Gérard de Nerval : Aurélia (1855)

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Gérard de Nerval

Aurélia (1855)

Le sommeil occupe le tiers de notre vie. Il est la consolation des peines de nos journées ou la peine de leurs plaisirs ; mais je n’ai jamais éprouvé que le sommeil fût un repos.

(Gérard de Nerval, Aurélia, 1855)

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👤 Gérard de Nerval, né le 22 mai 1808 à Paris, ville où il est mort le 26 janvier 1855 (à 46 ans), est un écrivain français d’inspiration romantique dont l’œuvre « surnaturaliste » est une exploration poétique des frontières incertaines du rêve et du réel. [Lire la suite de sa biographie]
→ Lumière sur les Filles du feu (1854) et les Chimères (1854).

Présentation

Aurélia est un récit de Gérard de Nerval, publié en deux fois en 1855 sous le titre complet Aurélia ou le Rêve et la Vie. Seule la première des deux parties a été revue et corrigée par l’auteur avant de mourir. La seconde est restée inachevée.

Le testament de Nerval ?

Aurélia retrace une série de rêves et de visions du narrateur, autour d’une figure féminine aimée et de doubles masculins. Cette œuvre est essentiellement autobiographique et extrêmement personnelle. Il s’agit pour l’auteur, après une grande crise de folie, de trouver un sens à sa vie. Hanté par cette folie, et surtout par la façon dont elle est perçue par ses contemporains, Nerval a la profonde volonté de prouver qu’il est en pleine possession de ses facultés intellectuelles, pris dans un double mouvement : un désir de se raconter, mais aussi un recul devant une confession trop intime.

« Fixer le rêve et en connaître le secret »

Estimant que « le rêve est une seconde vie », et donc révélateur de vérités psychiques, Nerval tente ici de transmettre son expérience, vraisemblablement sur la demande de son médecin. Il s’agit à la fois d’un témoignage scientifique et d’une démarche curative. Nerval insiste sans cesse sur sa recherche d’objectivité ; il distingue clairement rêves et hallucinations et fait du dédoublement de soi une garantie de vérité. Cela s’accompagne, sinon toujours de réalisme, du moins d’une extrême précision dans la représentation (lieux, objets, personnages) et de l’utilisation dans les enchaînements d’un principe associatif obéissant à la logique du rêve.

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La forme narrative dépasse cependant vite le compte rendu médical. Bien que l’ensemble soit inachevé, que la fin soit composée de bribes, la forme est toujours la préoccupation principale de Nerval. La structure en deux parties est fortement symétrique et dynamique. On remarquera aussi la rigueur de l’encadrement du texte par des passages très théoriques sur le rêve au début et à la fin. Il justifie ainsi sur un ton scientifique les passages centraux plus irrationnels. On s’est interrogé sur l’éventuelle portée fantastique de l’œuvre. Nerval laisse toujours la possibilité d’une double interprétation des événements extraordinaires ; ils peuvent être irrationnels, mais aussi être le fruit de hasards et de coïncidences. Au lecteur de choisir, lui qui est invité à reconnaître son propre imaginaire onirique par la portée générale du propos (emploi du « nous »). Mais quoi qu’il en soit, le narrateur garde toujours de la distance par rapport au personnage relatant ses visions et au protagoniste des rêves et visions, ce qui instaure une complexité vertigineuse des points de vue derrière l’unicité du « je ».

Un texte prophétique

Les visions suivent un parcours, présenté comme une « descente aux enfers » et une remontée, avec pour référence le mythe d’Orphée. Comme le poète lyrique, le narrateur perd la femme qu’il aime, mais la retrouve à la fin sous la forme d’une figure syncrétique et anonyme — à la fois mère, amante et divinité —, incarnation de l’idéal de fusion d’êtres divers en une figure unique. Le parcours du narrateur, matérialisé par ses déambulations urbaines, est aussi temporel. Son histoire personnelle s’inscrit en fait dans l’histoire du monde, et l’individu affirme son appartenance à l’humanité en tant que communauté. Cela explique le ton prophétique de la fin de l’ouvrage, qui fait appel à la forme du poème en prose, à divers mythes et qui, si elle est fondamentalement ambiguë, n’en ôte pas moins l’espoir d’un salut.

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