Marivaux : Les Fausses Confidences (1737)

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Les Fausses Confidences (1737)

– Marivaux –

Portrait de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux👤 Marivaux
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux
(1688-1763) est romancier et journaliste français. Il est surtout connu en tant que dramaturge, qui a renouvelé le genre de la comédie au XVIIIe siècle en s’affranchissant des modèles, matrices et styles du siècle classique. [Lire la suite de sa biographie]

→ À lire aussi : La comédie. – La comédie classique en France. – Le Siècle des Lumières (XVIIIe siècle). – Les personnages littéraires  dans la langue française.

Présentation

Les Fausses Confidences est une comédie en trois actes de Marivaux, créée le 16 mars 1737 par les Comédiens-Italiens, publiée à Paris en 1738 chez Prault père.

Amoureux d’une jeune et riche veuve, Araminte, Dorante, qui a très bonne mine et très peu d’argent, accepte l’entremise de son ancien valet, Dubois. Ce dernier s’est arrangé pour faire recevoir Dorante comme intendant chez Araminte. Il l’a pour cela fait introduire par son oncle, Monsieur Rémy, qui s’est mis en tête de le marier avec Marton, suivante d’Araminte. Bien reçu par la jeune veuve, Dorante ne l’est pas par sa mère, Madame Argante, parce qu’il refuse de se prêter à la manœuvre qu’elle lui suggère pour marier sa fille au comte Dorimont. Dubois « révèle » à Araminte que son nouvel intendant est fou, fou d’elle depuis des mois. Elle décide de le garder pour le guérir (acte I).

Ayant convaincu Araminte qu’elle peut refuser d’épouser le comte sans mettre en péril sa fortune, Dorante rejette nettement la proposition que lui fait Monsieur Rémy d’un riche mariage. Puis un garçon joaillier apporte pour lui une boîte précieuse contenant un portrait. Tout heureuse à l’idée que c’est le sien, Marton fait de grandes déclarations à Dorante. Mais le portrait est celui d’Araminte. Enfin une querelle s’élève entre les valets parce que Dubois a voulu ôter de la chambre occupée par Dorante un ancien tableau représentant Araminte. Devant tant de témoignages de la passion que son intendant éprouve pour elle, celle-ci décide encore de le garder et le met à l’épreuve de plusieurs façons : elle feint d’accepter d’épouser le comte, oblige Dorante à avouer qu’il n’aime pas Marton et qu’il a peint lui-même le portrait de la boîte. Il est au seuil de l’aveu, elle au seuil de la prise de conscience (acte II).

Dubois s’arrange pour que soit interceptée une lettre où Dorante avoue en clair sa passion impossible et dit sa volonté de s’embarquer par désespoir. Araminte, qui ne peut plus feindre de ne pas savoir, refuse pourtant obstinément son renvoi à sa mère, au comte, à Dubois même qui feint d’insister au point de provoquer — à sa profonde satisfaction — son propre renvoi. Araminte retient Marton qui voulait partir, feint de se résoudre à renvoyer Dorante : quand il implore qu’elle lui rende au moins son portrait, elle finit par avouer qu’elle l’aime. Il lui dévoile alors toute la machination imaginée et mise en scène par Dubois. Elle pardonne, le mariage est décidé et Dubois triomphe sur tous les tableaux.

Personnages
  • Araminte, riche veuve et fille de Madame Argante
  • Dorante, neveu de Monsieur Rémy
  • Monsieur Rémy, procureur1 et oncle de Dorante
  • Madame Argante, mère d’Araminte
  • Arlequin, valet d’Araminte (personnage comique, chargé au cours de la pièce de servir Dorante)
  • Dubois, ancien valet de Dorante, au service d’Araminte
  • Marton, servante d’Araminte
  • Le comte Dorimont, prétendant d’Araminte
  • Un domestique parlant (c’est-à-dire qu’il reste dans les coulisses)
  • Un garçon joaillier

→ À lire : Qui est Arlequin ?

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« L’amour et moi, nous ferons le reste. »

Dernière en date des grandes comédies de Marivaux, (les huit suivantes ne sont que des piécettes en un acte), celle-ci est aussi une de ses meilleures et surtout des plus « réalistes ». Aucun détour par la magie, le rêve, l’utopie, le jeu : l’amour et l’argent s’affrontent directement, dans un cadre social et familial très précis. En réalité, ils ne s’affrontent pas.

Trois actions se déroulent parallèlement :

  • celle qui vise au mariage (et à la fortune) d’Araminte, dont se préoccupent surtout sa mère et un prétendant, le comte ;
  • celle qui met face à face, comme toujours chez Marivaux, deux personnes que l’amour lie avant qu’ils le sachent, le disent, se le disent ;
  • et celle, remarquablement inutile, du valet Dubois, qui donne l’impression de conduire seul une aventure que la passion réelle et respectueuse de Dorante, l’amour immédiat et croissant d’Araminte et la médiocrité des raisons avancées par leurs opposants suffisaient à mener à sa bonne conclusion.

Tout au plus ses fausses confidences à Araminte ont-elles facilité la vraie, celle de l’amour réciproque. Ces confidences n’étaient d’ailleurs pas « fausses » : elles faisaient un honneur à Dorante de ses hésitations à se déclarer et servaient d’aliment — en l’absence d’attaques de sa part — à la résistance d’Araminte, c’est-à-dire qu’elles ne faisaient qu’accompagner et instrumenter l’habituelle épreuve d’observation et d’évaluation à laquelle s’obligent les amants chez Marivaux.

→ À lire : Les confessions et les confidences.

« N’y a-t-il là personne qui nous voie ensemble ? »

En homme de théâtre expérimenté, Marivaux a fait endosser à son Dubois tout ce qui a trait au calcul intéressé qui, dans la société de cette époque, préside aux mariages, et tous les truquages par lesquels s’est trouvée assurée la « fortune » de Dorante. Celui-ci peut n’entendre ce mot que dans le sens du bonheur d’être réuni pour toujours à ce que l’on aime et peut s’offrir le luxe de paraître ignorer les cinquante mille livres de rente ; de même Araminte les ignore superbement, n’utilisant la grande autonomie que lui donne sa situation de veuve que pour écarter d’elle les conventions socio-économiques que son entourage lui rappelle lourdement : elle veut suivre librement le mouvement de son cœur et lui donner priorité sur toute autre considération.

Si bien que la pièce se déroule sur les deux plans, exaltant en même temps et sans les confondre — en laissant même posé le problème de leur coexistence —, l’élan idéaliste des cœurs qui croient en l’amour et en la vérité et la lucidité réaliste des esprits qui savent bien que le mensonge et l’intérêt mènent le monde.

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