Maguerite Duras : Le Ravissement de Lol V. Stein (1964)

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Marguerite Duras

Le Ravissement de Lol V. Stein (1964)

Sommaire

Présentation
La femme volée
Fantasme et écriture

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👤 Marguerite Duras, née le 4 avril 1914 à Gia Định près de Saïgon, alors en Indochine française, et morte le 3 mars 1996 à Paris, est une écrivaine, dramaturge et cinéaste française. Elle est l’une des figures les plus importantes de la littérature française du XXe siècle. [Lire la suite de sa biographie]

Présentation

Photo de Marguerite Duras Le Ravissement de Lol V. Stein est un roman de Marguerite Duras, publié en 1964.

L’histoire est centrée sur une femme nommée Lol V. Stein, qui, après avoir été abandonnée par son fiancé, sombre dans une sorte de torpeur émotionnelle. Elle se retrouve obsédée par son ex-fiancé et par une autre femme, Anne-Marie Stretter, qui a joué un rôle dans la rupture de leur relation.

Si Le Ravissement de Lol V. Stein ressemble peu aux romans qui l’ont précédé, il rassemble les motifs essentiels de l’univers durassien : l’amour, l’abandon, la fatalité, la folie, la mort, autour de la passion amoureuse. Il revient sur un thème auquel avait précédemment touché le scénario d’Hiroshima mon amour, « l’amour mort » et son exorcisme, en racontant le rapt de Lol lorsque l’envoûtante Anne-Marie Stretter, au cours d’un bal, séduit son fiancé Michael Richardson, et le travail de deuil dans lequel entre le personnage.

L’écriture de Duras dans Le Ravissement de Lol V. Stein est souvent fragmentée et elliptique, ajoutant à l’atmosphère énigmatique et troublante de l’œuvre.

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→ À lire aussi de Marguerite Duras : Un barrage contre la Pacifique (1950). – Moderato cantabile (1958). – Hiroshima mon amour (1960). – India Song (1973). – L’Amant (1984).

La femme volée

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Adoptant un mode de narration complexe qui dispose en contrepoint le présent de la femme — comme frappée de somnambulisme depuis le choc de l’abandon — et le passé dans la scène originaire du bal fatal, le roman n’est pas donné comme l’histoire de Lol, mais comme une histoire sur Lol. Il prend l’allure d’une enquête fascinée que mènerait le narrateur Jacques Hold. Celui-ci bute sur l’énigme de cette femme au cœur inachevé, dépouillée de son amour et d’elle-même, mais habitée par l’obsession du recommencement indéfini de ce qu’elle a vu et qui l’a conduite à sa perte. Il finit même par consentir à devenir acteur dans les scènes de réduplication où elle joue sa survie.

Fantasme et écriture

Le Ravissement de Lol V. Stein a tout à la fois bénéficié et pâti de sa promotion par le milieu psychanalytique autour de Jacques Lacan. Fable en effet perçue comme singulière par ses vertiges structurels capables de donner une forme à la scène de l’inconscient, le roman s’impose à distance par sa saisie des tourments de la passion et par l’ampleur des résonances que Marguerite Duras tire de l’expérience de la capture amoureuse. Il a inauguré dans l’œuvre le « cycle indien », série de livres et de films où les histoires, les personnages interfèrent et s’enchevêtrent, ramenant les récits à la forme parfaite de leur éternel recommencement.

Autant que l’évocation d’un ravissement amoureux, le roman est aussi figuration du tourbillon de l’écrit. La folie de Lol, son risque de mort et sa survie par le ressassement fantasmatique, renvoie à l’écrivain lui-même, au rapt désirable et destructeur à la fois, que la fable exerce sur lui.

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