Jean d’Ormesson

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Auteurs français

Jean d’Ormesson

1925-2017

Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.

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(Jean d’Ormesson, Voyez comme on danse, 2001)

Biographie

Photo de Jean d'Ormesson © Abaca

Jean Lefèvre comte d’Ormesson, plus connu sous Jean d’Ormesson, et parfois surnommé Jean d’O, né le 16 juin 1925 à Paris et mort le 5 décembre 2017 à Neuilly-sur-Seine, est un écrivain, journaliste et philosophe français.

Jean d’Ormesson est issu d’une illustre famille qui compte plusieurs ambassadeurs de France, dont son père, qui lui fait découvrir l’Allemagne, le Brésil, la Roumanie. Jean d’Ormesson suit de brillantes études qui le conduisent tout naturellement à embrasser la carrière de haut fonctionnaire au sein de plusieurs cabinets ministériels puis à l’Unesco.

Un premier roman publié en 1956, L’Amour est un plaisir, puis Du côté de chez Jean (1959) et Au revoir et merci (1966) traduisent le plaisir de vivre et l’insouciance de Jean d’Ormesson, avant que La Gloire de l’Empire (1971) ne le consacre vraiment écrivain, inventeur d’histoires et d’Histoire, créant un monde imaginaire et pourtant toujours reconnaissable, une utopie moderne nourrie de culture classique.

En 1974, année de sa nomination au poste de directeur du Figaro, Jean d’Ormesson est reçu à l’Académie française ; la même année, il publie Au plaisir de Dieu, une fresque sociale et familiale ayant pour toile de fond l’histoire du siècle et ses péripéties tragiques. Ce goût de l’histoire, on le retrouve aussi dans sa trilogie Le Vent du soir (Le Vent du soir, 1985 ; Tous les hommes en sont fous, 1986 ; Le Bonheur à San Miniato, 1987) et dans son Histoire du Juif errant (1990). Jean d’Ormesson s’y montre nostalgique d’un passé perdu, celui de la douceur de vivre de l’aristocratie au siècle des Lumières auquel il rêve d’appartenir. Mais il se garde bien de n’être, dans ses romans comme dans ses chroniques au Figaro Magazine, qu’un conservateur passéiste méditant au soir de sa vie. Il sait garder la jeunesse et la fraîcheur de vivre qui l’ont toujours animé, jetant sur le monde un regard critique souvent malicieux, comme dans La Douane de mer (1993) qui fait dialoguer Ô, nouvellement trépassé, et A, un extra-terrestre curieux du genre humain.

Jean d’Ormesson est élu à l’Académie française le 18 octobre 1973, au fauteuil 12, face à Paul Guth, succédant à Jules Romains mort l’année précédente.

Il fait campagne pour défendre la réception sous la coupole de Marguerite Yourcenar, la première femme admise à l’Académie en 1980 ; il répond à son discours de remerciement en 1981 et reçoit également Michel Mohrt en 1986 et Simone Veil le 18 mars 2010. Il était le benjamin de l’Académie française à son entrée.

En 2015, Jean d’Ormesson est édité au sein de la collection de la bibliothèque de la Pléiade des éditions Gallimard, avec un premier tome d’œuvres choisies (Au revoir et merci, La Gloire de l’Empire, Au plaisir de Dieu, Histoire du Juif errant). Il est rare qu’un auteur soit édité dans la collection de son vivant. Un second tome sera publié en 2018.

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Son livre posthume, Et moi, je vis toujours (2018, Gallimard), occupe la quatrième place des meilleures ventes de romans, sept semaines après sa sortie. Par ailleurs, Jean d’Ormesson a laissé un autre manuscrit que sa fille, Héloïse d’Ormesson, devrait publier en automne 2018.

Jean d’Ormesson meurt d’une crise cardiaque dans la nuit du 4 au 5 décembre 2017, à son domicile, à Neuilly-sur-Seine, à l’âge de 92 ans.

Jean d’Ormesson est élevé à la dignité de grand-croix de l’ordre national de la Légion d’honneur le 11 juillet 2014. Il est officier de l’ordre national du Mérite, commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres. Il est également commandeur de l’ordre national de la Croix du Sud, distinction du Brésil, pays où il avait passé une partie de son enfance.

Depuis 2018, un Prix Jean d’Ormesson a été créé par sa famille en son nom. Présidé par sa veuve Françoise d’Ormesson, ce prix littéraire sera décerné pour la première fois le 6 juin 2018. Il sera « placé sous le signe de l’amitié et de l’amour des livres ». Parmi le jury, cinq académiciens : Dominique Bona, Marc Fumaroli, Dany Laferrière, Erik Orsenna et Jean-Marie Rouart.

C’est avec joie et fierté que je vous annonce la création du prix Jean d’Ormesson, qui sera décerné le 6 juin prochain, au Centre national du livre, pour s’approcher de la date anniversaire de la naissance de mon père le 16 juin 1925.

(Héloïse d’Ormesson, éditrice et fille de Jean d’Ormesson)

Quelques œuvres
Et moi, je vis toujours (2018)

Il n’y a qu’un seul roman – et nous en sommes à la fois les auteurs et les personnages : l’Histoire. Tout le reste est imitation, copie, fragments épars, balbutiements. C’est l’Histoire que revisite ce roman-monde où, tantôt homme, tantôt femme, le narrateur vole d’époque en époque et ressuscite sous nos yeux l’aventure des hommes et leurs grandes découvertes. Vivant de cueillette et de chasse dans une nature encore vierge, il parvient, après des millénaires de marche, sur les bords du Nil où se développent l’agriculture et l’écriture. Tour à tour africain, sumérien, troyen, ami d’Achille et d’Ulysse, citoyen romain, juif errant, il salue l’invention de l’imprimerie, la découverte du Nouveau Monde, la Révolution de 1789, les progrès de la science. Marin, servante dans une taverne sur la montagne Sainte-Geneviève, valet d’un grand peintre ou d’un astronome, maîtresse d’un empereur, il est chez lui à Jérusalem, à Byzance, à Venise, à New York. Cette vaste entreprise d’exploration et d’admiration finit par dessiner en creux, avec ironie et gaieté, une sorte d’autobiographie intellectuelle de l’auteur.

Je dirai malgré tout que cette vie fut belle (2016)

Pour se défendre dans un procès qu’il s’intente à lui-même, l’auteur fait défiler au galop un passé évanoui. Il va de l’âge d’or d’un classicisme qui règne sur l’Europe à l’effondrement de ce « monde d’hier » si cher à Stefan Zweig. De Colbert, Fouquet, Bossuet ou Racine à François Mitterrand, Raymond Aron, Paul Morand et Aragon. Mais les charmes d’une vie et les tourbillons de l’histoire ne suffisent pas à l’accusé : « Vous n’imaginiez tout de même pas, que j’allais me contenter de vous débiter des souvenirs d’enfance et de jeunesse ? Je ne me mets pas très haut, mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu’on appelle des Mémoires ». Les aventures d’un écrivain qui a aimé le bonheur et le plaisir en dépit de tant de malheurs cèdent peu à peu la place à un regard plus grave sur le drame qui ne cesse jamais de se jouer entre le temps et l’éternité, et qui nous emportera.

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Et toi mon cœur pourquoi bas-tu (2003)

Disons d’abord ce que ce livre n’est pas : une anthologie de plus de la poésie – ou de la littérature – française. Ce sont des proses et des poèmes que je connais – ou connaissais – par cœur. Ce qui figure dans ces pages, ce sont des mots qui ne sont pas de moi et qui valent mieux que moi, mais qui, à force de familiarité, d’admiration, d’une répétition intérieure proche de la rumination, ont fini par se confondre avec moi. Ils tournent, pour la plupart, autour de ces passions qui nous donnent à tous tant de bonheur et tant de souffrance. Et toi mon cœur pourquoi bats-tu.
Renonçant à la fois à l’ordre chronologique ou alphabétique et au classement par thèmes, j’ai choisi de présenter en désordre, en vrac, comme ils me venaient à l’esprit et au cœur, ces mots ailés au lecteur. J’ai cherché à donner du plaisir, et peut-être nu peu d’émotion. Il y a encore autre chose: une élévation, une hauteur, une sorte d’appel vers ailleurs. « La littérature, écrit Pessoa, est la preuve que la vie ne suffit pas. » Les textes ici réunis ont le pouvoir mystérieux de rendre la vie plus belle et de transformer notre existence.

(Jean d’Ormesson)

L’Enfant qui attendait le train (1979)

Il était une fois, dans une vallée lointaine entourée de montagnes, un petit garçon. Le chemin de fer passait près de chez lui et, d’aussi loin qu’il se souvenait, l’enfant guettait la longue chenille d’acier qui filait comme une flèche à travers la campagne. Ce qu’il souhaitait le plus au monde c’était de pouvoir, un jour, monter dans ce train. Mais, bientôt il tomba très malade et ses espoirs de prendre le train s’en furent à mesure que s’éloignaient ceux de sa guérison. Dévastés, ses parents ne savaient plus comment le réconforter et, aidés du médecin, décidèrent d’emmener l’enfant à la gare, au risque de précipiter l’inévitable. Ce conte tendre et touchant est bercé par l’espoir d’une rédemption miraculeuse.

Paru en édition illustrée pour enfants en 1979, et épuisé pendant des années, ce livre quasiment inconnu du grand public enchantera petits et grands. Œuvre inattendue de la part de Jean d’Ormesson, cette histoire s’inscrit dans la grande tradition des contes.

📽 15 citations choisies de Jean d’Ormesson
  • Les hommes sont un peu comme Dieu : tout ce qu’ils peuvent faire, ils le font. Ou ils le feront. (Presque rien sur presque tout)
  • La science, la morale, l’histoire se passent très bien de Dieu. Ce sont les hommes qui ne s’en passent pas. (Dieu, sa vie, son œuvre)
  • Dans une éternité et un infini qui sont fermés à jamais aux êtres dans le temps, Dieu est le nom le plus commode pour le néant et pour le tout. (Presque rien sur presque tout)
  • C’est ça qui me fait peur dans le bonheur : l’usure, la lassitude, l’effilochage. (L’Amour est un plaisir)
  • Peut-être la bicyclette, dans ce monde de machines, était-elle à nos yeux une héritière du cheval ? (Au plaisir de Dieu)
  • Il est plus difficile de prouver à quelqu’un sa bêtise que sa misère. (Du côté de chez Jean)
  • Depuis le big bang, tout commence à mourir à l’instant même de naître. L’univers n’est qu’un élan vers l’usure et la mort. (Voyez comme on danse)
  • Toute mort est un mystère parce que toute vie est un mystère. (Voyez comme on danse)
  • Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde. (Voyez comme on danse)
  • Cette vie foisonnante de l’histoire est si merveilleusement riche qu’elle réduit à néant les inventions sans génie d’une imagination essoufflée. (La Gloire de l’empire)
  • Rien n’est plus difficile pour chacun d’entre nous que de situer ce qu’il a fait et de se situer soi-même à sa juste mesure. (C’était bien)
  • De part et d’autre de votre présent si fragile, le passé et l’avenir sont des monstres assoiffés de temps. (La Création du monde)
  • J’emportais souvent, dans mes voyages, un de ces volumes de la « Pléiade » qui vous permettent de transporter toute une bibliothèque sur papier bible dans un format assez restreint. Et je choisissais Proust une fois sur deux ou trois. (Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée)
  • J’ai aimé Dieu, qui n’est rien aux yeux des hommes qui ne sont rien. Je n’ai détesté ni les hommes ni les femmes. Et j’ai aimé la vie qui est beaucoup moins que rien, mais qui est tout pour nous. (Comme un chant d’espérance)
Bibliographie
  • L’amour est un plaisir, 1956
  • Du côté de chez Jean, 1959
  • Un amour pour rien, 1960
  • Au revoir et merci, 1966
  • Les Illusions de la mer, 1968
  • La Gloire de l’Empire, 1971 – Grand prix du roman de l’Académie française, premier grand succès d’édition de l’auteur.
  • Au plaisir de Dieu, 1974
  • Le Vagabond qui passe sous une ombrelle trouée, 1978
  • Dieu, sa vie, son œuvre, 1981
  • Mon dernier rêve sera pour vous, 1982
  • Jean qui grogne et Jean qui rit, 1984
  • Le Vent du soir, 1985
  • Tous les hommes en sont fous, 1986
  • Le Bonheur à San Miniato, 1987
  • Album de la Pléiade Chateaubriand, 1988
  • Garçon de quoi écrire, 1989, avec François Sureau.
  • Histoire du Juif errant, 1990
  • Tant que vous penserez à moi, 1992
  • La Fureur de lire la presse, 1992
  • La Douane de mer, 1994
  • Presque rien sur presque tout, 1995
  • Casimir mène la grande vie, 1997
  • Une autre histoire de la littérature française, 1997-1998
  • Le Rapport Gabriel, 1999
  • Voyez comme on danse, 2001 – Prix Combourg.
  • C’était bien, 2003
  • Et toi mon cœur pourquoi bats-tu, 2003
  • Une fête en larmes, 2005
  • La Création du monde, 2006
  • La vie ne suffit pas : Œuvres choisies, 2007
  • Odeur du temps, 2007
  • Qu’ai-je donc fait, 2008
  • L’Enfant qui attendait un train, 2009
  • Saveur du temps, 2009
  • C’est une chose étrange à la fin que le monde, 2010
  • La Conversation, 2011
  • C’est l’amour que nous aimons, 2012
  • Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit, 2013
  • Comme un chant d’espérance, 2014
  • Dieu, les affaires et nous, chronique d’un demi-siècle, 2015
  • Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, 2016 – Prix Jean-Jacques-Rousseau de l’autobiographie 2016.
  • Guide des égarés, 2016
  • Et moi, je vis toujours, 2018

Articles connexes

Suggestion de livres


Et moi, je vis toujours

Un jour, je m’en irai
sans en avoir tout dit

Au plaisir de Dieu

C’est une chose étrange
à la fin que le monde

C’était bien

Casimir mène
la grande vie

Comme un chant
d’espérance

Un Amour pour rien
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