Théophile de Viau

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Auteurs français

Théophile de Viau

1590 – 1626

Une grande indécision religieuse

Théophile d’après une gravure du XVIIe siècle

Théophile de Viau offre un parfait exemple de la confusion religieuse qui caractérise cette l’époque du XVIIe siècle. Durant sa courte vie de trente-six ans, il adopte en effet trois attitudes différentes face à la foi. Il est d’abord influencé par le protestantisme : il est né près d’Agen en 1590, en pleine guerre de religion, de parents protestants ; de 1615 à 1616, il combat en Guyenne avec l’armée protestante, au côté du comte de Candale, contre les troupes royales.

Parallèlement, à partir de 1615, il est attiré par la pensée libertine orientée vers l’athéisme. Il subit enfin l’influence du catholicisme : en 1621, il rejoint l’armée du roi et lutte contre les protestants ; en 1622, il se convertit an catholicisme et reçoit la communion, avant de mourir, le 25 septembre 1626.

Persécuté…

Son athéisme lui attirera poursuites et persécutions. En 1619, il est exilé pour avoir composé des vers impies.

En 1623, il est condamné à être brûlé vif et trouve refuge à Chantilly chez le duc de Montmorency. Il est bientôt arrêté, alors qu’il tente de passer aux Pays-Bas. Emprisonné, il est à nouveau jugé et frappé, en 1625, de bannissement perpétuel. À sa sortie de prison, il est, une fois encore, accueilli par le duc de Montmorency.

… mais apprécié

S’il est persécuté, Théophile de Viau n’en est pas pour autant un écrivain maudit. Ses poèmes, publiés en 1621, 1623 et 1624, connaissent un grand succès. C’est le triomphe pour sa tragédiePyrame et Thisbé, représentée en 1621.

Plus de soixante éditions de ses œuvres paraissent an cours du XVIIe siècle : il est le poète le plus lu de son époque, un poète épris de liberté, désireux de vivre comme il l’entend et d’écrire selon sa fantaisie, poussé par son tempérament et non corseté par les règles.

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Son œuvre

Dramatique exemple des vicissitudes de la littérature sceptique et la cour, Théophile de Viau laisse une œuvre poétique riche et originale, indépendante des leçons de Malherbe qu’il admire en refusant de l’imiter.

Il exprime « dans une langue moderne la sensibilité d’une âme moderne » (A. Adam) : il aime sincèrement et spontanément « la nature, la vie, la société, l’océan, ses vagues ; son calme… la musique, les beaux habits, la chasse, les beaux chevaux, les bonnes odeurs, la bonne chère »… ainsi évoque-t-il naturellement toutes les beautés du monde lorsqu’il veut adresser un bon éloge au roi, ou supplier Cloris de lui accorder « un amoureux plaisir ».

Mais il a aussi chanté les formes les plus sombres de la passion : faiblesses et déceptions, humiliations et chagrin d’amour, et il a découvert avec l’exil la tristesse profonde de la condition humaine.

On comprend que, jusqu’à Boileau, Saint-Amant et Tristan l’Hermite, et plus longtemps qu’eux, Théophile de Viau ait eu une renommée éclatante.

Depuis Les Regrets de Du Bellay, il n’est pas un sonnet qui traduise de façon plus poignante et plus sobre que celui sur son exil le désespoir et la douleur de vivre.

Gros plan sur les Œuvres poétiques (1621-1624 et éditions posthumes)

Le sentiment de la nature est au centre des Œuvres poétiques. Théophile de Viau est sensible à l’éphémère, au changeant. Il sait apprécier les modifications subtiles qui apparaissent dans un paysage, qui le rendent émouvant, parce que chaque moment est unique, inoubliable. Il est là, ouvert à toutes les impressions, les sens en alerte, avide de profiter de cette vie qui s’offre à lui. Ce bonheur de vivre, de se sentir vivre éclate à chaque vers : il est présent dans la poésie lyrique, mais aussi dans l’humour que Théophile de Viau pratique dans ses Épigrammes.

→ Lire : La poésie lyrique. – L’épigramme.

Gros plan sur Pyrame et Thisbé (1621)
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Ltragédie de Pyrame et Thisbé est vraisemblablement créée en 1621. Éditée pour la première fois en 1623, elle donne lieu à plus de 70 rééditions au cours du XVIIe siècle. Théophile de Viau était décidément un auteur à succès.

La pièce est marquée par le romanesque et le lyrisme. Dans la Babylone antique, Pyrame et Thisbé s’aiment, mais deux obstacles s’opposent à cet amour. Comme dans Roméo et Juliette de William Shakespeare, les deux familles sont ennemies et ne veulent pas entendre parler de mariage. D’autre part, le roi est éperdument amoureux de Thisbé et utilise son pouvoir pour s’opposer à Pyrame. Devant cette situation, les deux amoureux décident de s’enfuir. Ils doivent se retrouver, la nuit, dans un endroit écarté. Mais Pyrame, arrivé le premier au lieu du rendez-vous, voit du sang et les traces du passage d’un lion. Il croit que Thisbé a été dévorée et se tue. Thisbé, parvenue à son tour à l’endroit fixé, se suicidera sur le corps de son bien-aimé.

Bibliographie
  • Pyrame et Thisbé (1621), tragédie
  • Œuvres poétiques (1621-1624 et éditions posthumes)
Citations choisies
  • Un plaisir est plus grand qui vient sans qu’on y pense. (Pyrame et Thisbé)
  • Ah! voici le poignard qui du sang de son maître
    S’est souillé lâchement: il en rougit, le traître ! (Pyrame et Thisbé)
  • Dans ce climat barbare où le destin me range,
    Me rendant mon pays comme un pays étrange …
  • Imite qui voudra les merveilles d’autrui :
    Malherbe a fort bien fait, mais il a fait pour lui.
  • La règle me déplaît ; j’écris confusément :
    Jamais un bon esprit ne fait rien qu’aisément.
  • Incertain et dépravé, je ne me retiens pas assez du plaisir comme chrétien, je m’y laisse aller comme homme, mais je ne m’y laisse pas tromper comme bête.
  • Le sot glisse sur les plaisirs,
    Mais le sage y demeure ferme
    En attendant que ses désirs
    Ou ses jours finissent leur terme.
  • Mais je me sens jaloux de tout ce qui te touche,
    De l’air qui si souvent entre et sort par ta bouche. (Pyrame et Thisbé)
  • Un froid et ténébreux silence
    Dort à l’ombre de ces ormeaux
    Et les vents battent les rameaux
    D’une amoureuse violence.
  • Si je voulais verser quelque goutte d’encre sur vos actions, je noircirais toute votre vie.

 Autres citations de Théophile de Viau.

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