Georges Perec : Les Choses (1965)

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Georges Perec

Les Choses (1965)

Une histoire des années soixante

👤 Georges Perec, né le 7 mars 1936 à Paris 19e et mort le 3 mars 1982 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), est un écrivain français, membre de l’OuLiPo, qui s’est livré à une observation minutieuse et critique de la société et à une vaste exploration des ressources du langage. [Lire la suite de sa biographie]

Présentation

Photographie de Georges PerecLes Choses. Une histoire des années soixante est un roman écrit par Georges Perec et publié en 1965. Il s’agit d’une œuvre majeure de la littérature française du XXe siècle. Le roman décrit la vie d’un jeune couple, Sylvie et Jérôme, qui vivent à Paris dans les années 1960. Ils sont à la recherche du bonheur matériel et social, aspirant à une existence confortable et à la réussite professionnelle.

L’originalité de Les Choses réside dans son exploration minutieuse de la société de consommation et de ses effets sur l’individu. Perec analyse les mécanismes de la publicité, la course à la possession des biens matériels et l’aliénation croissante engendrée par la quête du confort et de la réussite sociale.

À travers le portrait de Sylvie et Jérôme, Georges Perec offre une réflexion profonde sur la condition humaine, la quête de sens et les illusions du bonheur matérialiste. Le style épuré et la narration précise de l’auteur contribuent à faire de Les Choses un roman à la fois captivant et introspectif, qui continue d’interpeller les lecteurs par sa pertinence et sa perspicacité.

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→ À lire aussi de Georges Perec : La Disparition (1969). – W ou le Souvenir d’enfance (1975). – La Vie mode d’emploi (1978).

Richesse rêvée

Jérôme, vingt-quatre ans, et Sylvie, vingt-deux ans, sont psychosociologues : ils effectuent des enquêtes de motivation pour des agences de publicité auprès de différentes catégories de consommateurs, dans toute la France. Ils ne sont pas pauvres, mais ils rêvent d’être riches immédiatement, de posséder ces objets qui semblent s’offrir à eux dans les magazines et dans les vitrines des antiquaires, des tailleurs, des épiceries fines, qui les fascinent au cours de leurs interminables promenades dans Paris. Ce rêve lancinant de possession, leur seul horizon, leur ôte la force de rendre agréable leur petit appartement.

Pour fuir leur rêve qu’ils se refusent à rendre possible en acceptant, comme leurs amis le font les uns après les autres, un poste stable et bien payé, et pour préserver leur fragile et illusoire liberté, ils quittent la France. Sylvie accepte un poste d’enseignante en Tunisie, Jérôme y préfère une vie oisive à un travail d’instituteur. Ils avaient rêvé de Tunis, ils se retrouvent à Sfax, complètement isolés, vidés de leur rêve, où ils mènent une vie de gêne financière. À leur retour en France, ils accepteront la direction d’une agence de publicité à Bordeaux, avec la certitude d’acquérir enfin ces choses dont ils avaient garni leur univers mental, mais qui ne leur apporteront pas le bonheur que leur possession semblait promettre.

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Bien-être et bonheur

Ce récit a marqué le début de la notoriété de Perec. Il contient de nombreux éléments autobiographiques, et est, sur le plan littéraire, le fruit de la déconstruction d’un roman d’aventure récrit plusieurs fois et vidé de ses éléments romanesques. L’auteur met en scène deux personnages, ou plutôt leur somme, exprimée par un « ils » collectif. Leurs individualités se fondent dans leur mirage commun, aux prises avec les contradictions internes auxquelles les confronte leur perception de la société de consommation. Bannissant toute analyse psychologique, Perec étudie en sociologue les rêves et les comportements de ces deux êtres jeunes et pleins de promesses qui ont fait du bien-être leur seule raison d’être, au point que même leur timide engagement politique lors de la guerre d’Algérie a du mal à trouver son sens. Au fil des promenades et des enquêtes d’opinion, les choses s’offrent à eux en se dérobant toujours, déroulées en inventaires et en listes, prometteuses d’un univers toujours hors de portée.

La distance critique avec laquelle Perec raconte cette « histoire des années soixante » (sous-titre de l’ouvrage) est renforcée par l’inscription du texte dans l’histoire littéraire : enchâssée entre une citation de Malcolm Lowry et une autre de Karl Marx, elle contient de nombreuses références à L’Éducation sentimentale de Flaubert et est construite sur des rythmes ternaires, à la façon du grand écrivain. Perec fut encouragé par Roland Barthes à publier ce texte qui, selon lui, faisait preuve d’un « réalisme de situation à la Brecht ».

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