La villanelle

Genres littéraires La poésie ► Genres de poésie ► vous êtes ici

La poésie » Les genres de poésie

La villanelle

La villanelle est une petite poésie pastorale, d’origine italienne, divisée en couplets, et qui a été mise à la mode, en France, au XVIe siècle, par le poète Jacques Grévin. Honoré d’Urfé, Jean Passerat, Joachim Du Bellay et Philippe Desportes excellent dans cette forme de poésie et s’en servent pour exprimer d’amoureuses rêveries ou de gracieuses frivolités. Le mot villanelle vient de l’italien villanella, et dérive de villanello, ou de l’espagnol vilano, qui signifie « petite chanson paysanne ».

La villanelle est une chanson ou ballade supposée faite par des bergers, et sur un air champêtre. On peut distinguer deux sortes de villanelle : la simple et la double. La villanelle simple est coupée en tercets et se termine par un quatrain alors que la villanelle double est divisée en sixains et finit par un huitain. Dans l’une et l’autre, chaque couplet finit par un même refrain et doit ramener un des vers du premier tercet ou du premier sixain. La villanelle simple n’a que deux rimes pour toute son étendue. La villanelle double les change quelquefois à chaque sixain, mais il est de règle que du moins le sixain ne soit que sur les deux mêmes rimes. En général, le schéma de cette pièce est le suivant: A1bA2 abA1 abA1 … abA1A2, à l’instar de cet extrait de Jean Passerat, sous le titre « J’ai perdu ma tourterelle »:

Annonce

J’ai perdu ma tourterelle;
Est-ce point celle que j’oy?
Je veux aller après elle.

Tu regrettes ta femelle,
Hélas ! aussi fay-je moy:
J’ai perdu ma tourterelle.

Si ton amour est fidèle,
Aussi est ferme ma foy;
Je veux aller après elle.

[…]

Mort, que tant de fois j’appelle,
Prends ce qui se donne à toy!
J’ai perdu ma tourterelle;
Je veux aller après elle.

Généralement, ce genre de poésie est empreint d’une douce mélancolie. L’auteur qui les mit le plus à la mode est Jacques Grévin. Dès l’âge de 22 ans, il a composé plusieurs ouvrages qui sont bien admirés. Ensuite, il a traduit les poètes italiens et espagnols ; les étudiant avec soin, il en a pris la couleur et le genre, et c’est d’eux qu’il a appris à faire des villanelles. Leur succès est rapide, et dès lors elles sont adoptées en France.

Très en vogue au XVIe siècle, la villanelle a été reprise par certains Parnassiens.
Malgré le caractère très précis de la forme fixe, les poètes ont souvent appelé villanelles des poèmes fondés sur la simple répétition d’un refrain de deux vers, tels Du Bellay, ou encore Honoré d’Urfé dans sa « Villanelle d’Hylas » :

Ceux qui veulent vivre en servage,
Peuvent comme esclaves mourir;
Hylas jamais n’a pu souffrir
Que l’on lui fit un tel outrage :
Change d’humeur qui s’y plaira,
Jamais Hylas ne changera.

Il est certain, Hylas vous aime :
Mais vous savez, belle Alexis,
De son amour quel est le prix ?
Le prix d’Amour, c’est l’Amour même :
Change d’humeur qui s’y plaira,
Jamais Hylas ne changera.

Languir auprès d’une cruelle,
C’est un bien maigre passe-temps;
Et c’est en quoi je ne m’entends,
Il vaut bien mieux être infidèle :
Change d’humeur qui s’y plaira,
Jamais Hylas ne changera.

Mais pour ne le trouver étrange,
Qu’égale entre nous soit la loi ;
Comme je vous aime, aimez-moi,
Et me changez si je vous change:
Change d’humeur qui s’y plaira,
Jamais Hylas ne changera.

Ainsi d’une si douce vie
Nul de nous ne se lassera,
Parce que celui changera
Qui premier en aura l’envie :
Change d’humeur qui s’y plaira,
Jamais Hylas ne changera.

Et si jamais je vous en blâme,
Que je puisse mourir d’amour,
Ou bien que j’aime quelque jour
Longuement une laide femme :
Change d’humeur qui s’y plaira,
Jamais Hylas ne changera.

De nos jours, la villanelle n’est plus usitée.

→ À lire : La chanson. – La ballade. – La littérature française au XVIe siècle.

Genres littéraires

Articles connexes

Annonce

À lire également...

EspaceFrancais.com

You cannot copy content of this page