Jean Giono : Que ma joie demeure (1935)

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Jean Giono

Que ma joie demeure (1935)

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👤 Jean Giono
Jean Giono est un écrivain français, dont de nombreux romans ont pour cadre — voire pour personnage principal — la Provence. Il est né le 30 mars 1895 à Manosque et mort le 9 octobre 1970 dans la même ville. [Lire la suite de sa biographie]
📚 Autres œuvres : Le Hussard sur le toit (1951). – Un roi sans divertissement (1947). – Colline (1928).

Présentation

Que ma joie demeure est un roman de Jean Giono, publié en 1935 aux éditions Grasset. Lors d’une nuit provençale où « les étoiles ont éclaté comme de l’herbe », Bobi le saltimbanque surgit sur le plateau. Pour le fermier Jourdan, qui invite l’étranger chez lui, cette visite relève de la Visitation. Par ses incroyables paroles, Bobi s’annonce comme un personnage christique, gouverné par la joie, qui va bouleverser le « travail triste » des paysans du coin, leur révéler une vie plus authentique, plus risquée aussi, tant elle exige de confiance en l’homme et dépasse les égoïsmes. L’argent n’est plus utile ; on parle de mettre le blé en commun… Avec Aurore et Joséphine, deux fruits sensuels, l’utopie bascule dans le drame…

Les personnages de ce roman comprendront le message de joie et d’espérance que leur apporte le sage Bobi, vagabond au cœur généreux, et malgré les difficultés de l’existence, la joie renaîtra sur le plateau.

Que ma joie demeure est un hymne à la vie, un chant merveilleux en l’honneur de la nature, des hommes et des animaux. Le roman est écrit dans un style à la fois simple et riche. Le vocabulaire utilisé, faisant référence à de nombreux outils ou éléments culturels liés à la Provence du début du XXe siècle, peut toutefois paraître difficile à comprendre, formant dans cette précision une poésie quasi-surréaliste.

Valérie Soudères a composé un opéra inspiré par ce roman, Que ma joie demeure, créé en première audition à la Radiodiffusion française le 13 juin 1958 sous la direction de Pierre Dervaux, avec comme interprètes Nadine Sautereau, Ginette Guillamat, Irma Kolassi, Camille Maurane, Xavier Depraz, Louis-Jacques Rondeleux et Louis Noguéra.

→ À lire : Exprimer le joie.

Un choral de Bach

Publié quelques années avant la guerre, Que ma joie demeure recèle, comme les œuvres précédentes, la quête d’une harmonie toujours à perfectionner. Ce roman connaît immédiatement un immense succès : le lecteur se plonge dans cet univers où la joie constitue une recherche. Mais cette joie s’accompagne toujours de crainte, comme dans le choral de Bach dont s’est inspiré Giono : « Jésus que ma joie demeure », extrait de la cantate BWV 147 : Herz und Mund und Tat und Leben (« Cœur et bouche et action et vie », 1723) «pour la fête de la Visitation de la Vierge ».

Trouver la joie

Quelques maisons dispersées sur un plateau et un homme qui se profile dans le lointain : cet homme se nomme Bobi et, en même temps que lui, c’est une autre existence qui apparaît. Les habitants de la plaine étaient assombris par la vie, Bobi va leur apprendre à profiter des choses. La joie doit se lire en eux-mêmes et dans la nature qui les entoure. La félicité peu à peu renaît et, avec elle, l’amitié, l’amour et le parfum de l’inutilité. Mais l’harmonie ne peut demeurer éternellement et se meut bientôt en tragédie.

Au-delà d’une utopie tragique

Si l’on appréhende uniquement ce roman comme une apologie de la simplicité, de la nature et de l’esprit de communauté — une sorte de communisme pastoral —, il peut bien vite éveiller l’exaspération du lecteur d’aujourd’hui, même si le public de 1935 est, lui, transporté par le souffle de joie que lui offrait Giono. Mais le texte enferme en réalité bien d’autres richesses. Ne serait-ce que par la manière tragique dont se clôt l’histoire. Durant un temps, le personnage de Bobi a réussi à suspendre le temps dans ce plateau du bout du monde, il a construit avec tous une joie où chacun semble pouvoir assouvir ses simples désirs ; mais la souffrance et la mort vont bien vite détruire cette existence chimérique : en définitive, la joie de chacun n’est pas longtemps conciliable avec celle d’autrui. Dans ce roman, ce sont les mots et les métaphores qui sont primordiaux. « Orion ressemble à une fleur de carotte » : chez Giono les images ne se veulent pas le reflet de la réalité, elles sont la transposition d’une chimère. En filigrane du rêve d’une joie partagée, les mots réinventent un langage et parviennent à exprimer les sensations les plus profondes.

Si la philosophie du roman n’est pas toujours en adéquation avec la pensée du lecteur d’aujourd’hui, si Bobi ne réussit pas à maintenir la joie, ce qui demeure, malgré le temps, c’est la poésie d’un texte et celle des personnages qui la transportent.

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