Stevenson : L’Île au trésor (1883)

L’univers des livres ► vous êtes ici

L’univers des livres

L’Île au trésor (1883)

– Robert Louis Stevenson –

👤 Robert Louis Stevenson
Robert Louis Stevenson, né le 13 novembre 1850 à Édimbourg et mort le 3 décembre 1894 à Vailima (Samoa), est un écrivain écossais, auteur polygraphe dont la notoriété repose sur deux romans très populaires, l’un d’aventures (L’Île au trésor, 1883), l’autre fantastique (L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde, 1886). [Lire la suite de sa biographie]

Robert Louis Stevenson en 1893. Photo prise par Henry Walter Barnett.Présentation

L’Île au trésor est un roman d’aventures de Robert Louis Stevenson, publié en 1883, sous le titre de Treasure Island. Le succès considérable d’un livre qui, a priori, n’était pas destiné aux enfants, lui a causé beaucoup de tort, et ses lecteurs adultes se font sans doute plus rares aujourd’hui. Pourtant, à l’image de Robinson Crusoé ou de Moby Dick, L’Île au trésor constitue bel et bien un pilier essentiel de notre littérature. Ce récit investit un mythe, lui donne chair et couleurs, et l’inscrit dans notre imaginaire de façon irréversible. Délaissant les clichés, Stevenson crée une atmosphère de cauchemar, fait revivre des pirates sanguinaires, plus vrais que nature, qui s’entre-déchirent sur une île pestilentielle brûlée par le soleil, battue par le ressac.

Le roman d’un enfant

En 1881, Stevenson dessine pour son beau-fils, Lloyd Osbourne, la carte d’une île, à partir de laquelle il élabore l’histoire de son roman, L’Île au trésor, en la soumettant à son père et à Lloyd. L’ouvrage paraît d’abord à Londres en 1881 dans un magazine pour la jeunesse, Young Folks, puis en volumes en 1883.

À la recherche du trésor du capitaine Flint

L’intrigue se déroule au XVIIIe siècle. Un vieux marin, Billy Bones, client régulier de la taverne isolée de « l’Amiral Benbow », tenue par les parents de Jim Hawkins, héros et narrateur principal du roman, reçoit un jour d’un aveugle l’« emblème noir », condamnation à mort chez les pirates. Le même jour, Billy meurt de ses excès de boisson. Jim et sa mère découvrent dans sa malle la carte de l’île du trésor du capitaine Flint. Jim révèle sa découverte au chevalier Trelawney et au docteur Livesey, qui décident aussitôt d’affréter un navire, l’Hispaniola, pour atteindre l’île. Ils recrutent sans le savoir, parmi les membres de leur équipage, d’anciens compagnons de Flint, dont le chef est le pirate unijambiste John Silver. Des conflits éclatent entre les pirates et les compagnons de Jim et dégénèrent sur l’île en une véritable lutte armée. Jim s’empare finalement du trésor, John Silver disparaît, et l’Hispaniola prend le chemin du retour.

Extrait : L’Île au trésor, chapitre 10

Embarqué sur l’Hispaniola, dont la traversée jusqu’alors sans encombre est sur le point d’atteindre son but — l’Île au trésor —, le jeune Jim Hawkins, réfugié — par gourmandise — dans un tonneau de pommes, surprend une conversation secrète entre des membres de l’équipage, parmi lesquels John Silver. Il ne tarde pas à s’apercevoir que celui qui s’est fait engager comme cuisinier de bord, ainsi que ses compagnons, sont en réalité de dangereux pirates fomentant un complot. Moment charnière du récit, cet épisode prélude à une série d’aventures « sanglantes ».

Annonce

En mer

Nous avions quitté les vents alizés pour prendre le vent de l’île (je ne suis pas autorisé à être plus précis) et nous cinglions gentiment vers notre destination en montant une vigie attentive de tous les instants. D’après les calculs du capitaine nous vivions les dernières heures de notre voyage aller ; dans le courant de la nuit, ou au plus tard avant midi le lendemain, nous devions nous trouver en vue de l’Île au trésor. Nous avions mis le cap à S.S.W. ; une bonne brise soufflait par le travers et la mer était calme. L’Hispaniola roulait régulièrement ; son beaupré plongeait de temps à autre et faisait jaillir des bouffées d’embruns. Du haut en bas du navire, tout le monde s’activait, et la bonne humeur était générale puisque nous touchions au terme de la première partie de nos aventures.

Juste après le coucher du soleil, une fois mon travail fini, je me dirigeais vers ma couchette quand la soudaine envie d’une pomme me prit. Je courus sur le pont. Les hommes de quart se trouvaient à l’avant, guettant la terre. Le pilote surveillait le lof de la voile en sifflotant. Il n’y avait pas d’autre bruit que le choc des vagues contre l’étrave et les flancs de la goélette.

Je sautai dans le tonneau car il ne restait presque plus de pommes, et pour mieux satisfaire ma gourmandise je m’assis au fond ; il faisait noir ; la musique des vagues et le roulis du bateau m’incitaient au sommeil. Je crois que je me serais endormi (du moins j’étais réellement sur le point de fermer les yeux) si un homme ne s’était lourdement assis à côté du tonneau contre lequel il s’adossa. J’allais me relever et sortir de ma cachette quand l’homme se mit à parler. Je reconnus la voix de Silver ; le cuisinier n’avait pas prononcé une douzaine de mots que pour tout l’or du monde je n’aurais pas révélé ma présence : je restai dans mon tonneau, tout tremblant, pour écouter ; ma curiosité n’était pas moins intense que ma peur, car de la douzaine de mots que je venais d’entendre, j’avais déduit que la vie de tous les honnêtes gens à bord ne dépendait plus que de moi, de moi seul.

(Robert Louis Stevenson, L’Île au trésor, chap. 10, « En mer », trad. par Roland Garrane, Éditions Robert Laffont, « Bouquins », 1984)

[📽 Vidéo] 20 citations choisies de Stevenson

Article connexes

Suggestion de livres


L’île au trésor

Voyage avec un âne dans les Cévennes

Les chemins de la liberté

L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde
Annonce

À lire également...

EspaceFrancais.com

You cannot copy content of this page