Julien Gracq : Au château d’Argol (1938)

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Julien Gracq

Au château d’Argol (1938)

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👤 Julien Gracq, né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire) et mort le 22 décembre 2007 à Angers, est un écrivain français dont l’œuvre, très symbolique, vise à mener le lecteur dans un « éther romanesque » qui n’est autre que la projection du paysage intérieur des personnages… [Lire la suite de sa biographie]

Photo de Julien Gracq. long © corbis

Présentation

Au château d’Argol est le premier roman de Julien Gracq, publié en 1938. Refusé par les Éditions Gallimard, le manuscrit est d’abord publié confidentiellement (150 exemplaires) par les Éditions José Corti, auxquelles Julien Gracq est resté fidèle jusqu’à la fin de sa vie.

Dans ce récit au style envoûtant, qui réunit deux jeunes hommes et une jeune fille dans un château breton digne du roman gothique anglais, au cœur d’un forêt de songe, l’attente est le vrai « héros » : qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils là ? Des pages dramatiques rythment cette attente, riche en descriptions poétiques et en évocations d’atmosphères fantastiques.

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Un onirisme inquiétant

Qu’ils écoutent tomber la pluie ou nagent ensemble dans la mer jusqu’à la limite de leurs forces, les trois personnages semblent réunis par des liens d’autant plus passionnels et intolérables que non avoués. Lorsqu’enfin le sang coule, il est trop tard pour comprendre que la relation exclusive d’Albert et d’Herminien, leur amour commun de Heide, n’a pu que transformer en proie la jeune fille « entièrement vêtue d’étoffes blanches ». Le viol, le suicide, le meurtre guettent ces êtres beaux et raffinés. La lente progression vers l’horreur s’appuie, en courts chapitres, sur une série de tableaux qui donnent à voir le château (gothique à souhait avec son corridor secret enfoui dans les murailles), l’étrange « chapelle des abîmes » ou encore la forêt (omniprésente), et entretiennent un long mystère. Ce qui est dit vaut pour ses allusions, ses connotations, ses harmoniques et les champs croisés de métaphores qui, en faisant douter de l’authenticité de cette réalité à la fois médiévale et moderne où l’on se rend à la plage dans une « puissante voiture », suscitent une confuse et pénétrante angoisse.

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Une écriture de l’incantation

Wagnérien dans l’âme, Gracq invente ici une écriture riche en leitmotive et en volutes syntaxiques, qui rappelle Lautréamont et, par son climat onirique, le surréalisme, qu’il évoque dans l’« Avis au lecteur ». Le véritable héros d’Argol, en réalité, c’est la phrase, avec ses « contours mélodiques rares et profondément analogiques » qui se réfèrent explicitement aux « phrases presque incantatoires de Lohengrin », et d’où émergent soudain tel mot, telle expression investis par les italiques d’un sens second. Déconcertant, halluciné avec rigueur et méthode, ce roman est aussi poignant par le drame de Heide, que par la violence et le désarroi de ses deux compagnons : il se lit comme on interprète le plus séduisant des mauvais rêves.

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