Les figures de rhétorique

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Rhétorique et style

La figures de rhétorique

Il considérait la rhétorique comme une chose grave ; quand il faisait du style, l’hyperbole l’emportait au delà de sa pensée, et il employait des expressions magnifiques pour des sujets assez pauvres.

(Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, première édition, 1845, p. 102)

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Définition des figures

Les figures sont une forme caractéristique d’expression, motivée par la recherche d’un effet d’expressivité. Elles impliquent, d’après Cicéron et tous les rhéteurs, certains tours d’expressions et de pensées qui diffèrent du langage ordinaire, et qu’on emploie pour donner au style plus de force, de grâce, de vivacité ou de noblesse. Hugh Blair définit les figures en les désignant comme une espèce de langage suggéré par l’imagination et par les passions. Ce langage qui, au lieu d’énoncer seulement l’idée comme le fait l’expression simple, y ajoute une parure, une espèce de vêtement qui la fait remarquer et qui la décore. Dans la langue courante, figure de style est synonyme de figure de rhétorique.

On parle de figure quand on dit la plume, le pinceau, pour l’écriture, la peinture ; l’épée, pour la guerre ; la robe, pour la magistrature ; des voiles, pour des vaisseaux, etc.

Hugh Blair
Hugh Blair, né le 7 avril 1718, à Édimbourg, où il meurt le 27 décembre 1800, est un prédicateur et critique écossais. Il a été nommé professeur de belles-lettres à l’université de St Andrews (sur la côte Est de l’Écosse), puis à celle d’Édimbourg (ville d’Écosse au Royaume-Uni), à la chaire créé pour lui en 1762, où il enseigne jusqu’en 1783.

→ À consulter : Rhétorique et style. – La rhétorique. – Les figures de style.

Origine des figures de rhétorique

Le langage figuré offre une classe d’ornements fort étendue. C’est le besoin qui l’a fait naître, par l’effet nécessaire de la pauvreté et des bornes du langage. Dans la suite, le plaisir et l’agrément l’ont rendu commun. Ainsi, si l’on dit une feuille de papier, c’est évidemment par nécessité. Le mot propre manquant pour l’objet, on a eu recours à ce qui en approchait le plus. Comme une feuille d’arbre est plate, mince, légère comme du papier, on a dit une feuille de papier. Une flotte de cent voiles, au lieu d’une flotte de cent vaisseaux : pourquoi ? C’est que la première chose qui frappe les yeux dans un grand nombre de navires, ce sont les voiles. Ainsi, cette transposition de nom n’a été employée que par une suite naturelle de la première impression que l’objet fait sur la vue. D’autres figures sont employées par les passions ou par l’imagination, pour ajouter de la force au discours.

Le langage figuré est d’ailleurs si naturel à l’homme, qu’on le trouve très souvent chez des personnes non littéraires. Je suis persuadé, dit Dumarsais, qu’il se fait plus de figures un jour de marché à la Halle, qu’il ne s’en fait en plusieurs jours d’assemblées académiques. Blair n’hésite pas à affirmer qu’il y a de plus hardies métaphores dans la harangue qu’un chef sauvage adresse à sa tribu, que dans un poème épique composé par un Européen.

Dumarsais
César Chesneau, monsieur Dumarsais ou Du Marsais, est né à Marseille le 17 juillet 1676 et mort à Paris le 11 juin 1756. Il est grammairien et philosophe. Il compose ses Principes de Grammaire et son Traité des Tropes, son ouvrage le plus célèbre et celui qui a fait survivre son nom.

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Utilité des figures de rhétorique

Les figures contribuent puissamment à la beauté et à l’éclat du style. Ce sont elles qui donnent à la poésie et à l’éloquence la vie, l’âme, comme une espèce d’action et de mouvement. D’abord, les figures enrichissent la langue et la rendent plus abondante, en multipliant les mots et les phrases propres à exprimer nos pensées et à en faire sentir les nuances les plus délicates.

De plus, elles donnent au style de la dignité et de la noblesse. Dire que le soleil se lève est une idée usée et ordinaire. Elle est pleine de magnificence, quand elle est exprimée comme dans cette phrase de James Thomson :

Là s’avance du côté de l’Orient le puissant roi du jour,
répandant la joie sur la nature.

En troisième lieu, les figures nous procurent le plaisir de contempler, sans confusion, deux objets à la fois : l’idée principale, qui est le sujet du discours, et l’idée accessoire, qui lui donne la tournure figurée. Nous voyons une chose dans l’autre, comme dit Aristote, ce qui plaît toujours à notre esprit.

Enfin, les figures ont l’avantage de présenter l’objet sous un aspect plus clair et plus frappant qu’on n’aurait pu le faire en n’employant que des termes simples, et en dépouillant l’idée principale de ses accessoires. C’est leur plus grand mérite. C’est là proprement ce qui fait dire qu’elles éclairent le sujet, qu’elles y jettent du jour. Elles présentent tout ce qu’elles expriment sous une forme pittoresque. D’une conception abstraite elles font un objet sensible. Elles l’entourent de circonstances qui permettent à l’esprit de le saisir et de le contempler sans peine.

Étudier les figures de rhétorique

La connaissance des figures est très utile à celui qui veut apprendre à bien parler et à bien écrire. La nature, il est vrai, est la source principale du style figuré. Elle enseigne l’usage des figures. Beaucoup de gens ont employé sans doute propos des expressions métaphoriques, sans savoir ce que c’est qu’une métaphore. Cependant, comme la propriété et la beauté du langage sont susceptibles d’être perfectionnées, la connaissance des principes d’où ces qualités dépendent, des raisons qui rendent une figure ou une expression préférable à toute autre, ne peut manquer de nous être utile pour diriger notre choix, et pour apprécier avec justesse le mérite d’un écrivain.

Qualités des figures de rhétorique

Pour être belles, les figures, dit Hugh Blair, doivent sortir naturellement du sujet, naître d’elles-mêmes, et émaner d’une âme qu’échauffe la vue de l’objet dont elle s’occupe. Jamais il ne faut arrêter le cours des pensées pour chercher autour de soi des figures. Si elles paraissent avoir été placées à dessein, comme des ornements détachés du sujet, elles font un effet misérable. Dans le cas même où le sujet prête naturellement aux figures, et où l’imagination les fournit d’elle-même, il faut prendre garde de les prodiguer. Employées sans mesure, elle produiraient bientôt l’ennui et le dégoût, et donneraient une idée défavorable de l’auteur, en le faisant passer pour un esprit superficiel et léger, beaucoup plus occupé du soin de briller que de donner de la justesse et de la solidité à ses pensées. Enfin, il faut que les figures aient de l’élévation et de la noblesse, puisqu’elles sont destinées à donner de l’agrément au style, et qu’elles soient bien adaptées aux temps, aux lieux, aux personnes, et surtout à la nature du sujet que l’on traite. Nous n’avons pas besoin de dire qu’ici comme ailleurs on doit éviter de forcer son talent, et que celui qui ne sera pas porté par son caractère à employer le langage figuré, ne devra pas tenter de le faire.

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Classification des figures de rhétorique

Il n’existe pas une seule manière pour classifier les figures de rhétorique. Les façons varient dans leurs détails, mais on retrouve souvent les mêmes concepts. Les rhéteurs divisent ordinairement les figures en deux grandes classes : les figures de mots et les figures de pensées. Il y a cette différence, dit Cicéron, entre les figures de pensées et les figures de mots, que les premières dépendent uniquement du tour de l’imagination, en sorte qu’elles demeurent toujours les mêmes, quoiqu’on change les mots qui les expriment, tandis que les autres sont telles que si l’on change les paroles, la figure s’évanouit.

Loin d’être un classement clair, le TLFi propose le classement suivant dans son entrée relative au mot figure :

  • Figure de construction : modification de l’ordre naturel des mots, par extension apposition, ellipse.
  • Figure de diction : modification matérielle de la forme des mots, par extension apocope, crase.
  • Figure d’élocution : forme d’expression qui résulte du choix des mots convenant à l’expression de la pensée, par extension répétition, allitération.
  • Figure d’expression : forme d’expression qui implique un changement de sens affectant des groupes de mots et des phrases, par extension allégorie, litote.
  • Figure de pensée : tour de pensée particulier, indépendant de son expression, par extension prosopopée, description.
  • Figure de signification : forme d’expression qui implique un changement de sens des mots, par extension métonymie, métaphore, synecdoque. Synonyme : trope.
  • Figure de style : forme intéressant l’expression des relations entre plusieurs idées, par extension énumération, interrogation, comparaison.
  • Figure étymologique : pléonasme dû à la syntaxe lorsqu’elle permet dans une même construction la rencontre de termes qui ont une parenté étymologique ou tout au moins sémantique, comme mourir la mort.
Les figures de mots

Les figures de mots sont celles qui consistent dans la disposition des mots, ou dans la signification étrangère qu’on leur donne. Dans ces sortes de figures, les mots sont employés de manière à rendre la pensée plus frappante en lui donnant plus de grâce ou plus de force.

Les figures de mots peuvent se diviser en trois classes :

  • les figures grammaticales, qui s’éloignent des lois générales du langage ;
  • les figures oratoires, qui consistent dans un certain arrangement des expressions destiné à embellir le style, et qui comme les figures de grammaire conservent aux mots leur signification propre ;
  • enfin, les tropes, qui donnent aux mots une signification différente de leur signification naturelle.
Les figures de pensées

Les figures de pensée sont celles qui, par le tour qu’elles donnent à la pensée, au sentiment, y ajoutent de la force, de la grâce, de la vivacité, indépendamment des mots qu’on emploie pour les exprimer.

Les figures de pensée énumérées par les rhéteurs sont très nombreuses. Nous ne parlerons (dans un prochain article) que des plus importantes et des plus usitées. Nous les réunirons d’après leur nature et d’après les effets qu’elles peuvent produire. Ces figures peuvent être rapportées à trois classes principales :

Classification des figures de rhétorique : les figures de mots et les figures de pensées

⬆ Classification des figures de rhétorique : les figures de mots et les figures de pensées.

📽 Vidéo : La rhétorique – l’essentiel à savoir

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