Milan Kundera

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Milan Kundera

1929 – 2023

Milan Kundera, né le 1er avril 1929 à Brno en Tchécoslovaquie et mort le 11 juillet 2023 à Paris, est un romancier et dissident tchèque, qui décrit avec ironie la vie dans le monde communiste et qui devient célèbre grâce à son roman l’Insoutenable légèreté de l’être. Il est né le 1er avril 1929 à Brno (Moravie). Il est un écrivain français originaire de Tchécoslovaquie. Ayant émigré en France en 1975, il a obtenu la nationalité française le 1er juillet 1981. Il a écrit ses premiers livres en tchèque, mais utilise désormais exclusivement le français.

Notice biographique

Photo de Milan KunderaMilan Kundera est né à Brno, dans une famille de mélomanes. Étudiant à l’université Charles de Prague, il ne tarde pas à s’opposer au régime communiste mis en place en 1948. Par la suite, il devient professeur et enseigne l’histoire du cinéma à l’Académie de musique et d’art dramatique (1959-1969), puis à l’Institut des hautes études cinématographiques à Prague. Il travaille également comme ouvrier et musicien de jazz. Il se met à écrire à la fin des années 1950 et, dès ses premiers textes, dirige ses attaques ironiques contre le gouvernement. Après l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’armée soviétique, en 1968, il perd son emploi et voit ses ouvrages interdits en raison de ses prises de position politiques. En 1975, il est enfin autorisé à émigrer vers la France. Dès lors et jusqu’en 1980, il enseigne la littérature comparée à l’université de Rennes, puis à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Il obtient la nationalité française en 1981.

Dans ses premiers récits, comme le recueil intitulé Risibles amours (1968), qui regroupe des nouvelles écrites entre 1958 et 1968, et le roman la Plaisanterie (1967), Kundera attaque le régime communiste avec une série de portraits ironiques, abordant sous un jour comique des thèmes réputés sérieux, et plaçant l’amour au centre de ce jeu de massacre souriant. Ses ouvrages plus récents, écrits après l’invasion de son pays par l’armée soviétique (1968), ne peuvent être publiés en Tchécoslovaquie ; ils le sont donc directement à Paris, dans leur traduction française. On retrouve dans tous ces récits le même cadre historique et politique, utilisé comme le révélateur des peurs et des espoirs des personnages, et la même structure éclatée. Parmi ces ouvrages, citons le Livre du rire et de l’oubli (1978), composé de variations sur la réminiscence d’un événement unique, et ses deux romans les plus importants, l’Insoutenable Légèreté de l’être (1984) et l’Immortalité (1990). Si l’Immortalité se présente comme une méditation sur le statut de l’écrit dans le monde moderne où domine l’image, l’Insoutenable Légèreté de l’être relate avec poésie une histoire d’amour sur fond de prolifération bureaucratique et de répression policière. Cet ouvrage, qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique, figure avec les autres romans de Kundera parmi les textes clés de la dissidence d’Europe de l’Est. Kundera, qui est peut-être le plus célèbre écrivain tchèque de sa génération, s’est attaché à faire reconnaître l’importance des auteurs d’Europe de l’Est dans un essai intitulé l’Art du roman (1986).

En mars 2011, son Œuvre (au singulier), en deux volumes, entre au catalogue de la Bibliothèque de la Pléiade. Il rejoint ainsi la liste des très rares auteurs à être publiés de leur vivant dans la prestigieuse collection des éditions Gallimard. Kundera n’a autorisé cette publication de ses œuvres complètes qu’à la condition qu’elle ne comporte aucune note, préface, commentaire, ni appareil critique.

Depuis 1985 Kundera n’accorde plus d’entretiens, mais accepte de répondre par écrit. Toute information à propos de sa vie privée est scrupuleusement contrôlée par lui. Sa biographie officielle dans les éditions françaises se résume à deux phrases : « Milan Kundera est né en Tchécoslovaquie. En 1975, il s’installe en France. »

Prix et récompenses

Milan Kundera a reçu plusieurs prix : le prix Médicis étranger en 1973 pour La vie est ailleurs ; le prix Jérusalem en 1985 ; le prix Aujourd’hui en 1993 pour Les Testaments trahis ; le prix Herder en 2000 ; le grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre en 2001 ; le prix mondial Cino Del Duca en 2009 ; le prix de la BnF en 2012.

Son nom a été plusieurs fois cité sur les listes du prix Nobel de littérature. Son œuvre est traduite dans une trentaine de langues.

L’Insoutenable légèreté de l’être
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L’Insoutenable légèreté de l’être est est le cinquième roman de Milan Kundera, écrit en 1982 et publié pour la première fois en 1984, en France. L’intrigue, qui se situe à Prague en 1968, s’articule autour de la vie des artistes et des intellectuels, dans le contexte de la Tchécoslovaquie du Printemps de Prague, puis de l’invasion du pays par l’URSS.

Tomas et Teresa sont les deux pôles du roman. Faut-il choisir de porter le poids du passé sur ses épaules, comme Teresa qui ne peut se passer de la Tchécoslovaquie, qu’elle a pourtant fuie après le Printemps de Prague, de même qu’elle ne peut vivre sans Tomas, ce mari qu’elle chérit d’un amour jaloux et, par-là, à jamais insatisfait ? Ou bien faut-il préférer à cette pesanteur la légèreté de l’être qui caractérise Tomas et Sabina, la maîtresse amie qui seule peut comprendre le médecin séducteur explorant les femmes comme s’il disséquait des objets d’étude au scalpel ? Ne sachant quelle orientation est la plus supportable, le roman offre tour à tour le regard des différents personnages. Même le chien Karénine a droit au chapitre. Mais ce ballet incertain teinté d’irréalité apparaît vite comme une interrogation dialectique qui oscille entre réflexion et délire poétique pour aboutir à la conclusion que la pesanteur et la légèreté, pareillement insoutenables, ne procèdent jamais d’une décision véritable.

L’Ignorance

L’Ignorance est écrit en français en 2000 et paru en France en 2003. Traduit en plusieurs langues, L’Ignorance a déjà connu un succès hors de l’Hexagone. Renouant avec le roman à multiples facettes, à multiples entrées, il s’appuie sur le déracinement et l’exil, imprégné des fragrances subtiles de la Bohême. Entre mélancolie et vin doux. Avec des personnages qui vont, viennent, s’efforcent d’accoster quelque part… Irena, veuve et mère à la fois, réfugiée à Paris à la fin des années soixante, et de retour à Prague vingt ans après ; son ami Gustaf, entrepreneur suédois ; Milada, vieille complice d’enfance ; Josef, également de retour en Bohême, dans une Tchéquie post-révolutionnaire et post-communiste. Des émigrés sans patrie, arrimés à leur passé qui s’est malgré tout échappé, des individus ordinaires chargés du poids lourd de leur existence, mutilés et blessés dans leur chair. Les destins se croisent, se manquent, se cognent.

Construit en 53 petits tableaux, L’Ignorance est ponctué de discours philosophiques et de remarques géopolitiques articulés autour du Printemps de Prague, en 1968, et de la Révolution de velours, en 1989, de commentaires sur le voyage homérique et le retour d’Ulysse à Ithaque. Car voilà un récit polyphonique qui pourrait se calquer sur l’Odyssée. Sans grande pompe au débarcadère mais plutôt avec une désillusion dans cette quête improbable de l’identité, ici ou ailleurs, passée ou présente, où l’on se cherche, désespérément ignorant.

La vie est ailleurs

La vie est ailleurs est un roman publié en langue tchèque en 1969 et traduit en français en 1973. Le roman a pour cadre la Tchécoslovaquie avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale et raconte la vie de Jaromil, un personnage qui a dédié sa vie à la poésie.

L’auteur avait tout d’abord pensé intituler ce roman L’Âge lyrique. L’âge lyrique, selon Kundera, c’est la jeunesse, et ce roman est avant tout une épopée de l’adolescence ; épopée ironique qui corrode tendrement les valeurs tabous : l’Enfance, la Maternité, la Révolution et même – la Poésie. En effet, Jaromil est poète. C’est sa mère qui l’a fait poète et qui l’accompagne (immatériellement) jusqu’à ses lits d’amour et (matériellement) jusqu’à son lit de mort. Personnage ridicule et touchant, horrible et d’une innocence totale (« l’innocence avec son sourire sanglant » !), Jaromil est en même temps un vrai poète. Il n’est pas salaud, il est Rimbaud. Rimbaud pris au piège de la révolution communiste, pris au piège d’une farce noire.

L’Art du roman

L’Art du roman, paru en 1986, est un essai de Milan Kundera sur sa conception de l’écriture qu’il a tiré de sa propre expérience.

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« Dois-je souligner que je n’ai pas la moindre ambition théorique et que ce livre n’est que la confession d’un praticien ? L’œuvre de chaque romancier contient une vision implicite de l’histoire du roman, une idée de ce qu’est le roman ; c’est cette idée du roman, inhérente à mes romans, que j’ai essayé de faire parler. » Dans sept textes relativement indépendants mais liés en un seul essai, Kundera expose sa conception personnelle du roman européen (« art né du rire de Dieu »). L’histoire de celui-ci est-elle en train de s’achever ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, à l’époque des « paradoxes terminaux », le roman « ne peut plus vivre en paix avec l’esprit de notre temps : s’il veut encore « progresser » en tant que roman, il ne peut le faire que contre le progrès du monde ». Un des textes est consacré à Broch, un autre à Kafka, et de la première à la dernière ligne la réflexion de Kundera est une constante référence aux auteurs qui sont les piliers de son « histoire personnelle du roman » : Rabelais, Cervantès, Sterne, Diderot, Flaubert, Tolstoï, Musil, Gombrowicz… Dans deux dialogues, l’auteur parle de son propre art (art dans le sens presque artisanal du mot) : des façons de créer un « ego expérimental » (personnage), de la polyphonie, de la composition…

Il termine par un dictionnaire-rappel des mots-clés qui parcourent ses romans et par le discours prononcé au printemps 1985 quand il a reçu le prix Jérusalem.

La Fête de l’insignifiance

La Fête de l’insignifiance est le dixième roman de Milan Kundera, le quatrième directement écrit en français, d’abord publié en italien en 2013 et paru le 3 avril 2014 aux éditions Gallimard. Jeter une lumière sur les problèmes les plus sérieux et en même temps ne pas prononcer une seule phrase sérieuse, être fasciné par la réalité du monde contemporain et en même temps éviter tout réalisme, voilà La fête de l’insignifiance.

Celui qui connaît les livres précédents de Kundera sait que l’envie d’incorporer dans un roman une part de « non-sérieux » n’est nullement inattendue chez lui. Dans L’Immortalité, Goethe et Hemingway se promènent ensemble pendant plusieurs chapitres, bavardent et s’amusent. Et dans La Lenteur, Véra, la femme de l’auteur, dit à son mari : « Tu m’as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux… je te préviens : fais attention : tes ennemis t’attendent. » Or, au lieu de faire attention, Kundera réalise enfin pleinement son vieux rêve esthétique dans ce roman qu’on peut ainsi voir comme un résumé surprenant de toute son œuvre. Drôle de résumé. Drôle d’épilogue. Drôle de rire inspiré par notre époque qui est comique parce qu’elle a perdu tout sens de l’humour. Que peut-on encore dire ? Rien. Lisez !

Bibliographie sélective
  • La Plaisanterie (roman, Gallimard, 1967)
  • Risibles amours (nouvelles, Gallimard, 1968)
  • La Vie est ailleurs (roman, Gallimard, 1973)
  • La Valse aux adieux (roman, Gallimard, 1976)
  • Le Livre du rire et de l’oubli (roman, Gallimard, 1979)
  • Jacques et son maître, hommage à Diderot en trois actes (théâtre, Gallimard, 1981)
  • L’Insoutenable Légèreté de l’être (roman, Gallimard, 1984)
  • L’Art du roman (essai, Gallimard, 1986)
  • L’Immortalité (roman, Gallimard, 1990)
  • Les Testaments trahis (essai, Gallimard, 1995)
  • La Lenteur (roman, Gallimard, 1995)
  • L’Identité (roman, Gallimard, 1998)
  • L’Ignorance (roman, Gallimard, 2003)
  • Le Rideau (essai, Gallimard, 2005)
  • Une Rencontre (essai, Gallimard, 2009)
  • Œuvre (Gallimard, 2011)
  • La Fête de l’insignifiance (roman, Gallimard, 2013)
📽 15 citations choisies de Milan Kundera
  • Les enfants sont sans passé et c’est tout le mystère de l’innocence magique de leur sourire. (Le Livre du rire et de l’oubli)
  • Le sexe n’est pas l’amour, ce n’est qu’un territoire que l’amour s’approprie. (Le Livre du rire et de l’oubli)
  • La vitesse est la forme d’extase dont la révolution technique a fait cadeau à l’homme. (La Lenteur)
  • Le plus grand malheur de l’homme, c’est un mariage heureux. Aucun espoir de divorce. (Risibles amours)
  • Solitude : douce absence de regards. (L’Immortalité)
  • L’amour physique est impensable sans violence. (L’Insoutenable légèreté de l’être)
  • Musique : une pompe à gonfler l’âme. (L’Immortalité)
  • Si tout homme avait la possibilité d’assassiner clandestinement et à distance, l’humanité disparaîtrait en quelques minutes. (La Valse aux adieux)
  • Aujourd’hui on peut faire de la musique avec des ordinateurs, mais l’ordinateur a toujours existé dans la tête des compositeurs. (L’Art du roman)
  • Les grands romans sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs. (L’Art du roman)
  • Qui cherche l’infini n’a qu’à fermer les yeux. (L’Insoutenable légèreté de l’être)
  • Mais qu’est-ce que « être sérieux » ? Est sérieux celui qui croit à ce qu’il fait croire aux autres. (Jacques et son maître)
  • Enfant : existence sans biographie. (L’Identité)
  • Le souci de sa propre image, voilà l’incorrigible immaturité de l’homme. (L’Immortalité)
  • “Je pense, donc je suis” est un propos d’intellectuel qui sous-estime les maux de dents. (L’Immortalité)
  • L’homme compense le poids du mal dont on lui a écrasé l’échine par la masse de sa haine. (La Plaisanterie)
  • Toute femme mesure le degré de son vieillissement à l’intérêt ou au désintérêt que les hommes manifestent pour son corps. (L’Identité)
  • La bêtise des gens consiste à avoir une réponse à tout. La sagesse d’un roman consiste à avoir une question à tout. (Entretien avec Antoine de Gaudemar – Février 1984)
  • On ne veut être maître de l’avenir que pour pouvoir changer le passé. (Le Livre du rire et de l’oubli)

Autres citations de Milan Kundera.

 

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Suggestion de livres

L'ImmortalitéŒuvre (Tome 1)
La plaisanterieMilan Kundera - Œuvre I, II

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