Vincent Voiture

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Auteurs français

Vincent Voiture

1597 – 1648

Toutes les grandes choses coûtent beaucoup, les grands efforts abattent et les puissants remèdes affaiblissent.

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(Vincent Voiture, Lettres de Voiture, LXXIV, à Monsieur ***, 1729)

Biographie

Vincent Voiture, né le 24 février 1597 à Amiens et mort le 26 mai 1648 (à 51 ans) à Paris, est poète et épistolier français, dont l’œuvre, caractérisée par sa verve précieuse, a été à l’origine de grands débats littéraires.

Né à Amiens, fils d’un riche marchand de vin, Vincent Voiture reçoit une solide éducation dans les meilleurs collèges. En 1628, il s’attache au service de Monsieur, frère de Louis XIII. Il le suit dans ses exils entre 1629 et 1632 mais ne perd pas pour autant l’estime de Richelieu, et entre à l’Académie française en 1634, au fauteuil 33.

Portrait de Vincent Voiture par Philippe de Champaigne.

Dès 1626, Vincent Voiture est l’homme le plus en vue de l’hôtel de Rambouillet. Il y pratique différentes formes d’écriture, poèmes de circonstances, poésies galantes ou de divertissement. Sa poésie est surtout destinée au petit cercle des intimes de Rambouillet. Le monde littéraire s’émeut quand, un an après sa mort, les partisans de son sonnet Uranie s’opposent vivement aux tenants de celui d’Isaac de Benserade, Job (1649). Ses œuvres, publiées en 1650, sont principalement composées de Lettres, galantes ou mondaines.

Vincent Voiture a porté à la perfection l’art épistolaire, donnant un caractère spontané à des textes très travaillés. Voiture a ainsi été à l’origine d’un long débat sur le « naturel » dans la littérature. La plupart de ses lettres sont des chefs-d’œuvre d’esprit, de grâce, et, quoi qu’on dise, de naturel, s’il est naturel d’écrire comme l’on parlerait, selon son caractère. Ses vers, qui ne sont presque jamais que des pièces de circonstances et qui n’étaient point destinés à l’impression, sont ceux d’un homme du monde, et non d’un auteur de profession ; mais, dans leur facilité sans négligence, ils sont remplis d’une élégance et d’une liberté piquantes qui n’appartenaient qu’à lui.

Paul Pellisson, écho de l’opinion de son époque, a dit :

Ses œuvres ont été publiées après sa mort en un seul volume, qui a été reçu du public avec tant d’approbation, qu’il en fallut faire deux éditions en six mois. Sa prose est ce qu’il y a de plus châtié et de plus exact… la lecture en est infiniment agréable. Ses vers ne sont peut-être guère moins beaux, encore qu’ils soient plus négligés.

Quant à Voltaire, il a dit :

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Voiture donna quelque idée des grâces légères de ce style épistolaire qui n’est pas le meilleur, puisqu’il ne consiste que dans la plaisanterie. C’est un baladinage que deux tomes de lettres dans lesquelles il n’y en a pas une seule instructive, pas une qui parte du cœur, qui peigne les mœurs du temps et les caractères des hommes ; c’est plutôt un abus qu’un usage de l’esprit. C’est le premier qui fut en France ce qu’on appelle un bel esprit. Il n’est guère que ce mérite dans ses écrits, sur lesquels on ne peut se former le goût ; mais ce mérite était alors très rare. On a de lui de très jolis vers, mais en petit nombre.

Jean-François Sarasin a écrit une jolie pièce de vers : « La Pompe funèbre de Voiture ». Charles-Augustin Sainte-Beuve lui a consacré deux Causeries du Lundi.

Enfin, Vincent Voiture a remis en vogue quelques petites pièces gauloises abandonnées depuis Clément Marot, et entres autres le rondeau. De plus, ses écrits sont considérés comme représentatifs de la « préciosité ».

📽 15 citations choisies de Vincent Voiture
  • Préparez donc toutes vos armes,
    Et vous servez de tous vos charmes ;
    Pour vous rendre tant d’ennemis
    Par force ou par amour soumis. (Poésies de M. de Voiture, Vers burlesques, Pour les plaisirs qui vous entourent, 1650)
  • Mes pleurs n’ont pu depuis fléchir cette infidèle,
    A quitter un séjour qu’elle trouva si doux;
    Et je suis en langueur, sans repos et sans elle,
    Et sans moi-même aussi, lorsque je suis sans vous. (Poésies de M. de Voiture, Stances, 1650)
  • Faites tous comme moi, hâtez-vous lentement,
    Ne formez qu’un dessein, suivez-le constamment. (Poésies de M. de Voiture, Étrenne de quatre animaux, Pour la tortue, 1650)
  • Car je vous aime, et mon âme dolente,
    Toutes les nuits est pour vous miaulante. (Poésies de M. de Voiture, Rondeaux, 1650)
  • Ceux qui font en aimant des plaintes éternelles
    Ne doivent pas être bien amoureux,
    Amour rend tous les siens heureux,
    Et dans les maux couronne ses fidèles. (Poésies de M. de Voiture, Stances, 1650)
  • Les plus beaux yeux du monde ont jeté dans mon âme
    Le feu divin qui me rend bienheureux ;
    Que je vive ou meure pour eux,
    J’aime à brûler d’une si belle flamme. (Poésies de M. de Voiture, Stances, 1650)
  • Notre Aurore vermeille
    Sommeille,
    Qu’on se taise à l’entour,
    Et qu’on ne la réveille
    Que pour donner le jour. (Poésies de M. de Voiture, Chansons, Sur une belle voix, 1650)
  • Je me meurs tous les jours en adorant Sylvie,
    Mais dans les maux dont je me sens périr,
    Je suis si content de mourir,
    Que ce plaisir me redonne la vie. (Poésies de M. de Voiture, Stances, 1650)
  • Le Soleil cède à ses beaux yeux,
    Et ne voit du plus haut des Cieux,
    Que lui-même dedans le monde,
    Qui les seconde. (Poésies de M. de Voiture, Chansons, 1650)
  • Le Diable emporte l’enchanteur,
    Et jamais ne le rapporte. (Poésies de M. de Voiture, Vers burlesques, Réponse à une lettre de Monsieur Arnaud, 1650)
  • Tout l’univers n’a rien de si charmant ;
    Et s’il était sous mon commandement,
    Je quitterais volontiers son empire,
    Pour vos beaux yeux. (Poésies de M. de Voiture, Rondeaux, Pour vos beaux yeux qui me vont, 1650)
  • L’éloquence, qui des plus petites choses en sait faire de grandes. (Lettres de Voiture, CLXXXI, à Monseigneur le Duc d’Anquiem, 1729)
  • Afin de me déniaiser, je suis résolu de voir un peu le monde. (Lettres de Voiture, XXX, à Mademoiselle Paulet, 1729)
  • Et ainsi sautant, dansant, voltigeant, pirouettant, cabriolant, nous arrivâmes au logis… (Lettres de Voiture, X, à Monseigneur le Cardinal de la Valette, 1729)
  • Toutes les grandes choses coûtent beaucoup, les grands efforts abattent et les puissants remèdes affaiblissent. (Lettres de Voiture, LXXIV, à Monsieur ***, 1729)

Autres citations de Vincent Voiture.

Bibliographie
  • Poème La Belle Matineuse (1635)
  • Lettre sur la prise de Corbie (1636)
  • Lettre de la carpe au brochet (1643)
  • Épître à Monseigneur le Prince sur son retour d’Allemagne (1645-1648)
  • Sonnet d’Uranie (1647)
  • Poésies de M. de Voiture (posthume, 1650)
  • Les œuvres de M. de Voiture (posthume, A. Courbé Paris 1650)9
  • Lettres de Voiture (posthume, 1729)
  • Lettres et poésies (édition posthume établie par Abdolonyme Ubicini, 1855)
  • Poésies (2 volumes, édition posthume établie par H. Lafay, 1971)

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