Georges Bernanos

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Georges Bernanos

1888 – 1948

Georges Bernanos, né le 20 février 1888 dans le 9e arrondissement de Paris et mort le 5 juillet 1948 à Neuilly-sur-Seine, est un écrivain français. Dans ses œuvres, Georges Bernanos explore le combat spirituel du Bien et du Mal, en particulier à travers le personnage du prêtre catholique tendu vers le salut de l’âme de ses paroissiens perdus, ou encore par des personnages au destin tragique comme dans Nouvelle histoire de Mouchette.

Les jeux et les tourments de l’enfance

Photo de Georges Bernanos.Georges Bernanos naît à Paris le 20 février 1888 dans une famille catholique d’origine à la fois espagnole et lorraine. Il conservera de cette double ascendance, à laquelle une légende familiale prête un passé héroïque, le goût de l’aventure et du risque, un tempérament fougueux et entier ainsi qu’une foi ardente. À Fressin, le petit village de cet Artois « fauve et odorant » qui inspirera tant de ses romans, le jeune Bernanos savoure les plaisirs de la liberté. Il parcourt un ravissement déjà religieux ce sol magique où, selon lui, « le plus abandonné reprend patience et courage, rêve qu’il est peut-être une autre issue que la mort à son âme misérable » et découvre aussi que la présence de la Nature, toujours fraîche et vivante est le signe même de l’Espérance.

Mais ces années de bonheur sont aussi ternies par une scolarité pénible, dans ces « préaux funèbres » et ces « classes puantes » où l’extrême sensibilité de l’enfant et son esprit de révolte ne rencontrent que l’incompréhension des maîtres et l’hostilité de ses camarades. Très tôt, la pensée de la mort l’angoisse et l’obsède, et l’enfant ne trouvera l’équilibre et le sens de la vie que dans sa rencontre avec Dieu, dont il aura la révélation le jour de sa première communion. Désormais, toute sa vie et toute son œuvre ne seront qu’un seul et même effort pour rester fidèle au souvenir de cette expérience et à la promesse de don total et d’engagement qu’elle exige.

De l’adolescence chahuteuse aux années de guerre

À l’issue de ces années d’apprentissage, Bernanos entreprend parallèlement des études de lettres et de droit. Étudiant tapageur, passionnément acquis aux idées monarchistes et nationalistes, il prend part aux manifestations organisées par l’Action française et passe cinq jours à la prison de la Santé pour avoir molesté un professeur de la Sorbonne à qui il reprochait ses cours d’histoire sur Jeanne d’Arc, jugés irrévérencieux. C’est alors qu’il commence à écrire ses premiers articles, que L’Action française s’empresse aussitôt de citer.

En 1913, il se voit confier la direction de l’hebdomadaire monarchiste de Rouen, L’Avant-garde de Normandie, où chaque semaine il déploie son talent de polémiste et de pamphlétaire. La guerre arrive et, bien qu’il soit réformé pour rai­son de santé, il parvient à s’engager au 6e dragons des 1914 et connaît, quatre ans durant, les tranchées, la boue, l’interminable attente, cette « immobilité du néant », au milieu de laquelle, écrit-il, « c’est presqu’en vain que l’âme s’efforce de prendre conscience d’elle-même ». Pourtant, c’est au cours de ces années difficiles que s’affirmeront en lui, à travers la dure réalité de la guerre, mais aussi grâce à la lecture de Léon Bloy dont il admire la spiritualité enflammée et le sens du surnaturel, sa vocation d’écrivain et les thèmes essentiels qui la nourrissent : l’amour de la pauvreté et la critique du monde moderne, jugé matérialiste et autodestructeur. C’est aussi au cours de ces années de tranchées qu’il épouse, en 1917, Jeanne Talbert d’Arc, descendante directe d’un des frères de Jeanne d’Arc.

Les débuts de la carrière d’écrivain

La paix revenue, astreint de faire vivre sa famille, il abandonne le journalisme et devient inspecteur d’assurances. Toujours en déplacement, toujours entre deux trains, il prend l’habitude d’écrire au hasard des salles de café, au milieu de la foule, au dur contact de cette réalité humaine et émouvante qui le préserve, dit-il, des pièges et des illusions de l’imagination. En 1919, il fait la connaissance de Robert Vallery-Radot, jeune rédacteur en chef de L’Univers, qui l’encourage dans sa vocation d’écrivain et le pousse à publier sa première nouvelle, Madame Dargent (1922). Mais le succès ne viendra qu’avec le premier roman, publié en 1926, Sous le soleil de Satan, unanimement salué par la critique. Il quitte alors sa compagnie d’assurances et fait paraître successivement, L’Imposture (1927), La Joie (1429), La Grande Peur des bien-pensants (1931). Dès novembre 1931, il devient alors responsable de la page littéraire du Figaro et entreprend une polémique qui l’amènera en 1932 à rompre avec l’Action française, Daudet et Charles Maurras, ses anciens maîtres à penser : « À Dieu Maurras! A la douce pitié de Dieu ! ».

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Les Baléares

Poussé par les difficultés financières, il part avec sa famille pour les Baléares, où la vie est moins chère: commence alors la période la plus féconde pour Bernanos, qui écrit au cours de ces années Un crime (1935), Un mauvais rêve (achevé en 1935 et publié en 1950, après sa mort), le Journal d’un curé de campagne (1936) pour lequel il obtient le Grand Prix du Roman de l’Académie française, Nouvelle Histoire de Mouchette (1937), et travaille à la rédaction de Monsieur Ouine (qui sera publié en 1943). Mais la guerre civile espagnole et plus particulièrement les atrocités commises par l’armée franquiste en juillet 1936 interrompent violemment cette inspiration romanesque et placent l’écrivain devant l’urgente et nécessaire obligation de se consacrer désormais aux écrits de combat : c’est ainsi qu’il entreprend la rédaction des Grands Cimetières sous la lune, qui suscitera de la part du public des réactions violentes et passionnées, enthousiastes ou indignées, selon les clivages politiques. Il rentre en France en mars 1937.

L’exil brézilien

En juillet 1938, deux mois avant Munich, indigné par la lâche impuissance de l’Europe face à la montée du nazisme en Allemagne, Bernanos quitte la France pour le Paraguay, où il restera onze jours, puis pour le Brésil où il s’installe. Là, il acquiert une hacienda et se consacre à l’élevage. Il reprend néanmoins ses écrits de combat et rédige Nous autres Français (1939), Les Enfants humiliés, qui ne paraîtra qu’en 1949, et La France contre les robots (1944). En juin 1940, il répond à l’appel du général de Gaulle et celui que l’on considère depuis comme l’« inspirateur spirituel » de la Résistance, collabore, depuis Rio, à La Marseillaise de Londres, puis à celle d’Alger ainsi qu’aux Bulletins de la France libre.

Les dernières années

Ce n’est que sur l’invitation expresse du général de Gaulle (« Votre place est parmi nous ») que Bernanos se décide à quitter le Brésil en juillet 1945. De retour en France , il rédige encore le Dialogue des carmélites, ultime méditation sur la mort, et le jour même qu’il en achève la rédaction tombe gravement malade. Hospitalisé à l’hôpital américain de Neuilly , celui qui avait tant redouté la mort, s’éteint dans la paix et la sérénité après avoir prononcé ces ultimes paroles : « Voici que je suis pris dans la Sainte Agonie. »

Bibliographie
Romans
  • Sous le soleil de Satan (1926)
  • L’imposture (1927)
  • La joie (1929)
  • Un crime (1935)
  • Journal d’un curé de campagne (1936)
  • Nouvelle Histoire de Mouchette (1937)
  • Monsieur Ouine (1946)
  • Les Dialogues des Carmélites (1949)
  • Un mauvais rêve (1950)
Essais
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  • La Grande peur des bien-pensants (1931)
  • Les Grands Cimetières sous la Lune (1938)
  • Scandale de la vérité (1939)
  • La France contre les robots (1944)
  • Les Enfants humiliés (1949)
Articles
  • Français, si vous saviez… (1961)
Citations choisies
  • Ce que la voix peut cacher, le regard le livre; c’est dans le regard, non dans la voix, que se trahit la crainte.
  • Vous avez la vocation de l’amitié, observait un jour mon vieux maître le chanoine Durieux. Prenez garde qu’elle ne tourne à la passion. De toutes, c’est la seule dont on ne soit jamais guéri.
  • L’enfer, madame, c’est de ne plus aimer.
  • Les jours passent, passent […] Qu’ils sont vides ! […] Il me semble que ma vie, toutes les forces de ma vie vont se perdre dans le sable.
  • La force et la faiblesse des dictateurs est d’avoir fait un pacte avec le désespoir des peuples.
  • Les plus irréparables sottises sont celles que l’on commet au nom des principes. Les plus dangereuses erreurs, celles ou la proportion de vérité reste assez forte pour qu’elles trouvent un chemin jusqu’au cœur de l’homme.

Autres citations de Georges Bernanos.

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Suggestion de livres

La liberté, pour quoi faire ?Les Grands cimetières sous la lune
Scandale de la vérité: Essais, pamphlets, articles et témoignagesSous le soleil de Satan

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