Les troubadours

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Qui sont les troubadours ?

Un troubadour du XIIIe siècle.

Un troubadour est un poète qui, de la fin du XIe siècle au commencement du XIVe siècle, dans le Midi de la France, composait en langue d’oc des poèmes, satires, ballades, etc., avec leur accompagnement musical, et qui allait de château en château, propageant les valeurs de la société courtoise.

Les troubadours remplissent une période importante de la littérature française. Leur nom, qui ne diffère de celui des trouvères que par une altération particulière de la même étymologie, veut dire trouveur (du verbe trobar, trouver). On a cherché laborieusement les origines littéraires des troubadours. On a voulu voir dans leur existence une « institution » de provenance celtique, et retrouver en eux le « caractère grave », attribué aux bardes bretons. Ce sont là des hypothèses sans consistance. Il est plus simple de voir les causes sociales et politiques de la production spontanée de la poésie provençale. Ce sont les lois, relativement douces, dont le Midi était doté, un certain raffinement de mœurs, une vie heureuse sous le gouvernement calme de plusieurs petits princes, l’éclat des cours élégantes des comtes de Provence, de Toulouse et de Barcelone, peut-être aussi l’influence des Espagnols, assez avancés en civilisation et qui eux-mêmes ont emprunté au génie brillant et chevaleresque des Maures, enfin le séjour des Sarrasins au VIIIe siècle dans nos provinces méridionales où ils ont dû laisser des traces.

Le style des troubadours

La recherche de style des troubadours, la mysticité d’idées si remarquable dans leurs productions, rapproche leur poésie de celle des Orientaux mais les sources de l’Antiquité ne leur étaient pas inconnues. Beaucoup de troubadours avaient fait leur première éducation dans des couvents. Un d’eux parle du « savoir de Platon, du génie de Virgile, d’Homère, de Porphyre et d’autres doctes » ; un autre troubadour semble connaître Ovide, et tire des comparaisons de ses allégories mythologiques. Mais le coloris national atténue, efface presque toute imitation étrangère ; l’allure vive, libre, hardie, légère de cette poésie, les idées qui l’alimentent, son enthousiasme excessif ou la vigueur de ses critiques, les formes de sa versification surtout, en font bien réellement une littérature originale.

La présence des troubadours

Les plus anciens troubadours dont il soit fait mention parurent dans le Xe siècle. Lorsque Constance, dite Blanche, fille de Guillaume Ier, comte de Provence, épousa Robert, roi de France, elle emmena avec elle à sa nouvelle résidence plusieurs de ces poètes. Mais c’est dans le XIIe siècle, à la cour de Raymond Bérenger, que les troubadours commencèrent à figurer avec éclat. Ces poètes ne passaient pas leur vie à parcourir les provinces, de château en château, avec la mandole (mandore ou mandoline basse) ou la rote sous le bras, comme on l’a cru, et dans l’état d’une compagnie de poètes mendiants. Ils étaient chevaliers, riches souvent, châtelains eux-mêmes, et vivaient honorés dans les cours de France, d’Espagne et d’Italie, où ils étaient appelés par l’amitié des princes souverains. Leurs compositions étaient répandues par des jongleurs qui les chantaient et les récitaient. Elles circulaient aussi par la copie. Les jongleurs étaient auprès d’un troubadour comme les écuyers auprès d’un homme d’armes ou des secrétaires auprès d’un écrivain. Il arrivait qu’un jongleur habile dans son art était pris en affection par quelque seigneur qui le mettait en état de tenir le rang des troubadours. D’autres fois, un troubadour mal famé rentrait dans la classe inférieure des jongleurs. Quelques autres, dans le besoin, cumulaient les deux arts ; mais s’ils s’en trouvaient bien pour leur bourse, leur considération en souffrait c’était déchoir de la haute position acquise aux troubadours. Souvent ils écrivaient la musique sur laquelle se chantaient leurs compositions.

Les thèmes et l’influence des troubadours
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Les troubadours faisaient profession de galanterie. Malgré les désignations mystérieuses qu’ils employaient pour nommer leurs dames et voiler leurs amours, comme Mon-Désir, Beau-Sourire, Plus-que-Belle, on savait presque toujours à qui s’adressaient leurs hommages, et plusieurs payèrent de leur vie le plaisir de chanter leurs triomphes, ou n’échappèrent que par la fuite à des traitements rigoureux. Ils prétendaient exercer sur l’opinion des cours une influence politique. Ils avaient pris l’habitude de distribuer l’éloge et le blâme, se faisant parfois les interprètes des passions de la foule, avec une liberté extraordinaire. Ils ont réellement pesé d’un grand poids dans les actes de leur temps ; ils ont surtout secondé la prédication religieuse en faveur des croisades en Orient. Des princes tiraient vanité d’être comptés au nombre des troubadours. Ils ne dédaignaient pas d’entrer en lutte avec eux dans des sortes de tournois poétiques. Les plus célèbres parmi ces princes sont Guillaume IX, comte de Poitou, Alphonse II d’Aragon et Richard Cœur de Lion. Les dames s’engageaient aussi dans cette carrière de la gaie science.

Les troubadours entre la France et l’Italie

Plusieurs poètes provençaux, attirés d’abord en Italie par le bon accueil qu’ils étaient sûrs de recevoir, et un peu plus tard chassés de la France par les ravages de la guerre contre les Albigeois, s’étaient répandus dans la Lombardie et la Toscane, et y avaient rendu leurs chants populaires. À son tour l’Italie, familiarisée avec les formes régulières de la poésie provençale, envoya en France des poètes fatigués des troubles civils ou de la tyrannie de quelques princes. C’est ainsi que Sordello de Mantoue, Lanfranc Gigala, de Gênes, Barthelemi Zorgi, de Venise, et beaucoup d’autres, ont pris rang parmi les troubadours. On a la liste d’environ trois cent cinquante poètes provençaux à partir de la fin du XIe siècle. On en pourrait placer presque la moitié au XIIe siècle. Le Périgord et le Limousin ont produit les plus distingués d’entre eux.

La poésie des troubadours et sa survie

Un des caractères les plus frappants de la poésie des troubadours est d’être personnelle ce qui indique encore en elle le fruit d’une civilisation particulière et très avancée. Elle concorde avec la plus grande force de la féodalité elle plus haut développement de la chevalerie ; mais elle ne s’est pas trouvée dans des conditions à fournir un romancero. On est tombé dans une étrange erreur quand on a voulu distinguer les troubadours en écoles. La division par provinces ne répond pas à des différences dans la forme et dans le fond. Les troubadours, peu sédentaires dans leurs habitudes, faisaient entre eux un échange constant d’idées, qui interdit toute classification. Les physionomies sont nombreuses et diverses.

Les troubadours de la fin du XIIIe siècle n’ont aucune, ressemblance avec ceux du commencement du XIIe . Il faut donc s’en tenir à citer simplement les plus célèbres en leur temps. Ce sont, outre ceux que nous avons nommés Guillaume de Cabestaing, Geoffroy Rudel, Armand Daniel, Bernard de Ventadour, Pierre Vidal, Arnaud de Marveil, Bertrand de Born, Giraud de Borneilh, Cadenet, Gaucelm Faïdit, le moine de Montaudon, Blacas, Folquet de Marseille, Perdigon, Raimond de Miravals, le dominicain Izarn, Marcabrus, Pierre Cardinal et Giraud Riquier. La protection que les troubadours avaient trouvée dans les cours cessa au temps de la croisade contre les Albigeois. La cour d’Aix fut leur dernier refuge. Les malheurs de la guerre religieuse avaient émoussé leur génie poétique ; le dédain des princes et des seigneurs nouveaux pour les plaisirs de l’esprit, l’excessif accroissement de la puissance ecclésiastique, les horreurs de l’Inquisition, achevèrent de tarir les sources de l’inspiration. La féodalité elle-même, dont ils étaient une représentation, disparaissait. Avec elle s’anéantit la poésie des troubadours. Il fallait de nouvelles mœurs pour qu’il naquît une nouvelle poésie susceptible d’autres développements. Ce fut dans le nord de la France que se produisit cette transformation. Lacurne de Sainte-Palaye a réuni, d’après divers manuscrits des bibliothèques françaises ou italiennes, d’immenses matériaux conservés en manuscrits à la Bibliothèque nationale et à celle de l’Arsenal. Raynouard, le véritable fondateur des études provençales, a publié la partie la plus intéressante de cette collection (Choix de poésies des Troubadours, 6 vol.). De Rochegude en a donné aussi un bon choix dans son Parnasse occitanien (Toulouse, 1819). Il y a encore le recueil de Bastero intitulé la Cruzca provenzaleet les publications des maîtres de l’École des chartes…

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