Joseph Kessel

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Auteurs français

Joseph Kessel

1898 – 1974

Même avec un calibre lourd dans les mains, on essaie de se faire plus petit quand un lion vient à vous de cette manière.

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(Joseph Kessel, Le Lion, 1958)

Joseph Kessel, né le 10 février 1898 à Villa Clara (Entre Ríos, Argentine) et mort le 23 juillet 1979 à Avernes (Val-d’Oise, France), est un écrivain et journaliste français, dont l’œuvre, à mi-chemin entre le roman réaliste et le reportage, évoque les grands bouleversements de la société contemporaine et le mythe du héros romantique.

Naissance d’un homme de convictions

Joseph Kessel, en 1971 à Nice • Crédits : Ralph Gatti - AFP.

Née à Clara en Argentine, fils d’un médecin juif d’origine lituanienne, Joseph Kessel passe son enfance dans une colonie agricole en Argentine puis chez ses grands-parents maternels à Orenbourg, au pied de l’Oural, avant s’installer en France à partir de 1909, dans le Lot-et-Garonne. Après des études secondaires à Nice puis à Paris, au lycée Louis-le-Grand, il propose ses services comme infirmier-brancardier en 1914. Il obtient une licence de lettres en 1915, puis est reçu en 1916 au Conservatoire et devient comédien au théâtre de l’Odéon. Il est engagé à l’âge de 17 ans au Journal des Débats, dans le service de politique étrangère.

Dès 1917, Joseph Kessel décide de prendre part aux combats ; il est volontaire dans l’artillerie puis dans l’aviation au sein de l’escadrille S.39. Cette période lui inspire le sujet de son premier grand succès : L’Équipage (1923), hommage à la fraternité qui lie Antoine de Saint-Exupéry et André Malraux. Il participe à des missions de combat et de reconnaissance et se porte volontaire pour une expédition que la France envoie en 1918 en Sibérie. À l’arrivée du bateau, l’armistice est déjà signé et Joseph Kessel se trouve nommé chef de gare à Vladivostok. Il rentre rapidement en France où il demande la nationalité française. Il reprend son travail au Journal des Débats tout en écrivant également à la Liberté et au Figaro, entre autres.

Entre reportage et littérature

Attiré par l’aventure, Joseph Kessel devient grand reporter tout en entrant en littérature. En 1920, il est envoyé par la Liberté enquêter sur les révolutionnaires irlandais. Reconnu par ses pairs et le public, il témoigne de ce qu’il voit en Chine, en Inde, aux États-Unis, en Indochine ou à Ceylan — son reportage en 20 articles sur les esclaves en Éthiopie, « Marchés d’esclaves », permet au Matin, journal qui les publie, d’augmenter ses ventes de 150 000 exemplaires. Il s’inspire de ses voyages et de ses rencontres pour ses premiers livres : Mémoire d’un commissaire du peuple (1925), Les Rois aveugles (1925, grand prix de l’Académie française en 1927). Il couvre pendant près de cinquante ans tous les grands évènements mondiaux. Il participe à la guerre d’Espagne en 1936, soutient activement les débuts du sionisme et reçoit, pour cet engagement, le visa numéro un lui ouvrant les portes de la terre sainte lors de la création de l’État d’Israël — dans Terre de feu (1948), il rend hommage à son judaïsme et à Israël.

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Fasciné par l’aviation et l’Aéropostale, il rencontre Jean Mermoz et Antoine de Saint-Exupéry et traque les derniers négriers de la mer Rouge avec Henri de Monfreid.

Le chant d’un partisan

En tant que reporter, Joseph Kessel rencontre Adolf Hitler, qu’il décrit comme « un homme vulgaire et triste ». Il est correspondant de guerre en 1940, mais en septembre, ses œuvres figurent sur la « liste Otto » des livres interdits.

Le 3 octobre, la loi sur le statut des Juifs lui interdit également de pratiquer son métier de journaliste. Il entre rapidement dans la Résistance, en rejoignant en 1941 les Forces françaises libres, et passe clandestinement en Angleterre en 1942, où il devient capitaine d’escadrille et effectue des missions spéciales en France. En 1943, il écrit le Chant des partisans, chant de ralliement de la Résistance, avec son neveu Maurice Druon.

Un témoin parmi les hommes

Joseph Kessel, Les Cavaliers, Folio, 1982, 590 p.À la libération, Joseph Kessel reprend son activité de grand reporter, voyageant en Palestine, en Afrique, en Inde, au Brésil, en Birmanie, en Afghanistan. C’est ce dernier pays qui lui inspire Les Cavaliers (1967), son chef-d’œuvre romanesque.

La plupart de ses ouvrages révèlent ses expériences personnelles, évoquant : la Russie d’après la Révolution d’Octobre (La Steppe Rouge, 1922 ; Le Journal d’une petite fille sous le bolchevisme, 1926), la vie des Russes réfugiés à Paris (Nuits de prince, 1927), les révoltes irlandaises (Mary de Cork, 1925), la naissance du cinéma américain (Hollywood, ville mirage, 1936), l’évocation de la guerre, de l’aventure et de la fraternité (Vent de sables, 1929 ; Fortune carrée, 1930 ; Mermoz, 1938 ), ses reportages (En Syrie, 1927 ; Dames de Californie, 1928), les luttes de la Résistance (L’Armée des ombres, 1946), le nazisme (La Passante du Sans-Souci, 1936), la prostitution (Belle de jour, prix de l’Académie française, 1928), les truands parisiens (Nuits de Montmartre, 1932 ; Bas-fonds, 1932), la drogue et l’alcool (Le Tour du malheur, 1950 ; Avec les alcooliques anonymes, 1960), la mendicité (Au grand Socco, 1953), l’Afrique (Le Lion, 1958), ou sa propre vie (Des hommes, 1972 ; Vladivostok, les temps sauvages, 1975).

Joseph Kessel est selon le titre d’un ouvrage publié en 1969 rassemblant l’ensemble de son œuvre journalistique un Témoin parmi les hommes (1956).

Consécration et postérité

Consécration ultime pour ce fils d’immigrés juifs, l’Académie française lui ouvre ses portes le 22 novembre 1962. François Mauriac lui rend hommage dans son Bloc-Notes : « Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d’abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l’univers sans avoir perdu son âme. »

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L’œuvre de Joseph Kessel a souvent été mise à l’honneur et récompensée, notamment en 1959 par le prix du Prince Rainier de Monaco. Auteur de près de 80 ouvrages, il est l’un des observateurs les plus lucides et sensible de son siècle et a inspiré notamment de nombreux cinéastes dont Anatole Litvak (L’Équipage, 1935), Luis Buñuel (Belle de jour, 1967), Jean-Pierre Melville (L’Armée des ombres, 1969), Jacques Rouffio (La Passante du Sans-Souci, 1982), etc.

Le Lion (1958)

Joseph Kessel, Le Lion, Belin-Gallimard, Classicocollège, 2010, 288 p.Avoir un lion pour meilleur ami ? C’est le rêve que vit Patricia. Dans le grand parc royal qui, au Kenya, s’étend au pied du Kilimandjaro, Patricia vit en toute familiarité avec les bêtes sauvages peuplant ce vaste territoire. Buffles, zèbres, gazelles ou guépards ont aussi appris à connaître la jeune enfant avec laquelle le lion King se transforme en gros chat débonnaire et caressant. Il est vrai qu’elle l’a recueilli alors qu’il n’était qu’un lionceau aveugle et sans défense. Mais le parc est traversé par les fiers guerriers Masaïs. Et le plus orgueilleux d’entre eux, le jeune et vigoureux Oriounga, n’a qu’un rêve : affronter le grand Lion…

Conté par un narrateur (sans identité), ce dernier est le témoin privilégié de cette insolite relation qui le fascine autant qu’elle l’intrigue, à travers laquelle couve un conflit familial et un drame qu’il devine inéluctable. Le roman de Joseph Kessel, paru chez Gallimard en 1958, a été adapté au cinéma en 1962 par Jack Cardiff, et à la télévision (téléfilm) en 2003 par José Pinheiro.

Personnages principaux

  • le narrateur : un visiteur du parc, témoin du drame qui se noue.
  • Patricia : La fille de l’administrateur du parc et de Sybil.
  • John Bullit : L’administrateur du parc royal.
  • Sybil Bullit : La mère de Patrica et épouse de John.
  • King : Le lion que Patricia a élevé dès le plus jeune âge.
  • Oriounga : Un guerrier Masaï,qui veut tuer King.
  • Kihoro : Un guerrier mutilé qui, à la demande de John Bullit, veille sur la sécurité de Patricia, à son insu, lorsqu’elle erre dans la brousse.
  • Bogo : Le serviteur du narrateur, très dévoué à son maître.
  • Ol’Kalou : Le chef des Masaï.
📽 15 citations choisies de Joseph Kessel
  • Qui exige ou menace, perd tout droit à la courtoisie. (Les Cavaliers, 1967)
  • On n’est jamais assez vieux pour mourir seul. (Les Cavaliers, 1967)
  • Si la chance est avec toi, pourquoi courir ? Et si la chance n’est pas avec toi, pourquoi courir ? (Les Cavaliers, 1967)
  • Le cuir des meilleurs boucliers n’arrête pas les griffes du lion. (Le Lion, 1958)
  • Rideau après rideau, la terre ouvrait son théâtre pour les jeux du jour et du monde. (Le Lion, 1958)
  • Personne au monde n’était aussi riche qu’eux, justement parce qu’ils ne possédaient rien et ne désiraient pas davantage. (Le Lion, 1958)
  • Même avec un calibre lourd dans les mains, on essaie de se faire plus petit quand un lion vient à vous de cette manière. (Le Lion, 1958)
  • Par moments, on se raccroche à n’importe quoi. (Le Lion, 1958)
  • Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. (La Vallée des rubis, 1955)
  • Il n’y a rien qui plaise autant, même au plus bourgeois des peuples, que les spectacles des guerres et des violences. (Nuits de princes, 1927)
  • Je voulais tant dire et j’ai dit si peu. (L’Armée des ombres, 1943)
  • C’est trop commode, pour les salauds, de payer dans l’autre monde. Je veux voir la justice sur cette terre. (L’Armée des ombres, 1943)
  • Que c’est bon d’aimer la vie et de la risquer sans cesse. (Wagon-Lit, 1932)
  • Rien de plus maladroit qu’un monstre jaloux. (La Rose de Java, 1937)
  • Il n’y a pas que l’amour que la raison ne contrôle point. (Les Nuits de Sibérie, 1928)
Bibliographie
Romans
  • La Steppe rouge, Gallimard, 1922.
  • L’Équipage, Gallimard, 1923 (nouvelle édition en 1969).
  • Au camp des vaincus, ou la Critique du 11 mai, Gallimard, 1924 (avec Georges Suarez).
  • Rencontre au restaurant, À l’Enseigne de la Porte Étroite, 1925.
  • Les Rois aveugles, Les Éditions de France, 1925.
  • Mary de Cork, Gallimard, 1925.
  • Mémoires d’un commissaire du peuple, Champion, 1925.
  • Le Triplace, Marcelle Lessage, 1926.
  • Moisson d’octobre, La Cité des livres, 1926.
  • Les Captifs, Gallimard (Grand prix du roman de l’Académie française), 1926.
  • Le Thé du capitaine Sogoub, Au Sans Pareil, 1926.
  • Naki le kourouma, 1926.
  • Terre d’amour, Les Éditions de France, 1927.
  • Nuits de princes, Les Éditions de France, 1927.
  • La Rage au ventre, EOS, 1927.
  • La Coupe fêlée. Un drôle de Noël, éditions Lemarget, 1929.
  • De la rue de Rome au chemin de Paradis, Les Editions du Cadran, 1927.
  • La Femme de maison ou Mariette au désert, Simon Kra, 1928.
  • Littérature rouge, Société de conférences de la Principauté de Monaco, 1927.
  • Dames de Californie, Émile Hazan, 1928.
  • Belle de jour, Gallimard, 1928.
  • Les Nuits de Sibérie, Flammarion, 1928.
  • La Règle de l’homme, Gallimard, 1928.
  • Secrets parisiens, Éditions des Cahiers Libres, 1928.
  • Le Coup de grâce, Les Éditions de France, 1931.
  • De la rue de Rome au chemin de Paradis, Éditions du Cadran, 1931.
  • Fortune carrée, Les Éditions de France, 1932.
  • Bas-fonds, Éditions des Portiques, 1932.
  • Wagon-lit, Gallimard, 1932.
  • Nuits de Montmartre, Les Éditions de France, 1932.
  • Les Nuits cruelles, Les Éditions de France, 1932.
  • Marchés d’esclaves, Les Éditions de France, 1933.
  • Les Cœurs purs, Gallimard, 1934.
  • Les Enfants de la chance, Gallimard, 1934.
  • Stavisky, l’homme que j’ai connu, Gallimard, 1934.
  • Le Repos de l’équipage, Gallimard, 1935.
  • Une balle perdue, Les Éditions de France, 1935.
  • Hollywood, ville mirage, Gallimard, 1936.
  • La Passante du Sans-Souci, Gallimard, 1936.
  • La Rose de Java, Gallimard, 1937.
  • Comment est mort le maréchal Pétain, France Forever, Executive office, 1942.
  • L’Armée des ombres, Charlot, 1943.
  • Les Maudru, Julliard-Séquana, 1945.
  • Le Bataillon du ciel, Julliard, 1947.
  • Le Tour du malheur, Gallimard, 1950.
  • La Rage au ventre, La nouvelle société d’édition, 1950.
  • La Nagaïka. Trois récits, Julliard, 1951.
  • Le Procès des enfants perdus, Julliard, 1951.
  • Au Grand Socco, Gallimard, 1952.
  • Les Amants du Tage, Éditions du Milieu du monde, 1954.
  • La Piste fauve, Gallimard, 1954.
  • La Vallée des rubis, Gallimard, 1955.
  • Témoin parmi les hommes, Del Duca, 1956 et Presses d’aujourd’hui, 1974 (illustrations de Richard de Prémare).
  • La Petite Démente, Gallimard, 1958.
  • Le Lion, Gallimard, 1958.
  • Avec les Alcooliques Anonymes, Gallimard, 1960.
  • Les Mains du miracle, Folio , 1960.
  • Inde, péninsule des dieux, Hachette, 1960.
  • Tous n’étaient pas des anges, Plon, 1963.
  • Pour l’honneur, Plon, 1964.
  • Nuits de princes, Éditions Lidis, 1965 (illustrations de Gabriel Zendel).
  • Les Cavaliers, Gallimard, 1967.
  • Un mur à Jérusalem, Éditions Premières, 1968.
  • Les Fils de l’impossible, Plon, 1970.
  • Des hommes, Gallimard, 1972.
  • Le Petit Âne blanc, Gallimard, 1975.
  • Les Temps sauvages, Gallimard, 1975.
  • Jugements derniers, Christian de Bartillat, 1995.

Autre publications
  • En Syrie, 1927.
  • Nouveaux contes. Le tocsin de pâques – Le typhique – Un tour du diable – Le commissaire de la mort – La loi des montagnes., Éditions des Cahiers.
  • Vent de sable, Gallimard, 1929.
  • Mermoz, Gallimard, 1939, biographie du pilote d’avion Jean Mermoz.
  • Paroles du Chant des partisans, avec son neveu Maurice Druon en 1943.
  • Hong-Kong et Macao, Gallimard, 1957.
  • Avec les Alcooliques Anonymes, Gallimard, 1960.
  • Les Mains du miracle, Gallimard 1960, biographie de Felix Kersten.
  • Il pleut des étoiles… Portraits de Stars de cinéma, Gallimard, 2003.
  • Ami entends-tu… (propos recueillis par Jean-Marie Baron), La Table ronde, 2006.
  • Première Guerre mondiale, recueil de textes inédits annotés par Pascal Génot, préface Olivier Weber, Éditions Amok, 2017.

Articles connexes

Suggestion de livres


Les mains du miracle

Les cavaliers

Le Lion

L’Armée des ombres

Ami, entends-tu…

Mermoz

Avec les Alcooliques Anonymes

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