Alexandre Dumas

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Alexandre Dumas père

1802 – 1870

C’est quelques fois pénible de faire son devoir, mais ça ne l’est jamais autant que de ne pas l’avoir fait.

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(Alexandre Dumas)

Alexandre Dumas, dit aussi Alexandre Dumas père, est né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts (Aisne) et mort le 5 décembre 1870 au hameau de Puys. C’est un romancier et dramaturge français. Il est le fils du général Alexandre Davy Dumas (1762-1806). Dumas a connu un grand succès de feuilletoniste et est, avec Victor Hugo, l’inventeur du drame romantique.

Naissance et années de début

Alexandre Dumas père

Alexandre Dumas, d’origine créole, est né le 24 juillet 1802, à Villers-Cotterêts, petite ville du département de l’Aisne. Par un hasard assez singulier, Dumas, l’auteur le plus dramatique du XIXe siècle, est né dans la chambre même où est décédé Demoustiers, le langoureux auteur des Lettres à Emilie.

Alexandre Dumas est le fils d’un des plus braves généraux du temps de la République. Il était bien jeune encore lorsqu’il a perdu son père, et il n’a pas reçu pour tout héritage qu’un nom illustre et sans tache.

La modique pension que l’état accorde aux veuves des militaires morts au service de la patrie pouvait à peine suffire aux premiers besoins de la veuve du général Dumas. Dès qu’il atteint l’âge de vingt ans, Alexandre Dumas se met en route pour Paris avec 53 francs dans sa poche.

Comme il arrive presque toujours, la plupart des généraux – pour qui Alexandre Dumas avait des lettres de recommandation – s’occupent fort peu du fils de leur ancien ami. Il ne trouve d’appui que dans le général Foy, dont le noble caractère ne s’est jamais démenti dans aucune occasion. Grâce à la protection du général et à la belle écriture du jeune solliciteur, Alexandre Dumas obtient une place de 4200 francs, en qualité de surnuméraire au secrétariat du duc d’Orléans. Ces 200 francs paraissent alors une fortune au pauvre jeune homme, qui depuis n’a eu qu’à secouer sa plume pour en faire tomber de l’or.

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Durant l’espace de trois années, Alexandre Dumas vit de cette monotone existence de bureaucrate : forcé de travailler pendant douze heures par jour à ces fastidieuses occupations, la nuit seule lui appartenait ; et, grâce à ses travaux nocturnes, il refait complètement ses études, assez négligées dans sa jeunesse.

Pendant ce temps-là, Dumas découvre avec enthousiasme les œuvres de Shakespeare, de Schiller et de Walter Scott. En 1824, il a eu un fils naturel, le futur auteur de La Dame aux camélias, que l’on distingue habituellement de son père en l’appelant Alexandre Dumas fils.

→ À lire : Biographie d’Alexandre Dumas fils.

La vocation dramatique

Voici en quels termes Alexandre Dumas raconte lui-même comment il a senti se révéler en lui sa vocation dramatique :

Cette vie intérieure, qui échappait à tous les regards, dura trois ans, sans amener aucun résultat, sans que je produisisse rien, sans que j’éprouvasse même le besoin de produire. Je suivais bien, avec une certaine curiosité, les œuvres théâtrales du temps dans leur chute ou dans leur succès ; mais, comme je ne sympathisais ni avec la construction dramatique, ni avec l’exécution dialoguée de ces sortes d’ouvrages, je me sentais seulement incapable de produire rien de pareil, sans deviner qu’il existât autre chose que cela, m’étonnant seulement de l’admiration que l’on partageait entre l’auteur et l’acteur, admiration qu’il me semblait que Talma avait le droit de revendiquer pour lui tout seul.

Vers ce temps, les acteurs anglais arrivèrent à Paris. Je n’avais jamais lu une seule pièce du théâtre étranger. Ils annoncèrent Hamlet. Je ne connaissais que celui de Ducis. J’allai voir celui de Shakespeare.

Supposez un aveugle-né auquel on rend la vue, qui découvre un monde tout entier dont il n’avait aucune idée ; supposez Adam s’éveillant après sa création, et trouvant sous ses pieds la terre émaillée, sur sa tête le ciel flamboyant, autour de lui des arbres à fruits d’or, dans le lointain un fleuve, un beau et large fleuve d’argent, à ses côtés la femme jeune, chaste et nue, et vous aurez une idée de l’Éden enchanté dont cette représentation m’ouvrit la porte.

Oh ! C’était donc cela que je cherchais, qui me manquait, qui me devait venir ; c’étaient ces hommes de théâtre, oubliant qu’ils sont sur un théâtre ; c’était cette vie factice, rentrant dans la vie positive à force d’art ; c’était cette réalité de la parole et des gestes qui faisait, des acteurs, des créatures de Dieu, avec leurs vertus, leurs passions, leurs faiblesses, et non pas des héros guindés, impassibles, déclamateurs et sentencieux. Ô Shakespeare, merci ! Ô Kemble et Smithson, merci ! Merci à mon dieu ! Merci à mes anges de poésie !

(« Comment je devins auteur dramatique », La Revue des deux mondes, 20 décembre 1833. – « Préface », Théâtre complet.)

Le succès au théâtre

Quelques mois après, le 1er février 1829, jour de la première représentation d’Henri III et sa cour, Alexandre Dumas apprend par les applaudissements unanimes du public qu’il ne s’était pas trompé sur sa vocation dramatique. Du reste, avant d’obtenir les honneurs de la représentation, le jeune auteur est obligé de passer toutes ces cruelles épreuves qui sont réservées à tous ceux qui débutent dans la carrière dramatique.

Avant d’avoir écrit Henri III et sa cour, Dumas avait présenté au comité de lecture du Théâtre-Français le drame de Christine à Fontainebleau, et cette pièce, reçue à correction, languissait depuis quelque temps dans les cartons poudreux du secrétariat, sans avoir grande chance de voir le jour, lorsque Dumas va faire une dernière tentative auprès de Picard, l’auteur de la Petite Ville. Feu Picard, après avoir pris lecture du manuscrit d’Alexandre Dumas, lui conseille très fort de ne plus se mêler de composer des drames et de retourner copier des lettres au secrétariat du Palais-Royal ! Picard ne devine pas plus Alexandre Dumas que Corneille n’avait deviné Racine.

Tout le monde se rappelle l’immense succès qu’obtint Henri III, et l’on peut juger de la joie du pauvre jeune homme qui hier encore n’était qu’un simple commis, et qui venait de se trouver placé tout à coup à la tête des auteurs dramatiques de l’époque.

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Alexandre Dumas donne successivement à l’Odéon et au Théâtre-Français Charles VII et ses grands Vassaux (1831), Christine (1830), Antony (1831), Richard d’Arlington (1831), Teresa (1832), Angèle (1833). Toutes ces pièces obtiennent un succès à peu près égal. L’auteur est merveilleusement compris par Mme Dorval, par Frédéric et Bocage.

Henri III d'Alexandre Dumas

Henri III, Acte III, scène 5. Par le peintre Gillot Saint-Evre. Date d’édition : 1829.

Autres succès dramatiques

Alexandre Dumas ne s’est pas borné au drame. Il est peu de genres que son talent n’ait essayés, et souvent avec beaucoup de succès. Il a donné aux Français, Le Mari de la Veuve (1832), petite pièce fort spirituellement intriguée ; aux Variétés, Kean (1836), drame-vaudeville en cinq actes ; il n’est pas jusqu’à l’Opéra-Comique qui n’ait compté Alexandre Dumas au nombre de ses auteurs ; et si Piquillo (1837) n’a pas obtenu un très grand succès, du moins on ne peut nier qu’on n’y rencontre des vers très jolis, et qui, par conséquent, sont presque déplacés dans un livret d’opéra-comique.

Enfin, tout récemment Alexandre Dumas vient encore de tenter une voie nouvelle, et, laissant de côté le Moyen Âge, l’auteur d’Henri III est remonté jusqu’aux temps antiques, et s’est mis à faire du drame romain en prenant pour héros l’empereur Caligula.

Alexandre Dumas romancier

Affiche du roman Les Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas. Date d'édition : 1887. Ilustrateur : Jules Chéret.

Les ouvrages publiés par Alexandre Dumas romancier sont : Isabeau de Bavière, Les Souvenirs d’Antony, Gaule et France, et Les Impressions de voyage. C’est ce dernier ouvrage qui a obtenu le plus de succès.

Du reste, Alexandre Dumas semble affectionner beaucoup les voyages, et l’on n’a pas oublié sans doute qu’il y a trois ans il a formé une société par actions qui devait subvenir aux frais d’un grand voyage sur la Méditerranée. Cependant, cette publication n’a eu pour suite que d’alimenter de plaisanteries tous les petits journaux pendant deux ou trois mois.

Il faut mentionner la Tour de Nesle au nombre des ouvrages appartenant en propre à Alexandre Dumas, parce que son nom ne figure jamais sur l’affiche ; mais les longues discussions qu’a soulevées la paternité de ce drame ont cependant prouvé que Dumas avait largement contribué à la collaboration de cette pièce, et pouvait revendiquer une bonne part de son immense succès.

Sa carrière de romancier, inaugurée par le Capitaine Paul (1838), se révèle d’une extraordinaire fécondité. En effet, aidé de nombreux collaborateurs (parmi lesquels Auguste Maquet), Dumas ne publie pas moins de quatre-vingts récits, la plupart en feuilleton, parmi lesquels figurent les principaux chefs-d’œuvre du roman historique français.

Outre sa célèbre trilogie des « mousquetaires » évoquant l’époque de Louis XIII (Les Trois Mousquetaires, 1844 ; Vingt Ans après, 1845 ; Le Vicomte de Bragelonne, 1848) et Le Comte de Monte-Cristo (1844-1846), qui restent l’objet d’innombrables éditions, traductions et adaptations théâtrales, on lui doit des récits ayant pour cadre les guerres de Religion (La Reine Margot, 1845 ; La Dame de Montsoreau, 1846 ; Les Quarante-Cinq, 1848), mais aussi des sommes romanesques, comme le cycle formé par Joseph Balsamo (1846), Le collier de la Reine (1849), et par les deux volumes réunis sous le nom de Mémoires d’un médecin, Ange Pitou, (1851) et La Comtesse de Charny, (1852), dont la trame historique commence sous le règne de Louis XV et se termine à l’époque de la Révolution.

Décrié pour les négligences stylistiques et les inexactitudes historiques de ses récits, écrits le plus souvent à la hâte ou confiés à des aides, Dumas reste parmi les auteurs importants de son temps par son talent incontestable de conteur, qui a su donner vie à un passé pittoresque et grandiose et créer des figures héroïques captivantes.

Dernières années

Désireux d’adapter à la scène certains de ses romans, Dumas fait bâtir, à grands frais, le Théâtre historique (1847) mais, malgré l’enthousiasme du public, il est contraint de cesser les représentations dès 1851 pour des raisons budgétaires. Exilé en Belgique pour fuir ses créanciers, il y rédige des Mémoires (publiés entre 1852 et 1854). De retour à Paris (1853), il fonda un journal (Le Mousquetaire, rebaptisé, en 1857, Le Monte-Cristo), dans lequel il fait notamment paraître l’Iliade d’Homère en roman-feuilleton.

Défenseur de l’indépendance italienne, il suit Garibaldi dans l’expédition sicilienne des Mille (1860) puis, après s’être lancé dans diverses opérations financières qui échouent les unes après les autres, il revient à Paris, où il passe les dernières années de sa vie à la charge de son fils. Ses cendres ont été transférées au Panthéon en 2002.

→ À lire : Les Mémoires.

Portrait d’Alexandre Dumas

 

Pour bien faire connaître Alexandre Dumas, voici son portrait comme l’en a tracé M. Romand paru dans un article inséré en 1834 dans la Revue de deux mondes :

M. Dumas est une des plus curieuses expressions de l’époque actuelle. Passionné par tempérament, rusé par instinct, courageux par vanité, bon de cœur, faible de raison, imprévoyant de caractère, c’est tout Antony pour l’amour, c’est presque Richard pour l’ambition ; ce ne sera jamais Sentinelli pour la vengeance. Superstitieux quand il pense, religieux quand il écrit, sceptique quand il parle, Nègre d’origine et Français de naissance, il est léger même dans ses plus fougueuses ardeurs ; son sang est une lave, sa pensée une étincelle : l’être le moins logicien qui soit, le plus anti-musical que je connaisse, menteur en sa qualité de poète, avide en sa qualité d’artiste, généreux parce qu’il est artiste et poète : trop libéral en amitié, trop despote en amour ; vain comme femme, ferme comme homme, égoïste comme Dieu, franc avec indiscrétion, obligeant sans discernement, oublieux jusqu’à l’insouciance, vagabond de corps et d’âme, cosmopolite par goût, patriote d’opinion, riche en illusion et en caprice, pauvre de sagesse et d’expérience ; gai d’esprit, médisant de langage, spirituel d’à-propos ; Don Juan la nuit, Alcibiade le jour ; véritable Protée échappant à tous et à lui-même ; aussi aimable par ses défauts que par ses qualités ; plus séduisant par ses vices que par ses vertus : voilà Dumas tel qu’on l’aime, tel qu’il est, ou du moins tel qu’il me paraît en ce moment car, obligé de l’évoquer pour le peindre, je n’ose affirmer qu’en face du fantôme qui pose devant moi je ne sois pas sous quelque charme magique ou sous quelque magnétique influence.

Du livre au cinéma

À partir de 1921, on compte plus qu’une quarantaine de films directement inspirés de l’œuvre de Dumas et une quinzaine d’adaptations télévisées.

Les Trois Mousquetaires (2011)

 


L’Homme au masque de fer (1998)

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📽 15 citations choisies d’Alexandre Dumas père
  • L’argent est l’argent, quelles que soient les mains où il se trouve. C’est la seule puissance qu’on ne discute jamais. (La Question d’argent)
  • En amour, qui doute accuse.
  • Le vin est la partie intellectuelle d’un repas. Les viandes et les légumes n’en sont que la partie matérielle.
  • L’amour est une loterie où celui qui gagne, gagne la mort ! (Les Trois mousquetaires)
  • On a quelquefois assez souffert pour avoir le droit de ne jamais dire : je suis trop heureux. (La Tulipe noire)
  • L’antiquité est l’aristocratie de l’histoire.
  • Il y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude. (Mes Mémoires)
  • En général, je ne commence un livre que lorsqu’il est écrit. (Propos d’Art et de Cuisine)
  • C’est quelques fois pénible de faire son devoir, mais ça ne l’est jamais autant que de ne pas l’avoir fait.
  • Quand tu souffres, regarde la douleur en face : elle te consolera elle-même et t’apprendra quelque chose.
  • On peut oublier Dieu pendant le bonheur, mais lorsque le bonheur fait place à l’infortune, c’est toujours à Dieu qu’il faut revenir. (Mademoiselle de Belle-Isle)
  • Dieu est le dernier recours, et le malheureux, qui devait commencer par lui, n’arrive à lui cependant qu’après avoir épuisé toutes autres espérances. (Le Comte de Monte-Cristo)
  • Si tu deviens homme d’Etat, n’oublie pas que le grand secret de la politique est dans ces deux mots : savoir attendre. Si tu es ministre, souviens-toi qu’on se tire de tout avec ces deux mots : savoir agir. (La Jeunesse de Louis XVI)
  • Ce qui rend malheureux en amour, c’est moins de ne pas être aimé quand on aime, que d’être encore aimé quand on n’aime plus. (Mademoiselle de Belle-Isle)
  • Le silence est la dernière joie des malheureux.
  • Certaines femmes aiment tellement leur mari que, pour ne pas l’user, elles prennent ceux de leurs amies.
  • On a le droit de dire du mal des femmes ; on n’a pas le droit de dire du mal d’une femme.
  • J’aime mieux les méchants que les imbéciles, parce qu’ils se reposent.
  • Les mamans, ça pardonne toujours ; c’est venu au monde pour ça.

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