Nathalie Sarraute

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Auteurs français

Nathalie Sarraute

1900 – 1999

Ce qui compte, en littérature, c’est la mise au jour, ou la recréation, d’une substance psychique nouvelle.

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(Nathalie Sarraute)

Nathalie Sarraute, née à Ivanovo-Voznessensk en Russie, le 18 juillet 1900, morte à Paris le 19 octobre 1999, est une écrivaine française d’origine russe. Elle est l’une des figures du Nouveau Roman à partir de la publication de L’Ère du soupçon en 1956.

Présentation

Natacha Tcherniak, dite Nathalie Sarraute, est née à Ivanovo (Russie), le 18 juillet 1900, dans une famille d’intellectuels juifs (son père Ilya Tcherniak est docteur ès sciences et professeur de faculté). Elle est élevée en France, à la suite de la séparation de ses parents en 1902, d’abord par sa mère, puis par son père remarié. Licenciée en anglais et en droit, mariée à un avocat (Raymond Sarraute), amateur comme elle d’art et de littérature, elle exerce au barreau de Paris jusqu’en 1940 (date de sa radiation en tant que juive), tout en se consacrant de plus en plus à l’écriture.

Nathalie Sarraute meurt à Paris le 19 octobre 1999 alors qu’elle dit travailler à une septième pièce et est inhumée à Chérence, dans le Val-d’Oise.

Le roman traditionnel à la question
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Photo de Nathalie Sarraute.Dans Tropismes (1939), son premier recueil de textes, qui passe alors inaperçu, elle met déjà en place ce qui constituera l’axe de tout son travail littéraire, et qu’elle applique dès son premier roman, Portrait d’un inconnu (1948), écrit pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit de mettre au jour les mouvements fugaces de la conscience, les « drames microscopiques » aux enjeux pourtant essentiels qui sous-tendent les relations humaines (Martereau, 1953).

Sous les lieux communs et les artifices de convention, la romancière traque le non-dit et le monde « furtif, apeuré, tremblant » de la « sous-conversation ». Le langage a du mal à rendre compte de ces instants ténus, de ces affleurements et de ces effleurements, mais il demeure le seul moyen de les exprimer (L’Usage de la parole, 1980).

L’effort de l’écrivain est ainsi un patient travail sur ces mots qui, telle une chape de béton, ont tendance à imposer leur impérialisme plutôt qu’à se prêter à l’expression des mouvements qui tissent la vie psychique.

Héritière de Dostoïevski, de Proust, de Joyce et de Virginia Woolf, Nathalie Sarraute conteste donc naturellement, dans le recueil d’articles l’Ère du soupçon (1956), les conventions d’une littérature romanesque fondée sur une histoire et sur des personnages de type balzacien, ce qui la rapproche un temps des écrivains du Nouveau Roman.

Elle lui substitue une écriture en suspension, des interactions entre subjectivités désignées davantage par des pronoms (« il », « elle ») que par une identité stable (Les Fruits d’or, 1963, prix international de littérature), une fluidité entre monologue intérieur et dialogue. Les métaphores cherchent à y exprimer le quasi-indicible, tandis que l’intrigue se dilue et que le présent s’étend démesurément.

Le succès

L’œuvre de Nathalie Sarraute, après s’être heurtée à l’incompréhension, connaît un immense succès à partir du Planétarium (1959). Dans Vous les entendez ?, 1972 ; ce sont des rires entendus qui provoquent un séisme ; dans Disent les imbéciles, 1976, l’auteur s’interroge encore sur ces mots qui sont souvent brandis comme une arme. Traduite en plus de vingt langues, cette œuvre comporte aussi des pièces radiophoniques dont certaines ont été portées à la scène (Le Silence, 1967 ; Le Mensonge, 1967 ; Pour un oui ou pour un non, 1982).

Elle a vu son public s’élargir en France depuis la publication de son « autobiographie » (Enfance, 1983) – où ce sont les mots qui chaque fois font resurgir le souvenir – et celle de Ici (1995). Elle est aussi l’auteur d’essais (Paul Valéry et l’enfant d’éléphant, 1986). Son dernier ouvrage, Ouvrez, un roman, a paru en 1997.

→ À lire : Enfance, 1983.

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Quelques œuvres
Pour un oui pour un non (1982)

Dans une action concentrée, où tout ce qui compte est ce qui n’est pas dit, deux hommes s’affrontent, prennent à tour de rôle la position du dominant ou du dominé, deux amis se brouillent – peut-être – «pour un oui ou pour un nom». La tension qui existe sous les mots les plus simples, les mouvements physiologiques et psychiques souterrains communiquent au public une sensation de malaise, en même temps qu’ils le fascinent. Car cette dispute est la nôtre, ces mots, nous les avons prononcés, ces silences, nous les avons entendus. Tout un passé refoulé se représente, une profondeur inconsciente, des pulsions agressives. Par les mots, nous nous déchirons nous-mêmes, et nous déchirons les autres. Mais le silence est pire. Cette pièce de théâtre (XXe siècle) est recommandée pour les classes de lycée

Enfance (1983)

Ce livre est écrit sous la forme d’un dialogue entre Nathalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l’aide à faire surgir « quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs […] ouatées qui se défont et disparaissent avec l’enfance ». Enfance passée entre Paris, Ivanovo, en Russie, la Suisse, Saint-Pétersbourg et de nouveau Paris. Un livre où l’on peut voir se dessiner déjà le futur grand écrivain qui donnera plus tard une œuvre dont la sonorité est unique à notre époque.

→ À lire : Enfance, 1983.

Tropismes (1939)

Initialement publié par Denoël en 1939, le premier livre de Nathalie Sarraute (1900-1999) est paru aux Éditions de Minuit en 1957, dans une nouvelle version où l’auteur avait retranché un chapitre pour en ajouter six nouveaux.

Les tropismes, a expliqué Nathalie Sarraute, « ce sont des mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; ils sont à l’origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu’il est possible de définir ».

Vingt-quatre petits tableaux d’oscillations intérieures presque imperceptibles à travers clichés, lieux communs et banalités quotidiennes : vingt-quatre petits récits serrés, où il n’y a plus de trame alibi, plus de noms propres, plus de « personnages », mais seulement des elle et il, des ils et elles, qui échangent leur détresse ou leur vide au long de conversations innocemment cruelles ou savamment féroces.

Textes très courts où une conscience jamais nommée, simple référence impersonnelle, s’ouvre ou se rétracte à l’occasion d’une excitation extérieure, recevant la coloration qui permet de l’entrevoir.

Dans sa préface à L’Ère du soupçon (Gallimard, 1964), Nathalie Sarraute dit :

Mon premier livre contenait en germe tout ce que, dans mes ouvrages suivants, je n’ai cessé de développer. Les tropismes ont continué d’être la substance vivante de tous mes livres.

L’Usage de la parole (1980)

Dans cet ouvrage, Nathalie Sarraute a repris, en la développant, la forme poétique de ses premiers textes brefs, Tropismes.Chacun de ces textes a été suscité par certaines paroles qui lui ont paru particulièrement riches en potentialités insoupçonnées. Insoupçonnées, soit parce que l’impact de ces paroles reste méconnu, soit parce qu’il est enseveli sous un amoncellement de représentations convenues, comme lorsqu’elles touchent aux thèmes éternels de l’amour et de la mort. Dans l’un et l’autre cas, le lecteur assiste ou, mieux, est appelé à prendre part aux diverses actions dramatiques qui sont ici mises au jour et se déploient. C’est un assez extraordinaire exercice !

📽 15 citations choisies de Nathalie Sarraute
Bibliographie
Romans
  • Portrait d’un inconnu, 1948.
  • Martereau, 18 mai 1953, Gallimard.
  • Le Planétarium, 13 mai 1959, Gallimard.
  • Les Fruits d’or, 1963, Gallimard. Prix international de littérature.
  • Entre la vie et la mort, 22 avril 1968, Gallimard.
  • Vous les entendez ?, 17 janvier 1972, Gallimard (coll. « Le Chemin »).
  • Disent les imbéciles, 2 septembre 1976, Gallimard.
  • L’Usage de la parole, 8 février 1980, Gallimard.
  • Enfance, 1983, Gallimard.
  • Tu ne t’aimes pas, 1989, Gallimard.
  • Ici, 1995, Gallimard.
  • Œuvres complètes, 1996, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade).
  • Ouvrez, 1997, Gallimard.
Théâtre 
  • Le Silence, suivi de Le Mensonge, 1967, Gallimard.
  • Isma ou Ce qui s’appelle rien suivi de Le silence et Le mensonge, 1970, Gallimard.
  • Théâtre contenant Elle est là (E.O.), Le Mensonge, Isma, C’est beau, 18 octobre 1978, Gallimard.
  • Pour un oui ou pour un non, 25 janvier 1982, Gallimard.
Essais
  • Tropismes, 1939, Denoël.
  • L’Ère du soupçon, 1956, Gallimard.
  • Tropismes, 1957, Éditions de Minuit (suppression d’un texte de l’édition originale de 1939 et ajout de six nouveaux).
  • Paul Valéry et l’enfant d’éléphant, suivi de Flaubert le précurseur, 1986, Gallimard.

Articles connexes

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