Les frères Goncourt

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Les frères Goncourt

Edmond de Goncourt (1822-1896)  – Jules de Goncourt (1830-1870)

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Biographie

Félix Nadar, Portrait de Jules et Edmond de Goncourt. Photographie. Musée Carnavalet, Paris.

Les frères Goncourt sont des romanciers français qui ont été les théoriciens de l’école naturaliste et les auteurs d’un célèbre journal à quatre mains.

De petite et récente noblesse lorraine, les frères Goncourt, Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870) ont mené une vie de rentiers. Amateurs d’art et d’histoire, ils ont publié successivement une Histoire de la société française pendant la Révolution et pendant le Directoire (1854), l’Histoire de Marie-Antoinette (1858) et la Femme au XVIIIe siècle (1862). Ces études historiques, composées sous forme de narration, les ont conduits progressivement au roman, et plus précisément au roman réaliste, qu’ils envisageaient comme la continuation naturelle de leur activité d’historien.

Pour les frères Goncourt, en effet, le roman devait tendre à l’étude de mœurs contemporaines : « Le roman depuis Balzac n’a plus rien de commun avec ce que nos pères entendaient par roman. Le roman actuel se fait avec des documents, racontés ou relevés d’après nature, comme l’Histoire se fait d’après des documents écrits. Les historiens sont des raconteurs du passé, les romanciers sont des raconteurs du présent. »

De leur plume naîtront six romans en dix ans : les Hommes de lettres (1860), Charles Demailly (1861), Sœur Philomène (1861), Renée Mauperin (1864), Germinie Lacerteux (1865) et Madame Gervaisais (1869). Après la mort de son frère, Edmond de Goncourt a continué à écrire seul : il a publié ainsi la Fille Élisa (1877), les Frères Zemganno (1879), la Faustin (1882) et Chérie (1884).

Chacun de ces romans est construit soit autour d’un personnage familier (Renée Mauperin est une amie d’enfance, tandis que Germinie Lacerteux est une vieille servante), soit autour d’un milieu soigneusement élaboré (le monde littéraire dans Charles Demailly, l’hôpital dans Sœur Philomène, les artistes dans Manette Salomon).

La réussite la plus complète des Goncourt est certainement Germinie Lacerteux, qui est considéré comme le premier roman français consacré au peuple. Le destin de cette domestique est en effet pour les Goncourt l’occasion de dépeindre un bal populaire, des amants ouvriers, le parler de Paris. « Germinie Lacerteux, dit Zola, est une date. Le livre fait entrer le peuple dans le roman. Pour la première fois, le héros en casquette et l’héroïne en bonnet de linge y sont étudiés par des écrivains d’observation et de style. »

Leurs romans et les textes de préface où ils exposent leur théorie littéraire ont placé les Goncourt au centre des préoccupations esthétiques de l’époque, même s’ils n’ont eu que peu de lecteurs. Ce sont également eux qui ont fixé la technique de l’« écriture artiste », ce style qui s’applique à rendre les sensations les plus fugaces et les plus ténues à l’aide du mot rare, du néologisme, de l’incorrection volontaire et de la syntaxe disloquée.

Le Journal des frères Goncourt reste pourtant leur œuvre la plus lue aujourd’hui. Commencé en commun, ce journal a été continué après la mort de son frère par Edmond, qui a publié, de 1887 à 1896, les extraits les moins compromettants. Ce n’est qu’en 1956 qu’une édition complète a révélé la « vérité absolue ». Célèbre pour sa malveillance et son acidité, le Journal reste un témoignage sans égal sur les mœurs littéraires entre 1851 et 1896.

Edmond de Goncourt a légué toute sa fortune à une académie qui porte son nom et qui décerne chaque année depuis 1903 un prix illustre (le prix Goncourt).

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L’Académie Goncourt

L’académie Goncourt est une société littéraire créée à l’initiative d’Edmond de Goncourt et décernant chaque année l’un des principaux prix littéraires français. Dans son testament (1874), Edmond de Goncourt a prévu la création d’une « académie » de dix membres, composée à l’origine (mais la liste variera au cours des années) de Théodore de Banville, Barbey d’Aurevilly, Philippe de Chennevières, Léon Cladel, Alphonse Daudet, Gustave FlaubertEugène Fromentin, Paul de Saint-Victor, Louis Veuillot et Émile Zola.

Les académiciens se sont réunis à partir de 1903, ont créé un prix de 5 000 francs-or (le montant actuel, symbolique, est de 10 euros) et ont décidé de le décerner « au meilleur roman, au meilleur recueil de nouvelles, au meilleur volume d’imagination en prose » de l’année, à l’issue d’un déjeuner au restaurant Drouant, à Paris.

Les prix littéraires.

Le Prix Goncourt

C’est le plus prestigieux des prix littéraires français décerné chaque année depuis 1903.

Les membres de l’Académie Goncourt sont chargés de créer un prix annuel de 5 000 francs destiné « au meilleur roman, au meilleur recueil de nouvelles, au meilleur volume d’imagination en prose ». Aujourd’hui, le lauréat ne touche plus qu’un chèque symbolique de 10 euros, mais ce prix lui assure une notoriété auprès du grand public.

Réunie pour la première fois en 1903, l’Académie Goncourt a notamment décerné son prix à Henri Barbusse (le Feu, 1916), à Marcel Proust (À l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919), à André Malraux (la Condition humaine, 1933), à Julien Gracq, qui le refusa (le Rivage des Syrtes, 1951), à Romain Gary (les Racines du ciel, 1956 ; couronné une seconde fois sous le nom d’Émile Ajar pour la Vie devant soi, 1975), à Michel Tournier (le Roi des aulnes, 1970), ou encore à Marguerite Duras (l’Amant, 1984). Il existe depuis 1990 un prix Goncourt du premier roman.

Bibliographie

Frères Goncourt

  • Histoire de la société française pendant la Révolution (1854)
  • Histoire de Marie-Antoinette (1858)
  • Charles Demailly (1860)
  • Sœur Philomène (1861)
  • Renée Mauperin (1864)
  • Germinie Lacerteux (1865)
  • Idées et sensations (1866)
  • Manette Salomon (1867)
  • Madame Gervaisais (1869)
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Edmond de Goncourt

  • La Fille Élisa (1877)
  • Les Frères Zemganno (1879)
  • La Maison d’un Artiste tome 1 (1881)
  • La Maison d’un Artiste tome 2 (1881)
  • La Faustin (1882)
  • Chérie (1884)
Citations choisies
  • Ce qui entend le plus de bêtises dans le monde est peut-être un tableau de musée. (Journal, mémoires de la vie littéraire, 1887)
  • Il n’y a que deux grands courants dans l’histoire de l’humanité : la bassesse qui fait les conservateurs et l’envie qui fait les révolutionnaires. (Journal, tome 2, 12 juillet 1867)
  • L’art de plaire semble bien simple. Il consiste simplement en deux choses: ne point parler de soi aux autres et leur parler toujours d’eux-mêmes. (Journal, tome 1, 4 mars 1860)
  • Les livres qu’on vend le plus sont les livres qu’on lit le moins. Ce sont les livres de fonds qui font la bibliothèque, par respect humain, de tous les hommes qui ne lisent pas, les livres meublants. Exemples : Voltaire, Thiers, etc. (Journal)
  • Les masques à la longue collent à la peau. L’hypocrisie finit par être de bonne foi. (Idées et sensations)
  • Une religion sans surnaturel ! Cela m’a fait songer à une annonce que j’ai lue, ces années-ci, dans les grands journaux : vin sans raisin. (Journal)
  • Preuve en faveur du rien que peuvent les assemblées, les compagnies, les sociétés, pour les travaux, découvertes, etc., toutes les grandes choses de la pensée ou de la volonté : l’Académie française ! A peine un dictionnaire ! (Journal, tome 1, 20 février 1860)
  • La langue allemande n’est pas une langue, c’est un hache-paille.
  • La province dépasse le roman. Jamais le roman n’inventera la femme d’un commandant de gendarmerie mettant en vers les sermons du vicaire.
  • Le peuple n’aime ni le vrai ni le simple : il aime le roman et le charlatan. (Journal, mémoires de la vie littéraire, 1887)
  • Le rire est le son de l’esprit : certains rires sonnent bête, comme une pièce sonne faux.
  • L’avarice du paysan va jusqu’à l’économie du linceul. – Il craint que sa mort ne lui coûte trop cher. – Il achèterait au rabais, s’il le pouvait, les vers du tombeau.
  • C’était une bonne chose que cette habitude ancienne de transmission des portraits de famille. Les morts n’étaient enterrés que jusqu’à la ceinture.
  • Une Mme Bernard, qui tenait un bordel, disait de son fils pédéraste : « Mon fils était né pour être duchesse. »
  • J’ai connu un homme qui savait soixante-deux langues. Il n’avait qu’un regret en mourant, c’est de n’avoir jamais pu les parler : il était muet.

Autres citations des frères Goncourt.

Articles connexes

Suggestion de livres

Journal Germinie Lacerteux
Les infréquentables frères GoncourtL'art du dix-huitième siècle. Watteau. Chardin. Boucher. Latour. Greuze. Les Saint-Aubin

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