J. M. G. Le Clézio

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J. M. G. Le Clézio

1940 – ?

À mon sens, écrire et communiquer, c’est être capable de faire croire n’importe quoi à n’importe qui.

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(J. M. G. Le Clézio, Le Procès-verbal, 1963)

Jean-Marie Gustave Le Clézio, plus connu sous la signature J. M. G. Le Clézio, né le 13 avril 1940 à Nice, est un écrivain de langue française, de nationalités française et mauricienne. L’œuvre de Le Clézio cherche à rendre compte de l’« aventure d’être vivant », au travers de nombreuses expériences formelles.

Notice biographique

Jean-Marie Gustave Le Clézio, plus connu sous la signature J. M. G. Le ClézioDe père anglais et de mère française, il a vécu à l’île Maurice où les paysages maritimes éveillèrent très tôt son imagination. Enfant, il rêvait de devenir marin ; il partage aujourd’hui son temps entre les longs voyages (au Mexique notamment) et l’écriture. Depuis très longtemps, Le Clézio a parcouru de nombreux pays dans le monde, sur les cinq continents, mais vit principalement à Albuquerque, et en France, à Nice et à Paris. Malgré de nombreux voyages, Le Clézio n’a jamais cessé d’écrire depuis l’âge de sept ou huit ans : poèmes, contes, récits, nouvelles, dont aucun n’avait été publié avant Le Procès-verbal, son premier roman paru en septembre 1963 et qui obtient le prix Renaudot. Depuis ce roman, qui lui assure la notoriété à vingt-trois ans, ses romans se succèdent régulièrement à raison d’un tous les deux ans. Poussés par la hantise de la mort, ses personnages aspirent à l’authenticité face à l’agression aliénante du monde moderne, un idéal dont les Indiens du Mexique, au mode de vie réduit à l’essentiel et en harmonie avec l’ordre du monde, offrent l’image accomplie (le Rêve mexicain, 1988, essai).

Pour Le Clézio, l’écriture apaise, ménage sa place au silence et permet d’accéder à la profondeur. Mais la quête intérieure passe par l’évocation de la beauté du monde, celle des sols, des paysages et des climats originels (Terra amata, 1967), dont chaque ébranlement retentit sur les êtres. Le fourmillement intense du monde s’oppose ainsi à l’insignifiant, à l’« infiniment moyen » de la quotidienneté.

Une description minutieuse, riche de métaphores visionnaires est mise au service de cette évocation contemplative, tandis que beaucoup de pages s’ouvrent aux collages de toutes sortes : coupures de journaux, fragments de publicités, listes, autant de textes-objets sans usage, mais rendus à leur évidence première. Influencée par ses origines familiales mêlées, par ses voyages et par son goût marqué pour les cultures amérindiennes, son œuvre compte une cinquantaine d’ouvrages. Parmi ses principaux titres figurent des essais (l’Extase matérielle, 1967 ; l’Inconnu sur la terre, 1998), un recueil de nouvelles (Mondo et autres histoires, 1978), un récit biographique (Diego et Frida, 1993), un livre d’entretiens (Ailleurs, 1995), des romans (le Déluge, 1966 ; Désert, 1980 ; le Chercheur d’or, 1985 ; Étoile errante, 1992 ; Hasard, suivi de Angoli Mala, 1999) et des récits destinés au jeune public (Celui qui n’avait jamais vu la mer, 1982 ; Voyage au pays des arbres, 1998).

→ À lire : Le récit de voyage.

De l’Académie française au prix Nobel de littérature
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À la fin des années 1970, Le Clézio opère un changement dans son style d’écriture et publie des livres plus apaisés, à l’écriture plus sereine, où les thèmes de l’enfance, de la minorité, du voyage, passent au premier plan. Cette manière nouvelle séduit le grand public. En 1980, J. M. G. Le Clézio reçoit le grand prix Paul-Morand décerné par l’Académie française pour son roman Désert.

En octobre 2008, alors que paraît Ritournelle de la faim, inspiré par la figure de sa mère, l’Académie suédoise attribue à le prix Nobel de littérature, célébrant « l’écrivain de la rupture, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, l’explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante ». Sa première réaction est d’affirmer que la récompense « ne changera rien » à sa manière d’écrire. Et voici la réaction de Bernard Pivot :

Il me faisait toujours un grand plaisir quand il acceptait de venir dans mes émissions. J’admire son calme, sa réserve, sa discrétion, sa timidité presque. Et puis son immense talent, qui a beaucoup changé au fil des années. Il est toujours violent dans sa littérature. C’est une violence apaisée, mais toujours en colère contre l’urbanisation, l’exploitation des forêts, le dédain des riches vis-à-vis des pauvres, la misère

Ce ne sont pas les seules distinctions que J. M. G. Le Clézio a connues au cours de sa carrière. On lui a attribué beaucoup d’autres prix d’honneur :

  • 1963 : prix Renaudot pour Le Procès-verbal ;
  • 1972 : prix Valery-Larbaud (ex æquo avec Frida Weissman) ;
  • 1980 : grand prix de littérature Paul-Morand de l’Académie française, pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la sortie de Désert ;
  • 1992 : prix international Union latine des littératures romanes ;
  • 1996 : prix des téléspectateurs de France Télévisions, pour La Quarantaine ;
  • 1997 : grand prix Jean-Giono, pour l’ensemble de son œuvre ;
  • 1997 : prix Puterbaugh ;
  • 1998 : prix Prince-Pierre-de-Monaco, pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la sortie de Poisson d’or ;
  • 2008 : prix Stig Dagerman, pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la sortie suédoise de Raga. Approche du continent invisible ;
  • 2008 : prix Nobel de littérature, pour l’ensemble de son œuvre.

De plus, il est devenu officier de la Légion d’honneur le 1er janvier 2009 et, le 14 septembre 2010, le ministre des affaires étrangères mexicain lui décerne l’Aigle aztèque.

Le Rêve mexicain

Au cours du mois de mars 1517, les ambassadeurs de Moctezuma, seigneur de Mexico-Tenochtitlan, accueillent le navire de Hernán Cortès et cette rencontre initie une des plus terribles aventures du monde, qui s’achève par l’abolition de la civilisation indienne du Mexique, de sa pensée, de sa foi, de son art, de son savoir, de ses lois.De ce choc des mondes vont naître des siècles de colonisation, c’est-à-dire, grâce à la force de travail des esclaves et à l’exploitaion des métaux précieux, cette hégémonie de l’Occident sur le reste du monde, qui dure encore aujourd’hui. Alors commence le rêve, comme un doute, comme un regret, qui unit les vainqueurs et les vaincus à la beauté et aux forces secrètes du Mexique. Rêve du soldat Bernal Díaz del Castillo, témoin des derniers instants du règne orgueilleux des Aztèques, rêve de Bernardino de Sahagun devant les ruines de la civilisation et la splendeur des rites et des mythes qui s’effacent. Rêve qui s’achève dans la mort des dernières nations nomades du nord et du nord-ouest, rêve que poursuit Antonin Artaud, jusque dans la Montagne des Signes, au pays des Indiens Tarahumaras. Le Rêve mexicain, c’est cette question aussi que notre civilisation actuelle rend plus urgente : qu’aurait été notre monde, s’il n’y avait eu cette destruction, ce silence des peuples indiens ? Si la violence du monde moderne n’avait pas aboli cette magie, cette lumière ?

Ritournelle de la faim

« J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans », disait J.M. G. Le Clézio. « Ma mère, quand elle m’a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans.» (Le Clézio)

L’auteur dresse le portrait d’Ethel (personnage inspiré de la mère de l’auteur) et de sa famille venues de l’île Maurice à Paris. Elle est adolescente dans les années 1930 lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale. Issue de la noblesse mauricienne, elle connaît alors le régime totalitaire nazi, l’antisémitisme, la faim, la pauvreté et la misère qui la marqueront à vie… L’auteur obtient le Prix Nobel de littérature quelques jours après sa sortie.

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Le Procès-Verbal

On me reprochera certainement des quantités de choses. D’avoir dormi là, par terre, pendant des jours ; d’avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d’avoir joué au billard. On m’accusera d’avoir coupé des roses dans le jardin, d’avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l’appui de la fenêtre : il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J’imagine qu’il va falloir passer sous peu devant un tribunal d’hommes ; je leur laisse ces ordures en guise de testament ; sans orgueil, j’espère qu’on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre…

Le Procès-Verbal est l’histoire d’un jeune homme, Adam Pollo, devenu marginal par choix, vit seul dans une maison abandonnée, aux prises avec le vertige du monde ordinaire par un été chaud au Sud de la France. Là, il reste près de la fenêtre à contempler le paysage. Puis, il fréquente les cafés, les plages, les rues. Une relation le lie à une jeune femme nommée Michèle. L’histoire plonge alors dans la description de nombreux faits effectués par Adam : jeu de billard, songeries, consommation de bière dans un café, promenade et rencontres sur la plage, dans les rues.

À force de vouloir vivre, un jour, il descend dans une avenue, et parle aux individus comme un être hors du commun, faisant passer un message. Petit à petit, la folie le prend dans le tourbillon infernal urbain. Un jour, à la suite d’un acte, il est emmené par des policiers et se retrouve dans un asile d’aliénés, où il discute avec diverses personnes de philosophie dans la salle principale. L’histoire s’achève par la situation triste et désespérée d’Adam Pollo, qui après avoir voulu en vain vivre, a fini par devenir fou et rejeté par la société.

Celui qui n’avait jamais vu la mer

Celui qui n’avait jamais vu la mer est une nouvelle du recueil Mondo et autres histoires (1978), rééditée sous forme de roman pour la jeunesse dans la collection folio junior.

C’est l’histoire de Daniel qui ne parle presque pas et n’a pas d’amis. On dirait qu’il dort les yeux ouverts. Il a l’air de venir d’ailleurs. Daniel est fils de la mer. Il a appris à la connaître, à travers un livre, Sindbad le marin, mais il ne l’a jamais vue. Un jour de novembre, il part à sa rencontre, il s’en va pour ne jamais revenir… Grosse émotion, émerveillement… Jon, lui, est fasciné par l’étrange beauté du mont Reydarbarmur. Il y rencontre un petit garçon. Brève rencontre qui doit rester secrète. Cet enfant est-il le dieu vivant de la montagne ?

Bibliographie
Romans, nouvelles et récits
  • Le Procès-verbal, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1963
  • Le Jour où Beaumont fit connaissance avec sa douleur, nouvelle, Mercure de France, L’écharpe d’Iris, Paris, 1964
  • La Fièvre, nouvelles, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1965
  • Le Déluge, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1966
  • Terra Amata, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1967
  • Le Livre des fuites, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1969
  • La Guerre, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1970
  • Les Géants, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1973
  • Voyages de l’autre côté, nouvelles, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1975
  • Mondo et autres histoires, contes, Gallimard, Paris, 1978
  • Désert, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1980
  • La Ronde et autres faits divers, nouvelles, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1982
  • Le Chercheur d’or, roman, Gallimard, Paris, 1985
  • Voyage à Rodrigues, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1986
  • Printemps et autres saisons, roman, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1989
  • Onitsha, roman, Gallimard, Paris, 1991
  • Étoile errante, roman, Gallimard, Paris, 1992
  • Pawana, roman, Paris, Gallimard, 1992
  • La Quarantaine, roman, Gallimard, Paris, 1995
  • Poisson d’or, roman, Gallimard, 1996
  • Hasard, suivi de Angoli Mala, romans, Gallimard, Paris, 1999
  • Cœur brûle et autres romances, nouvelles, Gallimard, Paris, 2000
  • L’enfant de sous le pont, roman, Lire c’est partir, Paris, 2000
  • Fantômes dans la rue, éditions Elle, Aubin Imprimeur, Poitiers, 2000
  • Révolutions, roman, Gallimard, Paris, 2003
  • L’Africain, portrait de son père, Mercure de France, « Traits et portraits », Paris, 2004
  • Ourania, roman, Gallimard, « Collection Blanche », Paris, 2006
  • Ritournelle de la faim, roman, Gallimard, « Collection Blanche », Paris, 2008
  • Histoire du pied et autres fantaisies, nouvelles, Gallimard, Paris, 2011
  • Tempête, Gallimard, Paris, 2014
Essais et idées
  • L’Extase matérielle, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1967
  • Haï, Skira, « Les Sentiers de la création », Genève, 1971
  • Mydriase, illustrations de Vladimir Veličković, Fata Morgana, Saint-Clément-la-Rivière, 1973 ; éd. définitive, 1993
  • Vers les icebergs, Fata Morgana, « Explorations », Montpellier, 1978
  • L’Inconnu sur la terre, Gallimard, « Le Chemin », Paris, 1978
  • Trois villes saintes, Gallimard, Paris, 1980
  • Civilisations amérindiennes, Arléa, Paris, 1981
  • Le Rêve mexicain ou la pensée interrompue, Gallimard, « NRF Essais », Paris, 1988
  • Diego et Frida47, Stock, « Échanges », Paris, 1993
  • Ailleurs, entretiens avec Jean-Louis Ezine, Arléa, 1995
  • La Fête chantée, Gallimard, « Le Promeneur », 1997
  • Gens des nuages (avec Jémia Le Clézio, photographies de Bruno Barbey), récit de voyage, Stock, « Beaux Livres », 1997
  • Raga. Approche du continent invisible, Le Seuil, « Peuples de l’eau », Paris, 2006
  • Ballaciner, Gallimard, 2007
📽 15 citations choisies de J. M. G. Le Clézio
  • Vivre, connaître la vie, c’est le plus léger, le plus subtil des apprentissages. Rien à voir avec le savoir. (L’inconnu sur la terre)
  • On ne se suicide pas parce que la vie est absurde, ou parce qu’on est abandonné. Ces raisons-là viennent après. (L’Extase matérielle)
  • Ce qui me tue, dans l’écriture, c’est qu’elle est trop courte. Quand la phrase s’achève, que de choses sont restées au-dehors ! (Le Livre des fuites)
  • L’écriture est la seule forme parfaite du temps. (L’Extase matérielle)
  • Par le langage, l’homme s’est fait le plus solitaire des êtres du monde, puisqu’il s’est exclu du silence. (L’Inconnu sur la terre)
  • La méchanceté des humains est ordinaire, ce n’est pas pour autant qu’elle est négligeable. (Hasard)
  • Un roman n’est intéressant que si son auteur se remet en question et s’expose à ce qu’on lui dise : « C’est illisible ». (Paris Match – Novembre 2000)
  • Est-ce que toutes les villes ne sont pas les mêmes ? Elles sont des rues, des carrefours, des voitures qui avancent, des regards qui cherchent. (Cœur brûlé et autres romances)
  • Que reste-t-il aux hommes, quand les guerres sont finies ? (Cœur brûlé et autres romances)
  • Notre seule vraie famille est celle des livres. On y éprouve un sentiment de perméabilité avec celui qui raconte : il donne tant de force, tant de frissons. (Télérama – 13 décembre 2000)
  • L’artiste est celui qui nous montre du doigt une parcelle du monde. (L’Extase matérielle)
  • Le mouvement est facile à affoler. L’équilibre est facile à détruire. (L’Extase matérielle)

Autres citations de J. M. G. Le Clézio.

 

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