Les ogres et les ogresses

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Les ogres et les ogresses

On récite qu’autrefois la dame de ce haut château était une ogresse qui mangeait les enfants comme on fait des agneaux ou des cabris.

(Henri Pourrat, Gaspard des montagnes, 1922, p. 118)

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Introduction

«Je sens la chair fraîche », annonce l’ogre du Petit Poucet quand il rentre chez lui… À son image, les ogres que l’on trouve dans les contes et les légendes populaires sont des personnages cruels et sanguinaires qui se nourrissent essentiellement de jeunes enfants.

→ À lire : Le conte. – Les fées. – La sorcière. – Le lutin. – Le troll. – La sirène. – Les créatures fabuleuses et les divinités.
→ À découvrir : Charles Perrault : Le Petit Poucet (1697).

Origine des ogres
Ogres et ogresses, Hatier, 2011, 64 p.

Ogres et ogresses, Hatier, 2011, 64 p.

On appelle ogre, dans les contes de fées et dans les légendes, un personnage mythique, où il est représenté comme un géant effrayant, avide de chair humaine, en particulier de celle des petits enfants.

ℹ L’ogrerie (substantif féminin) est une œuvre littéraire où apparaissent des personnages cruels ou effrayants.

On a prétendu que la croyance aux ogres a pour origine la terreur qu’ont inspiré au Moyen Âge les invasions barbares des Hongres ou Oïgours, qui buvaient, dit-on, le sang des vaincus, et dont les annales contemporaines ne parlent qu’avec horreur. La forme du mot dans les langues romanes (orco en italien, « croque-mitaine » ; huerco en espagnol) ne s’accorde point avec cette opinion.

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L’origine du mot ogre reste toujours incertaine. Cependant, on admet plus communément aujourd’hui que le terme dérive par métathèse du latin Orcus, vocable « lié au monde des morts » mais dont la signification précise demeure inconnue malgré des tentatives d’assimilation à Pluton ou Dis Pater.

💡 Selon le dictionnaire, ogre peut désigner, par analogie, une personne vorace ou une personne que l’on redoute à cause de sa cruauté ou à cause de son aspect effrayant ou intimidant. Le mot peut impliquer également une personne qui contrarie le bon goût, les idées reçues ou qui constitue une menace.

Un personnage effrayant

L’ogre est un personnage gigantesque, effrayant, qui a généralement une barbe et des cheveux hirsutes, des mâchoires larges et puissantes et de grandes bottes. Il vit le plus souvent au fin fond des forêts et ne se déplace jamais sans son grand couteau.

L’ogre représente la peur enfantine de se faire dévorer. Par cet aspect, il ressemble au croque-mitaine (un monstre qui se cache sous les lits ou dans les placards et mange les vilains enfants). Le personnage de l’ogre est peut-être en partie inspiré d’un personnage de la mythologie grecque qui dévore des enfants : Cronos (Saturne chez les Romains), le père de Zeus, qui dévore ses enfants au fur et à mesure de leur naissance.

La stupidité des ogres

Malgré la terreur qu’il inspire, l’ogre est un être très bête : ainsi, les héros des contes, bien plus petits et faibles, parviennent à le vaincre grâce à leur intelligence. Dans Le Petit Poucet de Charles Perrault, par exemple, le Petit Poucet s’arrange pour que l’ogre égorge ses propres filles au lieu de le manger lui et ses frères. Le Chat botté, lui, dévore l’ogre après l’avoir incité par la ruse à se changer en souris.

L’ogre du Petit Poucet

L’ogre qui apparaît dans le conte du Petit Poucet de Charles Perrault est « le plus cruel de tous les ogres ». Grâce à son odorat infaillible, il découvre le Petit Poucet et ses frères cachés sous un lit, et décide aussitôt de les faire cuisiner par sa femme pour un repas auquel il a convié trois autres ogres de ses amis. Comme tous les héros faibles et démunis, c’est par la ruse que le Petit Poucet va se tirer de ce mauvais pas.

Pour cela, le Petit Poucet enlève les couronnes d’or que portent les fillettes endormies, et pose sur leurs têtes les bonnets que portent ses frères et lui. Pendant la nuit, l’ogre se rend dans la chambre. Il tâtonne et sent sous ses mains les bonnets. Il égorge alors les fillettes.

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L'ogre du Petit Poucet s'apprêtant à égorger ses propres filles. Illustration de Gustave Doré, 1867.
⬆ La gravure ci-dessus a été réalisée vers 1862 par Gustave Doré pour illustrer une édition du Petit Poucet de Charles Perrault.

Extrait du Petit Poucet

Le Petit Poucet et ses frères, perdus dans la forêt, ont frappé à une porte pour demander l’hospitalité. Mais il s’agit de la maison de l’ogre. La femme de celui-ci cache les enfants juste avant le retour de son mari. Mais l’ogre n’est pas dupe…

L’ogre demanda d’abord si le souper était prêt, et si on avait tiré du vin, et aussitôt se mit à table. Le mouton était encore tout sanglant, mais il ne lui en sembla que meilleur. Il reniflait à droite et à gauche, disant qu’il sentait la chair fraîche.
– ‘Il faut’, lui dit sa femme, ‘que ce soit ce veau que je viens d’habiller que vous sentez’
– ‘Je sens la chair fraîche, te dis-je encore une fois’, reprit l’ogre, en regardant sa femme de travers, ‘et il y a ici quelque chose de louche.’
En disant ces mots, il se leva de table, et alla droit au lit.
‘Ah, dit-il, voilà donc comme tu veux me tromper, maudite femme ! Je ne sais à quoi il tient que je ne te mange aussi ; bien t’en prend d’être une vieille bête. Voilà du gibier qui me vient bien à propos pour traiter trois ogres de mes amis qui doivent me venir voir ces jours ici.’
Il les tira de dessous le lit l’un après l’autre. Ces pauvres enfants se mirent à genoux en lui demandant pardon ; mais ils avaient à faire au plus cruel de tous les ogres, qui bien loin d’avoir de la pitié les dévorait déjà des yeux, et disait à sa femme que ce serait là de friands morceaux lorsqu’elle leur aurait fait une bonne sauce.

Ce texte est tiré du conte Le Petit Poucet de Charles Perrault, publié pour la première fois en 1697.

Les ogresses

Dans les contes, on trouve aussi des ogresses, des personnages féminins aussi effrayants que les ogres, et qui dévorent elles aussi les enfants. Dans la version originale de La Belle au bois dormant de Charles Perrault, la mère du prince charmant est une ogresse : « en voyant passer de petits enfants, elle avait toutes les peines du monde à se retenir de se jeter sur eux ». À la fin du conte, elle veut d’ailleurs dévorer les enfants que la Belle au bois dormant a eus avec le prince, qui sont pourtant ses propres petits-enfants !

L’ogresse de La Belle au bois dormant

Voilà deux ans que la Belle au bois dormant a épousé le prince. Ils ont eu ensemble deux enfants, Aurore et Jour. Mais le prince (qui est entre-temps devenu roi, à la mort de son père) est un jour obligé de quitter son château pour aller faire la guerre au royaume voisin. La reine mère décide de profiter de son absence pour assouvir ses instincts d’ogresse.

La Reine dit un soir à son Maître d’Hôtel :
 »Je veux manger demain à mon dîner la petite Aurore.’
– ‘Ah ! Madame’, dit le Maître d’Hôtel.
– ‘Je le veux, dit la Reine (et elle le dit d’un ton d’Ogresse qui a envie de manger de la chair fraîche), et je veux la manger à la Sauce-robert. »
Ce pauvre homme, voyant bien qu’il ne fallait pas se jouer d’une Ogresse, prit son grand couteau, et monta à la chambre de la petite Aurore : elle avait alors quatre ans, et vint en sautant et en riant se jeter à son cou, et lui demander du bonbon.
Il se mit à pleurer, le couteau lui tomba des mains, et il alla dans la basse-cour couper la gorge à un petit agneau, et lui fit une si bonne sauce que sa Maîtresse l’assura qu’elle n’avait jamais rien mangé de si bon. Il avait emporté en même temps la petite Aurore, et l’avait donnée à sa femme pour la cacher dans le logement qu’elle avait au fond de la basse-cour.
Huit jours après, la méchante Reine dit à son Maître d’Hôtel :
‘Je veux manger à mon souper le petit Jour. »
Il ne répliqua pas, résolu de la tromper comme l’autre fois ; il alla chercher le petit Jour, et le trouva avec un petit fleuret à la main, dont il faisait des armes avec un gros Singe : il n’avait pourtant que trois ans. Il le porta à sa femme qui le cacha avec la petite Aurore, et donna à la place du petit Jour un petit chevreau fort tendre, que l’Ogresse trouva admirablement bon.

Ce texte est extrait du conte La Belle au bois dormant de Charles Perrault, publié pour la première fois en 1697.

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