Nicolas de Chamfort

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Auteurs français

Nicolas de Chamfort

1740 – 1794

Sommaire

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Biographie
Moraliste et satirique
[📽 Vidéo] 20 citations choisies des Maximes et pensées, caractères et anecdotes de Chamfort
Bibliographie

Biographie

Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort. Photo : Leemage / Imago. Sébastien-Roch Nicolas, qui prend par la suite le nom de Chamfort, est né le 6 avril 1740 dans un petit village de l’Auvergne, près de Clermont-Ferrand. Il est mort le 13 avril 1794 à Paris. Il est un moraliste français, d’une tragique lucidité, qui a été un républicain de la première heure.

Né en Auvergne, probablement fils naturel de Jacqueline de Montrodeix et de son chanoine, il est déclaré de parents inconnus et adopté par François Nicolas et sa femme. Sébastien Roch Nicolas est envoyé à Paris vers l’âge de dix ans pour fréquenter le collège, où, quoique peu discipliné, il remporte de nombreux prix. Il refuse de devenir homme d’Église et commence une longue carrière de mercenaire des lettres (sous le nom de Nicolas de Chamfort), après des voyages en Belgique et en Allemagne.

Ses premiers textes, parmi lesquels figure une comédie satirique (La Jeune Indienne, 1764) lui valent, en même temps que des accusations d’immoralité, un vif succès littéraire. Il collabore au Journal encyclopédique, fréquente l’aristocratie et le monde des lettres, reçoit plusieurs prix et devient secrétaire des commandements de Condé (qu’il quitte en 1777). Après avoir été élu à l’Académie française en 1782, il se retire à la campagne, puis reçoit, en 1786, une pension royale (il devient alors secrétaire de la sœur du roi). À la suite de Mirabeau, pour qui il rédige plusieurs textes, il prêche la démocratie, puis fonde la Société de 1789. En 1792, il est nommé, avec Carra, à la direction de la Bibliothèque nationale.

Malgré son enthousiasme pour la Révolution, et en raison de son hostilité à la Terreur, il est plusieurs fois emprisonné, et se suicide, laissant des « petits carrés de papier » qui font sa gloire : les Maximes et pensées, caractères et anecdotes, qui sont publiées après sa mort en l’an II de la République, puis en 1803, sont le témoignage impitoyable de la fin d’un monde. Des confessions déguisées révèlent, en même temps que la tristesse et la misanthropie de leur auteur, sa foi dans l’intelligence, seul refuge de l’homme.

L’influence de Chamfort est importante sur les Romantiques allemands, notamment sur les frères Schlegel, et plus spécialement chez Friedrich Schlegel. L’idée de « fragment » chez Chamfort est l’une des sources du « fragment romantique ».

Il est aussi particulièrement apprécié et considéré comme un des plus grands moralistes, le maître des maximes en France, par deux autres penseurs adeptes de l’écriture fragmentaire : Nietzsche et Cioran, mais également admiré par Camus, qui parle de sa « supériorité qui se sépare des hommes », sa « rage de la pureté », et le considère comme « le moraliste de la révolte, dans la mesure précise où il a fait toute l’expérience de la révolte en la tournant contre lui-même, son idéal étant une sorte de sainteté désespérée. »

Moraliste et satirique

Comme moraliste et satirique, Chamfort occupe une des premières places dans la littérature française. Ses maximes, ses pensées, ses portraits sont frappés au meilleur coin de l’esprit français et resteront immortels. On a dit avec raison qu’il parle la belle langue de La Bruyère, qu’il a le bien-visé de La Rochefoucauld, qu’il est plus incisif, plus concis qu’eux encore. « Il possède au suprême degré, et tout naturellement, ce que le premier ne cherchait pas et ce que le second cherchait toujours: le trait. Il est passé maître dans l’art de tout dire en peu de mots, sans être jamais obscur. S’il a de moins que les prosateurs du grand siècle l’ampleur des phrases et le calme de la pensée que peut seul donner le repos de l’esprit, repos impossible à l’époque où vivait Chamfort, il a, en revanche, l’accent résolu et si fervent de son temps. »

**[📽 Vidéo] 20 citations choisies des Maximes et pensées, caractères et anecdotes de Chamfort**

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Il est plus facile de légaliser certaines choses que de les légitimer. (Maximes et pensées, caractères et anecdotes)
L’homme arrive novice à chaque âge de sa vie.
Il vaut mieux être moins et être ce qu’on est.
Dans le monde, vous avez trois sortes d’amis : vos amis qui vous aiment, vos amis qui ne se soucient pas de vous, et vos amis qui vous haïssent.
J’ai renoncé à l’amitié de deux hommes, l’un parce qu’il ne m’a jamais parlé de lui, l’autre parce qu’il ne m’a jamais parlé de moi.
Le plus riche des hommes, c’est l’économe, le plus pauvre, c’est l’avare.
L’amour plaît plus que le mariage, pour la raison que les romans sont plus amusants que l’histoire.
Presque tous les hommes sont esclaves faute de savoir prononcer la syllabe : non.
Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale.
On ne sait bien que ce que l’on n’a point appris.
Le public, le public !… Combien faut-il de sots pour faire un public ?
On n’imagine pas combien il faut d’esprit pour n’être pas ridicule.
Otez l’amour-propre de l’amour, il en reste trop peu de choses.
Célébrité : l’avantage d’être connu de ceux qui ne vous connaissent pas.
Les ouvrages qu’un auteur fait avec plaisir sont souvent les meilleurs, comme les enfants de l’amour sont les plus beaux.
Il y a plus de fous que de sages, et dans le sage même, il y plus de folie que de sagesse.
Peu de philosophie mène à mépriser l’érudition ; beaucoup de philosophie mène à l’estimer.
L’opinion est la reine du monde, parce que la sottise est la reine des sots.
On gouverne les hommes avec la tête ; on ne joue pas aux échecs avec un bon cœur.
Il en est du bonheur comme des montres : les moins compliquées sont celles qui se dérangent le moins.

Bibliographie

Éloge de Molière, couronné (1769) ;
Éloge de La Fontaine (1774) ;
La Jeune Indienne (1764) ;
Le Marchand de Smyrne, comédies (1770) ;
Mustapha et Zéangir, tragédie (1778) ;
Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes (1795), à titre posthume.

Plusieurs de ses ouvrages se sont perdus, entre autres un Commentaire sur La Fontaine. Chamfort brillait surtout par l’esprit : on a fait, sous le titre de Chamfortiana, un recueil de ses bons mots, paru en 1800.

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