Auguste Villiers de l’Isle-Adam

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Auteurs français

Auguste Villiers de l’Isle-Adam

1838-1889

Auguste Villiers de l’Isle-Adam, né à Saint-Brieuc, le 7 novembre 1838 et mort à Paris le 18 août 1889,  est un écrivain français, auteur des Contes cruels (1883), dont l’œuvre symboliste est marquée par un idéalisme mystique.

Des débuts infructueux

Villiers de L'Isle-Adam

Né à Saint-Brieuc dans une ancienne et illustre famille française, Auguste Villiers de l’Isle-Adam compte parmi ses ancêtres un maréchal de France ainsi que le fondateur de l’ordre de Malte. Après des études en Bretagne, il gagne Paris (1859) où il rencontre les parnassiens et fait la connaissance de Charles Baudelaire, qu’il admire. Ce dernier lui fait découvrir Edgar Poe, dont la lecture vient confirmer le goût de Villiers pour le mysticisme et l’occultisme. Villiers de l’Isle-Adam est aussi l’ami de Stéphane Mallarmé et de Charles Cros et se lie avec Richard Wagner et Gustave Flaubert. Il est enfin l’un des premiers lecteurs français de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, dont il a adopté l’idéalisme.

Après Deux Essais de poésie (1858) et un recueil de vers encore influencés par le romantisme (Premières Poésies, 1859), ses premiers textes littéraires, il fait paraître un roman (Isis, 1862), qui devait figurer au début d’un cycle philosophico-romanesque laissé inachevé. Il écrit également deux drames pour le théâtre, Elën (1865) et Morgane (1866), sans réussir à les faire représenter.

Sous l’influence des écrits cabbalistiques d’Éliphas Lévi (1810-1875), théologien devenu adepte de l’occultisme, Villiers de l’Isle-Adam publie un récit fantastique (Claire Lenoir, 1867) dans la Revue des lettres et des arts, dont il est le fondateur. Défenseur de Paris en 1870, il est un farouche partisan de la Commune, qui lui inspire deux nouveaux drames (La Révolte, 1870 ; L’Évasion, 1871). Après avoir esquissé un autre drame, Axël (1872, achevé et publié en 1885-1886), il écrit Le Nouveau Monde (1880), pièce dédiée au centenaire de l’Indépendance américaine, primée et mise en scène en 1883.

Une exploration des zones troubles du mystère

La même année, Villiers de l’Isle-Adam obtient son premier vrai succès littéraire avec la publication de ses Contes cruels, salués par Léon Bloy comme par Joris-Karl Huysmans et suivis d’autres recueils (L’Amour suprême, 1886 ; Tribulat Bonhomet, 1887 ; Histoires insolites, 1888 ; Nouveaux Contes cruels, 1888).

Dans ces recueils de nouvelles inquiétantes et fantastiques se mêlent l’éloge lyrique de figures idéales et la satire virulente de la médiocrité des valeurs modernes, bourgeoises et matérialistes. Villiers de l’Isle-Adam y suggère l’existence de relations mystérieuses entre le monde des vivants et l’au-delà, entre le monde matériel et le monde spirituel, avec la volonté d’éveiller chez le lecteur « des impressions intenses, inconnues et sublimes ». Dans la même veine, il publie un roman d’anticipation, L’Ève future (1886), auquel il a travaillé deux années durant et qui confère à la science une dimension fantastique. Il s’agit du récit d’une entreprise démiurgique placée sous le signe de la démesure faustienne. Le personnage principal en est le savant américain Edison, qui ambitionne de parfaire le travail du Créateur en créant un nouvel être vivant.

Les œuvres romanesques de Villiers de l’Isle-Adam, Claire Lenoir, Isis ou L’Ève future sont de véritables sommes regroupant ses idées comme ses fantasmes. Elles se font notamment l’écho de ses tentatives syncrétiques et de sa critique violente du positivisme.

Villiers a donné à la fin de sa vie l’image d’un écrivain engagé au service de la foi chrétienne. Son œuvre d’alors représente une tentative de syncrétisme du christianisme et de la pensée hégélienne.

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Contes cruels (1883)

Contes cruels est un recueil de contes de Villiers de l’Isle-Adam, publié en 1883.

Après s’être essayé — sans succès — au théâtre, Villiers de l’Isle-Adam connaît la misère et tombe quelque temps dans l’oubli avant de retrouver, grâce à ce livre, un peu de cette reconnaissance qu’il rêvait d’obtenir. Les Contes cruels sont bien son œuvre majeure en ce qu’il y décline, à travers une galerie de portraits, les diverses facettes de son talent.

Bohème, marginal en tous points, y compris dans sa foi catholique, quoique issu d’une des plus vieilles familles de France, Villiers est en quête d’un absolu auquel la lecture assidue du philosophe Hegel n’est pas étrangère. Les Contes cruels témoignent de la variété de cette quête. Sondant les zones troubles du mystère au cœur d’histoires angoissantes ou macabres proches du fantastique, les Contes cruels, comme le dit un critique de l’époque, dégagent « une ironie sanglante, un sophisme amer, un désenchantement glacé, un rire funèbre », qui rappelle l’univers d’Edgar Allan Poe.

Tous ces contes visent à nous transporter vers une autre rive, celle où la vérité du monde serait enfin révélée. Ce monde merveilleux auquel il veut nous faire participer garde cependant les traces des circonstances dans lesquelles ces contes ont pris naissance, des contes que Villiers travaille et lit publiquement dans les cafés, dont il est un habitué. L’immensité du doute face à l’impossible accomplissement du rêve donne une couleur tragique à ces histoires fulgurantes, qu’anime une verve fantasque et inventive.

Les Contes cruels seront suivis quelques années plus tard des Histoires insolites et des Nouveaux Contes cruels (tous deux publiés en 1888) de la même veine.

→ À lire : Le conte. – Inventer un récit fantastique.

📽 15 citations choisies d’Auguste Villiers de l’Isle-Adam
  • L’amour du Beau, c’est l’horreur du Joli. (L’Ève future, 1886)
  • On est responsable du mal qu’entraîne le bien que l’on n’a pas accompli.  (L’Ève future, 1886)
  • Il y a toujours du bon dans la folie humaine. (L’Ève future, 1886)
  • L’homme n’emporte dans la mort que ce qu’il renonça à posséder dans la vie. (L’Ève future, 1886)
  • Comprendre, c’est le reflet de créer. (Axël, 1890)
  • Contempler des ossements, c’est se regarder au miroir. (Axël, 1890)
  • Dans le monde, nous n’estimons guère les faiseurs de phrases. (Axël, 1890)
  • On dirait que l’humanité tout entière a oublié et cherche à rappeler on ne sait quelle loi perdue. (« Les Demoiselles de Belfilâtre » in Contes cruels, 1883)
  • Un premier amour jette dans le cœur de profondes racines qui étouffent jusqu’aux germes des sentiments antérieurs. (« Les Demoiselles de Belfilâtre » in Contes cruels, 1883)
  • Il est de certaines douleurs qu’on ne cherche pas à consoler. (« Les Demoiselles de Belfilâtre » in Contes cruels, 1883)
  • Je m’estime peu quand je m’examine ; beaucoup quand je me compare. (« Sentimentalisme » in Contes cruels, 1883)
  • L’homme qui t’insulte n’insulte que l’idée qu’il a de toi – c’est-à-dire lui même. (Contes cruels, 1883)
  • La claque est à la gloire dramatique ce que les pleureuses étaient à la douleur. (Contes cruels, 1883)
  • Un fou ne saurait être égalé en perfection sur le point où il déraisonne. (Contes cruels, 1883)
  • C’était extraordinaire : mais Paris, n’est-ce pas la ville de l’Extraordinaire ? (« L’Inconnue » in Contes cruels, 1883)
  • Ah ! les Idées sont des êtres vivants !… (« Véra » in Contes cruels, 1883)
  • L’homme qui vit saintement connaît, seul, la joie et sait la communiquer. (« L’Intersigne » in Contes cruels, 1883)
  • … la lumière, cette vibration divine, diversifie les milieux funèbres et console des mauvaises terreurs. (« L’Intersigne » in Contes cruels, 1883)
  • Donc ne condamnons pas trop vite ce qui nous choque, faute d’habitude et de réflexion suffisante ! (« L’Analyse chimique du dernier soupir » in Contes cruels, 1883)

Autres citations d’Auguste Villiers de l’Isle-Adam.

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Bibliographie
Contes et romans
  • Isis (récit), 1862
  • Contes cruels (recueil de contes, récits et nouvelles, 1883), notamment Véra (1874)
  • L’Ève future (roman), 1886
  • L’Amour suprême (recueil de contes), 1886
  • Tribulat Bonhomet (recueil de contes), 1887
  • Nouveaux contes cruels (recueil de contes), 1888
  • Histoires insolites (recueil de contes), 1888
  • Chez les passants (recueil posthume de fantaisies, pamphlets et souvenirs), 1890
  • Propos d’Au-delà (recueil posthume de textes), 1893
  • Reliques (recueil posthume de textes), 1954
  • Nouvelles Reliques (recueil posthume de textes), 1968 (1854)
Théâtre
  • Elën, 1865
  • Morgane, 1866
  • La Révolte, 1870
  • Le Nouveau Monde, 1880
  • Axël, 1890, posthume
  • L’Évasion, 1890, posthume
  • Le Prétendant (version définitive de Morgane), 1965, posthume
Poésie
  • Deux essais de poésie, 1858
  • Premières poésies, 1859

Articles connexes

Suggestion de livres


Contes cruels

L’Ève future

La Révolte

Œuvres complètes (tome 1)
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