Les Hymnes homériques

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Les Hymnes homériques

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Introduction

Hésiode, Théogonie et autres poèmes, suivi des Hymnes homériques, Gallimard, Folio Classique, 2001, poche.

Les Hymnes homériques qui nous sont arrivés sous le nom d’Homère peuvent être rangés parmi les plus anciens monuments de la poésie grecque ; mais ils n’appartiennent point à l’auteur de l’Iliade et de l’Odyssée. On sait qu’ils servirent d’ouvertures ou de préludes à la récitation de ces poèmes. Des rhapsodes1, dont les noms sont inconnus, en furent sans doute les auteurs. Le ton et la langue de celles de ces productions qui nous sont parvenues offrent une grande diversité ; il en est qui paraissent fort rapprochées du temps d’Homère ; il en est d’autres qui paraissent ne pas remonter au delà de la guerre médique2.

Nous avons trente-quatre (ou trente-deux, suivant les décomptes) hymnes homériques. La plupart d’entre eux sont insignifiants ou fort courts. On en compte six qui méritent une mention particulière : les Hymnes à Apollon Délienà Apollon Pythienà Hermèsà Aphroditeà Déméterà Dionysos.

→ À lire : Qu’est-ce que l’hymne ?

Les Hymnes
Hymne à Apollon Délien
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Après une invocation à Latone et à son fils, le poète raconte comment Délos donna l’hospitalité à la déesse persécutée, et comment Apollon y naquit au pied d’un palmier ; il trace ensuite le tableau des fêtes de Délos : « C’est là que se réunissent les Ioniens à la robe traînante, avec leurs enfants et leurs chastes épouses… Il dirait des immortels éternellement exempts de vieillesse, celui qui visiterait Délos quand les Ioniens y sont réunis… »

Cet hymne, tout pénétré de la gloire du génie ionien par la pensée et par le style, se rapproche tellement d’Homère, que Thucydide le lui attribue, formellement. C’est sans contredit l’œuvre d’un rhapsode ionien des premiers temps, sinon d’un homéride3. Le poète dit aux jeunes filles de Délos qu’il « est aveugle, et habite la montagneuse Ghios ». Peut-être les anciens se formèrent-ils l’idée d’Homère d’après ce rhapsode aveugle.

Hymne à Apollon Pythien

Apollon cherche dans la Grèce un lieu favorable pour s’y bâtir un temple. La nymphe Telphuse lui conseille de s’établir à Crissa, sur le flanc du Parnasse. C’était un piège : un serpent terrible avait son repaire dans cette contrée. Apollon bâtit son temple, tue le monstre, punit la perfidie de Telphuse, puis, transformé en dauphin, va chercher des Crétois qui deviennent les gardiens de son sanctuaire. Cet hymne, dont le récit intéressant est bien ordonné, n’offre pas de beautés originales. Il n’est pas aussi ancien que le précédent ; mais il est antérieur à la guerre de Crissa, qui eut lieu dans la première moitié du VIe siècle avant notre ère.

Hymne à Hermès

Ce n’est plus ici la gravité religieuse des deux œuvres précédentes, mais un mélange d’esprit et de grâce. Hermès, à peine né, quitte son berceau et va dans la Piérie voler les bœufs d’Apollon. En les conduisant dans une grotte près de Pylos, où il les immole aux dieux, il rencontre une tortue dont il fait une lyre. Découvert par Apollon, il l’apaise au moyen de cet instrument. La lyre que le poète prête à Hermès est composée de sept cordes. L’hymne n’est donc pas antérieur à la seconde moitié du VIIe siècle, c’est-à-dire à l’époque où vécut Terpandre qui inventa la lyre à sept cordes.

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Hymne à Aphrodite

C’est le récit des amours de la déesse avec Anchise ; elle se fait connaître de lui à son départ ; mais elle lui défend de jamais révéler le secret de la mystérieuse naissance de l’enfant qui naîtra d’eux, à moins qu’il ne veuille encourir la vengeance de Jupiter. Cet hymne, qui se distingue plus par l’absence de défauts que par de grandes qualités, est tout à fait dans le style et dans la tradition homériques. Il faut sans doute l’attribuer à un homéride. Il est impossible d’en préciser la date.

Hymne à Déméter

Il a été découvert en 1778 par Matthæi dans la bibliothèque de Moscou. On le regarde, sous le rapport de la perfection, comme le plus précieux des Hymnes homériques. Il raconte les douleurs et les tribulations de Déméter après l’enlèvement de sa fille Perséphoné. La déesse arrive dans la demeure de Céléus à Eleusis, sous les traits d’une vieille femme, et reste plongée dans son affliction, oubliant le manger et le boire. Enfin Jupiter lui rend sa fille. L’entrevue entre Déméter et Perséphoné n’est malheureusement pas complète : un grand nombre de mots ont été effacés par le temps. Par le style comme par les pensées et la connaissance des mystères d’Eleusis, l’Hymne à Déméter est évidemment l’œuvre d’un poète attique4, et fut composé dans une époque bien postérieure au siècle qui vit naître l’Iliade et l’Odyssée.

Hymne à Dionysos

Cette œuvre est le produit d’idées encore plus éloignées des poèmes homériques. Dionysos, semblable à un jeune homme, avec une noire chevelure flottante et un manteau de pourpre sur les épaules, se tient au bord de la mer. Des pirates tyrrhénicns l’enlèvent et le portent sur leur navire. La présence du dieu est bientôt manifestée par des prodiges : le lierre s’enroule autour du mât, une vigne chargée de raisins se suspend à la voile, le vin ruisselle sur le tillac. Dionysos se transforme en lion ; près de lui apparaît une ourse ; les pirates épouvantés se précipitent dans la mer et sont changés en dauphins. Cet hymne, tel que nous le possédons, paraît n’être qu’un fragment d’une œuvre plus considérable.

Qui est Homère ?

Homère (du grec ancien et signifie « otage » ou « celui qui est obligé de suivre ») est réputé avoir été un aède (poète) de la fin du VIIIe siècle avant Jésus-Christ. On lui attribue les deux premières œuvres de la littérature occidentale : l’Iliade et l’Odyssée. Il était simplement surnommé « le Poète » par les Anciens. Victor Hugo écrivit à son propos dans William Shakespeare : « Le monde naît, Homère chante. C’est l’oiseau de cette aurore ». Honoré de Balzac le place si haut qu’il écrit : « Doter son pays d’un Homère, n’est-ce pas usurper sur Dieu ? »

Il est encore difficile d’établir aujourd’hui avec certitude si Homère a été un individu historique ou une identité construite, et s’il est bien l’auteur des deux épopées qui lui sont attribuées.

ℹ️ Notes ℹ️

1. Chanteur qui allait de ville en ville pour interpréter des poèmes épiques et particulièrement des passages de l’Iliade ou de l’Odyssée

2. Guerres médiques : Ensemble des trois guerres successives qui opposèrent l’empire perse (réunissant Perses et Mèdes) à la Grèce au cours du Ve siècle avant Jésus-Christ. 

3. Poète imitateur d’Homère.

4. Poète qui a employé le dialecte attique (grand dialecte littéraire grec, illustré, principalement au ve siècle avant Jésus-Christ par les plus grands écrivains).

Articles connexes

À lire…

La Théogonie, les Travaux et les Jours et autres poèmes

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