Madeleine de Scudéry
Auteurs français ► XVIIe siècle ► vous êtes ici
Auteurs français
Madeleine de Scudéry
1607-1701
Sommaire
Madeleine de Scudéry naquit au Havre le 15 novembre 1607, d’une famille originaire de Naples (les Scuderi), famille connue en France dès le règne de Charles IX. Elle mourut à Paris le 2 juin 1701. Son œuvre littéraire marque l’apogée du mouvement précieux.
→ À lire : La préciosité (XVIIe siècle).
Une femme savante
Apprendre, toujours apprendre, telle est l’obsession qui marque la jeunesse de Madeleine de Scudéry. Cet appétit de savoir constitua peut-être pour elle, privée très jeune de ses parents, une sorte de compensation à son enfance orpheline. Ce vif attrait pour la connaissance ne la quittera pas durant toute sa vie. Son oncle ecclésiastique, qui la recueille, l’encourage dans ce penchant et lui donne un enseignement approfondi, exceptionnel pour une jeune fille de cette époque. Cette éducation orientera toute son existence. C’est elle qui, en particulier, la poussera à participer aux activités de l’hôtel de Rambouillet, l’un des centres culturels de cette période.
→ Lumière sur l’hôtel de Rambouillet.
La reine de la préciosité
À partir de 1650, elle décide d’animer son propre cercle littéraire. La Rochefoucauld, Madame de Sévigné et Madame de La Fayette le fréquenteront. Il deviendra bientôt le centre de la préciosité. Madeleine de Scudéry y assure une royauté incontestée. Durant sa longue vie — elle traverse tout le siècle et meurt en 1701 à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans —, elle reste fidèle à ses règles de conduite.
Militante féministe avant la Lettre, elle lutte pour l’égalité de la femme : elle revendique son accès à l’instruction, rejette la domination de l’homme, refuse le mariage. Face à l’amour, elle adopte une position contraste, contradictoire peut-être : elle le craint et le souhaite en même temps. Elle a peur de l’engagement, mais a besoin de tendresse. L’amour précieux lui convient donc à merveille. Et son attachement pour son frère, Georges de Scudéry, la console des désillusions de la passion.
L’auteur à succès
L’égale de l’homme, elle veut l’être aussi en écrivant. Souvent en collaboration avec son frère, elle a élaboré une œuvre romanesque importante. C’est un auteur à succès dont on lit avec délectation les romans-fleuves qu’elle met plusieurs années à composer : Le Grand Cyrus, en dix volumes, paraît de 1649 à 1653 ; Clélie, également en dix volumes, est publié de 1654 à 1660. Elle y fait évoluer des personnages généralement tirés de l’histoire antique. Mais, sous la période décrite qu’elle tente de reconstituer, elle fait en réalité apparaître la période où elle vit, décrit les comportements de son temps, développe sa conception de la vie marquée par la préciosité : c’est ce qui explique l’engouement des lecteurs. Ils se retrouvent, ils se reconnaissent dans les êtres fictifs qu’on leur présente comme des reflets d’eux-mêmes.
Gros plan sur Le Grand Cyrus (1649-1653)
Dix volumes, 13 095 pages, Le Grand Cyrus détient un record de longueur difficilement égalable. Il fallut cinq ans, de 1649 à 1653, pour que ce roman-fleuve paraisse dans sa totalité. Et le lecteur attendait à chaque fois la suite avec une impatience renouvelée.
L’action du Grand Cyrus se déroule dans la Perse du Ve siècle av. J.-C. et crée un exotisme né du double décalage du temps et du lieu. Cyrus, amoureux de la belle Mandane, est à la recherche de sa bien-aimée. Mais elle est convoitée et enlevée par des rivaux successifs, ce qui contraint le héros à des poursuites et à des combats incessants.
Aventures militaires et amoureuses dans des contrées diverses, rebondissements, mais aussi portraits et fines descriptions psychologiques alternent dans ce roman dont l’intérêt était encore renforcé par ce qu’on appelle les clefs. Les personnages fictifs évoquaient en effet des êtres bien réels de l’époque de Madeleine de Scudéry : sous Cyrus, se cache le grand homme de guerre, Condé, sous Mandane, la duchesse de Longueville, célèbre pour ses nombreux complots contre le pouvoir royal, sous la sage Sapho, Madeleine de Scudéry elle-même.
Gros plan sur Clélie (1654-1660)
L’action de Clélie se déroule au cours de la révolution qui renversa le roi de Rome. Tarquin, en 509 av. J.-C. Clélie, jeune Romaine fille du noble Clélius et Aronce, fils du roi des Étrusques Porsenna, sont amoureux l’un de l’autre. Mais Clélie est enlevée par Tarquin dont Porsenna est l’allié. Un double obstacle, celui du rival et celui du père, s’oppose donc à l’amour d’Aronce, parti délivrer Clélie. Tout finira bien : le roi des Étrusques rompra son alliance avec Tarquin, tandis qu’Aronce retrouvera Clélie.
Comme dans Le Grand Cyrus, ce sujet n’est qu’un prétexte pour accumuler les rebondissements romanesques, pour multiplier les intrigues amoureuses et pour évoquer des personnages célèbres de l’époque.
Bibliographie
- Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653)
- Clélie, histoire romaine (1654-1660)
- Almahida ou l’Esclave reine (1660-1663)
- Célinte (1661)
- Les Femmes illustres (1665)
- Mathilde (1667)
- La Promenade de Versailles (1669)
- Conversations sur divers sujets (1680)
- Conversations nouvelles sur divers sujets (1684)
- Conversations morales (1686)
- Nouvelles Conversations morales (1688)
- Entretiens de morale (1692)
Citations choisies
- Il y a dans l’amitié une perfection à laquelle bien peu de femmes sont accessibles.
- Il n’y a point de conversation plus ennuyeuse que celle d’un amant qui n’a rien à désirer, ni rien à se plaindre. (Choix de pensées de l’amour)
- L’amour fait les plus grandes douceurs et les plus sensibles infortunes de la vie. (Choix de pensées de l’amour)
- Hélas! que sert à une femme d’avoir de la tête et du cœur, si le reste est sans agrément.
- L’amour est un je-ne-sais-quoi, qui vient je-ne-sais-où, et qui finit je-ne-sais-quand.
- C’est un grand malheur de se faire aimer, avant qu’on ait assez de raison de se faire craindre. (Choix des pensées)
- L’amitié peut être muette, et le doit être presque toujours.
L’amour au contraire doit être éloquent et l’on ne peut jamais trop dire qu’on aime. (Choix de Pensées) - Il faut bien souvent, pour servir ses amis, ne croire pas toujours ce qu’ils disent, et ne faire pas toujours ce qu’ils veulent.
- La défiance est la mère de la sûreté.
- Les femmes chérissent la mode, parce que la nouveauté est toujours un reflet de jeunesse.
- Quand l’aveugle destin aurait fait une loi
Pour me faire vivre sans cesse,
J’y renoncerais par tendresse,
Si mes amis n’étaient immortels comme moi.
→ Autres citations de Madeleine de Scudéry.
Articles connexes
- Auteurs du XVIIe siècle.
- Histoire de la France : L’Ancien Régime.
- La littérature française au XVIIe siècle : l’âge baroque, l’âge classique.
- Courants littéraires : La préciosité. – Le Baroque. – Le Classicisme.
- Histoire et règles de la tragédie.
- Lumière sur…
Suggestion de livres
[➕ Autres choix…]