Les genres argumentatifs

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Les genres argumentatifs

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Présentation

Les conflits, les débats, l’échange de points de vue, la volonté d’exprimer son opinion et de convaincre autrui appartiennent à tous les temps, à toutes les cultures. Mais l’art du discours argumentatif structuré, défini, prend naissance dans l’Antiquité à l’occasion de procès liés à la revendication des terres. Il se développe rapidement au contact des institutions démocratiques, de la vie littéraire d’Athènes. L’analyse et l’enseignement de l’argumentation forment l’un des traits dominants de la culture que nous transmet la civilisation grecque. Dès lors, les genres argumentatifs vont se multiplier, de diversifiant sans cesse, évoluant avec le développement de l’Histoire et des sociétés.

Les premiers genres argumentatifs

La chute des tyrans, en Sicile, au Ve siècle avant J.-C., suscite de nombreux procès pour la propriété des terres. Des « professionnels » de la parole publique, du débat contradictoire s’affrontent alors, offrant leur services aux plaignants. De Sicile, ils passent à Athènes où ils enseignent la rhétorique, l’art du discours. L’usage du discours argumentatif se répartit rapidement en trois genres dominants:

le genre judiciaire vise à accuser, à convaincre quelqu’un d’un délit, comme aussi à se défendre, à se justifier dans un procès;

le genre délibératif évalue une situation, pèse les choix d’une décision politique;

le genre démonstratif (ou épidictique) fait l’éloge de personnalités importantes dans les cérémonies publiques.

Ces axes fondamentaux de l’argumentation traverseront tous les genres littéraires où l’on retrouve l’attaque et la défense, le pour et le contre, l’éloge et la critique. L’évolution de la littérature en renouvellera, cependant, les formes, offrant aux écrivains des genres proprement argumentatifs pour présenter leurs idées, pour défendre leurs opinions.

→ À lire : La rhétorique. – L’éloquence et ses trois genres.

La satire et le pamphlet
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Renvoyant d’abord à l’Antiquité, aux Satires de Perse, d’Horace ou de Juvénal qui dénoncent les vices et les ridicules de leurs contemporains, la satire désigne au XVIIe siècle un discours en vers qui se moque de quelqu’un, de quelque chose : Nicolas Boileau s’illustre dans ce genre. Mais l’intention satirique s’exprime surtout à travers des genres nouveaux.

Ainsi le pamphlet est un écrit satirique qui attaque les institutions, une personnalité connue. Il se caractérise par la brièveté, l’actualité et l’intensité de ses attaques : Voltaire l’utilise souvent pour tourner en dérision les partisans du despotisme ou du fanatisme. Dans Napoléon le petit (1853), Victor Hugo ridicule Napoléon III. La Littérature à l’estomac (1950) de Julien Gracq dénonce ceux qui ne voient dans la littérature qu’un objet de commerce.

→ À lire : La satire. – Le pamphlet.

L’essai

L’essai permet à l’écrivain de traiter un sujet, d’un auteur, avec une certaine liberté dans le ton, dans l’inspiration, dans la forme de son ouvrage. L’auteur d’un essai ne prétend pas épuiser complètement le sujet qu’il aborde. Il veut exprimer un point de vue personnel, renouveler la façon d’aborder une question de littérature, d’art, d’histoire ou de société. C’est dans cet esprit que Voltaire écrit son Essai sur les mœurs (1756), Denis Diderot un Essai sur la peinture (1756) et Chateaubriand son Essai sur les révolutions (1793-1797).

Nombreux sont également les philosophes, les critiques littéraires qui aiment utiliser le genre de l’essai : Roland Barthes publie des Essais  critiques (1964-1984). Dans le Contrat social (1990), Michel Serres réfléchit sur l’écologie.

→ À lire : L’essai.

Le manifeste et la préface

À partir du XVIe siècle, le manifeste désigne un écrit qui cherche à faire connaitre, qui proclame des idées nouvelles en rupture avec la tradition. De la Défense et Illustration de la langue française (1594) de Joachim Du Bellay au Manifeste du surréalisme (1924) d’André Breton, le manifeste expose les principes d’un engagement, d’un mouvement littéraire auxquels se rallieront de jeunes écrivains, de nouvelles générations de lecteurs.

La préface est un texte court placé en tête d’un livre qui sert à le présenter au lecteur. L’écrivain profite de la préface pour défendre sa conception de la littérature. Molière et Jean Racine utilisent la préface de leurs pièces pour se justifier des critiques de mauvaise foi, réfuter toutes les attaques. D’Honoré de Balzac à Émile Zola, de Guy de Maupassant à Colette, les romanciers exposent dans leurs préfaces des idées nouvelles. Ils revendiquent une conception originale de la création romanesque.

→ À lire : Le manifeste. – La préface. – Histoire du livre. – L’univers des livres.

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La lettre

La correspondance privée est souvent l’occasion de défendre un projet, de faire une demande, de présenter ses griefs. Comme elle est au XVIIIe siècle l’un des moyens de communication privilégiée, la lettre, qu’elle soit adressée à un destinataire réel ou fictif, a été utilisée par les philosophes des Lumières pour exposer publiquement leurs idées, pour combattre leurs adversaires. Tous y ont eu recours : Voltaire avec ses Lettres philosophiques (1734), Diderot avec sa Lettre sur les aveugles (1749), Jean-Jacques Rousseau avec sa Lettre sur la musique française (1753) ou encore la Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758).

De nos jours, « la lettre ouverte » permet à un écrivain de développer son point de vue dans le débat d’idées, d’apporter son témoignage, d’exprimer son indignation ou sa colère devant un sujet d’actualité.

→ À lire : La correspondance : échange de lettres réelles. – Le roman épistolaire ou par lettres.

Le réquisitoire et le plaidoyer

Le réquisitoire appartient d’abord au genre judiciaire : c’est le développement de l’accusation qui présente devant un tribunal tous les délits, les crimes imputés à l’accusé. De même, le plaidoyer est l’exposition de la défense d’une personne accusée. Mais la littérature, à travers la poésie, le théâtre et le roman, a très souvent utilisé, représenté ces deux situations d’argumentation. Qu’il s’agisse de l’auteur plaidant sa propre cause, ou d’un personnage passant devant un tribunal, comme dans Le Rouge et le Noir (1830) de Stendhal ou L’Étranger (1942) d’Albert Camus.

D’autre part, c’est généralement en s’inspirant de la forme du réquisitoire qu’un écrivain combat quelqu’un ou quelque chose : Émile Zola lançant son célèbre « J’accuse! », Victor Hugo luttant contre la peine de mort. Et la forme du plaidoyer sert à réfuter des idées, à prendre la défense d’une personne ou d’une cause, Voltaire intervenant en faveur de la famille Calas ou de la liberté de penser.

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