Ésope

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Ésope

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Présentation

Ésope (probablement VIe siècle av. J.-C.) est un fabuliste grec qui, selon la légende, aurait été un esclave phrygien affranchi. Il est le père incontesté de cet art de la fable qui, de l’Antiquité à nos jours, a su faire le bonheur des petits et des grands. Il a été le premier à inventer un monde où les animaux parlent, pensent et agissent à la façon des hommes, idée qui séduira nombre de fabulistes, à commencer par La Fontaine. Et qui leur permettra, par ce biais, d’en tirer des leçons de sagesse morale et civique.

→ À lire : La fable. – La Fontaine et la fable. – De la récitation des fables.

Un homme légendaire

Ésope. Estampe de Francisco de Goya (1746-1828).Ce que l’on sait de la vie du fabuliste provient essentiellement des témoignages de l’historien Hérodote : « Ésope a-t-il existé comme il l’a cru » ou « n’est-ce qu’un nom légendaire » ? Né en Égypte, à Samos (selon l’encyclopédie la Souda), en Thrace (selon Aristophane) ou en Phrygie (selon Planude, un moine byzantin du XIVe siècle), Ésope est un personnage énigmatique devenu légendaire.

En réalité, on ignore presque tout de lui. Certains le décrivent comme un être disgracié (son nom signifie « pieds inégaux ») et bègue (selon Plutarque) mais doté d’un esprit remarquable. Esclave de plusieurs maîtres, notamment Démarque, à Athènes, il aurait été affranchi soit par Jadmon (Iadmon), un Samien, soit par un philosophe, Xanthus.

La légende raconte qu’il aurait voyagé en Égypte, à Babylone avant de revenir en Asie mineure puis d’entrer à la Cour de Crésus, où il aurait rencontré Solon. Pour le compte de Crésus, il aurait été envoyé, comme émissaire, dans diverses cités grecques et aurait participé au banquet des sages chez Périandre de Corinthe. À Athènes, alors dirigée par Pisistrate, il aurait écrit la fable des « Grenouilles demandant un roi ». Selon Plutarque, Crésus l’aurait chargé de porter une offrande au temple d’Apollon à Delphes et de distribuer des présents aux Delphiens, mais Ésope, ayant méprisé cette requête, aurait été puni en étant précipité d’une falaise.

Les fables

La fable est un genre qui existait avant Ésope, on connaît notamment une fable d’Hésiode ainsi qu’une fable de Stésichore. Mais si leurs origines ne sont pas toutes avérées, on attribue à Ésope quelques centaines de fables faisant partie de la tradition orale. Ayant pour acteurs des animaux — tantôt communs, tantôt exotiques (crocodile ou chameau) — et des divinités, ou bien traitant de concepts comme le bien et le mal ou l’origine des choses, ces fables brèves à caractères didactique, moraliste, symbolique voire étiologique donnent des leçons aux hommes. Écrites dans une langue simple et accessible, elles auraient été transmises oralement de génération en génération et recueillies par Démétrios de Phalère vers 300 av. J.C.

Les fables d’Ésope font partie de la culture des peuples indo-européens et représentent sans doute le recueil de fables le plus lu de la littérature. Le poète grec Babrias donne une version en vers des récits ésopiques, probablement aux alentours du IIe siècle av. J.-C., dont Phèdre s’est inspiré pour écrire une version en latin (Ier siècle av. J.-C.). Le recueil ésopique est une compilation, établie au XIVe siècle et en grande part constituée de paraphrases en prose des fables de Babrias. Il influence fortement le monde antique : Ésope est ainsi très populaire à l’époque d’Aristophane, vers 450-v. 386 av. J.-C., et ce dernier fait allusion à ses fables à de nombreuses reprises. En fait, ne pas connaître les fables d’Ésope devient rapidement une marque d’ignorance. Ainsi, dans la comédie satirique Les Oiseaux, Aristophane témoigne : « tu es un ignorant fieffé, sans un brin de curiosité. Tu n’as donc pas potassé ton Ésope ? »

Plusieurs siècles plus tard, les fables d’Ésope marquent profondément la littérature occidentale. Elles inspirent en particulier Jean de La Fontaine qui disait qu’Ésope « était l’Oracle de la Grèce » que « lui seul avait plus de sagesse que tout l’Aréopage » ou encore de nombreux auteurs tels Marie de France et ses Ysopets (« petits Ésopes », recueils de fables), mais aussi Jean-Pierre Claris de Florian, Ivan Krylov, ou Doris Lessing. Certains vers de ses fables, réécrits pour beaucoup par La Fontaine, restent gravés dans l’histoire littéraire : ainsi, « Qui chante pendant l’été, danse pendant l’hiver », « Mieux vaut tenir que courir », « posséder sans jouir n’est rien » ou encore « l’union fait la force ».

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Ésope aurait inspiré notamment :

▪ Phèdre (Ier siècles ; source directe des fabulistes du XVIIe) ;
▪ Babrius, de dates incertaines, redécouvert seulement au XIXe ;
▪ Avianus (IVe voire Ve siècles) ;
Marie de France (XIIe – XIIIe siècles) ;
▪ Djalâl ad-Dîn Rûmî (XIIIe siècle) ;
▪ Benserade (XVIIe siècle, contemporain des deux suivants) ;
Jean de La Fontaine (XVIIe) ;
Charles Perrault (contemporain des deux précédents, mais jusqu’au tout début du XVIIIe siècle) ;
▪ Ivan Krylov (1769-1844) ;
▪ Léon Tolstoï (1828-1910).

→ Pour aller plus loin : La fable. – La Fontaine et la fable. – De la récitation des fables.

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