Paul Éluard

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Auteurs français

Paul Éluard

1895 – 1952

Paul Éluard, nom de plume d’Eugène Grindel, né à Saint-Denis le 14 décembre 1895 et mort à Charenton-le-Pont le 18 novembre 1952, est un poète français, l’une des figures majeures du surréalisme.

→ Exercice : Le surréalisme.

Débuts surréalistes

Photo de Paul Éluard.Paul Eugène Grindel, dit Paul Éluard, voit le jour à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne. Obligé d’interrompre ses études pour rétablir une santé gravement menacée par la tuberculose (1912), il est néanmoins mobilisé en 1914, au tout début de la Première Guerre mondiale : il devient alors infirmier militaire. Si les premiers poèmes d’Éluard sont encore influencés par la littérature de Jules Romains, ils révèlent surtout les sentiments d’horreur et de pitié qu’ont pu inspirer à un poète désormais en quête de pacifisme les spectacles quotidiens de la guerre (le Devoir et l’Inquiétude, 1917; Poèmes pour la paix, 1918).

Remarqué par Jean Paulhan, futur directeur de la NRF, Éluard est présenté par son intermédiaire à Benjamin Péret, puis à André Breton, à Louis Aragon et à Philippe Soupault. Il lie ensuite connaissance avec Tristan Tzara, René Magritte, mais aussi Man Ray et Joan Miró. Il participe dans un premier temps au mouvement Dada (les Animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux, 1920 ; les Nécessités de la vie et les conséquences des rêves, 1921). En 1919, il entre dans le groupe réuni autour de la revue Littérature, puis se lance dans l’aventure surréaliste. Il écrit ainsi Mourir de ne pas mourir qui paraît la même année que le Manifeste du surréalisme d’André Breton (1924).

Éluard s’engage sans réserve dans les activités du groupe surréaliste et sur la voie de l’expérimentation littéraire. Avec Benjamin Péret, il compose 152 Proverbes mis au goût du jour (1925). Durant l’année 1930, il écrit Ralentir travaux, en collaboration avec René Char et André Breton, puis rédige avec ce dernier l’Immaculée Conception.

Comme la plupart des autres écrivains surréalistes, Éluard montre un intérêt très vif pour les arts plastiques, notamment la photographie et la peinture; ses recueils sont d’ailleurs souvent illustrés par des artistes appartenant à la « constellation surréaliste », auxquels il consacre, en retour, des poèmes (À Pablo Picasso, 1944) ou des essais.

Son adhésion au groupe ne l’empêche cependant jamais d’affirmer son goût et son respect pour la poésie du passé — à laquelle il dédie plusieurs anthologies (Première Anthologie vivante de la poésie du passé, 1951) —, ni de défendre son esthétique propre, marquée par une grande clarté et une grande simplicité d’expression, mais aussi par un classicisme — parfaitement assumé — sur le plan formel.

Le poète de l’amour

Très vite, Éluard s’impose au sein du groupe comme le poète de l’amour et des émotions. Sa relation tourmentée avec Gala, une jeune Russe rencontrée en 1913 dans un sanatorium suisse et qu’il épouse en 1916, lui inspire le recueil Capitale de la douleur (1926). Gala le quittera pour Salvador Dalí en 1930. C’est au cours d’un voyage autour du monde qu’il fait la rencontre de Maria Benz, dite Nusch, qui devient sa nouvelle épouse et sa muse : elle lui inspire certains de ses plus beaux poèmes d’amour (l’Amour, la poésie, 1929; la Vie immédiate, 1932). La mort brutale de Nusch, en 1946, le plonge de nouveau dans le désespoir (Le temps déborde, 1947), puis il se remarie en 1949 avec Dominique (Odette Lemort, 1914-2000), saluant cette renaissance dans son recueil le Phénix (1951).

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Pour Éluard, le poème d’amour n’est ni un exercice de style ni un simple hommage amoureux ; il est une célébration du rôle intercesseur de la Femme, cet être qui constitue pour le poète un lien entre le monde et l’univers poétique : son inspiratrice.

Les femmes muses et les espoirs idéologiques constituent les deux engagements existentiels et poétiques de Paul Éluard.

Le poète engagé

Entré au Parti communiste en 1926, avec la plupart des surréalistes, Paul Éluard en est exclu en 1933. Il n’en continue pas moins de militer pour une poésie sociale et accessible à tous (les Yeux fertiles, 1936; Cours naturel, 1938; Donner à voir, essai, 1939). Poète résolument engagé, il prend ses distances avec le surréalisme, rompt avec le mouvement en 1938, pour revenir définitivement dans les rangs du Parti communiste en 1942.

Choqué par le massacre de Guernica en 1937, il prend position en faveur de l’Espagne républicaine (« la Victoire de Guernica », Cours naturel, 1938), puis s’engage dans la Résistance. Membre d’un réseau clandestin, animateur du Comité national des écrivains (CNE), il fait de la poésie l’instrument d’un combat contre la barbarie en publiant plusieurs ouvrages dans la clandestinité. Tout d’abord Poésie et Vérité (1942), qui comprend le célèbre poème « Liberté », largué par les avions de la RAF en milliers de tracts sur la France occupée. On peut aussi citer les Sept Poèmes d’amour en guerre (1943) et Au rendez-vous allemand (1944). Après la guerre, il poursuit dans la voie de la poésie politique procommuniste (Poèmes politiques, 1948).

Dans ces écrits politiques, comme dans les autres recueils poétiques de cette période (Poésie ininterrompue I, 1946 ; Corps mémorable, 1947 ; Poésie ininterrompue II, posthume, 1953), Éluard continue à utiliser une écriture tout à la fois simple et empreinte d’éblouissantes métaphores (« La terre est bleue comme une orange ») et à revendiquer une philosophie où se marient humanisme et aspirations révolutionnaires.

Présentation de « Capitale de la douleur » 
L’art d’être malheureux

Capitale de la douleur (recueil publié en 1926), composé de poèmes en vers libres et en prose, traduit des états, comme on parle d’états seconds, sous forme d’images s’engendrant les unes les autres. Le classicisme qui caractérisera plus tard l’œuvre du poète est déjà présent, dans une métrique souvent régulière.

La vie d’Éluard transparaît, et notamment la crise morale traversée deux ans auparavant. Un long voyage ne l’a pas vraiment « guéri », mais l’élan de création qui entraîne ses compagnons favorise la naissance de ces poèmes. 1926 est, en effet, l’année des « cadavres exquis », jeu qui ouvre d’autres horizons au groupe surréaliste. La présence amoureuse de Gala donne leur éclat aux derniers poèmes du recueil, annonce l’Amour, la poésie, grand recueil lyrique.

→ À lire : Le cadavre exquis.

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Un dialogue d’images

Le titre choisi par Éluard lors de la correction des épreuves transforme le vécu récent. Le recueil s’intitulait d’abord « L’art d’être malheureux ». « Capitale », à la fois lettre initiale et lieu central, fait de la douleur le point de vue qui commande à l’expérience poétique.

Certains titres de poèmes évoquent Paris, la ville par excellence, sa lumière et ses ombres. La fulgurance des images, la métamorphose du réel qu’elles créent rappellent ce qu’Éluard doit au Rimbaud des Illuminations et à Lautréamont.

Les peintres et leurs œuvres sont également très présents dans ce recueil ; Picasso, Miró ou Ernst, amis du poète ou contemporains capitaux, tous éclairent la poésie d’Éluard qui, en écho, les traduit en image. Il ne s’agit pas vraiment d’illustration, ni à cette heure, d’hommage. L’autonomie de l’écrit, comme celle de la peinture, se trouve préservée, voire enrichie, en un dialogue qui ne s’interrompra qu’à la mort du poète, en 1952.

Bibliographie
  • Le Devoir et l’Inquiétude (1917)
  • Poèmes pour la paix (1918)
  • Les Animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux (1920)
  • Mourir de ne pas mourir (1924)
  • 152 Proverbes mis au goût du jour (1925) : Écrit en collaboration avec Benjamin Péret.
  • Capitale de la douleur (1926)
  • L’Amour, la poésie (1929)
  • Ralentir travaux (1930) : Écrit en collaboration avec André Breton et René Char.
  • L’Immaculée Conception (1930) : Écrit en collaboration avec André Breton.
  • La Vie immédiate (1932)
  • La Rose publique (1934)
  • Les Yeux fertiles (1936)
  • Cours naturel (1938)
  • Donner à voir (1939)
  • Poésie et Vérité (1942)
  • Au rendez-vous allemand (1944)
  • Poésie ininterrompue I (1946)
  • Corps mémorable (1947)
  • Poésie ininterrompue II (posthume, 1953)

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