Les échanges de propos

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Les échanges de propos

Différence entre conversation, entretien, colloque, dialogue, soliloque et monologue

Nous parlions comme on parle dans une barque, sur une rivière. Il y a une conversation de rivière et une conversation de terrasse, une autre de salon, une autre encore de voiture. Dans une barque on ne dit pas grand chose, mais on est de bonne humeur.

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(Julien Green, Journal, 1946-1950, p. 103)

Conversation, entretien, colloque et dialogue

Ces quatre mots désignent un discours lié entre plusieurs personnes qui y ont chacune leur partie.

Le mot conversation désigne des discours entre gens égaux ou à peu près égaux, sur toutes les matières que présente le hasard. Le mot entretien marque des discours sur des matières sérieuses, choisies exprès pour être discutées ; et par conséquent entre des personnes dont quelqu’une a assez de lumière ou d’autorité pour décider. À partir du XXe siècle, le mot colloque caractérise particulièrement les discours prémédités sur des matières de doctrine et de controverse, et conséquemment entre des personnes instruites et autorisées par les partis opposés. Cependant, colloque est, à l’origine, un échange de propos plus ou moins intime, mystérieux ou confidentiel entre deux personnes. Dans le domaine religieux, le colloque est un entretien intime avec Dieu (associé à méditation, prière). Le dialogue est général et peut également s’appliquer aux trois espèces que l’on vient de définir, il indique spécialement la manière dont s’exécutent les différentes parties du discours lié.

La liberté et l’aisance doivent régner dans les conversations. Les entretiens doivent être intéressants, et ne perdre jamais de vue la décence. Les colloques sont inutiles, si les parties ne s’entendent pas, et font plus de mal que de bien, si l’on ne procède pas de bonne foi. Les dialogues ne peuvent plaire qu’autant que les différentes parties du discours sont assorties aux personnes, à leurs passions, à leurs intérêts, à leurs lumières et aux autres circonstances qui, en concourant à établir la scène, doivent en même temps y distinguer licitement chaque acteur.

À l’intérieur d’un certain groupe social, on tient des conversations plus ou moins agréables si la compagnie est plus ou moins bien composée. Dans les assemblées académiques, on a des entretiens plus ou moins utiles, selon que la matière est plus ou moins intéressante, que les membres en sont plus ou moins instruits, et qu’ils parlent avec plus ou moins de netteté. Dans les temps de troubles et de divisions, il est bien dangereux de consentir à des colloques, parce que souvent ils ne servent que de prétextes aux brouillons, pour satisfaire leurs intérêts personnels aux dépens de la vérité qu’ils trahissent et de la tranquillité publique qu’ils sacrifient ; et que c’est à coup sûr un moyen de plus pour ranimer la fermentation, par le rapprochement et le choc des opinions contraires. Le dialogue doit être aisé, enjoué et sans apprêt dans les conversations ; sérieux, grave et suivi dans les entretiens ; clair, raisonné, travaillé, éloquent même et pathétique dans les colloques.

→ À lire : Le dialogue. – Le discours rapporté.

Soliloque, monologue, colloque et dialogue

Soliloque et monologue, l’un latin, l’autre grec, sont parfaitement synonymes dans leur sens naturel. Ils désignent le discours de quelqu’un qui parle seul ; mais l’usage les a distingués, en affectant à celui de monologue une idée ou un emploi particulier qui le restreint au théâtre. Le monologue est le soliloque d’un personnage qui, seul sur la scène, ne parle que pour les spectateurs. On dirait autrefois les soliloques des pièces dramatiques, les soliloques de Corneille, l’abus des soliloques sur le théâtre. De nos jours, on ne dit plus que monologues ; c’est une espèce d’hommage qu’on rend aux Grecs, de qui on tient particulièrement l’art dramatique. Soliloque, plus étendu dans sa signification, est moins usité, et il a un certain air dogmatique ou moral : on dit les soliloques de saint Augustin. Ce mot désigne particulièrement les réflexions et les raisonnements qu’on fait avec soi, à part soi.

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Le soliloque est une conversation que l’on fait avec soi comme avec un second. Le monologue est une espèce de dialogue dans lequel le personnage joue tout à la fois son rôle et celui d’un confident.

Le soliloque est puéril, s’il est sans objet, sans suite, sans intérêt ; ou plutôt ce n’est pas un soliloque : les enfants, les fous, les gens ivres, parlent seuls. Le monologue est absurde, s’il se réduit à un récit historique, qui n’est ni obligé par la situation présente du personnage, ni fondu dans l’action : ou plutôt ce n’est pas là un monologue ; c’est l’auteur qui parle, quand le personnage devrait agir ; et en parlant aux spectateurs pour les instruire ou pour amuser le tapis, il étale sa misère.

Soliloque est naturellement opposé à colloque ; et monologue à dialogue. Mais l’usage, maître absolu des langues, s’astreint rarement à suivre tous les rapports d’analogie que les mots ont entre eux. Le colloque et le dialogue conservent leur idée commune de conversation entre deux ou plusieurs personnes, sans se distinguer par les différences propres du soliloque et du monologue. Le dialogue n’est point, comme le monologue, exclusivement affecté au théâtre : le colloque n’est point, dans sa valeur usuelle, grave ou philosophique, comme le soliloque.

Le colloque est proprement une conversation familière et libre, qui n’est astreinte à aucune règle particulière. Le dialogue est un entretien suivi et raisonné, qui est assujetti à des règles. On parle des Colloques d’Érasme ou de Mathieu Cordier, et des Dialogues de Platon ou de Fénelon.

Dans le colloque, on devise, et quelquefois on parlemente. Cicéron dit que les lettres sont des colloques entre des amis absents. Dans le dialogue on s’instruit, et ordinairement on discute. Quintilien définit le dialogue, un discours par demandes et par réponses, sur une matière telle que la philosophie ou la politique, et traitée par les personnes dans le style convenable à leur caractère : Cicéron observe que la dispute est dans la marche ordinaire du dialogue.

Le colloque est une espèce particulière de conversation ; mais, comme ce mot ne se dit guère que familièrement, il ne doit être appliqué qu’à des conversations légères, frivoles, ou considérées comme des verbiages. On dira les colloques de ces enfants, de ces caillettes, et même de ces amants qui ne font que se parler sans rien dire. Le dialogue est une sorte d’entretien, mais il n’est pas toujours aussi grave que l’entretien rigoureusement pris, ni sur des affaires ou des matières aussi importantes et aussi sérieuses que le sujet des entretiens. D’ailleurs, dans cette dernière espèce de discours, c’est le fond que l’on considère ; et dans le dialogue, on considère spécialement les formes, la composition, l’exécution, l’art.

Tout le monde sait que le dialogue est spécialement pris pour un genre particulier de composition ou d’ouvrage, qu’il a un art propre, qu’il se divise en plusieurs espèces, etc. Le dialogue est la manière la plus naturelle et peut-être la plus efficace d’instruire, mais surtout de discuter : c’est celle que les premiers auteurs, les philosophes grecs, les pères de l’Église ont le plus souvent employée dans leurs traités, et surtout dans la dispute.

→ À lire : La parole sur scène. – Le monologue intérieur.

Ce que dit le dictionnaire
Conversation
  • Échange de propos, sur un ton généralement familier et sur des thèmes variés, entre deux ou plusieurs personnes. Synonymes : bavardage, causette, dialogue, entretien.
    • Conversation politique. Discussions dans les assemblées parlementaires, ne portant pas sur un projet de loi, mais visant à obtenir du ministère des renseignements.
    • Conversation épistolaire. Échange régulier de lettres.
    • Conversation intérieure. Méditations, réflexions.
  • Par métonymie :
    • Assemblée, réunion de personnes qui conversent.
    • Tableau représentant des personnages immobiles qui conversent
    • Dans le domaine de la pâtisserie (spécialement réservée aux salons de conversation) : Barquette ou tartelette de feuilletage, fourrée de crème pâtissière (additionnée ou non d’amandes en poudre) ou de crème d’amandes couverte de glace royale et de croisillons de feuilletage.
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Entretien
  • Action d’échanger des propos avec une ou plusieurs personnes ; conversation suivie sur un sujet.
    • Communication avec Dieu.
    • Conversations directes entre chefs d’État et hommes politiques (ayant un caractère amical).
    • Conférences entre savants ou spécialistes ayant, au moins à l’origine, un caractère de simplicité.
  • Par métonymie :
    • Vieilli. Ce qui fait le sujet de l’entretien. Faire l’entretien du public, de toutes les sociétés.
    • Œuvre littéraire ou philosophique qui se présente sous forme de dialogues à l’image de ceux de Platon ou sur un ton familier.
Colloque
  • Dans la langue courante, parfois teinté d’ironie. Action de parler avec quelqu’un, entretien, simple conciliabule.
  • Entretien plus ou moins intime, mystérieux ou confidentiel entre deux personnes.
  • Dans le domaine religieux : Entretien intime avec Dieu. Associé à méditation, prière.
  • Vieilli. Entretien entre deux ou plusieurs personnes sur une question de doctrine surtout religieuse pour opérer un rapprochement, obtenir des éclaircissements, etc. comme les colloques des écoliers du Moyen Âge et les colloques intimes de la politique.
  • Surtout au XXe siècle. Réunion de spécialistes en nombre plus ou moins limité convoqués pour discuter et confronter leurs informations et leurs opinions sur un thème ou un domaine donné.
Dialogue
  • Généralement, communication le plus souvent verbale entre deux personnes ou groupes de personnes ; par métonymie, le contenu de cette communication. Antonymes : monologue, soliloque.
  • Le plus souvent dans le vocabulaire syndical ou politique. Conversation, discussion, négociation menée avec la volonté commune d’aboutir à une solution acceptable par les deux parties en présence.
  • Par métonymie :
    • Dans une œuvre littéraire, récit, roman ou le plus souvent pièce de théâtre, par opposition aux parties descriptives ou analytiques du récit. Suite de paroles, de répliques échangées par les personnages et rapportées au style direct ; manière de conduire un développement, caractérisée par l’usage de ce procédé.
    • Œuvre didactique, littéraire ou philosophique, écrite sous forme de conversation entre deux ou plusieurs interlocuteurs ou groupes d’interlocuteurs, de manière à mettre en évidence la contradiction ou, le cas échéant, la convergence entre les opinions, les idées, les thèses que l’auteur les charge d’exposer.
    • Par analogie. Composition musicale dans laquelle on fait alterner le plus souvent à égalité deux voix ou deux instruments.
Soliloque
  • Discours qu’une personne seule se tient à elle-même.
    • Soliloque intérieur. Longue suite de pensées.
    • Soliloque (avec soi-même). Dialogue intérieur où la personne se parle et se répond.
    • En particulier, par référence à l’ouvrage de saint Augustin, Les Soliloques, traitant des aspirations métaphysiques de l’homme, entretien avec Dieu, méditation à caractère mystique et affectif.
    • Par métonymie, littéraire. Récit à la première personne des états d’âme d’un personnage de roman.
  • Discours d’une personne qui parle sans attendre de réponse ou sans permettre à ses interlocuteurs de répondre ; discours d’une personne qui parle à un interlocuteur silencieux.
    • Psychologie. En psychodrame entretien du patient avec lui-même qui se fait à haute voix et en public.
Monologue
  • Théâtre :
    • Discours qu’un personnage seul en scène se tient à lui-même.
    • Par métonymie. Pièce à un personnage, généralement fantaisiste ou comique.
  • Par analogie :
    • Discours qu’une personne seule se tient à elle-même. Synonyme : soliloque.
    • En particulier. Monologue intérieur. Suite de pensées plus ou moins formulées, rêverie, entretien muet d’une personne avec elle-même.
    • Par métonymie, littéraire. Transcription à la première personne des états d’âme d’un personnage de roman.
    • Discours d’une personne qui parle sans attendre de réponse ou sans laisser répondre ses interlocuteurs ; dialogue, conversation où seul l’un des interlocuteurs est actif.
    • Psychologie. Monologue collectif. Pseudo-conversation tenue par des enfants dont chacun s’adresse apparemment aux autres mais sans intention réelle de se faire écouter ou comprendre.
Bonus : Discours
  • Vieilli :
    • Écrit didactique traitant d’un sujet précis. Synonyme usuel : traité.
    • Paroles adressées à une ou plusieurs personnes.
  • Usuel :
    • Développement oratoire sur un thème déterminé, conduit d’une manière méthodique, adressé à un auditoire ; par métonymie, texte écrit d’un discours.
      • Discours de réception. Discours prononcé par un membre nouvellement élu, lors de son entrée dans une Académie (comme l’Académie française).
      • Domaine homilétique. Sermon, prêche particulièrement élaborée en vue d’une circonstance donnée.
      • Par métonymie, rhétorique. Genre littéraire auquel appartient le discours.
      • Domaine scolaire, vieilli. Exercice écrit destiné à former les élèves à la composition. Synonyme usuel : dissertation.
    • Propos suivis, d’une certaine longueur, que l’on tient en conversation ; par extension, propos tenus dans un entretien.
  • Emplois particuliers :
    • Linguistique :
      • Actualisation du langage par un sujet parlant. Par métonymie, résultat de cette actualisation.
      • Style. Discours direct. Mode d’expression selon lequel un narrateur rapporte les propos d’autrui dans leur forme originale. (Lorsqu’il s’agit d’un texte écrit, ces propos sont généralement placés entre guillemets). Synonyme : style direct.
        Discours indirect. Mode d’expression selon lequel un narrateur rapporte les propos d’autrui en les faisant entrer dans la dépendance grammaticale de son propre énoncé (par la subordination, la substitution des pronoms, la transposition des personnes, des modes et des temps des verbes ; la référence grammaticale est faite à la personne du narrateur). Synonyme : style indirect.
    • Logique :
      Mode de pensée qui atteint son objet par une suite d’énoncés organisés. Par métonymie : exposé de la pensée ainsi conduite, raisonnement. Synonyme : pensée discursive ; antonyme : intuition.

Source : TLFi.

Vocabulaire

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