Robert Louis Stevenson

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Robert Louis Stevenson

1850 – 1894

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Présentation

Robert Louis Stevenson, né le 13 novembre 1850 à Édimbourg et mort le 3 décembre 1894 à Vailima (Samoa), est un écrivain écossais, auteur polygraphe dont la notoriété repose sur deux romans très populaires, l’un d’aventures (L’Île au trésor, 1883), l’autre fantastique (L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde, 1886). Stevenson est considéré comme un auteur de romans d’aventures ou de récits fantastiques pour adolescents, mais son œuvre a plus généralement été saluée avec enthousiasme par les plus grands de ses contemporains et de ses successeurs pour sa profonde intelligence de la narration, de ses moyens et de ses effets.

L’écrivain-voyageur

Robert Louis Stevenson en 1893. Photo prise par Henry Walter Barnett.Né à Édimbourg (Écosse), Robert Louis Balfour Stevenson est le fils unique d’un ingénieur. Comme l’exige la tradition familiale, il entreprend d’abord une formation d’ingénieur dans sa ville natale, études qu’il abandonne au profit du droit, tout comme la morale puritaine de son milieu dont il ne tarde pas à se détourner. Après s’être inscrit au barreau en 1875, il délaisse le droit pour la littérature, domaine qui le passionne depuis le temps de sa jeunesse nourrie de lectures, et où il va s’illustrer dans les genres les plus divers : essai, poésie, récit de voyage, roman d’aventures.

C’est parce qu’il est atteint de tuberculose que Stevenson entreprend plusieurs voyages à l’étranger, en particulier en France, à la recherche de climats plus favorables à sa santé. En 1876, au cours d’un de ses périples, il s’éprend (au grand scandale de sa famille) de Fanny Osbourne, peintre américaine séparée de son mari. En 1879, il la rejoint aux États-Unis, en Californie (L’Émigrant amateur [The Amateur Emigrant], 1880) et l’y épouse en 1880 après qu’elle a divorcé. Le couple vit un temps à Davos, en Suisse, avant de s’embarquer en 1889 pour une croisière dans le Pacifique sud. Ce voyage les mène jusqu’aux îles Samoa, où ils s’installent définitivement. Stevenson y est enterré au sommet d’une montagne, près de sa maison de Vailima, sur l’île d’Upolu.

Récits de voyage

Outre une riche correspondance commencée de bonne heure, les premiers ouvrages de Stevenson sont les récits de ses propres voyages : dans Un voyage dans les terres (An Inland Voyage, 1878), il décrit sa découverte des canaux de Belgique et de France en 1876, dans Voyage avec un âne dans les Cévennes (Travels with a Donkey in the Cévennes, 1879), son exploration à pied des montagnes cévenoles. Il peint sans discontinuer les paysages et les hommes dont il fait la rencontre, même à l’autre bout du monde (Ceux de Falesa [The Beach of Falesa], 1892). Mais ce sont ses essais et textes critiques — Virginibus puerisque (1881), Mémoires et Portraits (Memories and Portraits, 1887) — qui attirent l’attention sur son talent et révèlent la haute tenue de son style.

→ À lire : Le récit de voyage. – Écrire un récit initiatique.

Morale et aventure
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La popularité de Stevenson repose cependant avant tout sur ses romans d’aventures maritimes et ses contes fantastiques. L’Île au trésor (Treasure Island, 1883), quête d’un trésor enfoui, dépeint le conflit entre le bien (représenté par le jeune Jim Hawkins), et le mal (personnifié par le pirate Pew et l’unijambiste John Silver). Dans le célèbre récit fantastique L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde (The Strange Case of Doctor Jekyll and Mister Hyde, 1886), ce sont encore le bien et le mal qui s’affrontent, mais cette fois au sein d’une seule et unique personne. Le roman Enlevé (Kidnapped, 1886) narre les aventures du jeune David Balfour auprès d’Alan Breck, bandit des Highlands écossais. Stevenson a écrit encore bien d’autres romans d’aventures, d’inspiration souvent autobiographique, parmi lesquels Les Squatters de Silverado (The Silverado Squatters, 1883), La Flèche noire (The Black Arrow, 1888), Le Maître de Ballantrae (The Master of Ballantrae, 1889), À travers les grandes plaines (Across the Plains, 1892), Dans les mers du Sud (In the South Seas, 1896) et Hermiston, le juge-pendeur (The Weir of Hermiston, 1896, inachevé).

→ À lire : Inventer un récit fantastique.

Romancier et poète

Stevenson a aussi publié des poèmes pour enfants, comme Au jardin des poèmes d’enfance (A Child’s Garden of Verses, 1885), Sous-bois (Underwoods, 1887) et Ballades (Ballads, 1890), qui révèlent une sensibilité au monde de l’enfance d’une exceptionnelle fraîcheur. Ses nombreuses nouvelles ont été réunies dans Les Nouvelles Mille et Une Nuits (The New Arabian Nights, 1882) et dans Veillée d’Océanie (Island Nights’ Entertainments, 1893). Il a collaboré avec son beau-fils, l’écrivain américain Lloyd Osbourne, à l’écriture de plusieurs romans dont Un mort encombrant (The Wrong Box, 1889) et Les Trafiquants d’épaves (The Wrecker, 1892).

Extrait : L’Île au trésor, chapitre 10

Embarqué sur l’Hispaniola, dont la traversée jusqu’alors sans encombre est sur le point d’atteindre son but — l’Île au trésor —, le jeune Jim Hawkins, réfugié — par gourmandise — dans un tonneau de pommes, surprend une conversation secrète entre des membres de l’équipage, parmi lesquels John Silver. Il ne tarde pas à s’apercevoir que celui qui s’est fait engager comme cuisinier de bord, ainsi que ses compagnons, sont en réalité de dangereux pirates fomentant un complot. Moment charnière du récit, cet épisode prélude à une série d’aventures « sanglantes ».

En mer

Nous avions quitté les vents alizés pour prendre le vent de l’île (je ne suis pas autorisé à être plus précis) et nous cinglions gentiment vers notre destination en montant une vigie attentive de tous les instants. D’après les calculs du capitaine nous vivions les dernières heures de notre voyage aller ; dans le courant de la nuit, ou au plus tard avant midi le lendemain, nous devions nous trouver en vue de l’Île au trésor. Nous avions mis le cap à S.S.W. ; une bonne brise soufflait par le travers et la mer était calme. L’Hispaniola roulait régulièrement ; son beaupré plongeait de temps à autre et faisait jaillir des bouffées d’embruns. Du haut en bas du navire, tout le monde s’activait, et la bonne humeur était générale puisque nous touchions au terme de la première partie de nos aventures.

Juste après le coucher du soleil, une fois mon travail fini, je me dirigeais vers ma couchette quand la soudaine envie d’une pomme me prit. Je courus sur le pont. Les hommes de quart se trouvaient à l’avant, guettant la terre. Le pilote surveillait le lof de la voile en sifflotant. Il n’y avait pas d’autre bruit que le choc des vagues contre l’étrave et les flancs de la goélette.

Je sautai dans le tonneau car il ne restait presque plus de pommes, et pour mieux satisfaire ma gourmandise je m’assis au fond ; il faisait noir ; la musique des vagues et le roulis du bateau m’incitaient au sommeil. Je crois que je me serais endormi (du moins j’étais réellement sur le point de fermer les yeux) si un homme ne s’était lourdement assis à côté du tonneau contre lequel il s’adossa. J’allais me relever et sortir de ma cachette quand l’homme se mit à parler. Je reconnus la voix de Silver ; le cuisinier n’avait pas prononcé une douzaine de mots que pour tout l’or du monde je n’aurais pas révélé ma présence : je restai dans mon tonneau, tout tremblant, pour écouter ; ma curiosité n’était pas moins intense que ma peur, car de la douzaine de mots que je venais d’entendre, j’avais déduit que la vie de tous les honnêtes gens à bord ne dépendait plus que de moi, de moi seul.

(Robert Louis Stevenson, L’Île au trésor, chap. 10, « En mer », trad. par Roland Garrane, Éditions Robert Laffont, « Bouquins », 1984)

[📽 Vidéo] 20 citations choisies de Stevenson
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  • On peut tuer le corps, monsieur Hands, mais pas l’âme, vous devez le savoir. (L’Île au trésor)
  • Être ce que nous sommes et devenir ce que nous sommes capables de devenir, tel est le seul but de la vie. (Études Familières sur les hommes et les livres)
  • La politique est peut-être la seule profession pour laquelle nulle préparation n’est jugée nécessaire. (Études Familières sur les hommes et les livres)
  • Un silence peut être parfois le plus cruel des mensonges. (Virginibus Puerisque)
  • Mieux vaut être sot que mort. (Virginibus Puerisque)
  • On exprime souvent les mensonges les plus cruels par le silence. (Virginibus Puerisque)
  • En vérité, je ne voyage pas, moi, pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher : simple plaisir de voyager. (Voyage avec un âne dans les Cévennes)
  • Quand le présent est si absorbant, qui pourrait se tourmenter de l’avenir ? (Voyage avec un âne dans les Cévennes)
  • Les étoiles sont la plus grande source de poésie. (Voyage avec un âne dans les Cévennes)
  • Le vin, de la poésie en bouteilles. (Les Squatters de Silverado)
  • Sous le vaste ciel étoilé
    Creuse la tombe et laisse moi en paix ;
    Heureux ai-je vécu et heureux je suis mort
    Et me suis couché ici de mon plein gré. (Poème Requiem)
  • Un homme ivre, excellente affaire ; deux hommes ivres, tout est perdu. (Le Mort vivant)
  • Un homme modeste se reconnaît notamment au fait qu’il accepte les amis que lui envoient les circonstances. (L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde)
  • Réprimer la curiosité est une chose. Mais la vaincre en est une autre. (L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde)
  • Le plus pénible, quand on vieillit, c’est de se sentir encore jeune.
  • Ne juge pas chaque jour à la récolte que tu fais mais aux graines que tu sèmes.
  • Garde ta peur pour toi-même et partage ton courage avec les autres.
  • Dans la vie, il ne s’agit pas nécessairement d’avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes.
  • Nous sommes tous des voyageurs dans le désert de ce monde, et le meilleur que nous pouvons trouver dans nos voyages, c’est un ami sincère.
  • Ceux qui apprennent beaucoup ne font qu’effleurer la surface de la connaissance; ils saisissent les lois, ils conçoivent la grandeur du plan… l’horreur de la réalité s’efface de leur mémoire.
Bibliographie sélective
  • L’Île au trésor (1883)
  • L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde (1886)
  • Le Maître de Ballantrae (1889)
  • Enlevé ! (1886)
  • Voyage avec un âne dans les Cévennes (1879)
  • Le Voleur de cadavres (1884)
  • La Flèche noire (1883)
  • Olalla (1885)
  • Les Nouvelles Mille et Une Nuits, vol. 1 (1882)
  • Les Nouvelles Mille et Une Nuits, vol. 2 (1882)
  • Les Nouvelles Mille et Une Nuits, vol. 3 (1885)
  • Essais sur l’art de la fiction (1988)
  • Catriona (1893)
  • Les Gais Lurons (1882)
  • Les Aventures de David Balfour (1886)
  • Fables (1895)
  • Emblèmes moraux (recueil de poèmes, 1882)
  • Les Mésaventures de John Nicholson (1887)

Article connexes

Suggestion de livres


L’île au trésor

Voyage avec un âne dans les Cévennes

Les chemins de la liberté

L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde
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