Les rectifications de 1990 : Le trait d’union
Leçons d’orthographe ► Les rectifications orthographiques de 1990 ► vous êtes ici
Les rectifications orthographiques de 1990
Le trait d’union
Analyse parue au Journal Officiel de la République Française
Édition des Documents Administratifs – 06 décembre 1990 –
La règle du trait d’union
Trait d’union : on lie par des traits d’union les numéraux formant un nombre complexe, inférieur ou supérieur à cent.
Exemples : elle a vingt-quatre ans, cet ouvrage date de l’année quatre-vingt-neuf, elle a cent-deux ans, cette maison a deux-cents ans, il lit les pages cent-trente-deux et deux-cent-soixante-et-onze, il possède sept-cent-mille-trois-cent-vingt-et-un francs.
→ Emploi du trait d’union.
💻 Outil : Écrire un nombre en lettres.
L’analyse
Le trait d’union a des emplois divers et importants en français :
- des emplois syntaxiques : inversion du pronom sujet (exemple : dit-il), et libre coordination (exemples : la ligne nord-sud, le rapport qualité-prix). Il est utilisé aussi dans l’écriture des nombres, mais, ce qui est difficilement justifiable, seulement pour les numéraux inférieurs à cent (exemple : vingt-trois, mais cent trois) ;
- des emplois lexicaux dans des mots composés librement formés (néologismes ou créations stylistiques, exemple : train-train) ou des suites de mots figées (exemple : porte-drapeau, va-nu-pied).
Dans ces emplois, la composition avec le trait d’union est en concurrence, d’une part, avec la composition par soudure ou agglutination (exemples : portemanteau, betterave), d’autre part, avec le figement d’expressions dont les termes sont autonomes dans la graphie (exemples : pomme de terre, compte rendu).
Lorsque le mot composé contient un élément savant (c’est-à-dire qui n’est pas un mot autonome : narco-, poly-,etc.), il est généralement soudé (exemple: narcothérapie) ou, moins souvent, il prend le trait d’union (exemple : narco-dollar). Si tous les éléments sont savants, la soudure est obligatoire (exemple : narcolepsie). Dans l’ensemble, il est de plus en plus net qu’on a affaire à un seul mot, quand on va de l’expression figée au composé doté de trait d’union et au mot soudé.
Dans une suite de mots devenue mot composé, le trait d’union apparaît d’ordinaire :
- lorsque cette suite change de nature grammaticale (exemple : il intervient à propos → il a de l’à-propos). Il s’agit le plus souvent de noms (un ouvre-boîte, un va-et-vient, le non-dit, le tout-à-l’égout, un après-midi, un chez-soi, un sans-gêne). Ces noms peuvent représenter une phrase (exemples : un laissez-passer, un sauve-qui-peut, le qu’en-dira-t-on). Il peut s’agir aussi d’adjectifs (exemple : un décor tape-à-l’œil) ;
- lorsque le sens (et parfois le genre ou le nombre) du composé est distinct de celui de la suite de mots dont il est formé (exemple : un rouge-gorge qui désigne un oiseau). Il s’agit le plus souvent de noms (un saut-de-lit, un coq-à-l’âne, un pousse-café, un à-coup) dont certains sont des calques de mots empruntés (un gratte-ciel, un franc-maçon) ;
- lorsque l’un des éléments a vieilli et n’est plus compris (exemples : un rez-de-chaussée, un croc-enjambe, à vau-l’eau). L’agglutination ou soudure implique d’ordinaire que l’on n’analyse plus les éléments qui constituent le composé dans des mots de formation ancienne (exemples : vinaigre, pissenlit, chienlit, portefeuille, passeport, marchepied, hautbois, plafond) ;
- lorsque le composé ne respecte pas les règles ordinaires de la morphologie et de la syntaxe, dans des archaïsmes (la grand-rue, un nouveau-né, nu-tête) ou dans des calques d’autres langues (surprise-partie, sud-américain).
On remarque de très nombreuses hésitations dans l’usage du trait d’union et des divergences entre les dictionnaires, ce qui justifie qu’on s’applique à clarifier la question, ce mode de construction étant très productif. On améliorera donc l’usage du trait d’union en appliquant plus systématiquement les principes que l’on vient de dégager, soit à l’utilisation de ce signe, soit à sa suppression par agglutination ou soudure des mots composés.
Articles connexes
- Rectifications orthographiques de 1990 : Le trait d’union – Les marques du nombre – Le tréma et les accents – Les verbes en -eler et -eter – Le participe passé des verbes en emplois pronominaux – Les noms empruntés – Les anomalies.
- Orthographe : L’emploi du trait d’union.
- 💻 Outil : Écrire un nombre en lettres.
- La néologie.
- Rubriques à consulter : Grammaire. – Expression. – Conjugaison. – Vocabulaire. – Orthographe.
Suggestion de livres
Le Grevisse de l’enseignant – 1000 exercices de grammaire | Le Bon usage |
Bescherelle – Le coffret de la langue française | Écrire sans fautes – Orthographe – Grammaire – Conjugaison |
[➕ Autres choix…]