Les Mémoires

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Genres de textes

Les Mémoires

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Définition

Les Mémoires sont une sorte de composition historique ayant pour objet de relater des événements auxquels le narrateur, homme d’État, militaire, écrivain, artiste, s’est trouvé mêlé.

Mémoire : masculin ou féminin ?

Les Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand

1. Mémoire, substantif féminin
  • La mémoire désigne la faculté de conserver et de rappeler des états de conscience passés et ce qui s’y trouve associé ; l’esprit, en tant qu’il garde le souvenir du passé. Garder, recueillir, retrouver quelque chose dans sa mémoire ; revenir à la mémoire.
  • En psychologie, la mémoire est l’ensemble de fonctions psychiques grâce auxquelles nous pouvons nous représenter le passé comme passé (fixation, conservation, rappel et reconnaissance des souvenirs).
2. Mémoire, substantif masculin
  • Le mémoire, en droit, est un écrit destiné à exposer, à soutenir la prétention d’un plaideur.
  • Le mémoire, également, une dissertation sur quelque objet de science, d’érudition, de littérature rédigée à l’intention d’une société savante ou en vue d’un concours, d’un examen.
  • Le mémoire est une relation manuscrite ou imprimée qui rappelle la vie, les événements auxquels est associée une personne.
    En particulier, au pluriel (avec une majuscule dans cette acception et dans le titre d’une œuvre), les Mémoires sont une œuvre littéraire, que fait une personne à partir d’événements historiques ou privés auxquels elle a participé ou dont elle a été le témoin.
    Synonymes : commentaire, annales, chronique, autobiographie, journal, souvenirs, confessions, confidences, lettres

Source : Le Petit Robert de la langue française (2010) et Le Trésor de la langue française.

Les Mémoires chez les Anciens
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Les Mémoires n’étaient pas un genre littéraire inconnu aux Anciens. On en a un beau modèle dans l’Anabase de Xénophon, héros et historien à la fois de la magnifique retraite qu’il raconte. Dans un autre ordre d’idées, ses Mémorables, consacrés à retracer l’enseignement de Socrate dont il est le disciple et sa vie dont il est le témoin, appartiennent au genre des Mémoires non seulement par le sujet, mais même par le nom.

Chez les Romains, les Mémoires se produisent vers la fin de la république et se multiplient après l’établissement de l’empire, sous le nom de Commentaires. À côté de ceux de Sylla, de Lucullus, de Jules César, d’Auguste et de tant d’autres, on peut considérer comme l’équivalent de Mémoires historiques la suite des Lettres de Cicéron sur les événements dont il est l’un des acteurs ou le témoin et plus tard la victime.

Sous les premiers empereurs, un certain nombre de citoyens ont écrit pour eux-mêmes le récit des faits qu’ils voyaient s’accomplir sous leurs yeux, pour se dédommager de n’y pouvoir plus prendre de part par l’action ou par la parole, et ces documents particuliers ont fourni des matériaux aux historiens latins ou grecs dont les travaux plus littéraires nous sont parvenus. La trace en est sensible dans Tacite, Suétone, Valère Maxime, Plutarque. Appien surtout en a fait usage et a même conservé de précieux extraits des Mémoires d’Auguste. D’un autre côté, l’Histoire secrète de Procope semble faite pour mettre en contradiction la véracité libre des Mémoires avec les flatteries officielles de l’histoire.

Les Mémoires chez les Modernes

Chez les Modernes, les Mémoires ont formé toute une branche de littérature, et l’une des plus sérieuses et des plus attachantes. Ils sont devenus indispensables à connaître pour l’étude de l’Histoire. Ceux relatifs à l’histoire de France sont si nombreux qu’ils pourraient au besoin, classés dans l’ordre des temps, suppléer à toute histoire du pays.

Cette abondance n’a rien d’égal chez les autres peuples. Ne remontons pas aux chroniques écrites depuis Grégoire de Tours et Frédegaire, jusqu’à la Chronique de Simon de Montfort, où les auteurs figurent trop peu pour qu’on puisse considérer ces œuvres comme des Mémoires, sauf peut-être la Vie de Guibert de Nogent écrite par lui-même, et ne comptons nos auteurs de Mémoires que depuis Joinville et Bertrand du Guesclin, jusqu’à notre temps quelle accumulation de richesses historiques et littéraires ! Tous les grands noms y sont représentés. Tous les hommes marquants semblent avoir pris à tâche de se présenter eux-mêmes à la postérité Blaise de Montluc, Gaspard de Coligny, Marguerite de Valois, Philippe de Cheverny, le duc de Bouillon, le cardinal de Richelieu, Antoine Arnauld, la duchesse de Nemours, le cardinal de Retz, La Rochefoucauld, Bussy-Rabutin, Saint-Simon, le duc de Luynes, Mathieu Marais, le maréchal de Grammont, Mme de La Fayette, le duc de Richelieu et tant d’autres !

La valeur littéraire disparaît presque toutes les fois que les Mémoires ont été rédigés d’après des documents et des notes par un secrétaire, un serviteur fidèle, mais l’intérêt historique n’en diminue pas sensiblement.

Quelques types de Mémoires

Mémoires sur la cour de Louis XIV : Histoire d'Henriette d'Angleterre, Mémoires de la Cour pour les années 1688 et 1689 de Mme de La Fayette.

Si l’on voulait étendre la mention des principaux Mémoires historiques, on ne pourrait se dispenser de citer les Mémoires du temps de la Révolution française, qui, comme toutes les époques de troubles et de passions politiques, a produit de nombreux écrits en ce genre les Mémoires de Mme Rolland, de Mme Campan, de Mme de Staël, etc., auxquels on peut ajouter les Mémoires de Mirabeau, rédigés d’après ses papiers, ceux de La Fayette, composés de même.

Il faudrait ensuite mentionner beaucoup de Mémoires militaires datant de l’Empire, ceux de Napoléon Ier lui-même, ceux du roi Joseph, du roi Jérôme, de Marmont, du général Pelet, etc. ; les Mémoires relatifs à l’administration et à la politique, comme ceux du comte Beugnot ; enfin, plus près de nous, les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, les Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps de Guizot, etc., sans compter ceux qui ne doivent paraître, comme les Mémoires de Talleyrand, qu’à un long intervalle après la mort de leurs auteurs.

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Nous avons aussi des Mémoires utiles pour la connaissance de l’histoire des Lettres, des arts et de la société française. Tels sont les Mémoires de littérature et d’histoire de Sallengre (1715-1717), continués par Desmollets (1726-1731) ; les Mémoires sur Port-Royal, les Mémoires secrets sur la république des Lettres de Mme Doublet et tant d’autres plus ou moins spéciaux, puis les Mémoires tout à fait personnels, ceux de Diderot, de D’Alembert, de Duclos, les Confessions de Jean-Jacques Rousseau, les Mémoires de Marmontel, de l’abbé Le Dieu, ceux de Mme de Staal-Delaunay, du comte de Ségur, de Lauzun, etc.

Les Mémoires familiers et anecdotiques, qui ont fait le plus de bruit, sont les Mémoires d’un bourgeois de Paris du docteur Véron, les Confidences de Lamartine, l’Histoire de ma vie de George Sand.

Les Mémoires dans les littératures étrangères

Nous ne pouvons indiquer que plus rapidement encore les Mémoires existant dans les littératures étrangères. Les Italiens ont ceux de Benvenuto Cellini, d’Alfieri, de Goldoni, de Carlo Gozzi, de Casanova, etc. Les Anglais ont ceux de lord Holland, de Mrs Elliot, de Garrick, de Cibber, de Wellington et une série spéciale de Mémoires relatifs à la Révolution d’Angleterre, qui ont été publiés par Guizot. Les Allemands ont aussi de nombreux Mémoires historiques depuis le XIIe siècle. Ils ont parmi les Mémoires plus connus, ceux de Gœthe, de Weber, du théologien Semler, de Gagern, d’Arndt, de Varnhagen von Ense, etc.

Les collections de Mémoires

Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau.La plupart des Mémoires français et étrangers ont pris place dans de grandes et précieuses collections comme la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France depuis la formulation de la monarchie jusqu’au XIIIe siècle, traduits et annotés par Guizot (Paris, 1823) ; Collection des chroniques nationales françaises écrites en langue vulgaire, du XIe au XVIe siècle, publiée par Buchon (Paris, 1824), reproduite en partie dans le Panthéon littéraire ; Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, depuis le règne de Philippe-Auguste jusqu’à la paix de Paris de 1763 par Petitot et Monmerqué (Paris, 1819) ; Choix de Mémoires relatifs à la Révolution française, par Berville et Barrière (Paris, 1820) ; Bibliothèque des Mémoires relatifs a l’histoire de France, par F. Barrière (Paris, 1867).

Les variantes des Mémoires

Il y a beaucoup d’écrivains qui ont laissé, au lieu de Mémoires, d’autres écrits qui en tiennent lieu : les Lettres de Mme de Sévigné valent les Mémoires les plus complets et les plus suivis ; la Correspondance de Voltaire contient sur sa vie et ses relations littéraires toutes les indications désirables, comme chez les Anciens, les Lettres de Cicéron. La Correspondance littéraire de Grimm ressemble encore plus à des mémoires par le cadre et la forme.

De véritables Mémoires se sont produits sous les noms divers de Commentaires, Confessions, Confidences, Autobiographies… Il n’est peut-être pas inutile de dire ici qu’il n’y a guère de genre littéraire qui ait produit autant de livres apocryphes que les mémoires.

La forme et le titre de Mémoires ont été aussi assez souvent adoptés pour des ouvrages de pure invention, comme les Mémoires d’un cavalier, par Daniel de Foë, les Mémoires du comte de Comminges par Mme de Tencin, les Mémoires d’un homme de qualité, par l’abbé Prévost, les Mémoires du comte de *** par Duclos, et tant d’autres publications analogues, volontiers indiscrètes, scandaleuses même, qui se sont multipliées. De tels ouvrages, aussi bien que les Mémoires du Diable de Frédéric Soulié, ne sont plus des Mémoires, mais une simple variété du roman.

→ Lire : Les confessions et les confidences. – Jean-Jacques Rousseau  : Les Confessions.

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