Charles Baudelaire : Les Fleurs du mal

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Les Fleurs du mal

– Charles Baudelaire –

Introduction

Portrait de Charles Baudelaire par Étienne Carjat, vers 1862.

Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, publié pour la première fois en juin 1857, puis en février 1861 augmenté de trente-cinq pièces et en décembre 1868 (posthume) augmenté de vingt-cinq pièces.

Commencés sans doute dès 1843, la plupart des poèmes paraissent d’abord dans des revues. Après avoir pensé intituler le recueil les Lesbiennes puis les Limbes, Baudelaire se décide pour les Fleurs du mal. Le titre antithétique suggère que, grâce à l’alchimie poétique, les fleurs naissent du mal, esthétiquement fécond. Ces « fleurs maladives », nées de la souffrance du poète sont dédiées à Théophile Gautier. En août 1857, l’ouvrage condamné pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs » est expurgé de six pièces.

La composition d’un enfer

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, France-Édition, non daté. In-8 Carré. Broché. Illustrations pleine page de L. Cartault. Préface de Henry Frichet.

L’édition de 1857 est composée de cinq parties de longueur très inégale. Baudelaire a toujours insisté sur la rigoureuse architecture du recueil, qui doit être considéré comme un tout dont on ne peut supprimer une partie. Les pièces sont classées en fonction d’un itinéraire esthétique et spirituel qui retrace le destin du poète, sa « passion » au sens religieux, de sa naissance (« Bénédiction ») à sa mort (« la Mort des artistes »). « Au lecteur » sert d’avertissement : Baudelaire y affirme l’omniprésence de Satan et l’irrémédiable perversité de la condition humaine. La première partie, « Spleen et Idéal », met en scène les « deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan » qui se partagent le cœur de l’homme, dualité fatale qui n’est résolue par aucune dialectique. Loin de la mélancolie romantique, le spleen est un malaise existentiel : écrasé par l’Ennui, le corps et l’esprit s’enlisent dans une impuissance chronique et une torpeur insurmontable que traduisent des images de paralysie, de pétrification et d’étouffement.

Les dix-neuf premières pièces constituent une méditation sur l’art, la condition et la fonction du poète : c’est un « déchiffreur » des signes confus que l’univers vivant adresse à l’homme ; son imagination (capacité à produire des images) a pour fonction de sceller à nouveau les réalités éparses dont la « ténébreuse unité » semblait perdue au profane (« Correspondances »). Les pièces suivantes sont consacrées aux cycles amoureux. Jeanne Duval (XX à XXXV) est inséparable du paysage exotique que le poète retrouve grâce à son odeur, mais elle est aussi un instrument du diable et le vampire qui aspire les facultés créatrices de l’artiste. Aux plaisirs et aux tourments de l’érotisme s’oppose en diptyque l’amour mystique dont Mme Sabatier est le prétexte (XXXVI à XLIV). Les pièces XLVI à LI sont consacrées à Marie Daubrun. À son mal de vivre, Baudelaire propose ensuite divers palliatifs tous voués à l’échec. La partie « Fleurs du mal » présente la tentation des amours interdites, « Révolte » celle du blasphème, « le Vin » celle de l’ivresse. « La Mort » s’offre comme l’ultime tentation.

Dans l’édition de 1861, Baudelaire crée une nouvelle section intitulée « Tableaux parisiens ». La grande ville est le lieu magique où « tout, même l’horreur, tourne aux enchantements » (« les Petites Vieilles »). Elle suscite une esthétique de l’esquisse et de l’instantané ; le poète flâneur s’y perd et rencontre des passants insolites qui lui renvoient l’image multipliée de la misère. Par ailleurs, les poèmes ajoutés aux autres sections donnent au recueil une tonalité nettement plus sombre en affirmant le triomphe définitif du spleen. Le dernier poème, « le Voyage », rassemble les thèmes essentiels et présente, sur le mode du pari, la mort comme la seule possibilité de trouver « du nouveau ».

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Vers une rhétorique de la transgression

Rimbaud, qui salue en Baudelaire le « premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu », déplore son conservatisme : « la forme si vantée en lui est mesquine, les inventions d’inconnu réclament des formes nouvelles ». En effet, près de la moitié des Fleurs du mal sont des sonnets et Baudelaire reste fidèle à l’alexandrin, au quatrain à rimes plates ou aux figures de style usées comme l’allégorie. Cette prudence s’explique par le classicisme de sa formation et de ses goûts personnels ; méfiant à l’égard de l’inspiration et des débordements du sentiment, il ne cesse de faire l’apologie des contraintes, du travail et de la rigueur qui imposent une forme et une technique maîtrisée.

L’originalité de Baudelaire est ailleurs, dans le contraste entre cette forme stricte et la modernité de son inspiration : c’est ainsi qu’il s’amuse à faire rimer « rhétorique » avec « hystérique » ! (« Épigraphe pour un livre condamné »). S’il reste fidèle à la traditionnelle comparaison, il y associe des éléments si inattendus que l’image fait explosion : « La jarretière, ainsi qu’un œil secret qui flambe… » (« Une martyre »). Son vocabulaire souvent banal est aussi parfaitement hétéroclite et mêle les mots rares et précieux au lexique de la modernité industrielle et urbaine. En poète, Pierre Jean Jouve souligne cette originalité et lui rend cet hommage : « La poétique est absolument traditionnelle ; elle est, comme toute la pensée de Baudelaire,  » rituelle  » […] C’est intérieurement au vers qu’éclate la puissance nouvelle. C’est dans la substance des mots que Baudelaire est Baudelaire. Les rapports syllabiques, les sonorités, la tension entre les termes, la tension dans la succession des vers, voilà la « rhétorique profonde » dont il a eu la volonté ».

Au lecteur

La sottise, l’erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l’oreiller du mal c’est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C’est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu’un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d’une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d’helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie,
N’ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C’est que notre âme, hélas ! n’est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

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Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C’est l’Ennui ! – l’œil chargé d’un pleur involontaire,
Il rêve d’échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
– Hypocrite lecteur, – mon semblable, – mon frère !

Henry Frichet : Préface des Fleurs du mal

Charles Baudelaire avait un ami, Auguste Poulet-Malassis, ancien élève de l’école des Chartes, qui s’était fait éditeur par goût pour les raffinements typographiques et pour la littérature qu’il jugeait en érudit et en artiste beaucoup plus qu’en commerçant ; aussi bien ne fit-il jamais fortune, mais ses livres devenus assez rares sont depuis longtemps très recherchés des bibliophiles.

Les poésies de Baudelaire disséminées un peu partout dans les petits journaux d’avant-garde comme le Corsaire et jusque dans la grave Revue des Deux-Mondes, n’avaient point encore, en 1857, été réunies en volume. Poulet-Malassis, que le génie original de Baudelaire enthousiasmait, s’offrit de les publier sous le titre de Fleurs du Mal, titre neuf, audacieux, longtemps cherché et trouvé enfin non point par Baudelaire ni par l’éditeur, mais par Hippolyte Babou.

Les Fleurs du Mal se présentaient comme un bouquet poétique composé de fleurs rares et vénéneuses d’un parfum encore ignoré. Ce fut un succès — succès d’ailleurs préparé par la Revue des Deux-Mondes qui, en accueillant un an auparavant quelques poésies de Baudelaire, avait mis sa responsabilité à couvert par une note singulièrement prudente. De nos jours une pareille note ressemblerait fort à une réclame déguisée :

Ce qui nous paraît ici mériter l’intérêt, disait-elle, c’est l’expression vive, curieuse, même dans sa violence, de quelques défaillances, de quelques douleurs morales, que, sans les partager ni les discuter, on doit tenir à connaître comme un des signes de notre temps. Il nous semble, d’ailleurs, qu’il est des cas où la publicité n’est pas seulement un encouragement, où elle peut avoir l’influence d’un conseil utile et appeler le vrai talent à se dégager, à se fortifier, en élargissant ses voies, en étendant son horizon.

C’était se méprendre étrangement que de compter sur la publicité pour amener Baudelaire à résipiscence ; le parquet impérial ne prit pas tant de ménagements. Le livre à peine paru, fut déféré aux tribunaux. Tandis que Baudelaire se hâtait de recueillir en brochure les articles justificatifs d’Edmond Thierry, Barbey d’Aurevilly, Charles Asselineau, etc., il sollicitait l’amitié de Sainte-Beuve et de Flaubert (tout récemment poursuivi pour avoir écrit Madame Bovary), des moyens de défense dont les minutes ont été conservées et dont il transmettait la teneur à son avocat, Me Chaix d’Est-Ange. Sur le réquisitoire de M. Pinard (alors avocat général et plus tard ministre de l’Intérieur), le délit d’offense à la morale religieuse fut écarté, mais en raison de la prévention d’outrage à la morale publiques et aux bonnes mœurs, la Cour prononça la suppression de six pièces : Lesbos, Femmes damnées, le Lethé, À celle qui est trop gaie, les Bijoux et les Métamorphoses du Vampire, et la condamnation à une amende de l’auteur et de l’éditeur (21 août 1857).

Le dommage matériel ne fut pas considérable pour Malassis ; l’édition était presque épuisée lors de la saisie.

Tout d’abord, Baudelaire voulut protester. On a retrouvé dans ses papiers le brouillon de divers projets de préfaces qu’il abandonna lors de la réimpression à la fois diminuée et augmentée des Fleurs du Mal en 1861. Cette mutilation de sa pensée par autorité de justice avait eu pour résultat de rendre les directeurs de journaux et de revues très méfiants à son égard, lorsqu’il leur présentait quelques pages de prose ou des poésies nouvelles ; sa situation pécuniaire s’en ressentit. Il travaillait lentement, à ses heures, toujours préoccupé d’atteindre l’idéale perfection et ne traitant d’ailleurs que des sujets auxquels le grand public était alors (encore plus qu’aujourd’hui) complètement étranger.

Lorsque Baudelaire posa en 1862 sa candidature aux fauteuils académiques laissés vacants par la mort de Scribe et du Père Lacordaire, il était, dans sa pensée, de protester ainsi contre la condamnation des Fleurs du Mal. L’insuccès de Baudelaire à l’Académie n’était pas douteux. Ses amis, ses vrais amis, Alfred de Vigny et Sainte-Beuve, lui conseillèrent de se désister, ce qu’il fit d’ailleurs en des termes dont on apprécia la modestie et la convenance.

On a beaucoup parlé de la vie douloureuse de Baudelaire : manque d’argent, santé précaire, absence de tendresse féminine, car sa maîtresse Jeanne Duval, une jolie fille de couleur qu’il appelait son « vase de tristesse », n’était qu’une sotte dont le cœur et la pensée étaient loin de lui. Son seul esprit, son méchant esprit était de tourner en ridicule les manies de son ami. Cependant elle était charmante, nous dit Théodore de Banville, « elle portait bien sa brune tête ingénue et superbe, couronnée d’une chevelure violemment crespelée et dont la démarche de reine pleine d’une grâce farouche, avait à la fois quelque chose de divin et de bestial ». Et Banville ajoute :

Baudelaire faisait parfois asseoir Jeanne devant lui dans un grand fauteuil ; il la regardait avec amour et l’admirait longuement; il lui disait des vers dans une langue qu’elle ne savait pas. Certes, c’est là peut-être le meilleur moyen de causer avec une femme dont les paroles détonneraient, sans doute, dans l’ardente symphonie que chante sa beauté ; mais il est naturel aussi que la femme n’en convienne pas et s’étonne d’être adorée au même titre qu’une belle chatte.

Baudelaire n’aima qu’elle et il l’aima exclusivement pour sa beauté, car depuis longtemps, peut-être depuis toujours, il avait senti qu’il était seul auprès d’elle, que les hommes sont irrévocablement seuls. Personne ne comprend personne. Nous n’avons d’autre demeure que nous-mêmes. Tout son dandysme fut fait de ce splendide isolement. Toutefois sa sensibilité était d’autant plus profonde qu’elle semblait moins apparente. Rien ne la révélait. Il avait l’air froid, quelque peu distant, mais il subjuguait. Ses yeux couleur de tabac d’Espagne, son épaisse chevelure sombre, son élégance, son intelligence, l’enchantement de sa voix chaude et bien timbrée, plus encore que son éloquence naturelle qui lui faisait développer des paradoxes avec une magnifique intelligence et on ne saurait dire quel magnétisme personnel qui se dégageait de toutes les impressions refoulées au-dedans de lui, le rendaient extrêmement séduisant. Hélas ! toutes ces belles qualités ne le servirent point — du moins financièrement — il ignorait l’art de monnayer son génie. Ainsi, pratiquement du moins, comme tant d’autres, il se trouva desservi par sa fierté, sa délicatesse, par le meilleur de lui-même.

Baudelaire habitait dans l’île Saint-Louis, sur le quai d’Anjou, en ce vieil et triste hôtel Pimodan plein de souvenirs somptueux et nostalgiques. Il avait choisi là un appartement composé de plusieurs pièces très hautes de plafond et dont les fenêtres s’ouvraient sur le fleuve qui roule ses eaux glauques et indifférentes au milieu de la vie morbide et fiévreuse. Les pièces étaient tapissées d’un papier aux larges rayures rouges et noires, couleurs diaboliques, qui s’accordaient avec les draperies d’un lourd damas. Les meubles étaient antiques, voluptueux. De larges fauteuils, de paresseux divans invitaient à la rêverie. Aux murs des lithographies et des tableaux signés de son ami Delacroix, pures merveilles presque sans importance alors, mais que se disputeraient aujourd’hui à coups de millions les princes de la finance américaine.

Au temps de Baudelaire, c’est-à-dire vers le milieu du dix-neuvième siècle, l’île Saint-Louis ressemblait par la paix silencieuse qui régnait à travers ses rues et ses quais à certaines villes de province où l’on va nu-tête chez le voisin, où l’on s’attarde à bavarder au seuil des maisons et à y prendre le frais par les beaux soirs d’été à l’heure où la nuit tombe. Artistes et écrivains allaient se dire bonjour sans quitter leur costume d’intérieur et flânaient en négligé sur le quai Bourbon et sur le quai d’Anjou, si parfaitement déserts que c’était une joie d’y regarder couler l’eau et d’y boire la lumière.

Un jour, Baudelaire, coiffé uniquement de sa noire chevelure, prenait un bain de soleil sur le quai d’Anjou, tout en croquant de délicieuses pommes de terre frites qu’il prenait une à une dans un cornet de papier, lorsque vinrent à passer en calèche découverte de très grandes dames amies de sa mère, l’ambassadrice, et qui s’amusèrent beaucoup à voir ainsi le poète picorer une nourriture aussi démocratique. L’une d’elles, une duchesse, fit arrêter la voiture et appela Baudelaire.

— « C’est donc bien bon, demanda-t-elle ce que vous mangez là ?
— Goûtez, madame, dit le poète en faisant les honneurs de son cornet de pommes de terre frites avec une grâce suprême. »

Et il les amusa si bien par ce régal inattendu et par sa conversation qu’elles seraient restées là jusqu’à la fin du monde.

Quelques jours plus tard, la duchesse rencontrant Baudelaire dans le salon d’une vieille parente à elle, lui demanda si elle n’aurait pas l’occasion de manger encore des pommes de terre frites.

— « Non, madame, répondit finement le poète, car elles sont, en effet, très bonnes, mais seulement la première fois qu’on en mange. »

Cette petite anecdote racontée par les historiens du poète est devenue classique ; mais nous n’avons pu résister au plaisir de la répéter ici.

Baudelaire, plus ou moins pauvre, car la fortune laissée par son père avait été dévorée rapidement, fut toujours plein de délicatesse et doué de cet esprit de finesse fait de belle humeur et d’ironie souriante. Cependant ses embarras d’argent devenus chroniques, aussi bien que son état maladif, rendirent lamentables les dernières années du poète. Frappé de paralysie générale, ayant perdu la mémoire des mots, après une longue agonie, il s’éteignit à quarante-six ans. Sa mère et son ami Charles Asselineau étaient à son chevet. Ses œuvres lui ont survécu, mais la place d’honneur qu’il méritait par son génie parmi les romantiques ne lui fut vraiment accordée qu’à l’aube de ce siècle. On l’avait tenu jusqu’alors pour un très habile ciseleur de phrases, le Benvenuto Cellini des vers, mais c’était presque un incompris, un névrosé.

Il commença, dit-on, par étonner les sots, mais il devait étonner bien davantage les gens d’esprit en laissant à la postérité ce livre immortel : les Fleurs du Mal.

Henry FRICHET

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