Les vers blancs

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Les vers blancs

Les vers blancs désignent une poésie sans rimes, composée en pentamètres iambiques.

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Cette forme de versification domine la poésie narrative et dramatique anglaise depuis le milieu du XVIe siècle et se rapproche au plus près possible des rythmes de la langue anglaise parlée.

Les vers blancs sont adaptés par des écrivains italiens de la Renaissance à partir de sources classiques, puis deviennent une forme couramment pratiquée par des auteurs dramatiques comme l’Arioste, le Tasse et Battista Guarini. Puis, d’Italie, ils sont importés dans la littérature anglaise par le poète Henry Howard, comte de Surrey, qui le premier les emploie dans sa traduction de l’Énéide de Virgile (v. 1540). Plus tard, Christopher Marlowe les utilise dans sa poésie dramatique ; et Shakespeare les transforme en un système unique et flexible, capable de transmettre subtilement le rythme du discours et la qualité des émotions. Selon John Milton, seule cette poésie non rimée pouvait donner à l’anglais la dignité d’une langue classique. Il explicite cette théorie dans la préface de son long poème épique Le Paradis perdu (The Paradise Lost, 1667), un des plus illustres poèmes en vers blancs jamais composés.

Plus tard, d’autres poètes anglais, comme les écrivains romantiques du XIXe siècle William Wordsworth, Percy Bysshe Shelley et John Keats emploient également cette technique de versification. Plus tard encore, les vers blancs, pratiqués par Tennyson et Robert Browning, ou par les Américains Edwin Arlington Robinson et Robert Frost, se mettent au service de thèmes moins nobles, devenant d’une tonalité plus familière.

Les vers blancs ont été également beaucoup utilisés dans la poésie dramatique allemande depuis le XVIIIe siècle, notamment dans Nathan der Weise (Nathan le Sage, 1779) de Gotthold Ephraim Lessing et dans les œuvres de Goethe, Schiller ou encore Gerhart Hauptmann. C’est aussi l’une des formes couramment utilisées dans les drames en vers suédois, russes et polonais.

En France, les poètes n’ont pas eu recours aux vers blancs qu’à travers des traductions d’œuvres étrangères. En effet, Voltaire n’a pas encouragé ce genre de poésie.

Les vers blancs, a dit Voltaire, ne coûtent que la peine de les dicter; cela n’est pas plus difficile à faire qu’une lettre. Ceux qui les ont inventés ont prouvé par là qu’ils ne savaient pas rimer. Les vers blancs sont nés de l’impuissance de vaincre la difficulté de la rime, et de l’envie d’avoir plus tôt fait.

Au XVIIIe siècle, on l’a fréquemment employé à traduire des poèmes anciens ou étrangers. Blaise de Vigenère, en 1558, a traduit les Psaumes en vers blancs. L’académicien Méziriac, vers le milieu du XVIIe siècle, a traduit de même beaucoup de passages des poètes anciens, ajoutés au commentaire de sa traduction en prose des Épîtres d’Ovide. Voltaire a traduit en alexandrins non rimés une partie du Jules César de Shakespeare et quelques morceaux du poète persan Sadi. Marmontel, en 1777, a relevé par de semblables intermèdes la prose des Incas.

Mais cette forme inférieure, et dont les véritables poètes ne feront jamais qu’une estime médiocre, faut-il la rejeter absolument et toujours ? Pas tout à fait. Elle peut être utile dans certaines circonstances, notamment lorsque l’on traduit en français les vers non rimés d’une autre langue, et que l’on veut donner du modèle une image aussi ressemblante qu’il est possible.

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