Mallarmé : L’Après-midi d’un faune (1876)

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L’Après-midi d’un faune (1876)

– Stéphane Mallarmé –

Portrait de Stéphane Mallarmé (1892) par Pierre-Auguste Renoir, Musée National de Château Versailles et de Trianon (France)Stéphane Mallarmé
Stéphane Mallarmé, né le 18 mars 1842 à Paris et mort le 9 septembre 1898 à Valvins, est un poète et écrivain français, chef de file du symbolisme, dont l’œuvre, caractérisée par une écriture hermétique et maniériste, constitue une méditation inachevée sur le langage et sur l’art.
[Lire la suite de sa biographie]

Présentation

L’Après-midi d’un faune est une églogue, en cent dix dodécasyllabes, de Stéphane Mallarmé, publiée une première fois en 1876, dans une édition de luxe illustrée par Manet, puis sous sa forme définitive en 1887 dans La Revue indépendante. Le poème fit l’objet entre 1892 et 1894 d’une mise en musique par Claude Debussy qui composa le Prélude à l’Après-midi d’un faune, sur lequel Vaslav Nijinski créa une chorégraphie en 1912.

L’églogue est un poème pastoral écrit dans un style simple et naïf où, à travers les dialogues des bergers, l’auteur relate les événements généralement heureux de la vie champêtre, chante la nature, les occupations et les amours rustiques.
→ À lire : L’églogue.

Une genèse compliquée

Avant d’être inclus dans les Poésies en 1887, ce poème a connu une gestation agitée, inséparable de celle d’Hérodiade, cette « scène » à laquelle il succède immédiatement et fait donc pendant, dans la composition par Mallarmé du recueil de ses vers.

Comme l’été par rapport à l’hiver, le Faune, « intermède héroïque », est l’alternative au « cher supplice stérilisant » d’Hérodiade, dans les années 1865-1875. Des différentes pièces qui le composent à l’origine (« Monologue d’un faune », « Dialogue des nymphes », « Réveil du faune »), seule demeure, après le refus opposé par Théodore de Banville et Coquelin au comité du Théâtre-Français, la première qui, remaniée en 1875 sous le titre Improvisation d’un faune, ne trouva pas meilleur accueil auprès de François Coppée, Anatole France et à nouveau Banville, au Parnasse contemporain.

L’heure fauve

Un faune, se réveillant, s’interroge sur le souvenir qu’il conserve de deux nymphes. Il se demande si elles n’ont été qu’un rêve, émanation des roses, ou une projection de ses sens. Par compensation de son désir frustré, le Faune chante cette aventure pleine d’ombre et de faute, commente, à la fois exalté et apaisé, les visions fragmentaires qui lui restent des deux corps évanouis.

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« Une fête s’exalte en la feuillée éteinte »

À Hérodiade, la vierge inhumaine, incompréhensible à sa Nourrice, qui préfère aux pauvres destinées coutumières de la beauté la solitude de sa « splendeur fatale » dans l’attente d’« une chose inconnue », le Faune oppose l’amour vibrant des « dormeuses », l’ivresse de leurs chairs humides, la souplesse de la « blancheur animale » et l’éveil de leurs émois. Chant érotique, sans pudeur ni innocence, voué à la passion « pourpre » éclatant telle une grenade, et hymne solaire dont se souviendra Paul Valéry, après que le célèbre Prélude de 1894 de Claude Debussy lui aura donné sa somptueuse traduction musicale.

L’art comme réminiscence

Il n’y a poésie qu’à partir du moment où la logique programmée de la réalité n’a pas lieu : Hérodiade et le Faune, de ce point de vue, partagent le même statut de figures qui font paraboles de l’acte poétique, même si l’une représente le défi farouche du refus opposé au réel, et l’autre l’ivresse alourdie de sa dérobade. Face à Hérodiade, dont le combat laisse Mallarmé déchiré et près de se rendre à la tentation de la vie à force d’être creusé et affamé par l’effort poétique, le Faune figure en revanche la possibilité épanouie de jouir d’une « fête », en dépit de la fuite des corps désirés. On peut donc lire allégoriquement le trajet du Faune, de la faute au triomphe : si la poésie est coupable de défaire, en voulant la saisir, l’unité charnelle du monde (comme il commet le crime de diviser les corps enlacés des deux nymphes, la timide et la brûlante), et si elle doit renoncer à sa présence radieuse (comme lui aux splendeurs convoitées), elle compense cette perte dans la célébration ivre de ses traces mémorables (comme lui dans le conte musical qu’il demande à sa flûte).

On comprend pourquoi cette poésie rêve du théâtre, ce lieu par excellence, selon Mallarmé, des apparitions fictives et des commémorations éphémères, dont le satyre fait et chante ici la découverte.

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