Pierre Loti

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Auteurs français

Pierre Loti

1850 – 1923

Il faut absolument que j’aime quelqu’un ; j’ai soif d’affection.

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(Pierre Loti, Les Désenchantées, 1906)

Louis Marie Julien Viaud dit Pierre Loti, né le 14 janvier 1850 à Rochefort et mort le 10 juin 1923 à Hendaye, est un écrivain et officier de marine français.

Notice biographique

Delphin (?) Rochefort, Pierre Loti, circa 1890. photo TajanPierre Loti (1850-1923) est un écrivain français qui a mené une double carrière d’officier de marine et d’auteur de romans exotiques.

De son vrai nom Julien Viaud, il est reçu en 1867 à l’examen d’admission de l’École navale de Brest. Dès le début de sa carrière maritime, il mène de front ses activités militaires et son œuvre littéraire, mêlant les voyages aux récits.

En 1872, devenu aspirant de première classe à bord de La Flore, il rapporte d’une escale à Tahiti son pseudonyme et la matière première du Mariage de Loti, publié en 1880. Le Roman d’un spahi (écrit en 1873 mais publié en 1881), qui évoque l’Afrique coloniale, est né d’un séjour à Dakar et à Saint-Louis.

De l’expérience d’un amour malheureux à Istanbul (1876-1877), il tire son roman Aziyadé (1879). Il publie encore Mon frère Yves (1883), Pêcheur d’Islande (1886), Madame Chrysanthème (1887), Ramuntcho (1897), les Derniers Jours de Pékin (1902), les Désenchantés (1906).

Perpétuellement à la recherche d’une terre des origines, située soit en Orient, soit en Extrême-Orient, soit dans ces régions à la fois proches et lointaines que sont la Bretagne et le Pays basque, il laisse une œuvre délicate, donnant davantage d’importance aux atmosphères qu’aux intrigues proprement dites.

Il meurt à Hendaye, ayant connu de son vivant un immense succès populaire et remporté l’estime de la critique : il avait été le plus jeune élu de l’Académie française (1891). Il est enterré sur l’île d’Oléron à Saint-Pierre-d’Oléron dans le jardin de la maison de son enfance après des funérailles nationales. Sa maison à Rochefort est devenue un musée.

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L’essentiel de son art, aux accents mélancoliques et postromantiques, réside dans une analyse pessimiste et impressionniste de la condition humaine.

Aziyadé (1879)

Aziyadé est le premier roman de Pierre Loti publié anonymement en 1879. Le livre a pour thème une histoire d’amour dans le cadre exotique de la Turquie de 1876-1877 entre un officier de marine européen et une jeune femme du harem d’un riche vieillard à Salonique d’abord puis à Istanbul (Loti l’écrit Istambul ou Stamboul, il utilise parfois le nom de Constantinople).

Pierre Loti présente d’ailleurs lui-même le roman comme « le récit, circonstancié et agrémenté de descriptions, d’une amourette à la turque » (Eyoub à deux, XXIII), mais la mort dramatique de l’aimée abandonnée malgré lui par le héros amènera celui-ci à prendre conscience de la profondeur de sa passion et lui fera rechercher la mort.

Pierre Loti a écrit ainsi une version exotique du mythe romantique de l’amour tragique, les amants reposant tous deux dans la terre turque mais en des lieux différents.

Le Roman d’un spahi (1881)

En 1881, Loti a trente et un ans, et signe pour la première fois de son pseudonyme ce qui est son premier roman véritable. L’intrigue rendra l’auteur célèbre : un Français, transplanté dans une contrée lointaine, ici le Sénégal, y connaît un grand amour. Il meurt ; sa maîtresse se tue, après avoir tué son enfant. On trouve dans ce récit l’Afrique, ses plaines, ses forêts, à l’époque peu connues, et décrites par la sensibilité d’un poète. On trouve la double aventure de l’amour et de la guerre. On trouve la grande lamentation de l’amour et de l’exil, que reconnaissent à la première phrase, à la première mesure, tous les amoureux de Loti – qui connaît une nouvelle jeunesse, une renaissance dans le public.

Mon frère Yves (1883)

Pierre Loti avait un frère aîné, Gustave, médecin de marine coloniale, dont l’exemple le décida à devenir marin. La mort de Gustave le priva, très jeune, de ce frère, qu’il recherchera sa vie durant au travers d’amitiés de toutes sortes. Dans celle d’Yves, il croit retrouver, pour quelque temps, le « frère » à tout jamais perdu. Ce livre, ni tout à fait un journal ni tout à fait un roman, retrace une amitié fraternelle, orageuse, passionnée. Cette histoire d’un marin breton du siècle passé est un poème de la mer, des départs, des escales, des retours, d’une inquiétude sans âge, sensible jusque dans les frémissements de l’écriture. « Yves, mon frère, nous sommes de grands enfants… Souvent très gais quand il ne faudrait pas, nous voilà tristes, et divaguant tout à fait pour un moment de paix et de bonheur qui par hasard nous est arrivé. »

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Pêcheurs d’Islande (1886)

Pêcheur d’Islande a sans doute souffert de son succès, considérable, et l’on ne relit plus beaucoup cette histoire d’amour qui fit tant pleurer nos grands-mères. Le chef-d’oeuvre de Loti n’en recèle pas moins de nombreuses qualités.

Avec une construction savante, soigneusement équilibrée, un style sobre, à la limite de l’épure (« La mer, la mer grise »), des phrases ciselées, polies comme des galets, Loti accomplit un véritable travail d’artiste et de peintre pour évoquer ces horizons blancs, immensément vides, qui déchirent le ciel d’Islande.

Lumières polaires irisées, brumes blafardes, soleils sans chaleur, impassibles et cruels, répondent aux tourments des coeurs, annoncent les amours brisées par la mort, les noces du marin et de la mer. Artisan scrupuleux, Loti trouve ici le chemin d’une poésie à la fois simple et profonde, où son chant s’épanouit en toute plénitude.

Entre Gaud, fille d’un gros commerçant de Paimpol, et Yann, le pêcheur, il y a bien des obstacles : la différence des conditions et des fortunes, bien sûr ; mais aussi la timidité farouche du jeune homme, de ceux qu’on nomme les « Islandais » parce que, chaque année, leurs bateaux affrontent, durant des semaines, les tempêtes et les dangers de la mer du Nord. C’est l’histoire d’un amour longtemps jugé impossible que nous conte ce roman, publié en 1886, et depuis lors redécouvert et admiré par plusieurs générations. Mais c’est surtout un grand drame de la mer, et l’une des expressions les plus abouties de ce thème éternel. Marin lui-même, Pierre Loti y déploie une poésie puissante, saisissante de vérité, pour dépeindre la rude vie des pêcheurs, l’âpre solitude des landes bretonnes, le départ des barques, la présence fascinante et menaçante de l’Océan.

Vers Ispaphan (1904)

Qui veut venir avec moi voir à Ispahan la saison des roses, prenne son parti de cheminer lentement à mes côtés, par étapes, ainsi qu’au Moyen Âge.
Qui veut venir avec moi voir à Ispahan la saison des roses, consente au danger des chevauchées par les sentiers mauvais où les bêtes tombent, et à la promiscuité des caravansérails où l’on dort entassés dans une niche de terre battue, parmi les mouches et la vermine.
Qui veut venir avec moi voir apparaître, dans sa triste oasis, au milieu de ses champs de pavots blancs et de ses jardins de roses roses, la vieille ville de ruines et de mystère, avec tous ses dômes bleus, tous ses minarets bleus d’un inaltérable émail ; qui veut venir avec moi voir Ispahan sous le beau ciel de mai, se prépare à de longues marches, au brûlant soleil, dans le vent âpre et froid des altitudes extrêmes, à travers ces plateaux d’Asie, les plus élevés et les plus vastes du monde, qui furent le berceau des humanités, mais sont devenus aujourd’hui des déserts.

En mai 1900, de retour d’Inde, Loti entreprend de traverser la Perse et de se rendre à Ispahan, voyage qu’il raconte dans ce récit, publié en 1904. Il est tout d’abord frappé à son arrivée par la vision des monuments d’émail bleu, aperçus de loin. Mais il rapporte que le silence et l’isolement autour de la ville sont tels que l’on se demande si des routes y mènent : on n’y voit que « de grands cimetières abandonnés où paissent les chèvres, de limpides ruisseaux qui courent partout […], des ruines d’anciennes enceintes crénelées, et rien de plus. » À l’intérieur de la ville, il note que les édifices qui, au premier aspect, « jouent encore la splendeur », sont en réalité « à moitié dépouillés de leurs patientes mosaïques de faïence et semblent rongés d’une lèpre grise. » Ispahan a pour l’essentiel cessé de vivre depuis l’invasion afghane, estime Loti, qui écrit que « cette place unique au monde, qui a déjà plus de trois cents ans, ne verra certainement pas finir le siècle où nous venons d’entrer. »

Les Désenchantées (1906)

Immense succès à sa parution en 1906, ce dernier roman de Pierre Loti raconte les rencontres clandestines d’un romancier français avec trois jeunes Ottomanes révoltées par la vie cloîtrée qui leur est imposée.

Écrit dans une langue fluide et élégante, ce brillant exercice d’autofiction, qui avait ravi les Orientalistes par son histoire d’amour exotique et ses magnifiques descriptions de Constantinople, est avant tout un roman politique d’une grande modernité narrative, qui plaide pour l’émancipation de la femme musulmane.

📽 15 citations choisies de Pierre Loti
  • Il faut absolument que j’aime quelqu’un ; j’ai soif d’affection. (Les Désenchantées)
  • Le cochon n’est devenu sale que par suite de ses fréquentations avec l’homme. À l’état sauvage, c’est un animal très propre. (Quelques aspects du vertige mondial)
  • Bien ensemble, maman et la Bonne-Mère ?… Comme chien et chat, oui ! (Ramuntcho)
  • Et pourtant j’aime de toute mon âme cette âme qui m’échappe…
  • Le bonheur est une potiche posée sur le nez d’un mandarin ivre et qui éternue.
  • Leurs entretiens s’allongeaient comme les crépuscules.

Autres citations de Pierre Loti.

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Mon Frère YvesPêcheur d'Islande - Livre audio
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