La versification

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La versification

– Métrique, rythme et sonorités –

Introduction

La versification est l’ensemble des règles et des techniques concernant l’écriture du poème. Vers le milieu du XIXe siècle, les poètes se sont affranchis de ces règles et ont créé leurs propres normes poétiques.

Dans le langage ordinaire, les sons des mots sont secondaires : c’est leur sens qui compte. Les poètes, eux, travaillent les sonorités pour qu’elles contribuent à la création du sens et à la musique des vers.

Enfin, le langage poétique a souvent recours à des comparaisons et des métaphores. Ces images rapprochent deux réalités plus ou moins éloignées ; elles s’adressent à l’imagination du lecteur.

Bref, la poésie veut être une puissance d’enchantement qui charme profondément l’auditeur ou le lecteur. C’est pourquoi la poésie est conçue, dès son apparition, pour être chantée ou récitée, comme le font au Moyen Âge ménestrels et troubadours. Elle entraîne l’élaboration d’un nouveau langage qui repose sur le rythme et les sonorités, l’unité du vers et celle de la strophe…

L’étude littéraire d’un poème.

Exercice : Règles de la versification française

L’étude des vers et des strophes

La mesure des vers

Pour mesurer un vers, il faut compter les syllabes prononcées (ou mètre) :
Exemple : C’était l’heure tranquille où les lions vont boire. (Victor Hugo)
► c’é / tait / l’heu / re / tran / qui / lle où / les / li / ons / vont / boire.

Cependant, il faut tenir compte de trois particularités : 1)- la règle du «e» muet, 2)- La synérèse, 3)- la diérèse.

La règle du – e – muet
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À l’intérieur d’un vers, on compte la syllabe qui se termine par un « e » muet si la syllabe suivante commence par une consonne, on ne la compte pas si la syllabe suivante commence par une voyelle. À la fin d’un vers, on ne compte jamais le « e » muet.
Exemple : Il tire, traîne, geint, tire encore et s’arrête. (Victor Hugo)
— Les –e– colorés en bleu sont comptés
— Les –e– colorés en rose ne sont pas comptés
La diérèse
Deux sons habituellement prononcés groupés doivent parfois se prononcer séparément, en deux syllabes: c’est la diérèse qui, en ralentissant la prononciation du mot, l’adoucit.
Exemple : million → | mi | lli | on|, nation → | na | ti | on|
La synérèse
Deux sons habituellement prononcés séparément doivent parfois se prononcer en une syllabe : c’est la synérèse, qui abrège le mot, le durcit.
Exemple : lion → | lion |

Les différents types de vers

La désignation de la plupart des vers provient du décompte des syllabes :

  • monomètre (vers d’une syllabe),
  • dissyllabe (vers de deux syllabes),
  • trisyllabe (vers de trois syllabes),
  • quadrisyllabe (vers de quatre syllabes),
  • pentamètre (vers de cinq syllabes),
  • hexamètre (vers de six syllabes),
  • heptamètre (vers de sept syllabes),
  • octomètre (vers de huit syllabes),
  • énnéasyllabe ( vers de neuf syllabes),
  • décasyllabe (vers de dix syllabes),
  • hendécasyllabe (vers de onze syllabe),
  • alexandrins (vers de douze syllabes).

Les vers ont le plus souvent un mètre pair (les plus fréquents ont douze, dix, huit syllabes) :

  • Le vers de douze syllabes, l’alexandrin. C’est le plus long vers régulier. Il peut donner du calme ou de la majesté au sujet traité.
  • Le vers de dix syllabes, le décasyllabe. C’est le vers le plus couramment employé. C’est un alerte, léger, qui convient surtout à des poèmes courts.
  • Le vers de huit syllabes, l’octosyllabe. On l’emploie encore aujourd’hui pour la poésie légère, pour les chansonnettes.
  • Les vers de six, quatre, deux syllabes s’emploient rarement en série continue. Ces vers très courts sont utilisés pour contraster avec des vers plus longs et créer ainsi un effet de surprise, de brièveté. Dans tous les autres cas, on parle de vers impairs.
Du vers à la strophe
La strophe

La strophe est l’ensemble constitué par un nombre de vers limité, avec une disposition fixe des rimes (voir ci-dessous) et des mètres, et, qui peut se reproduire indéfiniment.

La strophe comprend en général de quatre à quatorze vers. En principe, le poète choisit librement le schéma de la première strophe qu’il est tenu de respecter dans la suite du poème.

Voici les principales strophes :

  • le distique : 2 vers ;
  • le tercet : 3 vers ;
  • le quatrain : 4 vers ;
  • le quintil : 5 vers ;
  • le sizain : 6 vers ;
  • le septain : 7 vers ;
  • le huitain : 8 vers ;
  • le dizain : 10 vers.
La forme de la strophe

● Des strophes carrées : (composées de 6 vers de 6 syllabes, 8 octosyllabes, 10 décasyllabes, 12 alexandrins) qui donnent l’impression de la force, de la plénitude et de la cohésion.

● Des strophes horizontales : (composées de 4, 5 ou à la rigueur 6 alexandrins) qui donnent l’impression de la durée, de l’étendue, de la majesté. C’est la strophe de la nostalgie, des regrets, c’est la stance des adieux à la vie.

● Des strophes verticales : (par exemple: 8 vers de deux syllabes, 10 vers de trois syllabes, 12 vers de 4 syllabes) qui donnent l’impression d’un écoulement rapide, d’une succession d’actes précipités, parfois fougueux et violents et parfois badins et légers. C’est la strophe de la clochette et de la cascatelle.

● La strophe hétérométrique : elle est généralement en forme de cône renversé c’est-à-dire qui va des vers longs aux vers courts. La phrase tend à s’achever sur les vers qui représentent comme l’épuisement du souffle.

L’architecture sonore : l’étude des sonorités

La rime : cas particulier d’écho sonore
Définition de la rime
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Homophonie (identité des sons) de la dernière voyelle accentuée du vers, ainsi que des phonèmes qui, éventuellement la suivent.
Elle est en elle-même une sorte particulière d’accent, en tant qu’elle est constituée de sons remarqués ou remarquables : elle est un accent phonétique. C’est-à-dire que la rime ne saurait se contenter de sonorités banales et qui passent inaperçues, sans trahir sa mission qui est de se faire entendre, de ponctuer le vers soit en frappant soit en charmant l’oreille.

Qualité de la rime

● Rimes pauvres : elles sont constituées d’un seul phonème commun (un seul son-voyelle) comme dans matin et chemin , pas et plats
● Rimes suffisantes : elles sont constituées de deux phonèmes (deux sons) communs comme dans brève et sève / ville et agile
● Rimes riches : elles sont constituées de trois phonèmes (trois sons) et plus comme dans image et hommage / patin et matin

Le genre des rimes et leur alternance

On appelle rime féminine celle qui se termine par un –e– (joueloue), même si après le -e- figure dans une marque du pluriel : s, nt (tuesignorent). On appelle rime masculine toutes les autres rimes (douxvous).
La versification classique impose la règle de l’alternance des rimes féminines et masculines. Les poètes modernes préfèrent faire alterner les rimes vocaliques (jouenous) et les rimes consonantiques (goutteroute).

La disposition des rimes

Elle est déterminée par leur succession. Plusieurs combinaisons sont possibles.

Caractéristique
Rimes plates ou suivies
A A B B
Rimes croisées
A B A B
Rimes embrassées
A B B A
La rime intérieure et les régularités sonores du vers libre

Elle répète au milieu du vers la rime située à la fin du vers. Elle crée un écho sonore dans le vers.
Les vers libres ne respectent pas les règles concernant les rimes. Ils leur substituent d’autres régularités sonores, variables selon les poètes.

→ Lire cette page détaillée sur la rime.

L’unité sonore
Définition

L’unité sonore est la réunion d’allitérations et d’assonances dans un ensemble de mots ou de vers. Elle met en évidence une unité de sens et peut opposer un ensemble de mots ou vers à un autre ensemble, ce qui crée des effets de sens.

L’allitération

L’allitération est la répétition du même son-consonne. Son rôle essentiel est de rythmer le vers, de constituer une trame sonore du poème. Elle peut créer une harmonie imitative: elle évoque alors le bruit que ferait ce dont le poème parle. Elle peut aussi suggérer une impression: c’est l’harmonie suggestive. Elle peut enfin produire un effet humoristique. L’allitération sert d’abord à mettre en évidence une unité de sons.
Exemple : Enfin avec le flux nous fait voir trente voile (Pierre Corneille). L’allitération en « f » et en « v » exprime le bruit des bateaux sur l’eau.

L’assonance

L’assonance est la répétition du même son-voyelle. Elle instaure des échos entre les mots et, par là-même, installe des correspondances de sens entre eux. Combinée à l’allitération, elle crée une musique des vers et met en évidence une unité de sons.
Exemple : Les âmes du Liban sont une symphonie (Charles Corm). Les voyelles nasales « an, on, ym » évoquent une musique éclatante.

L’hiatus

L’hiatus consiste dans la rencontre de deux voyelles appartenant au même mot (c’est l’hiatus interne) ou à deux mots successifs (c’est l’hiatus externe).
Exemple : po|ète, ma|ïs.

Le rythme du texte en vers

À l’origine, la poésie était toujours accompagnée de musique. Les vers ont conservé ensuite le rythme, donné par le jeu de l’accent, la coupe, l’enjambement, le rejet et le contre-rejet.

L’accent

C’est l’augmentation de l’intensité de la voix sur une syllabe. En français, il porte sur la dernière syllabe non muette d’un mot long ou d’un groupe de mots courts. Par ailleurs, dans un groupe nominal ou verbal, le mot le plus important porte un accent de coupe. Le nombre et la place des accents sont déterminants pour le rythme. On distingue deux genres d’accents :

L’accent fixe

Aux XVIIe siècle, le vers classique supportait deux accents : l’un en son milieu qui est la césure et l’autre à sa fin qui est la rime. Ces deux accents divisent le vers en deux parties qu’on appelle hémistiches. Mais au XIXe siècle le vers ne supporte plus de césure.
Exemple :

Un jour sur ses longs pieds, //

allait je ne sais où /
Le héron au long bec, //emmanché d’un long cou _(La Fontaine)

La partie coloré en vert est la 1re hémistiche
La partie coloré en bleu est la 2e hémistiche

Les deux tirets obliques « // » sont la césure
La seule tiret oblique « » est la rime

L’accent mobile

Le rythme est le mouvement du poème; il peut être l’image musicale du mouvement de la pensée.
Le rythme régulier peut être binaire lorsqu’il est coupé en deux par la césure (c’est le cas de l’alexandrin classique), ternaire (comporte trois accents) ou tétramètre (comporte quatre accents). Mais le rythme peut être aussi entrecoupé, lent, rapide, progressif et peut exprimer la régularité, la monotonie ou la tristesse…
Exemple : Et vous donc Kadicha, multiple amphithéâtre,
————Où le cœur s’abandonne au vertige des cieux… (Charles Corm).

 

Et vous donc, Kadicha, multip le amphithéâtre,
Où le cœur s’abandon ne au vertige des cieux
C’est un tétramètre de rythme régulier qui exprime le calme dans la grotte de « Kadicha ».
► Les « ‘ » désignent les accents mobiles.

La coupe

C’est un repos, une pause dans le vers. Elle se situe après chaque syllabe accentuée et marque la fin d’une mesure. Les vers longs comportent plusieurs coupes: la plus importante placée au milieu est appelée césure (voir l’exemple de l’accent fixe). Dans l’alexandrin classique, la césure se situe après la sixième syllabe prononcée. Chacune des deux moitiés de l’alexandrin s’appelle un hémistiche comme on a déjà vu dans l’accent fixe ci-dessus.

L’enjambement

Quand la pause finale n’accomplit pas le sens du vers et que l’on doive le continuer dans le vers suivant, on dit qu’il y a enjambement.
Exemple : Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
              Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi(Arthur Rimbaud)

Le rejet et le contre-rejet

On dit qu’il y a rejet lorsque le sens du vers se termine au début du vers suivant.
Exemple : Il est pris. — Oh! quel nom sur ses lèvres muettes
              Tressaille ? Quel regret implacable le mord ? (Arthur Rimbaud)
Lorsque le sens du vers commence à la fin du vers précédent, on dit qu’il y a contre-rejet.
Exemple : Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automne
               Faisait voler la grive à travers l’air atone. (Paul Verlaine)

Les images poétiques

Contrairement au discours scientifique qui utilise les images pour expliquer ou/et pour ramener l’inconnu au connu, la poésie emploie pour court-circuiter le langage ordinaire, ou pour restituer dans toute sa force une émotion, une impression que le langage ordinaire ne peut exprimer. La nouveauté et l’originalité des images poétiques créent un effet de surprise.

La comparaison en poésie

La comparaison rapproche deux réalités à partir d’une caractéristique commune : le comparé, ce dont il est question, et le comparant, ce dont on rapproche le comparé. Elle est une image explicite, marquée par un mot précis indiquant la comparaison.
Exemple : J’aime la lune, ardente et rouge comme l’or. (Victor Hugo)

La métaphore en poésie

Elle établit une analogie entre deux réalités différentes à partir d’une caractéristique commune que le poète peut parfois rendre inattendue. En effet, pour avoir un fort pouvoir de suggestion, la métaphore poétique doit surprendre.

● La métaphore avec présence du comparé. Elle met en rapport direct le comparé et le comparant au moyen d’une attribution (A est B), d’une apposition (A, B ou B, A), ou d’un complément de nom (A de B ou B de A). Elle ne s’applique donc qu’à des noms.

● La métaphore avec absence du comparé. Le comparé est complètement effacé; seul reste le comparant qui lui laisse deviner ce qu’il représente. Plus difficile à repérer, cette métaphore se signale par un écart entre le champ lexical auquel appartient le comparant et les autres champs lexicaux du poème.

● La métaphore filée est une métaphore qui se prolonge dans plusieurs vers ou plusieurs phrases avec des termes appartenant au même réseau lexical.

● Les fonctions de la métaphore. Sous une forme condensée et plus brillante que la comparaison, la métaphore crée une analogie. Elle peut être descriptive et pittoresque quand l’analogie porte sur la forme, la taille, la couleur, le mouvement de l’objet décrit. Elle peut être esthétique et sensuelle quand l’analogie porte sur une impression ou une sensation. Elle peut enfin être éclairante et profonde quand l’analogie porte sur des idées et rend compte d’une vision du monde et des croyances du poète.
Exemple de métaphore : Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits. (Paul Éluard)

La personnification et l’allégorie
La personnification

C’est un procédé consistant à faire d’un être inanimé ou d’une idée abstraite un personnage réel, doué de vie et de sentiments. Elle crée l’impression que les choses vivent et pensent, que les idées ont une existence autonome, indépendamment des hommes.
Exemple : Mes rêveuses pensées pieds nus vont en soirée. (Guillaume Apollinaire)

L’allégorie

C’est un procédé consistant à représenter une idée, une abstraction, sous une forme concrète, le plus souvent un personnage ou un animal. L’allégorie rend les idées moins abstraites, plus accessibles ; elle donne un sens symbolique ou allusif au poème.
Exemple : Ô douleur ! ô douleur ! Le temps mange la vie… (Charles Baudelaire)

Exercice : Règles de la versification française

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