René Char : Fureur et mystère (1948)

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René Char

Fureur et mystère (1948)

Annonce

René Char, né le 14 juin 1907 à L’Isle-sur-la-Sorgue et mort à Paris le 19 février 1988, est un des plus grands poètes français du XXe siècle, engagé dans son temps, dont l’œuvre, souvent elliptique, s’achemine vers le dépouillement du langage. [Lire la suite de sa biographie]
→ Lumière sur Feuillets d’Hypnos (1946) de René Char.

Fureur et mystère est un recueil d’œuvres de René Char, publié en 1948.

Œuvre centrale dans la démarche poétique de Char, Fureur et mystère rassemble plusieurs recueils de poèmes écrits pendant les difficiles et douloureuses années qui vont de l’immédiat avant-guerre à l’immédiat après-guerre (Seuls demeurent, Feuillets d’Hypnos, Les Loyaux Adversaires, Le Poème pulvérisé, Fontaine narrative).

L’engagement courageux de René Char dans la Résistance, sous le nom de code de Capitaine Alexandre, n’a pas réduit le poète au silence. Au contraire, comme le montre en particulier le recueil intitulé Feuillets d’Hypnos, dont les textes datent de 1943-1944, la phrase devient plus tendue, plus ramassée, axiomatique, aphoristique ; ces aphorismes allient la brillance du poème à la violence de l’éclair et rapprochent René Char des penseurs présocratiques, d’Héraclite en particulier.

En effet, pour Char, comme l’indique le titre de ce livre, la poésie doit à la fois permettre de faire face aux « fureurs » de l’histoire, en aidant à les affronter, et devenir le moyen majeur pour l’exploration de ce « mystère » essentiel qui, conduisant l’homme indéfiniment sur les chemins de la destruction, lui fait oublier les beautés sauvages de la vie. C’est pourquoi la poésie de René Char est celle de l’énergie et du mouvement, de l’élan et du bond. En usant d’images paroxystiques ayant la puissance de l’éclair, il oppose à l’apocalypse et à la terreur une « contre-terreur » salutaire.

Pour cela les mots sont les meilleurs alliés car, mieux encore que le feu, ils peuvent embraser le cœur et redonner chance à la vie. Ainsi, comme l’écrit René Char lui-même, si « le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir », c’est qu’« à chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d’avenir ».