#1270
Les grands romans sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs. (Milan Kundera, L'art du roman)
#4152
Un amour excessif est un amour coupable. (Milan Kundera)
#4607
[...] nous n'apprenons jamais pourquoi et en quoi nous agaçons les autres, en quoi nous leur sommes sympathiques, en quoi nous leur paraissons ridicules; notre propre image est pour nous le plus grand mystère. (Milan Kundera, L'immortalité)
#4756
[...] l'acte de mort possède sa propre sémantique, et il n'est pas indifférent de savoir de quelle façon un homme a trouvé la mort, et dans quel élément. (Milan Kundera, La vie est ailleurs)
#4835
Si quelque chose m'a toujours profondément écoeuré chez l'homme, c'est bien de voir comment sa cruauté, sa bassesse et son esprit borné parviennent à revêtir le masque du lyrisme. (Milan Kundera, La valse aux adieux)
#7617
Deux êtres qui s'aiment seuls, isolés du monde, c'est très beau. Mais de quoi nourriraient-ils leur tête-à-tête ? Si méprisable que soit le monde, ils en ont besoin pour pouvoir se parler. (Milan Kundera)
#5047
Solitude: douce absence de regards. (Milan Kundera)
#5324
Le roman n'examine pas la réalité mais l'existence. Et l'existence n'est pas ce qui s'est passé, l'existence est le champ des possibilités humaines, tout ce que l'homme peut devenir, tout ce dont il est capable. (Milan Kundera, L'art du roman)
#5325
D'après une métaphore célèbre, le romancier démolit la maison de sa vie pour, avec les briques, construire une autre maison: celle de son roman. D'où il résulte que les biographes d'un romancier défont ce que le romancier a fait, refont ce qu'il a défait. Leur travail, purement négatif du point de vue de l'art, ne peut éclairer ni la valeur ni le sens d'un roman il peut à peine identifier quelques briques. (Milan Kundera, L'art du roman)
#5326
Il y a une différence fondamentale entre la façon de penser d'un philosophe et celle d'un romancier. On parle souvent de la philosophie de Tchekhov, de Kafka, de Musil, etc. Mais essayez de tirer une philosophie cohérente de leurs écrits! Même quand ils expriment leurs idées directement, dans leurs carnets, celles-ci sont plutôt exercices de réflexions, jeux de paradoxes, improvisations que l'affirmation d'une pensée. (Milan Kundera, L'art du roman)
#5327
L'oeuvre de chaque romancier contient une vision implicite de l'histoire du roman, une idée de ce qu'est le roman; c'est cette idée du roman, inhérente à mes romans, que j'ai essayé de faire parler. (Milan Kundera, épigraphe à L'art du roman)
#5350
La pratique du reader's digest reflète fidèlement les tendances profondes de notre temps et me fait penser qu'un jour toute la culture passée sera complètement réécrite et complètement oubliée derrière son rewriting. Les adaptations cinématographiques et théâtrales des grands romans ne sont que reader's digest sui generis. (Milan Kundera, Jacques et son maître)
#5367
L'humour n'est pas une étincelle qui jaillit brièvement lors du dénouevement comique d'une situation ou d'un récit pour nous faire rire. Sa lumière discrète s'étend sur tout le vaste paysage de la vie. (Milan Kundera, Le rideau)
#5285
Le soutien-gorge a pour fonction de soutenir quelque chose de plus lourd que prévu, dont le poids a été mal calculé, et qu'il faut étayer après coup un peu comme on étaye avec des piliers et des contreforts le balcon d'une bâtisse mal construite. Autrement dit: le soutien-gorge révèle le caractère technique du corps féminin. (Milan Kundera, L'immortalité)
#5158
[...] il est des regards à la tentation desquels personne ne résiste: par exemple le regard sur un accident de la circulation ou sur une lettre d'amour qui appartient à l'autre. (Milan Kundera, Le livre du rire et de l'oubli)
#5516
Quand un éditeur chinois, un universitaire américain feignent de ne pas apercevoir la place qu'occupe la France dans mon travail, est-ce une ignorance? Ou est-ce autre chose? (...). Car la francophobie, ça existe! C'est la médiocrité planétaire voulant se venger de la supériorité culturelle française (...). L'arrogance francophobe m'offense personnellement. (Milan Kundera)
#5782
Selon la manière dont on le présente, le passé de n'importe lequel d'entre nous peut aussi bien devenir la biographie d'un chef d'État bien-aimé que la biographie d'un criminel. (Milan Kundera, Risibles amours)
#5802
Mais pour qui n'est pas fou, rien n'est plus beau que de se laisser conduire dans l'inconnu par une voix qui est folle! (Milan Kundera, L'immortalité)
#5803
Danser dans une ronde est magique; la ronde nous parle depuis les profondeurs millénaires de la mémoire. (Milan Kundera, Le livre du rire et de l'oubli)
#5817
- Deux êtres qui s'aiment, seuls, isolés du monde, c'est très beau. Mais de quoi nourriraient-ils leurs tête-à-tête? Si méprisable que soit le monde, ils en ont besoin pour pouvoir se parler.
- Ils pourraient se taire.
- [...] Oh non, aucun amour ne survit au mutisme.
(Milan Kundera, L'identité)
#5977
Une blonde s'adapte inconsciemment à ses cheveux. Surtout si cette blonde est une brune qui se fait teindre en jaune. Elle veut être fidèle à sa couleur et se comporte comme un être fragile, une poupée frivole, une créature exclusivement préoccupée de son apparence, et cette créature exige de la tendresse et des services, de la galanterie et une pension alimentaire, elle est incapable de rien faire par elle-même, elle est toute délicatesse au-dehors et au-dedans toute grossièreté. Si les cheveux noirs devenaient une mode universelle, on vivrait nettement mieux en ce monde. Ce serait la réforme sociale la plus utile que l'on ait jamais accomplie. (Milan Kundera, La valse aux adieux)
#5998
Car comment celui qui ne connaît pas l'avenir pourrait-il comprendre le sens du présent? Si nous ne savons pas vers quel avenir le présent nous mène, comment pourrions-nous dire que ce présent est bon ou mauvais, qu'il mérite notre adhésion, notre méfiance ou notre haine? (Milan Kundera, L'ignorance)
#6004
Le maniement de la pensée féminine a ses règles inflexibles ; celui qui se met en tête de persuader une femme, de réfuter son point de vue à coups de bonnes raisons, a peu de chances d'aboutir. Il est bien plus judicieux de repérer l'image qu'elle veut donner d'elle-même (ses principes, idéaux, convictions), puis d'essayer d'établir (par sophismes) un rapport harmonieux entre ladite image et la conduite que nous souhaitons lui voir tenir. (Milan Kundera, La plaisanterie)
#6023
Enfant: existence sans biographie. (Milan Kundera, L'identité)
#6084
Si tu t'obstinais à lui dire [au monde qui nous entoure] la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d'aussi peu sérieux, c'est perdre soi-même tout son sérieux. Moi, je dois mentir pour ne pas prendre au sérieux des fous et ne pas devenir moi-même fou. (Milan Kundera, Risibles amours)
#6434
[...] le flirt avec l'avenir est le pire des conformismes, la lâche flatterie du plus fort. Car l'avenir est toujours plus fort que le présent. C'est bien lui, en effet, qui nous jugera. Et certainement sans aucune compétence. (Milan Kundera, L'art du roman)
#6483
[...] l'amour commence à l'instant où une femme s'inscrit par une parole dans notre mémoire poétique. (Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être)
#6484
Ah! quelle horreur! nous rêvons d'avance la mort de ceux que nous aimons! (Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être)
#6497
[...] l'analyse de l'existence ne peut devenir système; l'existence est insystématisable et Heidegger, amateur de poésie, a eu tort d'être indifférent à l'histoire du roman où se trouve le plus grand trésor de la sagesse existentielle. (Milan Kundera, Les testaments trahis)
#6513
[...] le roman est le fruit d'une illusion humaine. L'illusion de pouvoir comprendre autrui. (Milan Kundera, Le livre du rire et de l'oubli)
#6576
[...] la beauté est l'étincelle qui jaillit quand, soudainement, à travers la distance des années, deux âges différents se rencontrent. [...] la beauté est l'abolition de la chronologie et la révolte contre le temps. (Milan Kundera, Le livre du rire et de l'oubli)
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