Marie de France : Lais

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Marie de France

Lais

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👤 Marie de France
Poétesse française de la Renaissance du XIIe siècle et auteure d’un célèbre recueil de Lais, Marie de France est la première poète de la littérature française dont la postérité ait retenu le nom. [Lire la suite de sa biographie]

Présentation

Les Lais de Marie de France est un ensemble de douze récits brefs en vers octosyllabiques, composés vers 1170 à la cour d’Angleterre. En général, ce sont des aventures d’origine bretonne qui glorifient l’amour courtois dans un milieu chevaleresque. Il y a cinq manuscrits différents qui comprennent chacun un ou plusieurs lais, mais il n’y en a qu’un qui les contienne tous les douze : Harley 978 au British Library qui date du XIIIe siècle. Ce manuscrit a également un prologue de 56 vers dans lequel Marie décrit la raison qui la pousse à écrire. Dans ce prologue, elle dit que son inspiration était à l’exemple des anciens et de la littérature latine pour créer quelque chose de divertissant et d’instructif pour son lecteur. Elle veut aussi préserver et pérenniser les contes qu’elle a entendus.

Retrouvez la liste des douze récits se trouvant dans le manuscrit Harley 978 :

  • Guigemar (Guyomarch II de Léon, héros descendant d’une fée et appelé à faire régner les vertus chevaleresques),
  • Equitan (nom d’un roi adultère puni par le mal qu’il voulait infliger),
  • Freisne (le frêne, où est abandonné une enfant qui, devenue une belle servante, est reconnue par ses parents nobles),
  • Bisclaveret (de bleizgarvet, en breton « transformé en loup cerf », thème proche de celui de La Belle et la Bête),
  • Lanval (Sire Lanval accusé d’homosexualité par la reine Guenièvre),
  • Les Deus Amanz (sur le thème de l’amour contrarié par des lois absurdes et de la mort qui réunit seule les amants),
  • Yonec (nom du fils adultérin qui venge sa mère mal mariée à un vieillard jaloux),
  • Laustic (du breton eostig, « rossignol », allégorie de la création poétique comme une réponse à l’adultère impossible),
  • Milun (sur le thème de la filiation cachée),
  • Chaitivel (« Le Malheureux », sort réservé au mari auquel la dame chaste préfère ses prétendants morts pour elle),
  • Chevrefoil (le chèvrefeuille qui réunit les tombes des amants désunis),
  • Eliduc (inversion du mythe de Tristan et Iseut sur le thème de la bigamie des marins et en réponse à celle ci, à travers l’évocation d’une belle au bois dormant, la solidarité féminine, voire le divorce).

Liste en français moderne : GuigemarÉquitan Le FrêneBisclavret – LanvalLes Deux AmantsYonecLe Rossignol (ou Laüstic) – Milon – ChaitivelChèvrefeuilleÉliduc.

→ À lire : Le lai. – Le conte. – Le récit. – Le prologue.

Enluminure représentant Marie de France écrivant son ysopet et réalisée par « Le Maître de Papeleu » vers 1290.

⬆ Enluminure représentant Marie de France écrivant son ysopet et réalisée par « Le Maître de Papeleu » vers 1290.

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Histoires d’amour heureuses et malheureuses

Les douze contes qui composent les Lais de Marie de France s’articulent tous autour d’une histoire d’amour — heureuse ou malheureuse. Certaines de ces histoires mettent en contact le monde quotidien et le monde merveilleux, soit parce qu’elles rapportent l’union d’un(e) mortel(le) avec un être féerique (Lanval, Yonec), soit parce qu’elles s’organisent autour d’une ou plusieurs aventures surnaturelles (Guigemar, Bisclavret). Toutes se déroulent dans le cadre reconnaissable, sinon « réaliste », de la féodalité du XIIe siècle, et illustrent la difficulté d’accomplir l’idéal de l’amour courtois au sein de ce cadre social. S’ils proposent une fin heureuse, les lais de Guigemar, de Milon et d’Éliduc ne font se retrouver les amants qu’au terme de longues années d’épreuves et de patience. Lanval, quant à lui, doit fuir la cour arthurienne pour pouvoir vivre avec sa fée-amante, et l’héroïne éponyme du lai de Frêne doit accepter de servir la femme de son amant avant de pouvoir à son tour l’épouser. De nombreux couples connaissent une fin tragique : dans Équitan, les amants adultères périssent ébouillantés. Les amoureux du lai des Deux Amants meurent au terme d’une épreuve inhumaine imposée par le père de la jeune fille. L’amant merveilleux de l’héroïne du lai d’Yonec se blesse à mort dans un piège tendu par le mari jaloux. Dans le lai du Chaitivel, une dame perd simultanément ses quatre prétendants. Enfin, à l’instar de Tristan et Iseut (héros du lai du Chèvrefeuille), les amoureux du lai du Rossignol, étroitement surveillés, ne peuvent que s’aimer de loin.

Jointure et conjointure

Tout en illustrant la difficulté de trouver la jointure entre relation amoureuse et vie sociale, les Lais réussissent à réaliser la conjonction, dans une structure signifiante cohérente, d’inspirations et de matières très diverses : thèmes empruntés à la mythologie celtique, canevas des contes populaires, figures des bestiaires, mais aussi réminiscences d’Ovide, de Robert Wace et des romans de Tristan.

Dans cette perspective, l’écriture de Marie de France s’apparente à celle de Chrétien de Troyes, qui, à peu près à la même époque, invente le terme de conjointure pour caractériser son entreprise romanesque. L’œuvre de Marie, comme celle de Chrétien, témoigne en ce sens des enjeux d’écriture de ce qu’on a appelé la « renaissance du XIIe siècle » : fondre en une structure harmonieuse, en les adaptant au goût courtois, les héritages croisés du folklore et de la littérature antique.

« Plusurs en ai oïz conter, nes vueil laissier ne oblïer… »

Mais l’essentiel du travail de conjointure qu’opèrent les Lais s’élabore entre tradition orale et écriture. Dans son prologue, Marie affirme vouloir adapter en français les lais chantés par les Bretons, afin d’en perpétuer le souvenir. Au-delà de la revendication d’un héritage — celui de la matière de Bretagne —, Marie de France met ainsi en avant la dette que son œuvre entretient — à l’instar de toutes les productions littéraires médiévales — à l’égard de l’oralité et de la remémoration. Le lai narratif, qu’elle semble inaugurer, s’impose comme une mise en mémoire du lai musical, mais aussi d’un ensemble de traditions poétiques dialoguant entre elles.

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