Alfred de Musset

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Auteurs français

Alfred de Musset

1810 – 1857

Alfred de Musset est un poète, dramaturge et écrivain français de la période romantique, né le 11 décembre 1810 à Paris, où il meurt le 2 mai 1857. Il fréquente les poètes du Cénacle de Charles Nodier et publie à 19 ans Contes d’Espagne et d’Italie, son premier recueil poétique.

Un enfant du siècle
Débuts brillants

Portrait de Musset par Charles Landelle (1821 - 1901), Musée national du Château de Versailles, 1878.

Né le 11 décembre 1810 à Paris dans un milieu aisé et cultivé, doué de grandes facilités, le jeune Alfred de Musset mena une adolescence dissipée de dandy. Il entreprit des études de droit et de médecine, qu’il ne termina pas, et fréquenta, dès 1828, le Cénacle romantique chez Hugo et chez Nodier, où il rencontra notamment VignyMérimée et Sainte-Beuve.

Précoce, brillant, célébré, il publia son premier recueil de vers, Contes d’Espagne et d’Italie (1829), à l’âge de dix-neuf ans et remporta un succès immédiat. Malgré cette gloire précoce, il connut une infortune relative avec ses pièces de théâtre, telles la Quittance du diable, qui ne put être représentée, et la Nuit vénitienne (1830), qui fut un échec retentissant. La mort de son père en 1832 l’amena à se consacrer entièrement à la littérature et à en faire son métier.
Auteur doué et sûr de son talent, il fut cependant profondément blessé et échaudé par l’échec de la Nuit vénitienne ; il décida alors que les pièces qu’il écrirait seraient désormais destinées non pas à la représentation, mais – fait original et presque unique dans la littérature française -, exclusivement à la lecture.
Parmi les comédies de mœurs romantiques qu’il publia entre 1932 et 1934, à quoi rêvent les jeunes fillesla Coupe et les Lèvres et Namouna, furent regroupées sous le titre Un spectacle dans un fauteuil, qui traduisait son choix d’écrire un théâtre destiné à être lu chez soi et non pas représenté. Les Caprices de Marianne (1833), Fantasio (1834) et On ne badine pas avec l’amour (1834) virent le jour sous la forme de livrets.
Passion et chefs-d’œuvre

En 1833, Musset rencontra celle qui devait être le grand amour de sa vie, la romancière George Sand, de sept ans son aînée. Tumultueuse, orageuse, leur relation s’interrompit momentanément en 1834, lorsque George Sand entama une nouvelle liaison avec le docteur Pagello, qui soignait Musset lors de leur voyage en Italie. En 1835, après plusieurs ruptures violentes, cet amour prit définitivement fin, laissant à Musset la douleur d’un échec sentimental cuisant, mais donnant à son œuvre une profondeur qui lui manquait encore.

À la fin de l’année 1834, il enrichit son théâtre d’un chef-d’œuvre, le drame historique Lorenzaccio, puis du Chandelier, l’année suivante. Dramaturge incompris, il avait en revanche obtenu un immense succès, en 1833, avec son poème romantique Rolla : le cycle des Nuits, écrit après sa rupture et ancré dans son expérience sentimentale, conforta sa réputation de grand poète. Cette œuvre allégorique, où le poète dialogue avec sa Muse, parut de 1835 à 1837 (la Nuit de mai, la Nuit de décembre, la Nuit d’août, la Nuit d’octobre), et comporte quelques-unes de ses meilleures pages. Refusant la mission sociale de l’écrivain prônée par le nouvel esprit romantique, il y privilégiait l’émotion, s’attachant à décrire la variété et la complexité des sentiments qui accompagnent la passion amoureuse.

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Également composée après la passion, son œuvre narrative principale, la Confession d’un enfant du siècle (1836), est une autobiographie romancée qui, avec quelque emphase et quelque complaisance, analyse l’âme tourmentée du poète. On y trouve surtout l’expression du sentiment de trahison que ressentait la génération de 1830, celle qui vit ses espoirs anéantis par l’échec du soulèvement de Juillet et son avenir confisqué par les notables de la monarchie Louis-philipparde.

Dernières années

Malade et épuisé précocement, Musset poursuivit ensuite sa carrière d’auteur dramatique avec de nouvelles pièces, moins réussies que les précédentes, telles que Il ne faut jurer de rien (1836), Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845), On ne saurait penser à tout (1849). En 1838, il avait été nommé conservateur d’une bibliothèque ministérielle, ce qui lui permit de mener une vie tout à fait décente quoique moins brillante qu’à ses débuts. La perte de son emploi, en 1848, sans le réduire à la misère, le conduisit à écrire des œuvres de commande. En 1852, il fut élu à l’Académie française, alors que le public s’était détourné de lui, que son théâtre commençait timidement à être représenté et qu’il n’écrivait pratiquement plus. Il mourut à Paris le 2 mai 1857.

Œuvres de Musset
Introduction

La fin de la vie de Musset et son immédiate postérité, le mépris dans lequel l’a tenu la nouvelle génération littéraire sont révélateurs du malentendu régnant sur son œuvre. Or, l’image souvent admise d’un poète romantique sentimental, mièvre ou larmoyant, ne doit pas faire illusion. S’il céda effectivement à une mollesse naturelle qui lui faisait préférer les plaisirs faciles et les agréments immédiats, s’il sacrifia dans son œuvre même à une certaine complaisance, Musset éprouvait aussi une sincère et profonde aspiration vers l’art et la pureté. Il avait en outre pleinement conscience de ses faiblesses, sans parvenir toujours à les surmonter. Son théâtre et sa poésie sont nourris des tourments que lui inspirait ce déchirement entre compromission et pureté, facilité et travail, et c’est par cela que ses œuvres les plus réussies ont pu être reconnues par la postérité.

Complexité de l’œuvre

L’originalité de l’auteur des Caprices de Marianne ou de Lorenzaccio réside précisément dans l’ironie, désespérée mais mordante, qui équilibre toujours chez lui l’expression romantique du mal de vivre, ou du désarroi de ses personnages. Car le désespoir, chez Musset, et le sentiment du tragique, proviennent surtout d’un sentiment du vide de l’existence, et du vertige devant la fausseté de la vie, l’impuissance du langage à communiquer, à dire le vrai, à saisir le monde. Autant que d’un lyrique, son inspiration est celle d’un moraliste lucide, qui scrute les contradictions, indépassables et destructrices, de l’être humain. Il analyse avec pessimisme, à partir de sa propre expérience, les difficultés de la sincérité, de l’amour, de l’honneur et de l’engagement politique.

Un chef-d’œuvre Lorenzaccio
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Longtemps méconnu, son drame en cinq actes et en prose Lorenzaccio (qui ne fut représenté qu’en 1896) est un des chefs-d’œuvre du théâtre romantique, tant par la complexité de sa structure que par le caractère exceptionnel du personnage principal.

Inspirée de l’histoire de Florence au temps des Médicis – et probablement de chroniques florentines authentiques -, l’intrigue met en scène le personnage de Lorenzo, jeune cousin du duc régnant, Alexandre de Médicis. Personnage de bouffon et de lâche, Lorenzaccio médite en secret l’assassinat d’Alexandre, qui doit libérer sa patrie et porter au pouvoir les républicains. Pour ce faire, il renonce à son honneur et à sa réputation: il s’insinue dans les bonnes grâces du tyran et se met au service de ses caprices. Mais le geste de Lorenzaccio, dérisoire, n’aura pas d’autre effet que de faire basculer le pouvoir aux mains d’un autre clan, et n’entraîne aucun changement politique radical. Honni, calomnié, le jeune homme voit sa tête mise à prix et s’offre lui-même au couteau de ses assassins. Il se trouve du même coup renvoyé aux oubliettes de l’histoire et à la vanité désespérante de l’action politique.

On le voit, cette réflexion amère et cruelle sur la vanité de toute action humaine est une transposition limpide des sentiments de l’auteur sur la révolution ratée de Juillet 1830. Figure emblématique de l’imaginaire mussetien, Lorenzaccio, prisonnier du masque de vice par lequel il comptait s’élever à la vertu d’un acte héroïque, est sans doute une des figures les plus marquantes du théâtre français.

🎵 Poème mis en chanson et en musique : À ma mère

À ma mère est la première œuvre poétique d’Alfred de Musset. Il l’a fait pour la fête de sa mère, le 16 novembre 1824. Il avait 14 ans. À cette époque, il l’a chanté sur l’air de Femme, voulez-vous éprouver.

Après un si joyeux festin,
Zélés sectateurs de Grégoire,
Mes amis, si, le verre en main
Nous voulons chanter, rire et boire,
Pourquoi s’adresser à Bacchus ?
Dans une journée aussi belle
Mes amis, chantons en » chorus »
À la tendresse maternelle. (Bis.)

Un don pour nous si précieux,
Ce doux protecteur de l’enfance,
Ah ! c’est une faveur des cieux
Que Dieu donna dans sa clémence.
D’un bien pour l’homme si charmant
Nous avons ici le modèle ;
Qui ne serait reconnaissant
À la tendresse maternelle ? (Bis.)

Arrive-t-il quelque bonheur ?
Vite, à sa mère on le raconte ;
C’est dans son sein consolateur
Qu’on cache ses pleurs ou sa honte.
A-t-on quelques faibles succès,
On ne triomphe que pour elle
Et que pour répondre aux bienfaits
De la tendresse maternelle. (Bis.)

Ô toi, dont les soins prévoyants,
Dans les sentiers de cette vie
Dirigent mes pas nonchalants,
Ma mère, à toi je me confie.
Des écueils d’un monde trompeur
Écarte ma faible nacelle.
Je veux devoir tout mon bonheur
À la tendresse maternelle. (Bis.)

(Alfred de Musset, À ma mère », 1891, p. 13)

Bibliographie
  • À ma mère (1824)
  • À Mademoiselle Zoé le Douairin (1826)
  • Premières poésies (1829-1835)
  • Contes d’Espagne et d’Italie (1830)
  • Une nuit vénitienne (1830)
  • La Coupe et les lèvres, Namouna (1831)
  • Spectacle dans un fauteuil (1832)
  • Lorenzaccio (1833)
  • Les Caprices de Marianne (1833)
  • Rolla (1833)
  • Fantasio (1834)
  • On ne badine pas avec l’amour (1834)
  • Camille et Perdican (1834)
  • La Quenouille de Barberine (1835)
  • La Nuit de mai (1835)
  • La Nuit de décembre (1835)
  • La Nuit d’août (1836)
  • La confession d’un enfant du siècle (1836)
  • Poésies Nouvelles (1836-1852)
  • La Nuit d’octobre (1837)
  • Emmeline (1837)
  • Lettres à Dupuis et Cotonet (1837)
  • Dupont et Durand (1838)
  • Croisilles (1839)
  • Une soirée perdue (1840)
  • Après une lecture (1842)
  • Pierre et Camille (1844)
  • Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845)
  • Mademoiselle Mimi Pinson (1845)
  • Louison, L’Habit vert, On ne saurait penser à tout(1849)
  • Poésies nouvelles, Carmosine (1850)
  • Bettine, Faustine (1851)
  • La Mouche (1853)
  • Contes (1854)
Citations choisies
  • La moitié d’un violent amour, c’est presque une amitié […] (Les marrons du feu)
  • L’absence ni le temps ne sont rien quand on aime. (Poésies nouvelles)
  • Il faut aimer sans cesse après avoir aimé. (La Nuit d’Août)
  • Amour, fléau du monde, exécrable folie. (Premières poésies)
  • On ne badine pas avec l’amour.
  • Ô baiser ! mystérieux breuvage que les lèvres se versent comme des coupes altérées ! (Confession d’un enfant du siècle)
  • Tous les hommes ne sont pas capables de grandes choses, mais tous sont sensibles aux grandes choses.
  • Les grands artistes n’ont pas de patrie.
  • Rien ne vous rend si grands qu’une grande douleur.
  • La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité.
  • Qu’est-ce donc qu’oublier si ce n’est pas mourir ?
  • La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve et vous aurez vécu si vous avez aimé.
  • Tout vrai regard est un désir.
  • Un peuple malheureux fait les grands artistes. (Lorenzaccio, acte II, scène 2)

Autres citations d’Alfred de Musset.

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