le mieux, beaucoup, drôlement, super, merveilleusement, tellement, etc.
Exemple : La superstition est à la religion ce que l’astrologie est à l’astronomie, la fille très folle d’une mère très sage. (Voltaire, Politique et législation)
On peut former le superlatif absolu de certains adjectifs en ajoutant le suffixe –issime (d’origine italienne). Pour plus de détails, lisez la remarque ci-dessous.
Exemples : rarissime (pour rare), grandissime (pour grand), richissime (pour riche), etc.
⚠️ Remarques ⚠️
● Dans le superlatif absolu, il y a excès, c’est-à-dire que ce superlatif exprime, de même que le superlatif relatif, une qualité à un degré plus ou moins élevé ; mais, comme il exprime cette qualité d’une manière absolue, sans aucune relation, sans aucun rapport à un autre objet (personne ou chose) ; comme enfin il y a exclusion de comparaison avec d’autres objets de la même espèce, l’article qui précède les mots plus, moins, est pris adverbialement, et par conséquent n’est susceptible d’aucune distinction de genre ni de nombre (l’article est donc invariable) : il ne correspond pas au substantif, mais seulement à l’adjectif.
Exemples :
— Ceux que j’ai toujours vus le plus frappés de la lecture des écrits d’Homère, de Virgile, d’Horace, de Cicéron, sont des esprits du premier ordre. (Nicolas Boileau, Lettre à M. Perrault)
— C’était de tous mes enfants celle que j’ai toujours le plus aimée. (Jean Racine, lettre à sa sœur)
● Parmi les adjectifs, il en est qui ne sont pas susceptibles de comparaison, soit en plus, soit en moins ; ou, si l’on veut, qui ne sont susceptibles ni d’exclusion, ni de restriction, et qu’on ne peut employer alors ni au comparatif, ni au superlatif, c’est-à-dire avec les mots plus, extrêmement, infiniment, moins, aussi, autant, si, combien, ou avec tout autre mot équivalent. Ces adjectifs sont ceux qui expriment une qualité qui résulte de la figure des corps, comme circulaire, carré, conique, etc., parce que si un million de corps ont la même figure, il faut qu’ils l’aient tous au même degré. Dire que A et B sont deux carrés, mais que A l’est plus que B, c’est une absurdité.
● Il en est de même des adjectifs qui expriment des quantités finies, continues, discrètes, comme deux, vingt, triple, quadruple, etc. ; car il n’y a pas de comparaison, dans un degré plus grand ou moindre, et les quantités finies, continues, ne sont pas susceptibles de cette espèce de différence. Il en est encore de même, par les mêmes motifs, des adjectifs qui expriment une qualité absolue, comme divin, éternel, excellent, extrême, mortel, immortel, immense, impuni, infime, parfait, unique, universel, suprême, etc.
Il n’y a donc que les qualités relatives qui admettent le plus et le moins. On dit la neige est plus blanche que le lait, l’or est plus ductile que l’argent, parce qu’il y a différents degrés dans la blancheur, dans la ductilité ; mais conçoit-on un degré au-delà ou en-deçà de la perfection, de l’immortalité, du l’universalité, de la divinité, etc. ? La perfection est le plus haut degré ; ce qui est au-delà ou en-deçà n’est plus la perfection. L’universalité embrasse tout ; dira-t-on qu’il y a quelque chose au-delà de l’universalité rigoureuse et absolue ?
● Excepté le mot généralissime, qui est tout français, la langue française n’a point de ces termes qu’on appelle superlatifs. Ceux dont nous faisons usage nous viennent de la langue italienne ; nous leur avons seulement donné une terminaison française (-issisme) ; tels sont grandissime, nobilissime, illustrissime, révérendissime, excellentissime, éminentissime, sérénissime : ces deux derniers sont des qualificatifs qui accompagnent toujours le mot altesse ; mais, en général, ces superlatifs ne sortent guère de la conversation ; on les trouve tout au plus dans une lettre, pourvu qu’elle ne soit pas trop sérieuse. Au surplus, il y a dans la langue française plus de précision, et de justesse que dans quelques langues étrangères, puisqu’avec son secours on peut exprimer les deux sortes d’excellences, l’absolue et la relative comme dans celle phrase : On peut être un très grand seigneur en Angleterre, sans en être le plus grand seigneur.
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