Les mythes du déluge

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Les mythes du déluge

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Présentation

🌊 Les mythes du déluge désignent les légendes issues de différentes cultures relatant l’anéantissement du monde sous l’effet de pluies torrentielles et d’inondations dévastatrices provoquées par la volonté divine.

Le thème du déluge, qui pourrait avoir été inspiré par de véritables catastrophes naturelles, est commun à de nombreuses cultures. Pour la majorité d’entre elles, ce cataclysme représente une punition infligée aux hommes par une divinité suprême. Le déchaînement de la colère de cette dernière entraîne une destruction totale de l’humanité, mettant fin de manière radicale au comportement décadent des hommes ainsi qu’au mauvais fonctionnement du monde. Le fait que l’eau soit l’outil de cette destruction souligne la dimension purificatrice d’un tel acte. Le but indirect du déluge est généralement la construction d’un nouveau monde sur des bases assainies. Ainsi le déluge inaugure une ère de renouvellement, un nouveau départ pour l’humanité entière.

→ À lire également : Les mythes de la création. – Les mythes des enfers. – Les mythes de la fin du monde. – Les mythes du déluge. – Les mythes de la nuit. – Les mythes de la Lune. – Les mythes du Soleil. – Les mythes de la mer. – Les mythes des eaux douces.

Le Déluge par Léon Comerre, vers 1911. Musée d'arts de Nantes.

Le Déluge par Léon Comerre, vers 1911. Musée d’arts de Nantes.

L’Épopée de Gilgamesh

La mythologie mésopotamienne offre au travers de la célèbre Épopée de Gilgamesh l’un des plus anciens récits de déluge. Les dieux ayant décidé de se débarrasser de la race humaine, un homme nommé Outanapishtim est averti de l’imminence du désastre par le dieu Ea. Celui-ci lui donne pour consigne de construire un bateau et d’emmener avec lui sa famille et plusieurs espèces animales. Outanapishtim suit ses indications et assiste abrité dans son embarcation au déchaînement de l’orage et à la montée inexorable des eaux, qui se poursuit durant six journées entières. Le septième jour le calme revient. Perdu au milieu d’une immense étendue d’eau, Outanapishtim libère une colombe puis une hirondelle afin de savoir si les oiseaux trouvent un lieu où se poser. Mais les deux volatiles finissent par regagner le bateau. Outanapishtim lâche ensuite un corbeau qui, lui, ne revient pas. La preuve est alors donnée que les eaux ont commencé à se retirer et Outanapishtim accoste sur le mont Nisir où il reçoit des dieux le cadeau de l’immortalité.

Le poème d’Atrahasis, œuvre babylonienne, fait écho à ce récit. Il attribue le déclenchement du déluge au dieu Enlil et fait d’Atrahasis un personnage équivalent à celui d’Outanapishtim.


Gros plan sur l’Épopée de Gilgamesh
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L’Épopée de Gilgamesh est une œuvre mésopotamienne dont le héros éponyme aurait été, au IIIe millénaire avant notre ère, un souverain de l’antique cité d’Uruk (Erech dans la Bible ; aujourd’hui Warka, dans le sud de l’Irak).

Selon la légende, les dieux, avertis par les lamentations des habitants d’Uruk, que tyrannisait leur roi Gilgamesh, auraient envoyé Enkidou, un être bestial et primitif, pour le défier à la lutte. Après s’être affrontés, les deux protagonistes deviennent des amis inséparables et, avides de renom et de gloire, vont ensemble d’exploit en exploit : ils combattent, contre la volonté des dieux, Humbaba, un redoutable géant ; ils terrassent le taureau céleste que la déesse Ishtar, furieuse d’avoir été repoussée par Gilgamesh, avait envoyé contre eux. Ils sont ivres de gloire et de succès lorsque les dieux, irrités, condamnent Enkidou à mourir. Saisi de désespoir et d’effroi, Gilgamesh, qui a su triompher de tout avec son ami Enkidou, ne peut affronter la perspective de mourir à son tour et demande au survivant du Déluge, le seul être humain que les dieux ont dispensé de la mort, le secret de la vie éternelle. Après maintes hésitations, celui-ci lui révèle l’existence d’une plante marine qui confère la jeunesse éternelle : Gilgamesh s’en empare au bout d’efforts inouïs, lorsqu’un serpent la lui dérobe. De retour, Gilgamesh se résigne à sa condition de mortel.

L’Épopée de Gilgamesh est issue de plusieurs légendes qui ont été rassemblées en un récit unique rédigé en langue akkadienne à l’époque paléobabylonienne (XVIIIe-XVIIe siècle av. J.-C.). Seuls quelques fragments — plus de six cents vers d’une surprenante spontanéité — nous sont parvenus ; de style diffus et laborieux, une version plus tardive, couvrant douze tablettes, a été retrouvée parmi la bibliothèque d’Assurbanipal à Ninive.

Le rayonnement de l’œuvre dépassa largement la Mésopotamie comme en témoignent les versions hittite et hourrite retrouvées en Cappadoce et les fragments trouvés à Jéricho ou à Ougarit.


Un scénario récurrent
Le déchaînement des éléments

Plusieurs aspects caractérisant le déluge conté dans l’Épopée de Gilgamesh se retrouvent dans de nombreux mythes et religions appartenant à des cultures différentes. L’épisode du Déluge tel qu’il est exposé dans le livre biblique de la Genèse possède notamment un nombre important de similitudes avec le récit mésopotamien. Il y est relaté comment Dieu, voyant les hommes faire le mal autour d’eux, regrette de les avoir créés et décide de les détruire. Il ne veut épargner que Noé, à qui il demande de bâtir une arche et d’y réunir sa famille ainsi qu’un couple de chacune des espèces animales. Puis Dieu déclenche le déluge, qui se poursuit durant quarante jours et quarante nuits. Les eaux occupent la terre cent cinquante jours avant de se retirer. Tout comme Outanapishtim, Noé lâche des oiseaux, un corbeau puis une colombe, pour déceler la présence de terre émergée.

Dans la mythologie grecque, Prométhée est averti des intentions de Zeus qui veut mettre fin à l’âge de bronze, et en informe son fils Deucalion. Ce dernier construit une embarcation, dans laquelle il prend place en compagnie de son épouse Pyrrha. Ils subissent le déchaînement des éléments puis, devenus les uniques survivants de l’humanité, accostent aux abords du mont Parnasse. Les récits mythologiques racontent qu’après avoir consulté un oracle, Deucalion et Pyrrha se mettent à jeter derrière eux les pierres qu’ils trouvent sur le sol. Celles jetées par Deucalion se transforment en hommes, celles jetées par Pyrrha en femmes, formant ainsi une nouvelle humanité.

Une embarcation et des rescapés

Le fait qu’un certain nombre de personnages, choisis ou non par les dieux, échappe à la destruction massive, et que ces survivants doivent leur salut à la construction d’une barque ou d’une arche est commun à la quasi-totalité des croyances. C’est le cas encore dans les mythes aztèques, où l’épisode du déluge connaît également le sauvetage d’un couple ayant pris place sur une embarcation. Dans les textes hindouistes, Manu échappe au déluge grâce à l’intervention d’un poisson — incarnant selon certains récits le dieu Vishnou — qui guide son bateau vers une montagne où il peut attendre la décrue.

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Par ailleurs, un grand nombre de croyances reprennent l’idée qu’à l’issue du déluge les personnages rescapés offrent un sacrifice (Outanapishtim, Manu, Deucalion) ou construisent un autel (Noé) pour exprimer leur reconnaissance, leur soumission ou leur dévotion à la divinité suprême.

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