Les procédés de réécriture

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Les procédés de réécriture

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On peut distinguer quatre grandes opérations de réécriture :

La suppression

La suppression peut prendre toutes sortes de formes : le caviardage (à l’origine, caviarder consiste à enduire de noir, couleur du caviar, un passage d’un journal, sur ordre de la censure). Les brouillons de poètes montrent qu’ils procèdent souvent par élimination. Ce procédé est en même temps une manière d’aller à l’essentiel, d’éviter les répétitions et le bavardage, mais aussi de privilégier le rythme.

Le résumé ou la réduction : on ne se contente pas, dans ce cas, de supprimer des termes, mais on procède par regroupement de termes, ou condensation.

La version pour enfants du mythe de Robinson réécrit par TournierVendredi ou la vie sauvage, résume en quelques lignes les réflexions que formule le héros dans la première version, lorsqu’il s’agit de savoir comment il va appeler son compagnon.

Cela donne aussi lieu à des exercices oulipiens tels que le « tête à queue ou double haïkaï », qui consiste à prendre les premiers mots d’une suite de vers et à les accoler aux derniers.

💡 L’OuLiPo
L’OuLiPo est un groupe d’écrivains qui fut fondé en France, en 1960. Son nom est l’acronyme d’OUvroir de LIttérature POtentielle. Fondé d’abord pour venir en aide à Raymond Queneau dans la rédaction de ses Cent mille milliards de poèmes, l’OuLiPo se mit bientôt à utiliser des contraintes littéraires du passé (comme le lipogramme) et en inventer de nouvelles. En travaillant sur le matériel du texte, sur des « patrons » d’écriture, il est possible de rendre lisible une infinité de textes, potentiellement inscrits dans les contraintes littéraires utilisées.
→ En savoir plus : OuLiPo (OUvroir de LIttérature POtentielle).

La substitution

Les substitutions peuvent porter aussi bien sur la syntaxe que sur le lexique du texte d’origine. Elles peuvent également toucher le mode de narration.

● Les changements de narration

Ils sont manifestes dans les réécritures de Michel Tournier : narration à la troisième personne dans Vendredi ou la vie sauvage, et non à la première personne comme chez Daniel Defoe (entraînant une diversité de points de vue) ; passage du présent de narration aux temps du passé dans la seconde version.

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● Les substitutions lexicales

Elles sont systématiquement à l’œuvre dans la méthode « S + 7 » de l’OuLiPo, chaque terme étant remplacé par un autre, aux hasards du dictionnaire. Mais dans le cas des lipogrammes (suppression de telle ou telle lettre dans un texte), les contraintes de substitution ne touchent pas seulement le vocabulaire utilisé. Elles entraînent aussi des transformations de la syntaxe. Ainsi, la conjonction que est interdite dans un lipogramme en e.

● Les changements syntaxiques

Ils sont nombreux dans les détournements de citations, comme chez Lautréamont qui utilise souvent la forme négative à la place de la forme affirmative, de manière à en retourner le sens.

L’expansion

L’expansion peut toucher uniquement une phrase (à laquelle on ajoute, par exemple, un simple adjectif ou une subordonnée), ou bien consister à ajouter un texte entier, sous forme d’explication, de commentaire ou d’épisode supplémentaire.

 ● Le développement

Il permet de rendre explicite ou interpréter un passage du texte original.
Michel Tournier, dans Vendredi ou les limbes du Pacifique, développe longuement le choix fait par Daniel Defoe du nom de Vendredi, et le roman de Tournier constitue de la sorte une interprétation de son modèle.

● L’amplification à partir d’une phrase

Tel est le principe de ce jeu oulipien appelé « littérature définitionnelle », où l’on remplace chaque mot de la phrase de départ par une périphrase équivalente.

Les déplacements
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Les déplacements peuvent être minimes et ne toucher qu’un mot, ou bien beaucoup plus importants et amener à déplacer tout un passage, en bouleversant ainsi la composition d’un texte, ou encore à regrouper des fragments de textes d’auteurs différents. Mais tout déplacement a des effets de sens, et peut entraîner beaucoup d’autres transformations.

● Permutations de mots ou de phrases

Cette opération, très fréquente pour mettre en valeur tel ou tel mot, est présenté aussi bien dans l’« explication de texte » de Jean Tortel que dans la seconde version du mythe de Robinson, récrit par Michel Tournier. Ce changement peut obéir à des raisons rythmiques ou contribuer à la clarté du texte. C’est aussi sur ce phénomène de permutation que s’appuient les différents « exercices permutatoires » inventés par l’OuLiPo.

 ● Collages et centons

Ces pratiques consistent à juxtaposer des fragments de textes, déplacés de leur contexte initial, de manière à produire un nouveau texte. Ainsi, Louis Aragon, dans Le Paysan de Paris, insère dans son récit des petites annonces ou des articles de journaux. De même, Blaise Cendrars intègre dans un recueil poétique intitulé Documentaires des fragments d’un roman de Gustave Le Rouge. Ces pratiques sont à rapprocher de celles des collages et des détournements d’objets dans le domaine des arts plastiques (collages de Max Ernst ou de Prévert, sculptures de Picasso faites à partir d’objets détournés de leurs fonctions habituelles).

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