Raymond Radiguet
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Auteurs français
Raymond Radiguet
1903 – 1923
Raymond Radiguet, né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et mort le 12 décembre 1923 à Paris, est un écrivain français d’une grande précocité, auteur de deux romans d’analyse, écrits dans un style délibérément classique, qui connaissent un vif succès.
Notice biographique
Raymond Radiguet naît, le 18 juin 1903 à Saint-Maur, dans la banlieue Est de Paris. Fils d’un caricaturiste de renom, il est l’aîné d’une famille de sept enfants.
Au cours d’une enfance « plate comme une pelouse », il fait ses études primaires – très bonnes – à Saint-Maur, avant d’être admis comme boursier au lycée Charlemagne où il se révèle un élève plutôt médiocre. À tel point qu’il abandonne le lycée dès la quatrième, préférant la lecture des classiques et l’écriture de poèmes à toute autre forme d’enseignement.
Depuis juillet 1914, la France est en guerre contre l’Allemagne. Dans le train de banlieue, en avril 1917, il fait la connaissance d’Alice, une jeune femme de 24 ans, mariée depuis peu à un soldat du front. À 15 ans, il prétend en avoir 19. Leur liaison durera jusqu’à la fin de la guerre, en novembre 1918, et inspirera à Radiguet son Diable au corps.
En livrant les dessins de son père dans un journal, il rencontre André Salmon, poète ami d’Apollinaire, qui fait publier quelques-uns de ses poèmes, tandis qu’il se fait embaucher dans différentes revues comme chroniqueur.
Sa rencontre avec Jean Cocteau se situerait début 1919: c’est le début d’une amitié amoureuse mouvementée qui ne s’achèvera qu’avec la mort prématurée de Radiguet. Cocteau le parraine dans les cercles poétiques, lui présente Satie, Auric, Morand, Picasso, l’introduit dans les milieux de Montparnasse et de l’avant-garde littéraire. Ensemble, ils fondent un journal qui dure six mois, en 1920, tandis que Radiguet a une liaison avec une Anglaise ancien modèle de Modigliani, puis signent en commun le livret de Paul et Virginie, dont Satie doit composer la musique. Radiguet n’a que 17 ans, mais sa maturité étonne ceux qui l’approchent.
Au cours de l’été 1921, en vacances près d’Arcachon avec Cocteau, il écrit Le Diable au corps et, l’automne de cette même année, fait publier Devoirs de vacances, recueil de ses poèmes. Cocteau, courant 1922, lit à l’éditeur Bernard Grasset les premières pages du Diable au corps. Grasset s’enthousiasme en imaginant le lancement qu’il va pouvoir réaliser avec l’œuvre d’un romancier de 17 ans. II a été le premier éditeur français à utiliser la publicité pour faire connaître ses livres, et a déjà surpris, voire choqué la profession en faisant de la promotion pour Le Feu de Henri Barbusse (1916), Kœnigsmark de Pierre Benoît (1918) et Maria Chapdelaine de Louis Hémon (1921).
Radiguet accepte de retravailler son texte sous la houlette de Jean Cocteau tout en achevant sa première version du Bal du comte d’Orgel et en collaborant à plusieurs journaux. Le manuscrit définitif du Diable au corps est remis à Bernard Grasset en janvier 1923. La mise en vente, en mars, s’accompagne d’une publicité au cinéma: le film montre Radiguet écrivant la dernière page de son roman, puis l’accolade émue que lui donne Grasset à qui il remet son livre, enfin, dans une librairie, une foule houleuse réclamant Le Diable au corps. « Le plus jeune romancier de France » se vend à 50 000 exemplaires en un mois.
Radiguet, maintenant célèbre, se montre en ville avec canne et monocle, et continue à se montrer avec Cocteau tout en entretenant ostensiblement une liaison avec une jeune femme. Comme il l’a fait pour Le Diable au corps, il profite de ses vacances près d’Arcachon pour, au cours de l’été 23, réviser Le Bal du comte d’Orgel. Il a 20 ans, et, mobilisable, est convoqué pour passer le conseil de révision. Bernard Grasset lui obtient un sursis, ,afin qu’il puisse corriger les épreuves d’imprimerie du Bal…
Mais Raymond Radiguet n’ira pas à l’armée, pas plus qu’il ne verra le Bal… édité (et qui obtiendra un succès comparable au Diable au corps). Victime de la fièvre typhoïde, il meurt dans une clinique de Paris le 12 décembre. Seul. Ni famille, ni ses amis, ni sa maîtresse, n’imaginant une fin si brutale, ne se sont rendus à son chevet. Ses obsèques, payées par la couturière Coco Chanel, ont lieu deux jours plus tard. Sans Cocteau, malade de chagrin.
Le Diable au corps (1923)
Le Diable au corps, publié en 1923, marque les esprits par l’extraordinaire sens de la formule de son auteur, et surtout le mythe qui l’entoure (Radiguet est mort à l’âge de 20 ans). Des thèmes tels que l’adolescence, la trahison, le scandale, la parentalité, l’adultère, les doutes amoureux sont magistralement abordés dans cet ouvrage.
Un jeune homme de quinze ans rencontre Marthe, une jeune femme de dix-huit ans, qu’il séduit et dont il devient l’amant… Cette histoire serait banale si nous n’étions en 1917, un peu avant la fin de la guerre de 1914-1918, et si la jeune femme n’était pas l’épouse d’un soldat au front. Mais cette guerre – « quatre ans de grandes vacances » pour le narrateur – est envisagée avec insouciance et indifférence, à la fois comme un simple décor, une toile de fond pour la passion intense des jeunes amants et un prétexte commode pour éloigner le mari…
Le scandale lors de la parution du livre en 1923 et le décès de son auteur à l’âge de vingt ans la même année feront de ce livre un mythe, qui ne doit pas faire oublier qu’il s’agit d’un chef d’œuvre du roman d’amour.
Le Bal du comte d’Orgel (1924)
Le Bal du comte d’Orgel est un roman paru en juillet 1924, peu de temps après la mort de Raymond Radiguet. Portant sur un triangle amoureux, cet ouvrage est considéré comme un chef-d’œuvre du roman moraliste. L’action se déroule dans le Paris des Années folles, son écriture est fortement orientée sur une analyse de la psychologie des personnages.
Mahaut d’Orgel ne sait aimer que sagement, tendrement. Rien ne semble pouvoir la distraire de son amour pour le comte d’Orgel. Et pourtant, elle s’éprend de François, un jeune homme que le comte a introduit dans le cercle de leurs amis intimes, le préférant à tous les autres pour partager escapades à la campagne et folles soirées. Bal masqué, jeux de dupes – l’équivoque s’installe peu à peu. Entre Mahaut et François, les silences ont valeur d’aveu et les soupirs sont autant de baisers rêvés.
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