Emploi du subjonctif et de l’indicatif
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La concordance des temps
Emploi du subjonctif et de l’indicatif
Le véritable génie du subjonctif est d’indiquer une action ou une chose comme terme d’une volonté.
(Bescherelle)
Le subjonctif est un mode personnel du verbe, considéré d’abord comme propre à exprimer une relation de dépendance, et de nos jours, comme mode de la tension psychologique (volonté, sentiment) et de la subjectivité (doute, incertitude).
L’indicatif est un système des formes verbales « dont l’emploi convient pour représenter un procès comme simplement énoncé […] sans aucune interprétation » (Marouzeau). Le mode indicatif permet d’indiquer une action dans sa réalité.
● On emploie le subjonctif après les verbes qui expriment la volonté, l’obligation, le devoir ou la convenance, et après ceux qui expriment le doute, l’ignorance ou, la crainte.
Le choix du mode à employer dans la proposition subordonnée dépend donc de l’idée exprimée par le verbe de la proposition principale.
→ La concordance des temps.
● Le verbe de la proposition subordonnée se met au subjonctif lorsque celui dont il dépend exprime une volonté pour ou contre.
Exemple : Mon père veut que nous nous levions de bonne heure ; il exige que nous fassions notre lit en nous levant ; il défend que j’aille jouer sur le bord de la rivière ; il craint que je n’y périsse.
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↪ Les principaux verbes qui expriment une volonté pour sont : vouloir, exiger, commander, ordonner, prescrire, mander, demander, entendre, prétendre, désirer, aimer, approuver, permettre, souffrir, etc.
Mais ces verbes expriment des degrés différents dans la volonté, les premiers exprimant une volonté plus forte que les derniers.
Exemple : Mon père exige que je sache mes leçons avant de jouer ; il permet que je prenne des leçons de violon.
↪ Les principaux verbes qui expriment une volonté contre sont : défendre, empêcher, interdire, s’opposer, désapprouver, blâmer, regretter, craindre, trembler, appréhender, etc.
Ils expriment, comme les précédents, des degrés différents de volonté, les premiers exprimant une volonté plus forte, et les derniers exprimant seulement la crainte.
Exemple : Ma mère défend que je sorte la nuit ; elle regrette que j’aie perdu mon temps.
↪ La volonté pour ou contre, au lieu d’être exprimée par un seul verbe, peut l’être quelquefois par différentes locutions, comme trouver bon, convenable, mauvais, ridicule, etc., être d’avis, d’opinion, voir avec plaisir, avec satisfaction, avec peine, avec regret, etc., avoir peur, prendre garde, etc.
Exemple : Mes parents trouvent bon que je lise chaque soir. — Ils voient avec peine que je commette toujours les mêmes fautes.
● On met à l’indicatif le verbe de la proposition subordonnée amené par la conjonction que, lorsque le verbe dont elle dépend marque l’affirmation ou la certitude.
Exemple : Il dit que la chose est ainsi. — Je crois qu’il est malade. — Je sais que l’envie fait le tourment de l’homme.
● De même qu’il y a des degrés dans la volonté, de même il y en a dans la certitude, comme on le voit par les verbes suivants : affirmer, croire, savoir, penser, présumer, espérer, s’imaginer, soupçonner, etc., ou par ces locutions : être certain, sûr, persuadé, convaincu, etc. Mais après tous ces verbes et toutes ces locutions, le verbe qui suit se met toujours à l’indicatif.
Exemple : Je pense que le temps se mettra au beau. — J’espère que mon frère viendra au bout de son entreprise.
● On met au subjonctif le verbe de la proposition subordonnée lorsque le verbe de la proposition principale marque la négation, l’ignorance ou le doute.
Exemples : Je nie que la chose soit arrivée ainsi. — J’ignorais que l’envie fît le tourment de l’homme. — Je doute que vous réussissiez.
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↪ Les principaux verbes ou locutions particulières employés pour nier ou simplement pour marquer l’incertitude ou l’ignorance où l’on est, sont : nier, contester, ignorer, douter, hésiter à croire, etc., qui expriment des degrés divers dans le doute.
Exemples : Je nie qu’on puisse mentir pour s’excuser. — J’hésite à croire qu’il obtienne cet emploi.
● On emploie généralement le subjonctif lorsque le verbe dont dépend la proposition subordonnée est accompagné d’une négation.
Exemples : Je ne crois pas que je puisse rendre le mal pour le mal. — Je ne pense pas qu’il soit malade.
● Les verbes employés pour nier ou pour exprimer l’ignorance ou le doute, peuvent servir à marquer l’affirmation ou la croyance lorsqu’on les emploie avec la négation. Dans ce cas, le verbe de la proposition subordonnée doit toujours être au subjonctif.
Exemples : Je ne nie pas que vous ayez eu raison. — Je ne doute pas que vous n’arriviez à votre but.
● De même les verbes qui expriment une volonté favorable à une chose peuvent marquer une volonté contraire, et ceux qui expriment une volonté contraire peuvent marquer une volonté favorable ou un consentement, si on les emploie avec la négation. Dans ce cas, les uns et les autres exigent le subjonctif.
Exemples : Mon père ne veut pas que je fasse des dettes. — Le maître ne désapprouve pas que les enfants viennent en classe avant l’heure.
● On emploie cependant l’indicatif après un verbe accompagné d’une négation ou exprimant l’ignorance ou le doute, lorsque l’incertitude porte non pas sur un fait qui a eu lieu réellement ou qui aura lieu nécessairement, mais sur une circonstance de temps, de lieu ou de personne. Dans ce cas, la proposition subordonnée n’est pas amenée par la conjonction que mais par un pronom relatif ou par un adverbe.
Exemples : Je ne sais qui a fait cela. — J’ignore quand cela se fera. — On ne sait pas où l’accident est arrivé.
● On emploie le subjonctif après les verbes qui servent habituellement à affirmer ou à marquer la certitude, lorsqu’ils sont employés à la forme interrogative.
Exemples : Croyez-vous qu’il vienne ? — Pensez-vous qu’il puisse venir ?
● On emploie le subjonctif après les locutions impersonnelles quand elles sont employées avec négation, et après celles qui expriment le doute, l’obligation, la convenance ou l’inconvenance, telles que : il faut, il importe, il convient, il suffit, il est juste, beau, bien, bon, convenable, nécessaire, urgent, etc. ; il est mal, inconvenant, honteux, déraisonnable, étonnant, factieux, ridicule, etc. ; il est douteux, incertain, possible, impossible, difficile, etc.
Exemples : Il n’est pas vrai que la voiture ait versé. — Il importe que l’homme apprenne de bonne heure à se conduire. — Il suffit que je vous dise quelques exemples. — Il est honteux que vous manquiez si souvent à vos devoirs. — Il est douteux que le temps se mette au beau aujourd’hui.
● On met au contraire l’indicatif après les locutions impersonnelles qui marquent un degré quelconque de certitude, comme il paraît, il est vrai, certain, sûr, avéré, probable, indubitable, etc.
Exemples : Il paraît que vous vous êtes levé tard ce matin. — Il est probable que la récolte sera belle cette année.
● La locution il semble exige après elle l’indicatif si elle est accompagnée d’un complément d’objet indirect (COI) de personne, et le subjonctif dans le cas contraire.
Exemples : Il me semble que je vois un cavalier sur ta route. — Il semble que vous preniez plaisir à contrarier vos parents.
● Le verbe de la proposition subordonnée se met au subjonctif après un certain nombre de conjonctions ou de locutions conjonctives, dont les principales sont : afin que, pour que, de peur que , de crainte que, quoique, bien que, pourvu que, en cas que, pour peu que, supposé que, soit que, à moins que, sans que, avant que, jusqu’à ce que, où que, loin que, etc.
Exemples : Je prie pour mes parents afin que Dieu répande ses bénédictions sur eux. — Dieu nous comble de ses bienfaits quoique nous l‘offensions souvent. — Je me tiendrai prêt au cas que vous veniez. — Personne ne me croira à moins que je ne dise toujours la vérité. — Je rentrerai avant que mon frère ne sorte.
● Les locutions de manière que, de façon que, de sorte que, etc., veulent le subjonctif, lorsqu’il est question d’une chose incertaine ou douteuse, et lorsque le verbe de la proposition principale est au présent ou au futur.
Exemple : Je me conduirai de manière que mes parents soient contents de moi.
Elles veulent au contraire l’indicatif lorsque le verbe de la proposition principale est au passé et qu’il n’y a pas d’incertitude sur la chose dont il est question.
Exemple : Je me suis conduit de façon que mes parents ont été contents de moi.
● Après la conjonction que employée pour éviter la répétition de certaines conjonctions, telles que si, lorsque, comme, quand, le verbe de la proposition subordonnée se met au mode demandé par la conjonction remplacée parque.
Exemple : Vous irez jouer lorsque vous aurez fini votre travail, et que vous saurez vos leçons. — Vous irez jouer pourvu que vous ayez fini votre travail, et que vous sachiez votre leçon.
Cependant la conjonction si, après laquelle on met l’indicatif, exige toujours le subjonctif lorsqu’elle est remplacée parque.
Exemple : Si vous étiez sage et que vous fissiez des progrès, je vous donnerais une récompense.
● On emploie toujours le subjonctif après les locutions quoi que, quelque… que, quel que.
Exemple : Quoi que je fasse, je ne m’acquitterai jamais envers mes parents. — Quels que soient leurs ordres, je les exécute sans murmures. — Quelque grands que soient mes maux, j’aime mieux les souffrir que de les avoir mérités.
● La locution tout… que, qui a beaucoup d’analogie avec quelque… que, demande au contraire l’indicatif.
Exemple : Tout grands que sont mes maux, j’aime mieux les souffrir que les avoir mérités.
● On emploie le subjonctif après les pronoms relatifs ou l’adverbe où, lorsqu’ils sont précédés des mots : le plus, le moins, le meilleur, le moindre, le pire, le plus grand, le premier, le dernier, le seul, le principal, l’unique, etc., qui expriment tous le superlatif ou le plus haut degré d’une chose.
Exemple : Les nouvelles sont le plus beau présent que Maupassant nous ait pu faire.
● On emploie le subjonctif après les pronoms relatifs, lorsqu’ils sont précédés d’un verbe ou d’une locution exprimant la négation ou au moins une très petite quantité, comme les mots : nul, aucun, personne, rien, peu, guère.
Exemples : Je ne connais aucun homme vicieux de qui on fasse ouvertement l’éloge. — On trouve peu d’hommes qui tachent supporter l’adversité.
● On met aussi au subjonctif le verbe de la proposition subordonnée après des pronoms relatifs qui ne sont précédés d’aucune expression marquant le superlatif, la négation ou une petite quantité, lorsqu’on veut indiquer une chose douteuse.
Exemples : Montrez-moi le chemin qui conduit au bonheur. — J’attends quelqu’un qui me rendra ce service. — Montrez-moi un chemin qui conduise au bonheur. — Je cherche quelqu’un qui me rende ce service.
Dans les premiers exemples, on sait qu’il existe un chemin qui conduit au bonheur, c’est celui de la vertu. On connaît une personne qui rendra service, et c’est cette personne qu’on attend. Le verbe de la proposition subordonnée doit donc être à l’indicatif. Dans les derniers exemples, on ignore s’il existe un chemin qui puisse conduire au bonheur dans ce monde, et quelqu’un qui puisse rendre le service désiré. Il faut donc employer le subjonctif qui est le mode du doute.
● L’usage veut que les verbes mis au subjonctif dans la proposition subordonnée soient précédés de la négation ne :
- après les verbes craindre, avoir peur, appréhender, trembler, etc., quand ces verbes forment une proposition affirmative ;
- avec les verbes empêcher, prendre garde, garder, se garder ;
- après les conjonctions à moins que, de crainte que, de peur que .
Exemples : Je crains que vous ne vous égariez. — Empêchez que ce bruit ne se propage. — Il s’est permis de mentir de peur que son ami ne fût puni.
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Exercice : Emploi du subjonctif ou de l’indicatif ?
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